Un saleté étudiant [Luke]

La classe se vidait, laissant alors le professeur en tête à tête avec cet étudiant qui avait ce sourire stupide à la « colgate » accroché à ses lèvres. S’il y avait un souci ? Ouais, ce Hamilton, en plus d’avoir l’air idiot, jouait complètement le personnage idiot. Qu’est-ce qu’il avait dans le crâne, sérieusement ? Il réunissait tous les clichés à lui tout seul, ou presque. Mais il lui faisait penser à son petit frère, Troy, quand ils étaient tous les deux au lycée. Ils étaient si proches, unis… Mais il fallait que Troy finisse par fréquenter les bad-boys du lycée et même les mauvais gars de la rue. Une chose qui les avait éloignés et d’ailleurs créés pas mal de tensions entre les deux gus… Et malheureusement, ce fut la drogue qui l’avait gagné. Il ne survit pas à la suite d’une overdose… Ce fut tragique. C’était en partie pour ça que Casey avait fini par quitter le Texas… Depuis, elle ne pouvait pas vraiment passer à côté des étudiants qui avaient un souci, se sentant obligée d’agir. Ca ne lui ferait pas revenir son frère… mais au moins, peu importait… Tant que l’étudiant arrivait dans la vie, c’était tant mieux.

Je pense que vous vous en doutez, non ? fit-elle avec toujours un léger accent texan. Vous préférez que je vous fasse une liste de ce qu’il ne va pas ?

Elle s’appuya contre le coin de son bureau. Bon, la liste sera brève mais autant aller droit au but.

Je ne suis pas très fière de votre partiel ! Vous êtes très en dessous de la moyenne de la classe...

Pratiquement tous les élèves avaient à peu près une note correcte, même voire excellente.

Vous ne bossez pas… C’est une chose !

D’ailleurs, elle s’en fichait pas mal, ce n’était pas son travail de materner les étudiants, ils étaient assez grands pour se débrouiller tout seul… mais quand les étudiants paraissaient avoir un but et qu’elle ne lui donnait pas les moyens pour le mener vers ce but,… non en fait, c’était lorsqu’elle n’arrivait pas à contrôler quoique ce soit, quand elle se sentait impuissante qui l’agaçait pas mal.

Je ne comprends pas votre problème…

Le problème du pourquoi il perturbait son cours, qu’il ne bosse pas… arh ! Une vraie torture ce gars.

J’arrive jusqu’à me demander ce que vous faites là, d’ailleurs ?

Ouais, qu’est-ce qu’il faisait ici s’il avait rien à faire de ce qu’il se passait dans cet école ? Qu’il arrête ses études et qu’il se casse quoi !

Et voilà. C'était fait. Mme James c'était lancé dans un discours casa-nié, très professoral de ce qu'elle attendait, en gros, d'un élève de sa classe. Du pourquoi du comment, Luke était aussi médiocre. Oui il ne bossait pas, et alors? S'il n'avait pas son année, cela le regardait nan? Il la scruta de part en part, les yeux hébétés, attendant avec impatience qu'elle ne termine son petit speech. L'avantage dans cette histoire, c'est qu'il savait être doué dans son métier, et qu'il réussissait les matières qu'il appréciait le mieux, sans difficulté. Pour le reste, ce n'était qu'une option.

"Oui je sais" reprit-il, Luke savait avec pertinence, qu'il ne ferait qu'aggraver son cas en bidonnant ainsi, de tel réplique digne des plus petites provocations.

Il s'attendait à pire en vérité. Il lui semblait qu'elle était plus gentille qu'il n'y parait, ou bien étais-ce la préface? Il continua ainsi de la scruter, une seule envie en tête, fuir. Il se mit alors à regarder ses mains, distinguant, l'unique indice qui confirmait son statut. Elle était marié! Bon non pas qu'il en serait intéressé, bien qu'elle soit très belle et séduisante, sa il ne le nierait jamais, seulement l'age... Mouai on va dire ça. Pas très valable pour Luke. Certes. Mais il avait bien assez à faire de ses remarques, pour s'en taper d'autres. Autant garder son statut bonnet d'âne. Que d'en ajouter une couche. Enfin elle avait terminé. Et cela par une question des plus logique, aux yeux de Luke. Il arqua les sourcils, l'air curieux.

"Alors en faite, j'ai commencé par être sur les chantiers, et sa m'avait bien plu, parce que bon j'ai que mon bac, sa vaut rien ce truc là. On m'a alors répété que j'étais très doué, jusqu'à ce que je finisse sur les meilleurs chantiers, les mieux payés vous voyez, et puis un jour paf, j'ai eu une illumination, et me voilà". Afin de faire paraitre son récit des plus plausible; il écarta les bras. Fier de son histoire tragiquement nul. Il en riait intérieurement. C'est une vraie blonde?

Étrangement. Elle garda avec maitrise son calme et son assurance. Et cela même devant les âneries inconcevable du jeune homme. Quelque peu surpris, il la scruta plus attentivement, cherchant en détails, la moindre parcelle de son visage qui frémirait, la moindre grimace, même invisible, le moindre rictus ironique, qui symboliserait qu'elle atteignait ses limites avec lui. En vain, et cela même après l'avoir fixé durant de longue minutes. Elle gardait tristement son self-contrôle; Peut-être n'était-elle pas si blonde que ça? Ah ouai!! Une fausse!!!! Il dériva le regard vers sa chevelure, cherchant une racine suspecte. Puis renonça, de toute évidence, elle voulait absolument le voir réussir. LUI.

Il manqua de rire, lorsqu'elle déballa que le français ne l'aiderait pas à bâtir. C'était bien vraie, trop d'ailleurs. Il s'en amusa. Prenant la même position qu'elle sur sa chaise en face. "En effet". Répondit-il sans fondement. A ce rythme, il serait agacé avant elle.

"Vous savez... j'étais obligé de choisir une matière en option, et il n'y avait QUE des trucs inutiles, enfin pour moi.. le Français me semblait le moins compliqué. Je ne sais que dire "Bonjour", (qu'il articula en francais), et "merci". Il grimaça. "Ah oui, et puis "j'aime les petites françaises". Il souria d'un air amusé. Se souvenant parfaitement quand il avait apprit cette phrase. Il est vrai que quand il y a de la motivation derrière, il peut parvenir à se lancer. "Ok je manque de motivation a ce cours, mais sincèrement, vous n'avez pas les meilleurs argument, désolé".

Luke se leva alors, se dirigeant vers sa table initiale, celle qu'il avait occupé lors du cours précédent. Il grimpa les marches de l'amphi, récupérant alors son sac, qu'il y avait laissé. La prof, toujours en bas.