Une soirée mémorable [Sarah - Terminé]

Une soirée mémorable

Sarah Julliard - Castiel L. Wilde

Castiel n'était pas un grand amoureux des transports en commun. Il avait la chance de vivre pas trop loin de son lieu de travail, donc il pouvait s'y rendre à pied ou à vélo sans soucis. Pourtant, il y avait des fois ou il n'avait pas trop le choix. Par exemple, ce soir, il était sorti avec des amis. Il aurait bien pu prendre la voiture, mais il savait qu'il allait boire un peu. Comme il ne voulait pas se priver, ni prendre de risque inutile, il avait opté pour le métro pour rejoindre sa bande.

Il avait passé une bonne soirée en leur compagnie. Il fallait dire qu'avec sa situation actuelle, il en avait besoin. Après tout, il entamait un divorce, et les choses étaient compliquées. A vivre sous le même toit, mais à faire chambre à part, c'était spécial comme situation. Surtout pour leur gamin, qui ne comprenait pas trop. Il saisira mieux les choses lorsqu'ils déménageront tous, dans deux appartements différents. Bref, ce soir, Cas avait bien eu besoin de s'aérer l'esprit, et c'est ravi qu'il avait passé sa soirée entre mecs. Dans un karaoké, à discuter, à chanter, à boire un peu aussi, à faire les idiots, sans prise de tête. Ce genre de moments était précieux.

Une fois la soirée terminée, et ce tardivement, chacun retourna chez lui tranquillement. Castiel monta dans le métro afin de retourner chez lui. A cette heure tardive, il n'y avait pas grand monde. Il resta debout, adossé à la vitre du métro. Il y avait peut être des sièges de libres, mais il préférait rester debout. Assis, il se serait sûrement endormi, et n'avait aucune envie de rater son arrêt. Ce serait bien couillon. Peu à peu, les quelques personnes présentes dans le métro sortaient, au fur et à mesure que l'engin avançait.

En regardant quelques personnes sortir, il s'étira afin de se réveiller un petit peu. Encore quelques arrêts et c'était bon. Puis, il croisa les bras, toujours adossé à la vitre.

Vivement ce soir qu'on se couche …

Pensa t-il. Enfin, il rentrera, sans bruit, il ira dans le bureau devenu depuis peu sa nouvelle chambre à coucher. Puis il se déshabillera et ira se glisser dans son lit. Lit qui est un canapé dépliable, mais tant qu'il pouvait dormir quelque part ...

Trop de travail tuait le travail, même si celui-ci pouvait être passionnant. Sarah voyait les audiences défilées les unes après les autres, les cas par cas, tout en une demi-journée ou parfois certain jour, la journée entière. Les personnes qui venaient revoyaient leur dossier, ayant perdu leur emploi, ne peuvent plus payer leur pension alimentaire à leur ex, ou ces autres personnes qui n'étaient pas encore capable encore de se mettre d'accord sur leurs éventuels partages de biens. Il y avait bien des moments où ça se passait plutôt bien et d'autres, où vraiment c'était une prise de tête et ça pouvait prendre une bonne année entière. Et après ceci, en dehors de tout ça, il fallait traiter les éventuels dossiers pour les prochaines audiences prévues, étudier les nouvelles pièces envoyées par les avocats de chacun des parties qui rentraient dans le dossier... et puis également vérifier les jugements que le greffier tapait afin de les signer. Bref, du boulot! Mais bon, désormais, depuis que le divorce existe, ce n'est pas comme si on allait se plaindre de chômer.

Le coup de bol serait de ne pas embarquer un tas de dossiers chez soi. Mais en cette soirée, Sarah avait bien sûr décidé que le nombre de dossier serait moindre ou soit elle prendrait le temps d'arriver plus tôt au tribunal le lendemain matin. Il n'était que 19h30 quand elle sortit de son lieu de travail afin de prendre la direction de son appartement mais avant de prendre le métro, elle aimerait passer chez le traiteur chinois qui n'était pas très loin afin de récupérer sa commande. En cette journée, Sarah avait décidé d'avoir une envie folle de manger chinois. Certes, elle le mangerait seule mais ne disait-on pas après l'effort, le réconfort? Et comme par hasard, c'est en allant chercher sa commande chez ce Chang qu'elle tomba nez-à-nez avec Judith, une collègue d'une autre juridiction au sein du tribunal avec qui elle avait déjà eu le temps de bien sympathiser. Comme celle-ci avait eu la même envie, proposa même de partager le repas ensemble chez elle, comme elle vivait pas très loin contrairement à elle, Sarah, qui vivait à quelques stations beaucoup plus loin du Tribunal. Certes, elle pouvait prendre la voiture mais des fois, la vie souterraine du métro allait bien plus vite que les bouchons de circulation à l'extérieur. Ceci dit, même si elle n'allait pas rentrée de suite chez elle, Sarah ne se voyait pas refuser la proposition, surtout que ça lui ferait plus que plaisir d'avoir de bons liens sociaux en dehors de son boulot. Après sa rupture récente avec son ex, Kevan, pas que la solitude pouvait lui peser mais presque. Et puis Judith était tout simplement une fille adorable et de passer un bon moment avec elle ne pouvait pas se refuser, tout simplement.

En toute logique, c'était dans les meilleurs moments appréciables que le temps passait énormément.. très vite. A toujours papoter, rigoler ... à toujours raconter des choses à n'en plus finir, voilà qu'il était bien tard... et si Sarah voulait un minimum d'heures de sommeil, elle ne devrait pas louper l'heure des derniers métros et surtout elle en avait pour un petit moment et puis Judith avait sans aucun doute des choses à faire elle aussi même si cependant, cette soirée lui avait fait également du bien.

Sur ce, sortant désormais à l'extérieur, l'air frais de New York lui fouetta le visage et marcha jusqu'à la bouche de métro la plus proche... Puis à destination, elle attendit donc tranquillement sur le quai où il n'y avait pas grand monde. Elle profita de cette attente pour regarder ses mails personnels sur son téléphone tant qu'elle arrivait à capter du réseau... Le train arriva et elle rentra donc à l'intérieur, sans véritablement se rendre de compte des gens aux alentours même si elle sentait bien évidement une présence proche d'elle, elle n'en fit vraiment pas attention à cause d'un de ces mails de son frère Logan qui la fit grandement sourire.

Il se passa peut-être une ou peut-être deux stations avant que les lumières commencèrent à grisailler avant de se couper net, provoquant un arrêt brusque du wagon que Sarah se sentit projeter en arrière.

Le wagon dans lequel il se trouvait se vidait peu à peu. Bien vite, il ne resta pratiquement plus personne. Il n'y avait plus que lui et une jeune femme. Aller, plus que trois stations et il y était. Puis, brusquement, le métro stoppa sa course dans les tunnels de la ville. Cela réveilla d'un coup sec Castiel qui manqua de se casser la figure. C'est qu'un métro qui s'arrête d'un coup sec, ça a de quoi surprendre ! Bande de malades, ils avaient intérêt à avoir une bonne explication pour lui avoir foutu une telle frayeur !

A peine son équilibre rétabli, qu'une jeune femme lui tomba dans les bras. Non, pas tombée du ciel ou quoi que ce soit, mais à cause du freinage brutal, la jeune femme qui se trouvait dans le métro avec lui avait perdu également l'équilibre. Si Castiel avait la cloison pour se rétablir, la demoiselle n'avait rien. Enfin, poussée en arrière, c'est sur Castiel qu'elle trébucha. Il la rattrapa tant bien que mal, leur évitant à tous les deux de se casser la figure. Ça aurait été vraiment dommage.

Tout va bien ?

Demanda t-il à la jeune femme.

Il réalisa aussi quelque chose. Hormis le fait qu'ils ne bougeaient plus, les lumières s'étaient éteintes. Ne restait que les voyants des sorties de secours, ajoutant un petit coté lugubre à la chose. Un peu plus et on se croirait dans ces trains fantômes que l'ont voit dans les parcs d'attractions.

* Bon sang c'est bien ma veine … *

Rester coincé dans le métro tard le soir, c'était pas quelque chose qui le faisait grandement plaisir. Et encore ça aurait pu être pire. Genre être coincé avec des psychopathes. Bon, la demoiselle ne semblait pas bien méchante donc pour ce point la ça devrait être bon. Il aurait pu être attendu aussi. S'il était toujours en couple avec sa femme elle l'aurait sûrement attendu et lui aurait demandé quelques explications. Le genre de trucs qui le gonflait pas mal. Et qui goberait une excuse comme celle la ? Pardon chérie, le métro est tombé en panne ! Quelle histoire … Enfin, à espérer que, quelque soit le soucis, il soit vite réglé. Peut être y avait il quelque chose sur les rails ?

Rejetée en arrière, Sarah n'eut pour le moment pas vraiment réalisé de ce qu'il se passait sous ses yeux. C'était tellement brutal et si soudain. D'ailleurs, elle qui s'attendait à la possibilité à ce qu'elle touche le sol, ou même se retrouver d'un coup contre la paroi, il fallait qu'elle se retrouve contre quelqu'un ou plutôt se faire rattraper pour éviter une telle catastrophe. Une chance peut-être ? En tout cas, ce n'était pas le cas de son portable, qui celui-ci, dans la foulée, dans cet arrêt brusque du métro, lui échappa des mains pour un voltige dans les airs et que d'un bruit métallique, se retrouve à se dorer la pilule sur le sol.

Reprenant un peu plus ses esprits, surtout après avoir entendu une voix lui demandant si tout allait bien, Sarah se remit sur pied. Plus rien ne bougeait. Les lumières éteintes, exceptés les lumières de secours où on se croirait presque dans un film, on pouvait dire que tout allait bien. Elle vivait toujours et n'avait rien de casser. Mais qu'est-ce qu'il se passait sérieusement ?

Oui... euh oui... Je... tout va bien.

Elle se retourna alors pour découvrir cette personne - qu'il fallait avouer - sur laquelle elle s'était écrasée, pour au moins le remercier et...  s'excuser au passage, enfin si elle était au moins fautive de cet incident.

Merci de...

Merci pour l'avoir rattraper, que ça avait involontairement ou non, ou pour lui avoir demandé aussi si tout allait bien ? Enfin passons, puisqu'à le détailler, elle devrait le connaître? Bien sûr que oui, si des images pouvaient lui revenir en tête... comme le fait de l'avoir rencontré un soir dans un bar sans savoir qu'il était dans l'idée d'entrer en procédure de divorce et qu'il était plutôt le mec qui charmait... Et ne croyez pas que Sarah était du genre à se laisser charmer aussi facilement. Par la suite, la surprise était lorsqu'elle le redécouvrit devant elle avec sa femme lors d'une audience. Et la cerise sur le gâteau était sûrement bien ce moment-là à se retrouver par hasard... dans un moment pareil. Plutôt... pas banal, hein?

...m'avoir rattrapée... continua-t-elle. Ca va vous ?

Bien qu'elle le reconnut, elle n'allait pas non plus oublier la politesse. Ce n'était pas comme si elle l'avait dans le collimateur après avoir passer une bonne soirée et de se retrouver par la suite dans une situation ... plutôt professionnelle et délicate. Vous voyez? Il ne reste plus qu'à prier qu'il n'y avait pas réellement de blessés ou quoique ce soit et que ce n'était juste un arrêt brusque et que ça allait redémarrer tout simplement, que tout redeviendrait à la normale.

Qu'elle se rassure, le choc ne fut pas rude pour lui. Il était juste un peu surpris quoi … Puis pour le fait que la jeune femme lui soit tombée dans les bras pas de problème non plus. C'est pas comme si le choc fut réellement dur, ou bien qu'elle pesait une tonne. Donc pas de soucis.

Ce n'est rien, je vous en prie. J'ai rien du tout, si ce n'est que maintenant je suis réveillé.

Il était clair qu'un arrêt aussi brusque allait le faire sortir de sa transe en moins de deux ! Enfin il aurait préféré continuer à somnoler que de se trouver dans cette situation. Il était coincé dans un métro, dans la nuit, l'obscurité. Plutôt glauque en fait … Puis le bruit des hauts parleurs se fit entendre. Semblait il qu'ils allaient avoir droit à une petite explication quand à la situation. Ce qui serait pas trop mal en fait. Et puis s'ils pouvaient leur dire si ça allait durer ce serait chouette.

// Mesdames messieurs votre attention s'il vous plaît. En raison d'une panne éléctrique le trafic est interrompu pour une durée indéterminée. Merci de votre compréhension et nos excuses pour l'arrêt brutal. //

Puis le « clic » du micro. Et le silence. Castiel regarda autour de lui. Oui, il était seul, avec cette jeune femme. Il soupira, pas vraiment ravi de se trouver dans une telle situation.

Bon … je suppose qu'il n'y a plus qu'à attendre …

A prendre son mal en patience quoi. Il se dit que quitte à attendre, autant le faire assis. Ce n'était pas la place qui manquait ici. En marchant jusqu'à la banquette, il vit sur le sol le portable de la jeune femme. Il se pencha pour le ramasser, visiblement il n'était pas cassé. Quelle chance vu le vol plané qu'il avait fait ! Puis il se retourna vers elle pour lui tendre ce qui lui appartient :

Tenez, vous avez de la chance il semble encore en état de fonctionner.

Puis il la regarda vraiment bien en face pour la première fois de la soirée. Une jolie jeune femme, des traits agréables à regarder. Et le plus étrange dans tout ça c'était qu'il lui semblait qu'elle ne lui était pas inconnue … Ouaip. Il semblait qu'il l'avait déjà vue quelque part, mais ou ? Il fronça alors les sourcils, cherchant à la remettre. Chose qu'il ne réussit pas à faire. Alors, tout simplement, il lui demanda :

Excusez-moi, mais est ce qu'on se connaît ?

Lâché comme ça, ça ressemblait à une technique de drague toute moisie, vue et revue. Le coup du : on s'est pas vu quelque part ? Ça le faisait peut être pas, mais si effectivement, il l'avait déjà vue, il ne passerait pas trop pour un abruti. Et puis, il était quasi sûr de l'avoir déjà croisée quelque part !

Rien de cassé. Voilà une chose rassurante. Le choc et la surprise étaient plus ou moins passés, et il fallait avouer qu'il n'y avait pas plus normal avec ce qui venait tout juste de se dérouler à l'instant : c'était loin d'être une chose banale!

Sarah émit un demi-sourire quand il lui assura que ça allait pour lui. Au moins, à rester planter là jusqu'à savoir ce qu'il se passait vraiment, c'était mieux les choses ainsi que personne ne soit blessée, c'était un souci en moins. Le seul souci justement était une panne de courant. La seule chose qui gâchait seulement la soirée, cette envie de pouvoir rentrer chez soi afin de s’engouffrer dans une couette et dormir.

- Génial ! lâcha-t-elle alors.

Il ne servait à rien de se lamenter, n'est-ce pas? Elle haussa les épaules. La meilleure chose à faire en ce moment même n'était que, comme le disait son nouveau camarade, attendre. Que faire d'autres dans cet endroit lugubre, moins lumineux et plus sombre ?

- Je crois bien qu'on n'a pas bien le choix...

Sur ce, ne sachant pour combien de temps ils allaient être là, autant partir s'asseoir, et surtout savoir où était passé son portable au passage. Mais son compagnon de cette situation semblait l'avoir déjà trouvé avant elle et le lui tendit.

- Oh génial ! Merci !

Le récupérant, elle regardant l'état de son écran et effectivement, il était bien en état de marche encore, bien qu'il s'était quand même fait une belle rayure, mais ce n'était que détail avec ce qu'il venait de se passer. A regarder l'écran, elle regarda le menu et elle pouvait bien sûr apercevoir qu'il n'y avait pas de réseau.

- Ca serait bien ma veine ! Il marche encore mais il serait à changer... Ce n'est que du superficiel!

Elle le rangea par la suite dans sa poche jusqu'à ce... qu'elle soit plus que perplexe. Surprise? Est-ce qu'ils se connaissaient déjà d'avant? Ou est-ce qu'il ne se foutait pas un peu de sa gueule ? En même temps, ça la faisait plutôt sourire. En relativisant, elle devait être l'une des milliers de personnes auxquelles il avait dû faire du charme et il oubliait peut-être la personne qui allait établir son divorce. Certes, elle aurait pu avoir dû mal à le recaser aussi puisqu'elle rencontrait tellement de gens au passage au tribunal mais à vrai dire, ce personnage l'avait plutôt marqué puisqu'elle l'avait déjà rencontrée auparavant avant de savoir qu'il avait une femme et qu'il divorçait. C'était un homme parmi tant d'autres qui l'avait dragué mais plutôt un bel homme au passage avec un beau regard... Détail qui lui plaisait beaucoup car c'était bien ce genre de détail qu'elle faisait plus attention chez les hommes. Mais elle l'avait vite cerné et lorsqu'elle l'eut à le recroiser à la première audience au tribunal, elle ne devait rester impartial et ne pas se faire un avis stéréotypé. Et elle en avait tellement vu des cas dans un couple.
Cependant, Sarah prit le temps de s'asseoir sur la première banquette la plus proche.

- Personnellement, pas vraiment !

Vous la voyez lui balancer : "hey vous savez, c'est moi qui m'occupe de votre dossier!" ?

- Sarah Julliard, se présenta-t-elle ou se représenta-t-elle pour lui rafraichir la mémoire.

Et le voilà bloqué dans un métro tard le soir ! Mais c'était génial dites donc ! Ça c'était de la soirée de folie ! Dire que le reste de la soirée avait été plutôt pas mal … Castiel avait vraiment passé un bon moment jusqu'ici. Il avait trinqué avec ses potes, fait un karaoké ( ben oui, c'est marrant ), ils s'étaient tous bien marrés … Mais la, l'éclate n'était plus tout à fait la même …  Alors il ne la connaissait pas personnellement, mais la connaissait quand même ? Euh … Sarah Julliard ? Il hocha la tête, la remettant. C'est bon il n'était pas débile il n'avait pas rêvé. Enfin il l'était assez pour l'avoir oubliée. Ah la boulette ! Il fit un signe de la main pour s'excuser :

Mes excuses, je dois être plus fatigué que je ne le pensais.

Ou bien avoir plus bu qu'il ne le pensait... Quel con sérieux ! Bien sûr qu'il se souvenait d'elle ! Il avait faillit s'étrangler en découvrant que la personne qui s'occuper de son dossier de divorce était une jeune femme qu'il avait dragué lors d'une soirée. Il avait espéré qu'elle ne fasse aucune remarque, qu'elle ne mette pas au courant non plus Elda. Ça aurait été vraiment pas de bol ! Donc oui, bien sûr qu'il la connaissait. Pas qu'un peu. Il se souvenait aussi vaguement de cette soirée ou il l'avait draguée. Son divorce n'avait été engagé que récemment, ça ne devait pas faire longtemps que ça s'est passé. Bon après ça c'est sûr que Sarah devait se dire que, soit elle ne l'avait pas spécialement marqué, soit elle allait penser qu'il draguait tellement qu'il ne se souvenait plus de chaque personne à qui il avait adressé la parole, soit que ce soir la il était complètement torché, soit qu'il ne l'avait pas calculée du tout à sa propre audience. Peut importe la réponse, aucune des propositions n'étaient plaisante.

Bon, je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à prendre notre mal en patience...

A son tour il alla s'asseoir sur la banquette face à celle de la jeune femme. Il n'allait pas non plus se poser juste à coté d'elle. Genre le gros lourd. Il y avait assez de place aussi. Il croisa les bras sur sa poitrine, refermant mieux son manteau sur lui. Y'avait encore du chauffage la dedans au fait ? Non mais parce qu'ils étaient un peu sous terre et qu'il caillait dehors.

J'espère que ça ne durera pas longtemps, loin de moi l'envie de dormir la dedans …

Merci mais le kiff SDF non merci … Franchement c'était pas cool tout ça. Et puis ce serait un coup à se rendre malade aussi. Il allait cailler sévère. Le matin lorsqu'il prenait le métro, des fois, il ne faisait pas franchement chaud alors que le chauffage était mis. Souvenirs de la nuit passée au froid... Donc Castiel préférait ne pas penser à cette éventualité. A son tour, il sortit son portable, par réflexe plus qu'autre chose. Il le rangea bien vite en remarquant à son tour qu'il ne captait rien. Génial !

Assise, les yeux levés vers lui, Sarah vit alors sa réaction. Même si l'idée qu'il se foutait d'elle avait pu lui traverser l'esprit, elle se demandait s'il n'avait pas un peu bu ou encore passé une longue journée. C'était vrai, elle-même, elle devait avouer qu'elle était un peu naze et à se trouver à une heure pareille dans le métro, il ne fallait pas chercher à midi à quatorze la quelconque raison, si ce n'était pas après une bonne soirée quelque part dans un bar ou chez un ami. Et encore! Et ça ne la regardait absolument pas.

- La soirée a été longue, hein ? répondait-elle seulement d'une manière pour faire comprendre que ses excuses étaient acceptés.

Dans une autre vie, elle aurait pu être flic et elle aurait pu vraiment l'être avec son parcours scolaire mais elle avait choisi d'être magistrat et ça c'était une autre affaire. Et puis bon, même si la soirée était longue, c'était un peu.. gros ? Et bref, à cette heure pareille, en fait, la seule conclusion qui venait à Sarah, c'était que ce cher homme était bourré. Et pourtant, un bourré qui se portait plutôt assez bien.

Et voilà comment se retrouver finalement en tête à tête avec un homme : prenez le métro à une heure pareille et vous serez servi. Vous serez là à échanger des civilités dans la presque pénombre et il ne manquerait plus que des bougies pour combler le tout.
Sarah ne pouvait qu'approuver les dires de son camarade. Prendre son mal en patience. C'était tout ce qu'ils pouvaient faire. Pas le choix! Même si la fatigue pouvait se montrer et la faire tout de même râler intérieurement sur le coup.

Elle croisa les bras contre elle et leva les yeux au plafond. Finalement, tout ne semblait réellement pas revenir. Du moins pas encore. L'affaire devait être vraiment sérieuse. Mais ce n'était peut-être qu'une affaire de cinq minutes.

- Je l'espère également.

Et elle espérait bien que ce soit une affaire de cinq minutes car vous imaginez si ça durait une demi-heure ? Enfin ça serait dans le meilleur des cas ... si ce n'était pas pour penser au pire, soit une bonne heure pour ne pas dire toute la nuit, et ce, il y avait peut-être mieux et peut-être une meilleure envie de finir sa soirée avec une meilleure personne. Bon. Il fallait dire que pour Sarah, personne l'attendait à la maison et bon, elle n'allait pas dire non plus qu'elle se trouvait là avec un gros pervers ou quoi. Elle ne s'était pas retrouvée toute seule dans le wagon, car ce n'était pas véritablement une chose rassurante ... et même si ce type l'avait jadis dragué auparavant ... elle ne le craignait pas. Et dire qu'elle aurait pu tombé sur un quelqu'un de physiquement pas très regardable même si elle n'était pas là pour juger les apparences. Mais elle restait malgré tout une femme... Et en l'espace de deux secondes, elle se disait à elle-même qu'il fallait vraiment qu'elle se trouve quelqu'un.

Sarah finit par bondir de la banquette. Le fait de ne rien pouvoir faire et se tourner les pouces, ce n'était pas forcément la chose qui lui plaisait le plus en ce moment même.  Surtout si elle se mettait à penser à des choses pareilles... Depuis Kavan, elle n'avait plus vraiment eu de véritables relations en dehors du travail, excepté quelques flirts mais ... Ce n'était pas aujourd'hui à 30 ans vivant avec un chat seulement en compagnie que ça allait beaucoup l'aider. La solitude pouvait être pesant. Toujours les bras croisés contre sa poitrine, elle était prête à faire les cents pas et au moins, si ce n'était pas pour lui faire penser à se trouver un homme dans sa vie. Elle longea alors tout le long du wagon jusqu'au bout de celui-ci. Une porte vitrée se présenta devant elle, où elle pouvait voir à travers le wagon suivant. Avec le peu de lumière, elle apercevait seulement quelques silhouettes, qui s'impatientaient. Heureusement, grâce à l'annonce, cela pouvait éviter de céder à la panique,... enfin ... si on n'était pas là à s'imaginer que ça puisse être un attentat terroriste. Et ça serait partir loin dans son imagination puisque si c'était le cas, ça serait sûrement plus malin de le faire en plein jour où là les gens grouillaient beaucoup plus dans les rues comme les fourmis dans une fourmilière.

Elle se massa le front. Pourquoi penser à des choses pareilles ? Elle fit demi-tour et revint à la hauteur de Castiel, tout en restant debout.

- Vous ne captez rien aussi? lui demanda-t-elle.

Elle l'avait vu tout à l'heure, il y avait instant, regarder son portable. Et non, ce n'était pas comme si elle devenait impatiente. Puis elle se rassit face à lui, à sa place initiale. Ils allaient peut-être discuter pour que les choses passent plus vite, non ? Mais que ne savait-elle pas déjà de lui ? Elle savait déjà, et ça sentait déjà, qu'il avait des origines russes,.. et puis... pas specialement grand chose en fait. Quand ils s'étaient rencontrés la première fois, ils avaient complétement laissé leur job derrière eux, s'ils ne savaient pas plutôt le thème général que le métier précis. Le boulot restait au boulot, Sarah n'était pas spécialement d'humeur à en parler et ne voulait pas se prendre la tête. Elle aimait son job mais voilà, ce dernier restait là où il était. A cette soirée-là, ils avaient plutôt débattus sur la russie, le groupe de musique qui défilait et s'ils n'avaient pas un regard critique sur celui-ci et encore... Impatiente, elle se rassit alors de nouveau face à lui, à sa place initiale.

- Lorsqu'il y avait ces longs moments d'attente, avec mon frere, on s'amusait à réciter les capitales des Etats des USA, commença-t-elle à lâcher dans un sourire. .. Mais cela dit, je ne suis pas sûre que ce jeu peut vous amuser.

Castiel se contenta d'hocher la tête lorsqu'elle lui demanda si la soirée a été longue. Enfin, ce n'était pas réellement une question, un constat plutôt. Oui, elle a été longue, mais surtout arrosée. Il fallait bien se faire plaisir de temps en temps aussi non ? Il regarda la jeune femme passer le temps comme elle pouvait, soit à faire les cent pas, à regarder un peu autour d'elle, regarder dans les autres wagons. Au moins ils n'étaient pas seuls dans cette mauvaise situation. Sûr que le lendemain cette petite histoire sera dans les journaux. Castiel aura un truc à raconter au boulot demain, c'était sûr.
Et non, il n'avait pas de réseau. Si elle voulait appeler quelqu'un, c'était rapé.

Non, je ne capte rien … on est vraiment isolés.

Ce n'était pas une situation très amusante... Pas qu'il avait quelqu'un à prévenir à tout prix, mais au cas ou il y aurait eu une urgence, ils auraient été mal. Il ne savait pas si l'appel d'urgence aurait été utile non plus. Ah sérieux, ce qu'il n'aurait pas donné pour rentrer chez lui ! Après cette soirée, il n'aspirait qu'à une chose, retrouver son lit et pioncer ! Castiel avait pas mal fêté ( fêté quoi, il ne le savait pas ) fait l'idiot, bu aussi … Donc, un peu de repos aurait été le bienvenu. Enfin, il n'avait qu'à prendre son mal en patience, il n'avait pas vraiment le choix en fait. S'énerver et pester contre le monde entier aurait été inutile. Castiel releva la tête vers Sarah lorsqu'elle lui raconta comment elle passait le temps. Bon, au moins elle tentait des trucs !

Et bien on s'amuse comme on peut je suppose.

Après tout on ne feraient pas quoi pour tromper l'ennui ? En revanche elle avait raison quand au fait que ça ne le brancherait pas. Non pas qu'il ne connaissait pas les capitales, mais c'est que ce jeu durerait peut être 5 minutes tout au plus. Il n'y avait pas 36000 capitales à énumérer. A la limite ils pourraient jouer au jeu du : dire la capitale de chaque pays. En fait non … ça semblait encore pire.

J'avoue que ce n'est pas trop mon genre de passe-temps par contre.

Lui dit-il gentiment. Bon, il critiquait, mais avait-il mieux à proposer ? Oh il avait des trucs s'il était seul, genre des jeux sur son portable. Même s'il n'avait plus de réseau il pouvait l'utiliser pour ça. Enfin, vu que jusqu'ici ils avaient conversé, autant tenter de passer le temps à deux. Oui, Cas n'avait pas de grande idée pour passer le temps. En revanche, ils pouvaient causer non ? Alors engageons la conversation, si Sarah n'avait pas envie de répondre, il n'allait pas la harceler pour autant.

Et vous faisiez quoi de beau ce soir ?

Lui dit-il en refermant mieux son manteau sur lui. C'était peut être à cause de la fatigue, mais lui semblait-il qu'il faisait un peu plus froid maintenant.

C'était dingue comme ne rien faire ... le temps vous paraissait très long. Ca faisait combien de temps ils étaient ici ? Vingt minutes ? Plutôt dix minutes même pas... La patience était une qualité mais dans certaines circonstances, elle se faisait petite à cause de la fatigue ou l'ennui. Ils ne captaient rien, ils étaient isolés alors autant parler pour ainsi arrêter de se faire une fixation sur le temps : chose qui rendait tout le monde dingue.

Et comme il disait, dans ces circonstances, on s'amusait comme on le pouvait. Et pour Sarah, cette tradition remontait à son enfance lorsque ses frangins et elle étaient impatient d'être le jour de Noël et qu'étant excités et impatient d'aller ouvrir leurs cadeaux, ils ne pouvaient fermer l'oeil de la nuit mais au final, ils finissaient par s'endormir inconsciemment, battus par la fatigue. Puis avec le temps, Logan et elle avaient toujours gardé ce délire, contrairement à leur frère aîné, Nathaniel, ça avait bien fini par le soûler rapidement. En tout cas, ce n'était pas le genre de Castiel, non plus. Au moins, si ça avait plutôt fait l'amorce d'une conversation, pourquoi pas ! Sarah n'était pas spécialement douée pour commencer les conversations quand c'était en dehors de son boulot et tout dépendait de son contexte. Donc qu'avait-elle fait donc en cette soirée ? Elle répondit plutôt en souriant :

- J'ai mangé avec une collègue de boulot, et puis il faut croire que le temps passe si vite ...

Qu'on ne voyait plus l'heure défilée contrairement à ce moment précis.

- Et vous alors ?

Le fait qu'il remontait correctement son manteau contre lui lui rappelait le fait qu'il ne faisait pas spécialement très chaud. De faire les cents pas - rester actif - aidait grandement en tout cas. Juste le temps qu'il lui réponde, voilà qu'un bruit métallique étrange se faisait entendre à l'extérieur, brisant ce silence. Sarah ne put s'empêcher de sursauter sur le coup, certes, pas forcément un gros saut mais au moins une réaction. Pas que la jeune femme soit du genre peureuse mais beaucoup de choses pouvaient influencer. Oh, ce n'était en fait rien de grave! Sûrement un énooooorme rongeur qui circulait et qui aurait cogné un tuyau ... De se dire ça était sûrement le meilleur moyen de se réconforter. Juste le moment de se redétendre... Il ne fallait sûrement pas parler trop vite...Car effectivement, il y avait bien un rongeur ici. On ne savait pas par où il était entré mais peu importait! Pensant qu'il serait à l'extérieur, c'était good mais là, à l'intérieur, sentant quelque chose frôler ses pieds, Sarah cria et sautilla afin de se mettre debout sur la banquette. Saleté de rat !!!!

C'était dommage d'être coincé ici alors, tous les deux semblaient avoir passé une bonne soirée avant cet incident. Et pour sa part …

Oh j'ai passé la soirée avec des amis. C'était sympa.

C'était chouette comme soirée, dommage comme dit qu'il ait fallu prendre ce métro la. D'ailleurs, un bruit les interpella tous les deux. Lui aussi eu un léger sursaut, surpris. Le seul bruit qu'il entendait depuis tout à l'heure c'était la voix de Sarah. Alors entendre autre chose, c'était surprenant. Il tendit un peu plus l'oreille afin de savoir ce que cela pouvait être. Qu'est ce qui avait provoqué ce bruit ? Il ne mit pas longtemps à émettre une hypothèse, et des plus censées :

On dirait qu'il y a des rats dans le coin.

Ceci ne l'étonnait pas du tout, ils étaient coincés dans les tunnels de la ville, pays des rats ! Un métro à l'arrêt, c'est plus cool qu'un métro avançant à toute allure non ? Sûrement que quelques bestioles avaient jugé bon de venir voir ce qui se passait. Bon au moins ça mettait une petite ambiance, parce que la demoiselle ne semblait pas très rassurée. Lui, ça allait. Non pas qu'il avait peur de rien, mais les rats ne faisaient pas partie de ses frayeurs. Il vit alors la jeune femme sursauter comme un ressort, hurler de frayeur. Alors forcément Castiel se dit qu'elle avait vu la bestiole, ou peut être pire, l'avait sentit se balader contre sa jambe. Il partit dans un rire qui venait du coeur, face à cette situation. C'était amusant oui.

Ne vous en faites pas les petites bêtes n'ont jamais mangé les grosses.

Fit-il en riant de bon coeur. Il se leva et se rapprocha de la jeune femme, histoire de voir s'il ne repérait pas la bestiole. Il plissa les yeux, scrutant l'obscurité, à la recherche du nuisible.

Je ne vois rien du tout, pourquoi vous mettre dans cet état ?

Afin de mieux voir, il sortit son portable de sa poche afin de l'utiliser comme une lampe torche. Technique sommaire, mais c'est tout ce qu'il avait sous la main pour mieux y voir dans cette obscurité. Et, comme d'un fait exprès, au moment même ou il déverouilla l'écran, il pu voir passer sous le rayon lumineux une forme sombre. Oh, il semblait qu'il y avait bel et bien un rat parmi eux !

Au moins on peut se rassurer, on n'est pas seuls !

Dit-il dans une tentative de détendre l'atmosphère. Enfin, la jeune femme. Elle ne semblait pas ravie de la nouvelle. Il la regarda de haut en bas, puis, lui annonça :

Vous savez, ce n'est pas parce que vous êtes sur la banquette que ça va l'empêcher d'y grimper aussi.

Sadique ? Non à peine.

En fait, se posait-il la question par politesse maintenant ? A ne pas se dire les détails croustillantes? Le fait qu'ils se recroisent et ce dans un cadre plutôt professionnel, ça cassait pas mal de choses et refroidissait l'atmosphère? Une atmosphère aussi froide que cet endroit souterrain ? Mais en tout cas, pour remettre un peu de chaleur à tout ça, voilà qu'il y avait autre chose pour leur tenir compagnie et ce, ben ... il n'en fallut pas longtemps pour se faire savoir puisque Sarah s'était mise à réagir et à hurler, debout sur la banquette. Castiel n'était pas en train de se foutre de sa tronche ? Les petites bêtes n'avaient jamais mangé les plus grosses ? Merci pour l'information. Mais ... n'était-ce pas psychologique ? Avoir ces trucs biens moches ! Ne réagirait-il pas face à une araignée, à une guêpe ou même face à un serpent ? Bon ... c'était certain qu'à New York, on croisait souvent ce genre de bestioles !

- Y'a des rats, y'a des rats !!! lâcha-t-elle. Ca m'a frôlé le pied!!!

Non non, elle ne paniquait pas. Absolument pas!!! et oui, ça lui avait frôlé le pied, n'était-ce pas une évidence?

- Quelle horreur !!!

En plus, elle disait "des râts" et pourtant, il ne semblait qu'en avoir qu'un. Enfin pour le moment mais bon, vous savez comment on pouvait exagérer la chose! Castiel vérifia avec l'aide de son portable et bref, il confirmait bien ce qu'elle avait senti, hein ? Mais sur ce, ça ne la calmait pas forcément. Elle continua d'une manière super naturelle :

- Trouvez-le! Trouvez-le et tuez-le!! Enfin,... faites-le sortir de là... Faites quelque chose!!

Oui, facile de dire de tuer un rat ? et ce de la part d'un magistrat ? Du beau ! Et en plus ... lui, n'en rajoutait-il pas une couche ? En lui disant que ce genre de bestiole montait aussi sur les banquettes ? Est-ce que c'était vraiment une chose à lui dire ? Comment se sentir tout aussi ridicule mais un peu de compassion serait trop demandé ? En tout cas, face à ça, elle resta silencieuse et toujours perchée sur la banquette. Non, elle n'était pas ... vexée. C'était un silence qui signifiait qu'elle se sentait gravement ridicule mais assez difficile de pouvoir le voir dans la pénombre.

Euh, avait-il bien entendu ce que Sarah lui demandait ? Hein ? Il n'avait pas rêvé ? Fallait croire que non … Il tourna la tête vers Sarah tandis que ses yeux imitaient à la perfection des boules de billard :

Que je tues un rat ?

Et elle voulait qu'il s'y prenne comment ? Qu'il l'écrase avec sa chaussure ? Hein ? Qu'il le prenne à mains nues et l'étrangles ? Il voulait bien qu'on dise des trucs débiles sous l'effet de la peur, mais ça c'était tout de même un peu gros. Il n'allait pas faire un truc pareil. Il se voyait mal aller à la chasse au rat, éclairé par la lumière de son portable dans une main, et une arme improvisée dans l'autre. Quelle situation rocambolesque ! Le chasser, il voudrait bien, mais comment ? Ils étaient coincés ici !

Je ne peux ni le tuer, ni le faire sortir. Si cette dernière option était possible, on seraient sortis d'ici aussi.

Enfin, est ce que les portes étaient fermées ? Bonne question. Mais Castiel n'avait pas envie de sortir d'ici pour se faire écraser par un métro en marche. Alors désolé pour la petite dame, mais c'était sans lui. Oui, dans le genre j'ai pas envie de me faire chier à une heure du matin, il était gagnant. Hé quoi ?

Je suis vraiment désolé, mais il va falloir que vous preniez votre mal en patience.

D'ailleurs, ça faisait combien de temps qu'ils étaient coincés la ? Comme des glands ? Un moment maintenant, c'est sûr, mais Castiel n'avait pas chronométré le temps exact. Tout ce dont il était sûr, c'est que ça faisait longtemps.

A mon avis il a plus peur de nous que vous avez peur de lui.

Dit-il dans une vaine tentative de la rassurer. Et surtout, il n'avait pas envie que la jeune femme ne se mette à hurler et à sauter dans tous les sens. Comme pour souligner la phrase de Cas, ils entendirent de nouveau un petit bruit que le rat faisait en grattant la cloison du métro. Tu m'étonne qu'il fasse froid si tous les rats s'amusaient à faire des trous la dedans ! A tous les coups ils étaient bloqués à cause d'eux aussi. Ça ne l'étonnerait même pas.

Oui, qu’il tue ce rat ! Bon certes, il fallait l’avouer, Sarah y allait sûrement un peu fort sur ce coup mais elle avait horreur de ces bestioles. La situation tournait vraiment au ridicule, n’est-ce pas ? Ne serait-ce pas un cauchemar ? Ca y était, elle allait ouvrir les yeux, elle serait dans son lit, sous sa couette et découvrirait qu’il n’était encore le milieu de la nuit et avait donc encore du temps pour comater. Et ben non ! Pas de pot ! Elle était là, dans ce métro, arrêté, sans électricité, en plein milieu de la nuit ! Fort heureusement, elle n’était pas toute seule, donc le point réconfortant car dans un rêve pareil, pas si sûr qu’il soit aussi clément ! Déjà, sans électricité et un métro arrêté comme ça, ça avait quelque chose de limite effrayant et glauque à la fois alors en plus si on y ajoutait un rat qui venait d’où on ne savait où ! Enfin, à savoir s’il n’était pas là depuis bien plus longtemps, autant ne pas l’imaginer !

Parce qu’on passe par des trous de souris ?

Ouais, la réplique nécessaire ! Enfin s’ils savaient par quelle ouverture où il était entré ! Enfin tout un mystère, quoi ! Bref, oui, la seule solution était de patienter, facile à dire, non ? Il n’avait pas de phobie lui, par hasard ? Elle ne répondit pour le moment rien du tout au risque de dire un mot de trop sous le coup de la frayeur. Un rat qui aurait plus peur d’elle ? Ca, comme si ça pouvait un peu plus mieux la rassurer. A l’entendre grignoter quelque chose dont elle ne savait quoi, oui, il avait vraiment peur le coco, il avait l’air prendre son plaisir à bouffer ! Si ça se trouve, c’était à cause de pleins de rat qu’il y ait une coupure de courant. Ca ne bouffait pas les fils électriques ? Ouais, il fallait pleiiiiin de rat pour que tout s’éteigne comme ça, alors dans ce cas, c’était vachement rassurant de prendre les métros New Yorkais.

Et voilà que soudainement, comme par miracle, l’électricité revenait : la lumière réapparaissait mais le plus flagrant peut-être, c’était le coup du départ brusque du métro. Sarah perdit l’équilibre en partant de l’avant et voilà qu’elle se retrouve à atterrir dans les bras de Castiel. Encore une fois. Il fallait le dire. Sarah se redressa correctement, surprise et un peu sonnée. Elle se recula, réalisant qu’elle se retrouvait carrément dans ses bras.

Pardon !

Bon, ce n’était pas de sa faute non plus.  Elle ne l’avait pas fait exprès. C’était brutal. Elle lui fit un petit sourire plutôt désolé.

Hallelujah !

Réalisant que ça remarchait complétement ! Tranquille, plutôt pépère ! Mais en revoyant le rat dans le coin, elle se colla à Castiel, prenant son bras, limite si elle ne se refoutait pas complétement dans ses bras et tendit le bras dans la direction du rat !!

Il est là ! Il est là !!!!

Oups !  Ca devait être pénible, non ? Mais le métro s’arrêta du coup de nouveau mais devant une station, et le rat finit par s’en aller comme il était venu. Super, un rat qui prend le métro, sans ticket, ni rien … carrément illégalement, quoi !!
Bref, ça allait beaucoup mieux maintenant ! Sarah s’écarta alors de Castiel. Pas qu’elle soit mal-à-l’aise mais presque. Ce n’était pas comme si elle s’était payée la honte, bon c’était une chose, mais de se coller ainsi à lui alors qu’ils n’étaient pas forcément deux personnes proches, … à savoir comment il le prenait !...

Bon euh... plus de peur que de mal, hein ! lâcha-t-elle dans un sourire.

En plus dans tout ça, elle allait bien. Elle n'avait rien de casser ... Sarah avait tout simplement survécu. Même si là, d'un coup, elle n'avait pas été la plus à l'aise car l'endroit désormais éclairé, elle avait pu voir Castiel près d'elle, et de plus est, sa paire de yeux posée sur elle. Pas que ça pourrait la perturber... ça pouvait l'être!

Castiel fut tout aussi surpris par le redémarrage du métro, plutôt brusque. S'il avait pu se rétablir rapidement, ce ne fut pas le cas de Sarah qui perdit l'équilibre et atterit sur lui. Il la rattrapa par reflexe, même si ses bras autour d'elle n'avaient pas stoppé sa chute, mais plutôt le reste de son corps. Elle s'excusa cependant, restant polie.

Ce n'est rien. Au moins vous ne vous êtes pas fait mal.

C'est pas comme si c'était la seconde fois de la soirée qu'elle lui tombait dans les bras hein ! Mais sérieusement, il était content de revoir le métro fonctionner.

Ah pas trop tot !

Cela faisait plaisir à voir ! Les lumières étaient de retour, l'engin bougeait de nouveau, ils allaient enfin pouvoir sortir de la ! Quel plaisir ! En espérant qu'il n'y ait plus de problèmes. S'il y en avait encore un seul, promis, il allait prendre un extincteur et péter une vitre pour sortir. Il vit également le rat sortir du wagon, et sentit automatiquement Sarah s'agripper à son bras.

Ah oui …  Vous voyez il ne vous a pas dévorée.

Et elle ne s'était pas transformée en un zombi mutant à tête de rat ! Tout le monde était sauvé ! Il se moquait, mais c'était pas sympa. Certes il y avait des choses dans la vie qu'il n'aimait pas, mais pour le faire flipper, il fallait vraiment y aller. Non pas qu'il était courageux, mais peut être un peux je m'en foutiste. S'il devait crever parce qu'un rat lui aurait bouffé la cheville, alors soit ! Plus de peur que de mal ? Il eu un sourire en coin à cette phrase :

On va dire ça, allez !

Il tourna la tête vers Sarah et plongea son regard dans le sien. Et bien, elle n'avait plus si fière allure ! Castiel se rappela alors quelle était la nature première de leur relation. Et il était sûr d'une chose : il ne pourra plus jamais la regarder sérieusement.

Je crois que j'aurais du mal à garder mon sérieux la prochaine fois que nous devrons nous voir. Dans des conditions normalement sérieuses …

Il faisait directement allusion à son divorce. Non mais comment voulez vous qu'il soit calme, sérieux, quand il l'avait vue complètement perturbée par un simple rat ?

Vous savez que mon fils, de 5 ans, la première fois qu'il a vu un rat, il a voulu le déguiser en Iron Man ?

Iron Rat pour le coup. Et oui la précision : 5 ans était importante. 5 ans quoi. Quand un adulte paniquait à ça, excusez, mais ça le faisait bien rire. Bon, sa femme était pour le coup pas plus rassurée que Sarah, il devait bien l'avouer. Pas au point ou il aurait dû achever la bête, mais assez pour ne pas oser s'en approcher. Et pour les curieux, non, il n'avait pas pu le déguiser en son super héros préféré, Castiel avait dégagé la bestiole avant. C'est plein de microbes et n'avait pas envie que son fiston se choppe une saloperie.

Encore une chance qu’il soit là pour lui servir d’airbag ? Ou encore heureux qu’elle ne se soit pas fait mal en tombant carrément du siège où elle s’était fourrée pour ne pas côtoyer ce rat qui lui faisait flipper ? Les deux, elle était chanceuse et pas forcément lui si en plus elle lui faisait des bleus –si c’était le cas - en lui tombant dessus.

Si je pouvais éviter de vous écraser hein à chaque fois …

Oui oui, ce n’était pas comme si la force d’une mouche pouvait aussi lui faire du mal mais oublions cet épisode involontaire, car cependant, malgré ça, ils partageaient la même joie à ce redémarrage, comme si c’était une chose tout à fait inespérée.

Mais ce qui était beaucoup moins marrant, c’était qu’il se moquait d’elle et il se le permettait. Quel goujat, va ! Au moins, il fallait l’avouer que ça avait permis de détendre l’atmosphère ! En guise de réponse, elle fit une moue : « Franchement… merci ! » d’un air plutôt amusée.

Et en plus, voilà qu’il rajoutait qu’il aurait du mal à garder son sérieux à la prochaine occasion car oui, ils savaient pertinemment tous les deux qu’ils allaient se revoir dans un cadre beaucoup plus professionnel et sérieux.

Hum… Je suis sûre que vous arriverez à le garder à ce moment-là…

Ou quoi ? Elle risquerait d’être très méchante vis-à-vis de lui ? Non, aucun risque puisque dans son jugement, ils savaient tous les deux qu’elle privilégierait le bien-être du gamin et celui-ci avait besoin de ses deux parents pour son épanouissement. Et voilà que Sarah ne se retint pas de rire sérieusement. Voilà qu’après s’être fait une frayeur, elle riait nerveusement. Avoir plus peur d’un rat que d’un métro arrêté en pleine nuit après une coupure d’électricité, c’était tout à fait normal ! Ca pouvait sortir tout droit d’une histoire d’Hitchcock. En plus, Castiel qui rajoute une nouvelle couche en se référant à son gamin, non mais, tout allait bien. Qu'est-ce qui pouvait se passer dans la tête des gosses, sérieux ? Tout en se tenant à la barre du métro près d’elle d’un côté, elle apporta sa main libre à sa bouche, en continuant à rire mais elle se calma.

Si vous voulez vraiment que votre femme s’imagine que vous batifolez avec la juge, ça serait bien embêtant pour vous, continua-t-elle dans un sourire.

Quelle importance pour un couple qui se séparait mais ça pourrait très vite envenimer l’affaire alors que l’affaire pourrait être close rapidement. C’était en général ce que souhaiter les personnes que ce soit terminé au plus vite pour limiter les dégâts et les frais. Et d’ailleurs, si c’était aussi pour la mettre dans l’embarras également …  Dur !

Bien qu'il savait que lorsqu'il la reverra, il ne pourra s'empêcher de repenser à cet épisode qu'ils venaient de vivre, Castiel savait également qu'il devra garder son sérieux. Il n'avait pas vraiment le choix, ne se voyant pas éclater de rire d'un coup alors que la situation n'a rien de marrant. Alors, il soupira...

Oui, il le faudra bien.

Mais il n'empêchait qu'intérieurement, il se marrerait comme un tordu. On se réconforte comme on peut n'est ce pas ? C'est un moyen comme un autre pour lui de faire passer ces sales moments néanmoins importants que ce divorce.

Oh et après sa femme pouvait s'imaginer ce qu'elle voulait ! L'un et l'autre étaient passé à autre chose maintenant. Certes Castiel n'avait jamais été allé voir ailleurs, du moins, pas plus loin qu'un simple baiser, mais ce n'est pas Elda qui l'en empêcherait. Ça va, elle faisait sa vie et lui faisait la sienne. Ils étaient des adultes maintenant, et ils avaient compris que s'ils voulaient que ce foutu divorce se passe au mieux, ils devaient se foutre la paix l'un l'autre. Alors Castiel ne lui demandait pas ou elle sortait le soir, et elle en retour en faisait de même. Légèrement déçu, Cas se dit alors que s'ils avaient fait comme ça dès le début, ils auraient peut être pu sauver leur mariage … Mais ce qui était fait était fait. Ils ne pouvaient pas prédire l'avenir et quelles conséquences auraient leurs décisions. Enfin, pour en revenir à leur histoire, il n'était pas question de batifolage ce soir. Castiel secoua légèrement la tête avec un sourire.

Voyons, nous sommes bien loin de batifoler très chère madame.

Et pour cause, tout ce qu'ils avaient fait ce soir, c'était rester coincés dans un métro et combattu un rat. Vous parlez d'une vie ! Les seuls contacts qu'ils ont eu ce soir, c'est à l'arrêt et à la reprise du métro, lorsque Sarah avait perdu l'équilibre et qu'il avait servi d'airbag. Rien de plus. Elle n'allait pas lui en vouloir d'avoir amorti sa chute non ? Donc, pas question de gestes déplacés ou de sous entendus graveleux. Il regarda alors Sarah droit dans les yeux et ajouta :

Ce n'est pas l'envie qui manque cependant, croyez-moi.

Le métro s'arrêta à un arrêt, durant lequel quelques personnes des wagons différents sortirent. Puis, il reprit sa course souterraine. Castiel regarda vaguement le plan des sorties de métro, histoire de vérifier que son arrêt sera bel et bien le suivant, et pas qu'il l'avait raté. Ça aurait été con …

Mon arrêt est le prochain, je vous souhaite déjà de bien rentrer chez vous.

Evidement que non, ils n'étaient pas en train de batifoler. Quelle idée ! Franchement! Et ça ne serait totalement pas le genre de Sarah ! Pas que ça ne puisse pas l'enchanter de se faire draguer, bien au contraire ... Mais elle n'était absolument pas du genre à être une fille facile et à coucher du premier soir... Et d'autant plus quand elle rencontrait les gens professionnellement parlant, quand un homme était en instance de divorce, l'idée d'aller batifoler avec ne lui venait absolument pas à l'idée. Vu du fond, elle trouvait cela complétement immorale et elle ne pouvait absolument pas s'en empêcher. Sarah avait trop tendance à respecter les codes. Les codes du boulot... et les siennes !

Pourtant ce n'était pas comme s'ils ne se comportaient pas comme des adultes, n'est-ce pas? Cependant, hypnotisée par ses yeux d'un coup, oui, Sarah s'était déjà imaginée la dernière fois à la possibilité qu'il y aurait sûrement plus. Un autre rendez-vous ou quelque chose ? La première impression étant qu'il lui avait absolument plu ! Et quand elle découvrit alors qu'elle était la juge qui allait s'occuper son divorce, ça avait pour effet de la faire descendre de son petit nuage. Même cet évènement la fit encore descendre un peu plus bas. Mais on ne pouvait pas dire que cette situation la fit quelque peu... réfléchir! Si ce n'était pas plutôt entre ses envies et sa raison...

Ses envies étant ... bien sûr d'avoir forcément une relation, avoir quelqu'un sur qui s'appuyer dans sa vie... mais sa raison disait qu'il ne fallait pas tenter avec le diable. Mélangeons pas le professionnel et la privée. Pas ... maintenant !
Sur ce, en regardant les arrêts ... Castiel allait bientôt s'en aller : il s'arrêtait au prochain arrêt. Etait-ce un coup de chance pour que ça s'arrête au bon moment? Enfin, c'était plutôt vite dit. Quant à elle, c'était à deux arrêts après...

Merci ! vous aussi ... Bonne soirée ! lui répondit-elle.

Et ce fut sur ça qu'elle le regarda partir. Voilà comment la soirée se finissait plutôt et plutôt bien. Du moins, ils n'étaient pas restés là une éternité et fort heureusement. Ils étaient encore entier et c'était une bonne chose! Bien que cet évènement ne soit absolument pas banal !! Quand Sarah allait le raconter ça à Rain, sa meilleure amie, cette dernière allait vraiment du mal à le croire... Quand ce fut son arrêt, c'était bon, Sarah était enfin bon pour rentrer chez elle et retrouver son lit qui n'attendait qu'elle. Le lendemain allait être un autre jour.