Faire un tour du côté de chez S..ullivan [Naëlle - Terminé]

Le temps défilait et les fêtes de Noël approchaient à grands pas. La vie New Yorkaise était déjà en début de mois de décembre et allez voir comment elle allait s’éveiller lorsque la nouvelle année s’annoncera. Ceci dit, dans la vie de Chris, c’était un peu turbulent. C’était peut-être exagéré mais c’était que les conneries s’accumulaient. Déjà il avait eu une belle surprise lorsqu’il était sorti en boîte avec les potes, mais ça, c’était le moins important, le truc qui le travaillait pas mal c’était qu’au bout de dix ans, ses parents décidèrent de renouer contact avec lui. Dix ans en arrière, Chris avait fait son coming-out et ce choix n’avait pas été très bien accueilli. Pour dire, ses parents et lui avaient passé 10 ans sous silence. Et pourquoi tout ça après tout ce temps écoulé ? Chris avait vraiment du mal à le croire et avait dû mal à imaginer de cela de son père. Mais de sa mère, oui ! D’ailleurs, c’était ce que lui avait confirmé sa sœur Cassandre. C’était elle qui n’avait pu retenir sa langue et qui l’avait prévenu pour éviter une éventuelle surprise. Mais ça, c’était déjà une belle surprise.

Déjà que cette histoire le préoccupait, il fallait aussi qu’il ait des soucis avec Ryan. Allez savoir pourquoi c’était si tumultueux entre eux mais ce n’était bien sûrement que passager. Ce n’était pas comme s’ils ne se prenaient pas régulièrement la tête, ces deux-là. La vie à deux n’était pas toujours tout beau, tout rose, mais en ce moment, les réconciliations – peu importait la façon qu’elles soient – ne marchaient plus vraiment. Alors la solution radicale qu’ils aient pu trouver était de prendre des vacances. Ses beaux-parents voulaient voir leur petit-fils, Fred. Chris irait l’accompagner jusqu’à Miami pour profiter un peu de tout ça et on pouvait dire que Chris avait un sentiment particulier pour cette ville puisqu’il avait déjà passé du temps ici lors de ces championnats de surf. Et d’autant plus qu’il appréciait également ses beaux-parents, une chance qu’il s’entendait plutôt bien avec eux et qu’il était bien accueilli dans cette famille. Et Ryan ? Ryan dans tout ça avait prévu de refaire la chambre de Fred pour lui faire la surprise. Ca tombait bien ce voyage pour que ce petit ne voit absolument rien du tout arriver.

Sur ce, Chris sortit en ce jour du boulot afin de se diriger vers l’école de Fred pour aller le chercher. Mais au passage, il allait faire un petit détour à la pâtisserie : Sullivan Pastry. Pour plusieurs raisons. La première, il avait rencontré il y avait de cela un mois et demi à peine une demoiselle Sullivan sympathique au zoo. Elle lui avait donné son numéro au cas où si Ryan ou lui avaient besoin d’un baby-sitting pour Fred mais depuis lors, Chris n’avait jamais eu l’occasion de l’appeler et eu besoin d’elle. Et deuxième raison : Fred avait demandé une fois qu’il voulait une pâtisserie. Bon, il n’avait sûrement pas oublié sa chouette rencontre, ceci dit. Alors Chris avait décidé de passer au moins ça lui donnerait de l’occasion de la revoir et de prendre un petit gâteau. Le blondinet arriva alors à destination après à avoir trouver une place où se garer.

Naëlle n’avait pas eu cour cette après-midi-là, son prof de science était absent et son soutien annulé. Elle était donc rentrée à l’appartement pour le déjeuner. Elle était passée par la boutique pour savoir si son ainée avec mangé afin de savoir si elle devait cuisine pour une ou deux personnes. Une fois qu’elle eut tout nettoyé et rangé, Naé descendit à la boutique. Méli avait dû s’absenter pour l’après-midi, elle avait dit qu’elle avait un rendez-vous avec son obstétricien.

Autant dire que la présence de la plus jeune des Sullivan tombait plutôt bien.

La lycéenne s’attacha les cheveux et passa son tablier à l’effigie de la pâtisserie avant d’aller se laver les mains. L’hygiène était très importante. Ensuite, elle enfila ses gants de protection. Autant éviter une plainte et que les services d’hygiène ne débarquent à cause d’un client mécontent.

La jeune femme servit quelques clients pendant que sa sœur était en cuisine, prit deux commandes : la première était une commande pour un gâteau de 15 personnes et la seconde, c’était pour dans une quinzaine de jour : une pièce montée pour un baptême. Il n’y aurait aucune livraison, puisque lesdits clients viendraient les récupérer dans la matinée. Noëlia n’aurait plus qu’à les confectionner. Bien entendu, elle avait pris les coordonnées de ses personnes pour les contacter s’il y avait un problème quelque conque qui subvenait entre temps.

Naëlle remplit les présentoirs avec la nouvelle fournée que venait de faire Noëlia. Il fallait dire que ça ne désemplissait pas vraiment. Elle répondit au téléphone mais à chaque fois on lui avait raccroché au nez. Donc soit il s’agissait des petits cons qui n’avaient pas trouvés mieux que de les emmerder, soit c’était une personne qui voulait parler à sa sœur ou à Méli, soit un faux numéro. Elle avait également répondu aux sms de Suzan et de Johanna, ses deux copines voulaient savoir si elles pourraient se voir le mercredi après-midi. Quant à savoir pour quoi faire, elle l’ignorait vraiment et n’avait pas non plus cherché à le savoir. Même si elle se doutait que c’était pour faire les magasins pour faire des repérages pour les cadeaux de Noel, boire un chocolat chaud et probablement faire un détour par le Rockefeller center.

La clochette annonçant l’arrivée d’un client retentit alors que Naëlle était en train de rapporter les grilles en cuisine.

- Je suis à vous dans deux petites minutes, annonça-t-elle à l’attention du nouvel arrivant.

Elle déposa les grilles à porter de main de sa sœur. Noëlia était en communication avec un fournisseur. D’après ce qu’elle comprenait, il s’était planté dans les produits et elle voulait une réduction pour la prochaine commande.

- Bonjour, et pour vous ça sera ? Demanda-t-elle avant de lever les yeux vers le client. Ça fait plaisir de te voir, Chris. Comment vas-tu depuis le temps ? Et mon copain Fred, il va bien ? Elle n’avait pas pu s’empêcher de poser la question, même si elle ne l’avait pas vu avec lui mécano.

Il fallait dire que Chris était peut-etre chanceux pour qu’il tombe véritablement à pique. Pourquoi ? Parce que tout en rentrant dans la boutique, pas qu’il ne se trouvait pas seul… En fait si, pour le moment, c’était le quart d’heure où il n’y avait personne mais aussi parce que derrière la caisse, c’était cette fameuse Naëlle alors qu’il aurait pu tomber sur n’importe quel employé.

Sur ce, la jeune fille avait l’air d’être bien occupée car cela dit, elle ne l’avait pas encore calculé, ce qui faisait bien sourire le jeune Chris. En tout cas, quel plaisir de voir la réaction de la jeune demoiselle quand elle le vit et le reconnut.

Hey, j’ai cru perdre ma notoriété, j’ai eu peur ! lâcha-t-il avec humour.

Cela dit, après les salutations, on demandait les nouvelles et c’était un peu normal après tout ce temps ! A voir cette situation, c’était comme s’ils se connaissaient depuis toujours alors que pas du tout : le courant était bien passé la dernière fois et c’était tout. Le courant passait toujours. A croire que cette rencontre n’était qu’un coup de cœur réciproque.

Ca va plutôt bien en ce moment …et toi ? Aux fourneaux ?

Enfin, si ce n’était pas plutôt mentir mais il renvoyait la question pour éviter quoique soit. Si, la vérité étant que ça se passait plutôt pas mal en ce moment : le boulot marchait, il avait la santé … Mais n’empêche qu’il y avait des petites tensions mais ça, c’était presque habituel. Comme si son compagnon et lui avaient besoin de ça de temps en temps pour mieux se retrouver mais parfois, c’était à se demander si ça n’en devenait pas fatigant. Ils avaient leur propre caractère mais une chose était certaine : ils s’aimaient.

Fred va bien aussi ! Je vais le chercher tout à l’heure et en parlant de lui, je lui ai promis d’aller lui chercher un petit gâteau… T’as peut-être quelque chose à me conseiller ?

Et oui pour cette fois-ci, Chris était tout seul. Il n'y avait pas la petite mascotte mais ça faisait plaisir que Naëlle ne l'ait pas forcément oublié. En tout cas, quand Chris le lui dira, il savait que ça lui ferait plaisir. Il respirait la joie de vivre ce gosse.

Naé finit par revenir en salle et fut toute contente d’y retrouver Chris. Même s’il faut bien avouer qu’elle avait cherché Fred du regard, pensant qu’il accompagnerait ce dernier. Elle était heureuse de cette nouvelle rencontre, parce qu’il fallait admettre que l’homme lui avait laissé un bon souvenir, tout comme l’enfant.

Tout comme il était bon de savoir que la jeune femme avait du mal à se lier avec les autres. Ceux qu’elle avait, elle les connaissait depuis des années notamment Suzan depuis son enfance, et Johanna depuis le collège. Le dernier en date se prénommait Connor mais elle avait du mal à savoir de quelle façon qualifier leur relation. Amicale ? Amoureuse ? Enfin bref, là n’était pas la question. Chris faisait partie des rares personnes qui avaient réussi à attirer sa sympathie, la mettant à l’aise dès leur rencontre. Il ne l’avait pas jugé et l’avait laissé parler sans la reprendre, il s’était juste contenté de lui donner deux ou trois conseils pour l’aider dans ses choix ou à se poser les mêmes interrogations. Puis, il fallait reconnaitre qu’il avait marqué des points de la façon dont il avait de s’occuper de son beau-fils.

Elle se mit à rire suite à la remarque du trentenaire. Elle avait bien compris qu’il ne faisait que la taquiner, qu’il n’y avait aucune moquerie. Après tout, il aurait pu avoir raison en disant qu’elle l’avait oublié durant ce laps de temps.

- Aucun risque, déclara la jeune femme. J’avoue que j’ai failli venir te voir à ton garage pour t’apporter des parts de gâteaux invendus, avoua-t-elle. Mais je n’ai pas osé, j’ai eu peur que tu le prennes mal.

Naëlle savait qu’il y avait des individus qui n’appréciaient pas de manger les restes, et elle ignorait si Chris en faisait partie ou non. Si elle avait eu l’idée de lui apporter les pâtisseries c’était avant tout pour éviter le gaspillage, pas pour une autre raison. Peut-être aussi faire plaisir, surtout que ça n’arrivait pas toujours qu’il reste des parts.

Chris répondit à sa seconde question à savoir comment il se portait et lui retourna la question.

- Bah écoute, je vais bien ! Commença-t-elle par dire. Je n’avais pas cours cette après-midi et comme l’employée avait en rendez-vous chez son obstétricien, je l’ai remplacée, expliqua-t-elle au mécanicien. Non, pas les fourneaux quand j’essaie de me prendre des coups des torchons, plaisanta-t-elle. Je préfère jouer à la marchande, comme quand j’étais petite fille. Au moins, maintenant je vends des vrais produits.

Bien sûr, elle aurait se taire et de pas en dire autant. Après tout, il ne l’avait pas interrogée sur son passé ni sur ses jeux d’enfant. Pourtant, ces souvenirs lui étaient venus aisément et elle n’avait pas eu de mal à se confier. Ensuite, il évoqua Fred et la promesse qu’il lui avait faite.

- Hmmm… il y a les choux, les macarons. Après, il y a les gâteaux au chocolat, énuméra-t-elle, après ça dépendait aussi de ce que le gosse avait pour habitude de gouter ou non. De mon côté, je vous offre des parts de la fameuse tarte poire/chocolat pour le dessert de ce soir ? Trois parts ? C’est ma façon de te remercier d’avoir accepté ma présence au zoo.

Le temps qu’il regarde les pâtisseries proposées, Naëlle mit ce qu’elle lui offrait dans un carton. Elle sortit un ticket de caisse, qu’elle fourra dans sa poche car elle payerait plus tard.

- Ensuite, ça dépend des gouts de Fred ? Il aime quoi ?

Ca serait bien trop bête si Chris avait perdu une telle notoriété ! Mais sérieusement, ça faisait plutôt plaisir. Parce que c’était vrai, la dernière fois, au zoo, ils avaient passé un moment agréable. D’ailleurs, Fred avait direct apprécié l’adolescente et d’ailleurs, il en parlait encore quelque fois. D’où sa venue puisque le blondinet lui avait promis une pâtisserie. Sur ce, le fait d’apprendre que Naëlle avait même pensé au garage pour apporter des pâtisseries invendues était bon à savoir. Cela faisait plutôt plaisir à entendre.

C’est vrai ? répliqua-t-il avec le sourire.

Olà, ça lui aurait bien fait plaisir et surtout à ses collègues. Il pensait un en particulier : Raphaël qu’on appelait tous « Raphy ». Les cheveux un peu frisés, un peu rondelet, il était l’un des parfaits clichés d’un gourmand : il avait toujours une barre chocolatée pas très loin.

Oh, il n’y aurait pas eu de mal ! Y’a des gourmands dans la troupe !

Qui ne l’était pas sérieusement ? C’était certain que Chris n’était pas à en raffoler mais de temps en temps, il n’y avait pas de mal. Il adorait la cuisine.

Cela dit, pour ainsi dire donner des nouvelles : voilà qu’ils en échangeaient. Effectivement, pour cette journée, Chris avait plutôt de la chance alors pour que la jeune adolescente n’ait pas cours de l’après-midi et en plus, si c’était pour remplacer une employée. Au moins, c’était certain, dans le milieu professionnel, elle commençait déjà à mettre un peu les mains dedans.

C’est un coup de chance que je tombe sur toi alors ! répondit-il. Et au moins, vendeuse en pâtisserie n’est pas si mal ?

Même si au fond de lui, il sentait que ce n’était pas forcément ce que l’adolescente cherchait forcément puisqu’il avait très bien compris qu’elle préférerait être dans un boulot concernant l’enfance et tout en sachant que cette pâtisserie était l’entreprise familiale, Chris sentait bien également qu’elle voulait emprunter tout une autre voie que celle-ci. C’était l’impression qu’il avait.

En tout cas, Chris demanda alors des conseils, ou du moins un peu ce qu’il y avait bien qu’il pouvait regarder un peu ce qu’il y avait en exposition, ou du moins ce qu’il pouvait en rester en cette fin de journée. Il restait alors des choux, des macarons.. et quoi ? Naëlle voulait leur offrir une tarte pour le remercier du moment au zoo. Charmante. C’était le cas de le dire car pour glisser ça naturellement au milieu de ses propositions.

Oh j’adorerais !

Une belle tarte comme ça, ça faisait bien envie.

Mais je ne pourrais pas partir sans laisser quelque chose, lâcha-t-il dans un sourire. Mais je prends! Au moins, une chose de bon et de sûr que j'amenerais à la maison.

Même si Chris lui avait offert une glace ce jour-là, il n’était pas à ça près. Il avait presque oublié cette partie-là. Lui, généreux ? Nan ! Mais en tout cas, ça le gênerait presque de partir avec un supplément qu’il n’aurait pas payé. Il n’oserait abuser.

Pour Fred, il aime le chocolat, et … en fait, il n’est pas trop difficile, comme petit gars !

Le regard se posa alors sur différents gâteaux jusqu’à un éclair au chocolat et il réalisa alors :

Heureusement qu’il n’est pas là, je dois le dire …

Parce que ce n’était pas sûr qu’il soit sorti de l’auberge.

Il y a l’éclair au chocolat qui lui plairait sûrement…

Puis en voyant la petite tartelette à la framboise à côté qui lui faisait de l’œil :

Oh je crois que je vais finir par craquer aussi !

Et dire que lui était du genre à prendre soin de lui, il pensa qu'à son prochain jogging au parc, il fera deux tours supplémentaires. C'était foutu !

Naëlle hocha la tête pour répondre à la question de Chris et par la même occasion confirmer ses dires. Elle avait eu cette idée à plusieurs reprises, elle avait même fait un emballage pour le lui porter mais à chaque fois elle n’avait pas osé. Elle avait eu des craintes, de donner l’impression qu’elle était encombrante ou pot de colle. Le terme le plus exact, serait de dire qu’elle ne voulait pas s’imposer et embêter les gens.

Cela dit, les paroles du jeune homme avait quelque chose de rassurant. Il était en train de lui donner le feu vert, disant que ses collègues et lui seraient contents de cette petite attention. Après tout, il n’y avait rien de mal dans ce fait juste faire part d’amabilité et de gentillesse. Comme ça pouvait également faire venir de nouveaux clients à la pâtisserie.

- Alors la prochaine fois qu’il y aura du rab, je l’apporterai au garage ! Annonça la jeune femme.

Naé pensait que c’était ce qu’il y avait de mieux : faire plaisir aux autres. Elle savait qu’il y avait des gens qui n’avaient pas assez d’argent pour se faire un petit plaisir. D’ailleurs, ça faisait quelques temps qu’elle était en train de penser au fait, qu’il serait peut-être bien de donner les restes à la soupe populaire ou un truc du genre. D’une part, ça ferait parler de la boutique. D’autre part, des gâteaux ne finiraient pas à la poubelle même si des sans-abris devaient se régaler.

- Oui, tu devrais peut être jouer au loto ce soir ! Heureusement qu’elle n’avait pas sorti la phrase qui était sur le bout de sa langue « tu as une vaine de cocu ». Ça ne me dérange pas mais j’avoue que je ne me vois pas faire ça toute ma vie.

La lycéenne n’aimait pas dire cela parce qu’elle avait toujours la sensation de dénigrer l’emploi de son ainée. Pourtant, ayant toujours connu la pâtisserie et les diverses facettes du métier, de ses contraintes, etc… Elle voulait connaitre quelque chose d’autre. Naëlle avait depuis quelques temps pris conscience qu’elle voulait réellement bosser avec les gosses et cette idée n’avait pas quitté son esprit.

- Disons aussi que ça fait partie de ma punition !

Naëlle n’en dit pas plus sur le sujet. Chris pouvait comprendre qu’il s’agissait du fait qu’elle ait séché les cours. L’adolescente n’était pas encore prête à dire qu’elle avait menti au proviseur. Enfin qu’elle avait accusé un gars de tentative de viol, tout ça à cause de son comportement envers elle, ni que depuis ils trainaient plus ou moins ensemble au lycée et à l’extérieur. Dire qu’il s’en était passé des choses depuis leur première rencontre au zoo.
Naé fit de son mieux pour conseiller le mécanicien. Ce n’était pas évident de donner un avis quand on ne connaissait pas réellement les gouts d’une personne, et c’était encore plus difficile quand il s’agissait d’un enfant. Un gamin change d’avis tous les quatre matins : un jour il va adorer le chocolat, le lendemain ça sera la fraise, le surlendemain la vanille ou le caramel. Puis de fil en aiguille, la benjamine des Sullivan demanda si elle pouvait leur offrir le dessert pour le soir-même. C’était sa façon à elle de le remercier, même si elle lui avait également proposé de faire du baby-sitting gratuitement.

Tout en discutant avec Chris, la vendeuse improvisée réfléchissait aux paroles de ce dernier. Il disait ne pas pouvoir quitter les lieux sans laisser quelque chose, il y avait bien un pot à pourboire mais ceux-ci seraient pour les vrais employés. Cela dit, la jeune femme ne releva pas et le laissa poursuivre. Le temps qu’il regarde ce qu’il y avait en devanture, Naé en profita pour mettre la fameuse tarte dans un emballage. Puis, elle s’occupa à nouveau de son client particulier.

- Oui, je me doute ! Fred aurait les yeux plus gros que le ventre ! dit Naëlle amusait par la situation. Il pourra revenir un autre jour avec toi,  pour choisir par lui-même.

Et la jeune fille se ferait un plaisir de lui faire offrir quelques mignardises pour qu’il puisse gouter. Surtout satisfaire sa gourmandise. Et puis, il y avait aussi les morceaux de gâteaux à dégustation. Le seul hic qu’il pourrait y avoir c’est que le gosse ne veuille pas diner le soir-même.

- Alors il aura l’éclair au chocolat, déclara la vendeuse du jour.

Comme pour la tarte, elle mit ladite éclair au chocolat dans un carton. Ça serait bête que le petit bout ne l’ait pas.

- Et ça sera quoi pour le beau blond qui nous fait le loup de Tex Avery devant une pâtisserie ?

Elle essaya de deviner ce qui lui faisait envie, en regardant le présentoir pour voir ce qu’il y avait dedans. Même si elle le savait plus ou moins pour avoir fait des ventes durant l’après-midi.

- La tartelette au citron ? À la fraise ? À la framboise ? À la pomme ?

Chris avait alors bien fait de venir, même s’il avait tardé à cause de son train de vie, parce que si la demoiselle avait hésité à venir, en fait, ça serait carrément balo qu’elle ne vienne pas. Encore plus balo si elle venait s’il n’était pas dans le coin, enfin ceci n’était pas la question. Dans tout ça, il la connaissait peu mais en un rien de temps, elle était devenue un peu beaucoup sa chouchoute. Il aurait tout aussi déçu de ne pas la croiser, d’où sa chance et de ce fait, devrait-il jouer au loto ?

Bonne idée ! Je devrais tenter ma chance, qui sait ! Même si je n’ai pas grande foi dans ces genres de jeu ! répondit-il dans un sourire.

Et ceci, c’était avant que la conversation dérive sur son éventuel futur métier professionnel, ou du moins, s’il la trouvait là parce que c’était une soi-disant punition.

Je vois, reprit-il sans juger.

Il comprenait en gros ce qu’elle voulait dire même s’il se demandait bien un peu ce qu’elle avait pu faire ou du moins en avait-il déjà une idée dans le genre, avait-elle séché les cours par exemple comme cette après-midi-là où ils s’étaient rencontrés. Lui-même, il avait été un adolescent et il fallait avouer qu’il n’avait pas été l’un des plus grands modèles.

Mais revenant au sujet des plus importants et ce qui n’était autre que les gourmandises qu’ils avaient sous les yeux, qu’est-ce qu’il pouvait réellement prendre à Fred ? La gourmandise préférée des petits garçons était évidemment le chocolat, même si ça pouvait changer du jour au lendemain sans crier gare.

Oh, ça lui fera bien plaisir de te voir je pense ! Il ne t’a pas oublié, il me parle encore de toi de temps en temps… C’est sûr que de venir ici, ça sera beaucoup plus simple pour qu’il choisisse ce qui lui fera vraiment envie sur le moment.

Chris ne put s’empêcher de rire lorsque Naëlle le comparait avec le Loup de Tex Avery. Enfin, il était beau blond jouant au loup… mais oui, elle le comparait avec avec Tex Avery qui se léchait les babines en voyant la rouquine, bien qu’ici, ce n’était que face à ces gourmandises.

Tu m’as vraiment vu faire ? Mince alors, j’ai été à découvert ! lâcha-t-il avec humour, toujours et encore, avant de reprendre : Allez je craque ! Ca sera framboise !

Il restait de la framboise et ça serait dommage de vraiment partir sans. Puis tout en sachant approximativement tout ça pouvait coûter, après avoir récupérer son portefeuille, il y sortit un billet de 20$.

Gardes la monnaie pour toi ! fit-il en lui faisant un clin d’œil et ce, pour justifier son geste : c’est pour le coup du « beau blond ».

Du moins, il lui avait déjà pardonné le coup du loup.

Il était agréable de discuter avec Chris, il avait toujours le mot pour rire et il ne jugeait pas. Comme il était à l’écoute également. Cela dit, ce n’était pas une raison pour l’enquiquiner parce qu’il avait aussi ses soucis. Ce qui était également bien dans la situation, c’était qu’il donnait des conseils sans avoir l’air d’en donner. Il écoutait, enfin il l’écoutait jacasser mais avec les informations qu’elle lui avait fournies, il l’aiguillait sur plusieurs pistes. Du moins, c’était ainsi que le percevait de son côté.

Naëlle avait pris la décision de dire la vérité, du moins une partie et celle qui était la plus facile à dire. Elle n’osait imaginer la tête qu’il ferait si elle lui sortait de but en blanc « en fait, je suis dans cette situation parce que j’ai accusé un de mes camarades de viol, parce qu’il m’avait mise en rogne ». Parfois, il fallait laisser certains détails de côté. Néanmoins, peut être qu’un jour – plus ou moins proche – elle le lui confierait.

Pour l’heure, il était question de pâtisserie et de plaisanterie. Heureusement pour elle qu’il n’y avait que le mécano en salle et qu’on ne l’entendait pas en cuisine. Pourquoi ? D’un côté, ça aurait râlé sec et de l’autre, elle aurait eu des remarques sur le fait de sa familiarité envers un client.

Quoi qu’il en soit, la lycéenne mit donc de côté l’éclair au chocolat mais elle ne referma pas la boite. Elle avait bien remarqué le regard gourmand du surfeur sur les tartelettes.

- En tout cas, vous serez les bienvenus ici ! Avoua-t-elle.

Heureusement qu’elle était parvenue à changer la tournure de sa phrase à la dernière seconde. Elle avait failli sortir un truc du genre « J’ai déjà hâte de vous revoir tous les deux ! ». Même si cela venait du cœur, trop d’empressement pouvait effrayer les gens et produire l’effet inverse : prendre leurs jambes à leur cou.

- Non pas vraiment, mais presque ! Répondit-elle en sortant la gourmandise du beau blond.

Une fois fait, elle referma la boite et encaissa son client. Il lui donna un billet en entendant le montant et lui dit qu’elle pouvait garder la monnaie.

- Euh… Bah… Merci, mais fallait pas ! Articula-t-elle légèrement mal à l’aise.

Elle hésita quelques instants pour savoir si elle mettait ladite monnaie dans le pot à pourboire ou directement dans sa poche. Mais Naé finit par les mettre dans le bocal, c’était toujours ainsi qu’on agissait et elle n’allait pas déroger à la règle. Ensuite, elle mit le contenant dans un sac avec des serviettes en papier, histoire que les deux hommes aient quelque chose pour s’essayer les mains. Et surtout pour que Chris puisse aisément débarbouiller Fred.

- Je devrais draguer plus souvent les clients, le taquina-t-elle.

Quoi que ça pourrait rapporter gros, en mettant les divers pourboires bout à bout. Néanmoins, elle ne s’y aventurerait pas, il y avait beaucoup plus à perdre qu’autre chose. Là, il s’agissait de Chris et elle avait confiance en lui. Avec sa chance, elle risquait de tomber sur un tueur en série qui irait jusqu’à observer tous ses moindres faits et gestes et qui l’enlèverait au moment opportun, pour lui faire plein de choses, les unes plus étranges que les autres.

Cela dit, Naé ne perdit pas le nord et ajouta qu’il ne parte chercher son beau-fils à la sortie de l’école :

- Chris, est-ce que ça te dirait qu’on se fasse une sortie un de ces quatre ?

En tout cas, une chose était certaine : Chris n’allait pas manquer à revenir. Certes, il ne pourrait sans doute pas passer toutes les semaines mais la boutique venait de gagner la fidélité d’un futur client. A la base, Chris ne mangeait pas très souvent ce genre de choses mais parfois se faire plaisir ne faisait pas de mal. Sportif comme il était, il n’avait pas tellement à craindre, et puis il fallait dire comme il adorait cuisiner, il faisait également bien attention de ce côté-là. Une chose était certaine : la prochaine fois, il reviendrait et pas tout seul. Seulement si lui et Fred auraient la chance de tomber sur elle comme en ce jour.

Naëlle était tout de même sacrément choute. Bon, Chris pouvait comprendre ce malaise. Au premier coup d’œil et comme il avait pu apprendre à la connaître, c’était une douce adolescente, bien éduquée dans le sens qu’elle était polie mais elle manquait de confiance en elle. Et c’était peut-être l’une des choses qui donnerait envie de la protéger ou plutôt de l’encourager pour qu’elle ait plus confiance en elle-même.

Oh ! Et ma notoriété en prendrait un bon coup !

Le blondinet en râlerait dis donc si elle se mettait à draguer tous les clients. Mais tout ça était bien sûr seulement bon enfant ! Chris était bien trop âgé pour elle et on savait bien qu’il avait déjà une famille.

Et ce, c’était parti pour que Chris s’en aille et aille récupérer le petit à l’école. Ce dernier allait bien se régaler avec ces gâteaux-là, c’était certain ! Cependant, étonnamment, ce fut Naëlle qui prit les devants. Au lieu de passer la chance à ce que lui et Fred reviennent et qu’ils puissent tomber sur un ou une employée, autant carrément foncer dans le tas pour une occasion de se revoir ? D’autant plus que Chris avait son numéro de téléphone dans le cas où Ryan et lui avaient besoin d’une baby-sitter au dernier recours s’ils ne trouvaient personne à garder Fred en cas de besoin. Chris chercha au fin fond de ses poches s’il ne trouvait pas un papier ou un stylo mais finalement :

Tu n’as pas de quoi écrire ?

Quand finalement ce problème fut résolu, Chris nota alors son numéro sur ce bout de papier.

Si tu as le moindre problème, n’hésites pas à appeler, hein ?

Et pas seulement pour la sortie d’un de ces quatre ! Chris donna ce numéro sans véritablement d’arrière-pensées. Seulement il voyait cette jeune adolescence comme sa chouchoute, du moins comme une simple jeune fille dont il pouvait aider en cas de besoin, c’était tout. En tout cas, ce moment là avait bien été fortement agréable et ça lui avait fortement bien fait plaisir. Surtout qu’il n’y avait pas eu véritablement de clients qui étaient venus les déranger donc ça avait été un petit moment bien privilégié.

A bientôt, alors ! fit-il en souriant et en récupérant le paquet contenant désormais les gourmandises.