Une discussion s'impose [Romy]

La journée commençait merveilleusement bien. Enfin, tout de même, Evelyn était plutôt contente mais appréhendait également. Pourquoi ? Tout simplement pour la journée, elle avait Tess – la magnifique fille de son voisin du dessous – sous sa charge pour la journée. Caleb étant occupé ces jours-ci – et souhaitant acheter une robe à sa fille – il n’avait guère le temps à tout ça, alors Evelyn avait accepté cette mission sans sourciller. Pour dire, elle appréciait beaucoup la petite et ces deux-là s’entendaient à merveille. Cependant, Evelyn ne pouvait s’empêcher d’appréhender car c’était tout de même une responsabilité et ce n’était pas comme si en ce moment, elle pouvait se sentir réellement capable d’assumer… Ce n’était pas comme si elle accueillait gentiment un groupe d’enfants au musée et encore… Là, elle était seule – vraiment seule – avec la petite. Mais il n’y avait pas de raisons pour que tout se passe mal.

Alors pour débuter la journée, Evelyn décida de se promener au Centre Commercial, là, elle trouverait sans doute son bonheur, du moins la petite robe qui serait adéquat pour un mariage mais également qui ferait plaisir à Tess. De toute manière, pour à peu près tout, elle s’en réjouissait. Bien que pour deux trois trouvailles, elle ne se laissait pas démonter et faisait bien comprendre qu’elle n'aimait pas. Pour dire, elle avait du caractère et ce n’était pas forcément plus mal de savoir ce qu’on voulait… Au bout de deux bonnes heures, elles finirent par trouver The robe, soit une robe blanche tout simple avec des rubans rose, et pour accompagner, un bracelet et quelques barrettes. Pour le mariage, Tess sera toute belle.

Pour la pause déjeuner de midi, Evy invita Tess dans un fast-food pour lui faire plaisir et c’était bien le cas. Tess avait tellement de l’énergie à revendre qu’elle arrivait à lui transmettre cette énergie … Tess la faisait rire et lui faisait sourire inconsciemment.

L’après-midi arrivait et il fallait bien s’occuper jusque-là. Evelyn décida de passer chez le fleuriste, depuis le temps qu’elle avait envie d’égayer un peu son appartement… La jeune femme appréciait ce genre de choses et s’y connaissait un minimum. Tess, curieuse comme elle était, ne se gênait pas pour poser des questions sur les types de fleurs. Evy prit plaisir à lui répondre et à lui expliquer certaines choses et certaines anecdotes sur tels types de fleurs… quand elle le savait, évidemment. Fort heureusement, niveau goût, elles étaient peut-être sur la même longueur d’ondes car le fait qu’Evy finisse par prendre deux lys, Tess ne put s’empêcher de répliquer que les lys étaient magnifiques, magnifique comme elle… Qu’est-ce qu’elle pouvait être choute !

Cela dit, lorsque les deux promeneuses finissent par sortir du magasin, il fallut qu’elles tombent sur …

Grand-mère, s’écria Tess.

Gemma… salua Evelyn, avec un sourire. Bonjour…

Pour dire, elle ne s’attendait pas du tout à croiser la mère de Caleb et aussi vite, en si peu de jour. D’un coup, pas qu’Evelyn devait se sentir mal à l’aise mais presque. En effet, si Gemma commençait à s’imaginer certaines choses et se faisait des films ? C’était ça le souci : de ne pas savoir ce qu’elle pouvait penser tout en sachant qu’elle faisait des conclusions hâtives. Surprenant soit-il, Gemma ne semblait pas étouffante et semblait avoir quelques retenues. Tant mieux… Fort heureusement, Gemma avait affaire donc ce fut pratiquement une courte entrevue…

Après avoir demandé ce que Tess voulait faire par la suite, elles décidèrent toutes les deux de finir la journée au parc mais avant, elles devaient revenir chez elle pour déposer les affaires dans le but de ne pas trop s’encombrer. Revenant à l’immeuble, une bonne heure après, Evy revint à son appartement où elle prit le temps de mettre les sacs sur sa table de cuisine, récupéra un vase dans un meuble afin de le remplir d’eau et de mettre ses lys.

Tess, t’es prête pour le parc ?

Elle hocha la tête pour dire oui. Oh que oui, elle en était heureuse… Donc, ne faisons plus attendre personne… Sauf qu’en sortant de l’appartement et restant sur le palier le temps de fermer sa porte à clef… Evy réfléchit un instant en pensant aux personnes à l’étage de dessus, soit… Romy notamment. Etait-elle là ?

Dis-moi Tess… et si on invitait ta tante Romy ? proposa-t-elle. Peut-être que ça lui ferait plaisir de venir avec nous …

Enfin qui savait si Romy n’avait pas des choses à faire ou même si elle était là… Et si elle n’avait pas envie de sortir et préférait un café ? Enfin il y avait qu’une façon de le savoir… C’était d’aller sonner chez elle…

Romy avait passé une bonne partie de la journée à la bibliothèque parce qu’elle avait du travail à faire et également faire quelques révisions. Quelques jours auparavant on leur avait annoncé qu’il risquait d’y avoir des examens supplémentaires et des devoirs sur table. Romy savait qu’elle n’aurait pas son année à cause de son déménagement et diverses choses, alors elle espérait mettre quelques chances de son coté en travaillant un peu quelques matières. Du moins, celles où elle pourrait grappiller quelques points et pourquoi pas réussir cette UV.

En chemin, elle s’était arrêtée dans un bouiboui pour manger sur le pouce. Ce n’était pas grand-chose mais ça lui permettrait de tenir un petit moment. Comme par exemple : aller fouiner dans les placards de son cousin, et ça lui épargnerait de faire un tour au supermarché. Bien sûr, elle savait que ça reviendrait au même, parce qu’elle y trouverait les mêmes choses. Et s’il était chez lui, elle avait l’intention de se faire inviter à diner.

Cela dit avant d’aller chez Caleb, elle avait deux ou trois petites choses à faire. A commencer par prendre une douche pour se rafraichir et pour chasser l’odeur de poussières, voir du vieux par les livres qu’elle avait manipulé. Après, elle avait également une machine à faire tourner parce que son placard était quasiment vide et que si elle ne voulait pas aller en cour à poils, c’était une urgence. Ensuite, elle entreprit de faire un brin de ménage. Comme il s’agit de Romy, il faut comprendre : planquer les revues sous les coussins de canapés, ranger là où elle trouvait de la place les bouteilles de lait ou de jus d’orange vide. Et pour finir, elle fit le tri dans son courrier : les publicités dans la poubelle, les factures par avis de paiement, etc… En gros, ce n’était pas vraiment passionnant mais qui devait être faite.

Elle avait oublié de prendre son courrier dans sa boite aux lettres avant de monter. Romy irait le chercher quand elle aurait mis son linge à sécher. Une fois fait, elle en lança une seconde parce que sa panière était vraiment pleine. Elle aurait du repassage à faire, alors pourquoi se contenter d’une seule et unique machine, si c’était pour recommencer dans trois jours.

Avant de sortir, elle prit le temps de mettre un pyjama propre à Bones comme ça, elle n’aurait pas à le faire avant d’aller se coucher. Comme celui avait les canards était au lavage, elle choisit celui avec les cowboys et les indiens. En même temps, c’était facile vu que son Bones n’en possédait que deux. Elle faisait un roulement avec les pyjamas pour ne pas se lasser.

Elle se saisit des clefs de son appart parce que celle de la boite aux lettres se trouvait dessus. Ensuite, elle enfila ses tongs pour descendre, histoire de ne pas se planter un clou rouillé dans le pied. La jeune femme ouvrit la porte en même temps que la sonnette se manifestait, l’avertissant qu’elle avait de la visite.

- Oh, bonjour Evelyn ! Dit-elle à sa voisine du dessous. Coucou ma puce ! Fit-elle en se penchant pour embrasser la fillette de son cousin. Que puis-je faire pour vous deux, mesdemoiselles ?

Quand Evelyn appuya sur la sonnette, elle ne pensait pas que la porte allait s’ouvrir aussi vite ! A moins que Romy soit devin, la jeune femme allait sûrement quelque part… C’était ce qu’on pouvait conclure.

Euh, bonjour ! finit-elle par répondre après être surprise, regardant Romy saluer la petite Tess.

Evidement, si Tess et elle étaient là, c’était évidemment pour une raison.

Tess et moi avons passé la journée ensemble et on comptait la finir au parc… Alors on se demandait si … tu voulais venir avec nous ?

Evelyn se demandait comment s’y prendre face à Romy. Enfin, il n’y avait pas de véritables questions à se poser. Elles s’étaient déjà croisées dans les couloirs, à se dire bonjour sans pour autant discuter. Jusque-là, Evy se demandait que penser tout en sachant ce que Romy pouvait savoir sur elle. Selon Caleb, elle ne lui porterait aucun jugement mais tout de même, de ne pas réellement savoir ce que pensent les gens pouvaient être déstabilisant. A chaque fois qu’elle la croisait, Evelyn ne pouvait s’empêcher d’être mal à l’aise. C’était peut-être pour ça que Romy et elle n’avaient pas eu de discussions, Romy attendait peut-être que sa voisine fasse le premier pas…

En plus, le parc était parfait pour discuter avec elle en ce moment même. Quand Tess ira jouer aux jeux avec les autres enfants, Evelyn pourrait envisager de mettre certains sujets à plat pour préserver les oreilles de Tess.

Oui, viens avec nous, renchérit Tess.

Enfin, excepté si … tu as autre chose à faire.

Evelyn comprendrait parfaitement son refus, quelque soit la raison. Mais en tout cas, qu’importe la raison, Evelyn ne voulait pas non plus être en mauvais terme avec sa voisine. D’autant plus que ça serait dommage… Vraiment dommage…

Je peux toujours repasser...

Pour un peu, elle était fière d’elle parce qu’elle avait posé la bonne question et au bon moment. Habituellement, elle aurait sorti un truc du genre « vous êtes dans le passage » ou encore « vous voulez me vendre quoi ? Des encyclopédies ? Un aspirateur… ». Enfin, peut être que le fait qu’il y ait Tess lui avait permis d’être dans le juste.

Elle essaya de se rappeler si son cousin lui avait parlé du fait qu’il confierait sa filleule, à leur voisine. Il y avait fort à parier que oui, et encore une fois, elle ne l’avait pas écouté. Pas étonnant qu’il ne la lui confie pas plus souvent. Surtout depuis l’épisode où elle avait oublié la petite au parc.

Cela dit, elle finit par connaitre le but de la visite de ses deux visiteuses. Elles voulaient qu’elle se joigne à elles pour aller au parc. Elle sourit à la dénommée Evelyn, autant dire qu’elle apprécia grandement le fait qu’elle la tutoie directement, ça faciliterait les choses entre elles. Oui, elle se demandait à quoi servait le vouvoiement parce qu’au bout de quelques temps on passait au « tu ». C’était une perte de temps, enfin selon elle.

Et elle ne put résister à Tess quand elle lui dit qu’il fallait qu’elle vienne.

- Ca me ferait très plaisir de venir avec vous, leur annonça-t-elle.

Elle balaya d’un revers de main les paroles qui vinrent ensuite.

- J’allais juste descendre prendre mon courrier, autant dire que ça n’avait rien de bien folichon comme activité. Il me faudra juste ne pas oublier de le prendre en rentrant. Et connaissant sa filleule l’ayant entendue présentement, elle le lui ferait penser.

Tout ça pour dire à Evelyn qu’il n’y avait aucuns soucis à se faire. Elle regarda dans son appartement avant de prendre la parole :

- Juste le temps de prendre mon portable et je suis à vous, dit-elle en allant dans la cuisine récupérer son téléphone.

Elle glissa son mobile dans l’une de ses poches avant pour pouvoir fermer sa porte à clef. Elle se tourna vers la nounou d’une journée de la petite Tess pour lui poser une question :

- Euh… Evelyn, tu crois qu’on fait un saut chez Caleb pour prendre de quoi gouter pour Tess ? Et un chapeau pour le soleil ?

Bah oui, son cousin lui faisait toujours prendre tout en tas de choses quand ils sortaient en balade avec la gosse. Alors là, elle se demandait si elles devaient faire pareil en l’absence du père de la fillette.

Bizarrement soit-il, Evelyn l’avait directement tutoyé. Pas par manque de respect, loin de là, vu comment elle s’était adressée à elle avec politesse, mais ça serait un peu mentir si elles… ne se connaissaient pas « spécialement ». Etrange comme rencontre, hein ? Surtout entre voisines. Cela dit, pour l’hôtesse, elles semblaient être dans la même tranche d’âge toutes les deux, elles ne devaient pas avoir une grande différence. Et raison de plus, Romy était aussi la première à « briser la glace » en l’appelant par son propre prénom.

En tout cas, Evelyn était contente que Romy accepte de les accompagner. Peut-être qu’elle était paranoïaque mais peut-être que Caleb avait prévenu sa cousine qu’elle comptait passer. Bref, Evelyn chassa cette pensée là, en attendant à ce que Romy soit prête à sortir. En attendant sur le seuil de la porte, la blondinette finit par revenir et d’ailleurs, se demandait si elles ne devaient pas passer prendre des choses chez Caleb pour récupérer des choses.

J’ai tout prévu. Tout est bon ! répondit Evy, souriante.

Pas qu’elle aurait l’instinct maternelle… mais presque. Ou plutôt que Tess l’avait bien aidé, comme un petit soldat. Sur ce, sur le trajet jusqu’au parc, la petite ne put s’empêcher de raconter tout ce qu’elles avaient pu faire de la journée, entre les boutiques, le resto et le passage chez le fleuriste où elles ont croisé Gemma…

Enfin arrivées au parc, les deux jeunes femmes pouvaient lâcher Tess dans la nature, enfin la laisser aller aux jeux tout en gardant un œil sur elle. Les deux adultes pouvaient s’asseoir tranquillement sur ce banc libre. Evy posa son sac à main à côté d’elle, et releva ses lunettes de soleil dans ses cheveux.

C’est sympa de venir avec nous…

Evelyn tâtait un peu le terrain avant de parler en tout franchise de ce qui la préoccupait un peu, et de mettre un peu les choses à plat.

Romy avait posé une question logique et elle ne sous-entendait aucunement qu’Evelyn n’y avait pas pensé. Il fallait dire que Caleb n'avait cessé de lui rabâcher les oreilles avec ses « tu as pris de la crème solaire » ou « regarde s’il y a de l’eau et des biscuits, et un gilet si le temps vient à se rafraichir ». Honnêtement, elle était surprise pour y avoir pensé parce qu’elle n’aurait jamais cru que ça serait rentrée dans son cerveau. De toute façon, il n’y aurait pas de soucis pour si elles devaient faire un détour dans l’appartement en face du sien, vu qu’elle avait le double des clefs.

Elle suivit donc ses deux visiteuses afin d’aller au parc. Tess marchait entre elles deux et s’amusait à raconter sa journée. Il n’y avait pas à chipoter, la fille de Caleb avait passé une très bonne journée et il n’y avait aucun doute à avoir, elle adorait leur voisine. La blondinette faillit éclater de rire à l’évocation de sa tante. Si Gemma avait vu sa petite fille aussi heureuse en compagnie de la fausse fiancée de son fils, il y avait de grande chance pour qu’elle se mette en tête de vouloir les marier. Enfin, Evy avait tout de même de la chance parce que son cousin était vraiment canon – comparé aux crétins qu’elle avait dû rencontrer – mais le fait qu’il soit père célibataire pourrait être un frein.

Romy s’assit à côté d’Evy. Elles étaient assises de façon à avoir une vue d’ensemble sur les jeux et surtout sur la fillette. Et ce n’était pas plus mal avec les horreurs qu’on pouvait lire dans les journaux, sur Internet ou encore entendre à la télévision.

- Oh, ce n’est rien ! Déclara la jeune femme.

Elle n’avait rien à faire de toute façon, autant en profiter pour s’aérer un peu. Surtout qu’elle avait passé une grande partie de sa journée à réviser à la bibliothèque. Et puis, ça lui permettait aussi de retarder le moment de faire ce qu’il lui restait à effectuer dans son appartement.

- Et je dois dire que ça me change de sortir en compagnie d’une personne de mon âge, reconnut-elle.

Enfin si, elle sortait avec ses potes étudiants mais ils n’étaient pas vraiment amis. C’était la concurrence que les réunissait pour les stages, les notes. Et honnêtement, elle n’avait pas réellement d’amis dans cette ville.

Au loin, Tess semblait s’éclater comme une petite folle. L’air de rien, ces petits avaient véritablement de l’énergie à revendre, mais n’empêche, ça restait des êtres humains : Evelyn se disait que dès qu’elle sera au lit, elle s’éteindra rapidement, comme une pile déchargée. Ca arrangera sûrement Caleb après une bonne journée de boulot.
Tess était adorable. Après tout, Evelyn la gardait seulement pour la journée, et non quotidiennement, et c’était peut-être aussi qu’elle soit avec elle qui devait changer la donne.

Evelyn ne put s’empêcher d’esquisser un demi-sourire aux faits que ça lui changeait de sortir avec des gens de son âge. Si l’hôtesse devait s’imaginer tous les hommes que sa tante pouvait lui mettre dans les pattes… elle pouvait le comprendre ! En réalité, elle ne savait pas spécialement ce que sa voisine faisait dans la vie et même ce qu’elle faisait de sa vie tout court, et puis le fait qu’elle ne savait pas si elle est de New York depuis toujours comme Caleb.

Bref, sur ce, il fallait peut-être que le sujet qui lui occupait l’esprit sorte, au moins que ce soit un peu clair d’entrée afin de creuser l’abcès. Au contraire, Evelyn n’arrêtera pas d’y penser encore et en boucle jusqu’à la fin de la sortie. Ca serait tourné autour du pot, Evelyn n’aurait pas forcément trop l’occasion d’en parler si Tess se mettait à revenir vers elles et ça la tourmenterait bien jusque-là. Après un léger petit silence non gênant, Evy finit par se lancer :

Ca peut paraître un peu brutal dis comme ça, mais je profite que Tess ne nous écoute pas pour dire des choses un peu en privé… Je ne veux pas qu’elle entende certaines choses qu’elle ne comprendrait pas, enfin…

Allez dire devant une enfant de 5 ans que vous avez tenté de vous ôter la vie, il n’y avait rien de mieux pour gâcher le truc, non ?

En fait, ça fait un moment que je voulais faire ta connaissance… J’ai su par Caleb ce que tu as fait pour moi à l’hôpital.

Notamment aller chercher des affaires chez elle.

Je te remercie de ne pas avoir faire des conclusions hâtives à mon sujet…

Du moins, elle l’imaginait, et le voyait comme ça, sinon Romy n’aurait sans doute pas accepté de venir se promener avec elle d’une part… et d’autres part, jusque là, depuis l’événement, elle n’avait pas été étouffante.

On ne se connaît pas et avec toute cette histoire, je ne souhaiterai pas qu’il y ait des quiproquos …

Romy disait vrai lorsqu’elle lui dit que cette sortie lui ferait du bien. D’autant plus qu’elles devaient être du même âge. Et encore plus appréciable que ce soit une jeune femme et pas un de ses sales types envoyés par sa tante. Enfin, ces hommes étaient présentables avec une situation mais franchement pas à son gout. Même si Gemma Hayes prétendait qu’ils étaient beaux et que toutes les femmes seraient contentes d’être à sa place. Cela dit, les gouts et les couleurs… Il en fallait pour tout le monde. Il fallait admettre que la jeune femme n’était pas spécialement pressée de se mettre la corde au cou. Comme elle le disait : ça arriverait quand ça arriverait. Peut-être demain à la sortie du métro. Dans quelques mois à la piscine. En même temps distraite comme elle l’était, il y avait de forte chance qu’elle ne remarque pas l’homme de sa vie et encore moins qu’elle comprenne ce qu’il était en train de faire.

Quoi qu’il en soit, elle était contente d’être ici dans ce parc en compagnie d’Evelyn et de Tess. Même s’il fallait admettre que la blondinette n’était pas vraiment au mieux en matière de relation amicale. Ses amis se comptaient sur les doigts d’une seule main et encore il s’agissait de Caleb, son cousin. Elle avait beaucoup de mal à se lier avec les autres, même s’il lui était aisé de parler avec les autres. Enfin quand elle trouvait la personne intéressante autrement elle tournait les talons.

- Oui, surtout qu’elle est assez curieuse comme gamine, reconnut-elle. J’avoue que des fois je ne fais pas assez attention quand elle est dans les parages. Tu sais entre les gros mots, les horreurs qu’on entend aux infos !

En effet, elle se faisait souvent enguirlander par son cousin à cause de son parlé. Romy parlait de tout et de rien, oubliant trop souvent que Tess était dans la pièce d’à côté et qu’elle entendait tout. Il ne fallait pas oublier son travail avec les squelettes ou comme la fois qu’elle avait retrouvé sa filleule devant un film d’horreur le temps d’aller sous la douche. Autant dire, qu’elle avait fait fissa pour installer le contrôle parental après cet épisode.

- Ne te fais pas de soucis pour ça, j’ai juste rendu un service à mon cousin, tenta-t-elle de la rassurer.

Même si parfois elle parlait trop vite, Romy n’était pas du genre à se faire des films. Dans ce cas précis, elle faisait confiance à Caleb et savait qu’il n’aurait pas agi de la sorte s’il n’y avait pas eu de bonnes raisons de le faire. Son cousin lui avait dit seulement ce qu’elle avait besoin de savoir, tout comme elle n’avait pas posé plus de questions sur le sujet, tout comme elle avait conscience qu’on ne prenait pas ce genre de décision à la légère. Puis elle serait bien hypocrite de tirer des conclusions hâtives vu la famille qu’elle avait.

- Pour être plus ou moins sur un pied d’égalité, ma sœur ainée est lesbienne et fait actuellement le tour des Etats-Unis pour faire ses tableaux. Quant à mon petit frère, il a défrayé la chronique New-Yorkaise il y a quelques mois pour conduite en état d’ivresse. Aujourd’hui, il fait une cure de désintox et attend son procès. Oui, elle venait d’évoquer son frère et sa sœur mais elle n’y couperait pas. Et pour finir, il y a moi Romy : je dors avec un squelette en plastique à qui je mets des pyjamas, les poissons rouges offert par Tess ça fait déjà cinq fois que je les renouvelle et ce depuis le mois d’Avril, calamité en cuisine, énuméra-t-elle à sa voisine. Et j’en oublie…

Il était impossible de toutes les lister : elle se perdait dans New-York, se trompait dans le métro, acceptait encore les rendez-vous arrangés de sa tante, etc… Quand elle avait parlé de son frangin, elle avait évité de dire que c’était Cliff qui s’était proposé de la défendre. Honnêtement, l’étudiante avait du mal à croire que son cousin faisait ça pour la famille, il y avait anguille sous roche et il ne le faisait pas gratuitement.

- Enfin tout ça pour te dire que tu n’as pas à te justifier auprès de moi, lui dit-elle car pour Romy, c’était plutôt à Caleb qu’elle devait dire toutes ses choses. Mais je ne suis pas contre apprendre à te connaitre, tu viens d’où ? tu fais quoi dans la vie ? Enfin raconte-moi qui tu es ?

C’était sûr quand on avait des gamins dans les parages, on ne faisait pas forcément très attention. Evelyn n’était pas mère mais elle imaginait déjà tout ce qu’il fallait penser à la naissance d’un enfant : les prises électriques, éviter les choses tranchant à porter de main… et quand on arrivait à l’âge de Tess, la curiosité était tout à fait normal pour un enfant de cet âge-là. Pour Evelyn, ça lui paraissait normal d’éviter certains sujets et surtout à son propos. Elle se voyait mal d’expliquer à Tess ce qu’elle avait pu faire, ça serait un peu trop dur à comprendre pour son âge. Pour elle, Evelyn n’avait été seulement malade comme une petite grippe et la jeune hôtesse préférait cette excuse.

Il y a certaines choses qui peuvent s’expliquer et d’autres non, rassura Evelyn, un peu plus pour elle dans le fond.

Les gros mots, ce qu’on pouvait entendre à la télé, on pouvait finir par la reprendre… Mais encore. Bref, elles n’étaient spécialement là pour reprendre l’éducation de la petite, non plus.

Au moins, une chose faite, Evelyn et elle avaient pu briser la glace. L’hôtesse avait peut-être un peu trop psychoter jusque-là parce qu’elle ne connaissait absolument pas sa voisine, et voir que ça pouvait lui passer autre chose, qu’elle ne tenait pas forcément rigueur à ce qu’il s’était passé – tout comme Caleb – et que ça faisait passer son acte presque pour une chose anodine, avec toutes les énumérations des choses de sa vie sur les anecdotes de sa frangine et de son frangin. Cela dit, Evelyn ne demandait pas tant, mais elle comprenait le fond de ce que sa voisine voulait dire, du moins qu’elle ne la jugerait en rien pour quoique ce soit. Comme Evelyn avait déjà pu le dire à Caleb : on avait tous nos bizarreries dans la famille.

En tout cas, c’était sûr qu’Evy ne comptait pas se justifier auprès de Romy. Elles ne se connaissaient pas forcément pour ça, mais au moins, par rapport à ce qu’elle avait fait, elle ne voulait pas que ça puisse mettre une gêne ou un malaise entre elles pour le rapport du voisinage. Mais c’était plus « facile » qu’elle ne l’imaginait puisque ça paraissait tellement anodin tout ça… Sur ce, la conversation dériva tranquillement sur des questions de base pour apprendre à se connaître, comme si elle prenait le café, comme deux bonnes copines.

Je viens du Kentucky, précisément de Louisville, commença Evy. J’ai grandi là-bas jusqu’à ce que je vienne ici en février pour changer d’air ainsi que travailler au Musée d’histoire naturelle en tant qu’hôtesse d’accueil pour le moment.

Ca en jetait non ? Surtout que ce musée situé à Manhattan était l’un des plus grands musées de New York, ouvert de 1877. Le musée finançait pas mal de projets et d’expéditions scientifiques. Du coup, ce n’était pas de la merde. Enfin, à voir si Romy était assez friand de ce genre de truc.

Au moins, c’est plutôt pas mal pour connaître un peu New York dans son ensemble.

Après, à voir si elle n’allait pas évoluer dans sa carrière. Elle ne savait si elle resterait au musée bien qu’elle avait plutôt une bonne place. Peut-être que devenir guide touristique à temps plein serait plus intéressant. Ca restait à voir maintenant qu’elle était plutôt bien installée à New York.

Et toi, alors ? Tu es à New York depuis toujours ?

Question bateau mais ça la taraudait quand même car elle lui avait donné l’impression qu’elle n’avait pas énormément d’amis ici. Venait-elle de débarquer ici pour ne pas avoir d’amis d’enfance ou quelque chose comme ça ? Elle ne savait. Enfin, elle n’était pas là pour faire des conclusions hâtives.

Romy comprenait parfaitement ce que disait son interlocutrice. Effectivement, il y avait des choses qu’on pouvait expliquer avec des mots simples à une enfant et d’autres sujets qu’il valait mieux éviter. Et ce durant une paire d’année. Honnêtement, la blondinette jubilait d’avances en imaginant son cousin devoir expliquer comment on faisait les bébés à sa fille. Mais pas seulement : il aurait aussi droit aux premières règles, la sexualité, le premier soutien-gorge, etc… A moins que Tess demande à une femme de sa connaissance pour certaine chose, parce que son pauvre cousin allait faire une syncope quand elle se pointerait devant lui pour lui demander la pilule contraceptive. Enfin, il y avait encore le temps de voir venir, Tess n’avait que cinq ans. Et les prochaines questions que la gosse serait de savoir si le Père Noel existait et comment on faisait les bébés.

Quoi qu’il en soit, Romy n’insista pas sur le sujet parce qu’elle avait bien conscience que sa voisine voulait en aborder d’autres. Alors autant parler d’elle et des siens afin de briser quelque peu la glace et lui dire que ce n’était pas elle qui la jugerait sur son geste. Oui, elle en savait beaucoup plus qu’elle ne l’aurait dû mais elle n’irait pas le crier sur les toits, ni à quiconque. Ca resterait entre Evelyn, Caleb et elle. Ce pourquoi, elle enchaine sur des questions banales afin de faire plus ample connaissance avec la fausse fiancée de son cousin.

- On se croisera peut être quand je ferai mon stage au Musée, dit-elle par cette nouvelle.

Au moins, elle y connaitrait quelqu’un et Evy pourrait l’aider à se diriger dans les méandres de ses couloirs. Même si l’étudiante restait en coulisse parce qu’elle serait à la reconstitution de squelette pour déterminer l’époque, l’âge de la personne et son sexe, la cause de la mort, etc… Et elles pourraient peut-être déjeuner ensemble de temps en temps. Après cette intervention, Romy écouta la fin du récit de la jeune femme.

- Non, je suis arrivée à New-York au mois d’avril quand mon frère a eu ses ennuis, avoua-t-elle, même si elle était déjà venu ici quand elle passait quelques jours chez Caleb. Je suis originaire de Columbia et de la Caroline du Sud, autrement je suis étudiante en Anthropologie, lui répondit-elle.

Elle ne lui dit pas que cette année était celle du choix de la spécialisation. Surtout qu’elle n’était pas certaine d’avoir son année, même en ayant bachoté dure pour remonter ses notes.

- Autrement, tu as des frères ou des sœurs ? voulut-elle savoir. Et tes parents, ils font quoi dans la vie ?

Quand Evelyn lui avait dit où elle travaillait, celle-ci s’étonnait de savoir que Romy allait faire un stage là-bas. Vraiment ? Que faisait-elle alors ? Elle voulait bosser dans le tourisme en tant que guide par exemple ou dans le domaine scientifique, peut-être ?

Vraiment ?

Mais Evelyn finit par savoir le pourquoi du comment quand Romy lui disait qu’elle était dans l’anthropologie. Intéressant. Vraiment, Evelyn se disait qu’elle avait du courage et de la patience pour faire ces études-là car elle imaginait que c’était d’être loin d’être facile et que la durée des études était plutôt longue. Cependant, au contraire de Caleb, Romy n’était pas d’ici mais de la Caroline du Sud précisément. A un Etat près, elles auraient été voisine d’Etat (même si ça faisait une sacrée trotte entre leur deux villes) mais elles se retrouvaient aujourd’hui seulement voisine d’un simple étage. Et tout comme elle, Romy avait déménagé ici que tout récemment. Le monde devenait trop petit.

Ca serait un plaisir de se retrouver là-bas. Tu as été prise ou tu as seulement l'intention de postuler là-bas ? Car peut-être qu'il y a moyen que j'appuie ton dossier.

Voilà que Romy posa The question. Celle-ci avait déjà parlé de sa famille dont ses frères et sœur mais quant à Evelyn, elle était restée secrète là-dessus. Elle avait deux sœurs. Enfin, elle avait eu deux sœurs, maintenant elle lui en restait qu’une. Au moins, si ça ne démontrait qu’elle n’avait pas encore fait le deuil de la deuxième. Déjà rien que de parler d’Irene, elle avait dû mal à en parler sans avoir les larmes aux yeux.

Mes parents ? Mon père est chauffeur de bus et ma mère vendeuse dans une boutique prêt à porter. Sinon, j’ai une sœur aînée, Sophia, confia-t-elle. Celle-ci est architecte d’intérieur.

Evelyn voulut ajouter d’autres choses, comme peut-être qu’avec sa sœur aînée, elles étaient un peu le jour et la nuit ? Et qu’elle était plus proche de sa jeune sœur Irene ? Mais elle était décédée. Déjà, Evelyn avait dû mal à parler d’elle avec son côté réservée, mais c’était pire quand il s’agissait d’un sujet ultra sensible. Mais peut-être qu’on avait entendu ses prières ou non mais la jeune Tess vint vers elles. Ayant faim, elle le réclamait haut et fort.

Tiens, ma chère Tess ! fit Evy, lui sortant son goûter, et la retint parce que la petite Tess était prête à repartir aussi sec. Il fallait canaliser son énergie donc une manière assez ferme, Evelyn réussit à avoir une certaine "autorité" sur elle. Et que Tess prenne son temps pour goûter, Evelyn y tenait. La petite s’installa sur le banc entre Evelyn et Romy. La jeune hôtesse remit le chapeau correctement sur la tête de Tess. Il fallait bien croire qu’elle était au petit soin de la fille de Caleb. Instinct maternel ? Sans aucun doute. Surtout si elle arrivait plus ou moins à se faire obéir, mais qui savait si ça allait durer longtemps ou non, car c’était la première fois qu’elle s’occupait de la petite pour une journée.

C'est quand que Papa est là ? demanda Tess.

Oui, elle allait bientôt faire un stage au Musée de New-York pour mettre en pratique la théorie, tout comme ça compterait dans la note de son mémoire à présenter devant un jury. Et ce même si ça n’aurait lieu qu’au moment de son diplôme et pas avant. Elle finit donc par expliquer à sa voisine qu’elle était venue à New-York depuis que son frère avait eu ses ennuis, et qu’elle avait pu changer d’université après avoir fait toutes les démarches administratives nécessaires. Il fallait aussi comprendre qu’elle était celle qu’on devait contacter au sujet de Kendall, bien sûr quand on ne passait pas directement par Cliff vu qu’il était son avocat.

Enfin bref, elle n’était pas en train de discuter de cette histoire avec Evy, donc elle n’en dit pas plus qu’elle n’en savait déjà. Non, elle se concentra sur les paroles de la jeune femme comme quoi, elle serait contente de la croiser sur son lieu de travail. L’étudiante réfléchit quelques instants à la réponse à donner, parce qu’elle l’ignorait réellement. Elle avait l’intention de prendre la filière judiciaire mais ça dépendrait de ses résultats, donc elle serait probablement obligée de choisir un tout domaine. Et elle comprit enfin, qu’elle lui demandait si elle avait eu une réponse pour ledit stage et non pour un job à plein temps.

- Ils ont accepté ma demande de stage mais je n’ai pas encore mes dates, dit-elle. Enfin, Romy savait qu’elles avaient changés. D’après ce que j’ai compris ils ont été plus sollicités que prévu, donc ils doivent revoir les plannings et les tuteurs disponibles. Et j’ai entendu dire à l’université qu’ils embauchaient des étudiants pour les vacances d’été.

Oui, elle avait juste entendu dire dans les couloirs de la fac. Et comme elle ne prenait pas en compte les bruits de couloirs, il lui faudrait aller voir un de ses professeurs pour avoir confirmation. A moins que sa voisine puisse le lui dire, comme ça elle pourrait lui demander si elle pouvait faire passer sa candidature. Ça serait toujours un plus sur son CV, s’ils acceptaient de la prendre en plus de son stage. Peut-être que ça lui permettrait aussi d’avoir une sortie de secours si elle ne pouvait pas suivre le cursus voulu. Enfin, elle verrait le moment venu.

Ensuite, la cousine de Caleb la questionna sur sa famille. Par simple curiosité et elle aurait compris si Evelyn n’avait pas voulu y répondre. Après tout, c’était tout de même assez indiscret comme questions pour une inconnue mais contre toute attente elle obtint des réponses.

- Et il t’a appris à conduire un bus ? Demanda-t-elle quant au métier du père de sa voisine.

Et si oui, ça avait dû être une expérience assez marrante. Déjà qu’il n’était forcément aisé de changer de modèle de voiture, alors passer à un gabarit comme celui d’un autocar. Pour un peu, elle aurait peut-être pu faire une course comme dans le film « Footloose » mais pas la version avec Kevin Bacon.

La jeune femme ne put répondre parce que sa filleule arriva pour demander son gouter. Romy s’amusa à regarder la scène. Pas à dire Evelyn serait une bonne maman. Sans se rendre compte, elle avait déjà les gestes comme le fait de retenir la petite pour qu’elle goute tranquillement.

- Aucune idée ma puce, répondit-elle à la question de la fillette. Et toi Evelyn ?

En ce qui concernait le Musée, ce n’était absolument pas étonnant que le Musée soit aussi sollicité. Il devait avoir plus de 1200 employés à tout casser, ça bougeait tout le temps, il y avait la collection à gérer, notamment avec 32 millions de spécimens et d’objets, on faisait plus d’une 150aine de conférences et ateliers toutes les années, 3 millions de visiteurs par an à gérer… Il y avait vraiment de quoi faire dans un lieu rêvé pareil, non ? En venant ici à New York, Evelyn ne travaillait qu’en hôtesse d’accueil mais elle aurait pu passer à la trappe au milieu de tous ces dossiers, mais elle imaginait bien qu’au niveau de Romy, la concurrence doit être rude. En étant dans le domaine culturel, certains établissements et endroits laissaient sa chance aux étudiants.

Ah super s’ils t’ont acceptée.

C’était plutôt cool pour l’avancée de sa carrière. Le musée n’était pas rien mais c’était toujours bon à mettre sur son CV. Pour dire, pour Evelyn, elle n’avait jamais travaillé dans le tourisme. Le Musée était bien son premier emploi dans ce domaine et elle ne regrettait pas. A Louisville, elle avait travaillé auprès de son oncle Jack au magasin de pêche et si elle ne s’était pas bougée, elle aurait à sa charge ce magasin toute sa vie, car elle avait bien essayé de le reprendre après le décès de son oncle.

T’auras sûrement ta chance cet été mais qui ne tente rien n’a rien, et une petite souris peut toujours donner le coup de pouce qu’il faut.

Une petite conversation avec la secrétaire et encore, ou même, essayer de trouver un plan stratagème, Evelyn et Romy envahissaient le Musée au milieu de la nuit pour mettre le CV en haut de la pile dans le secteur des ressources humaines.

Evelyn ne put s’empêcher de lâcher un rire lorsque Romy lui demandait si son père lui avait appris à conduire un bus.

Quand j’étais petite, il m’avait emmené une fois à son travail, j’étais sur ses genoux mais bizarrement, l’événement ne s’était jamais reproduit..

A l’évocation de ce souvenir d’enfance lui mettait du baume au cœur. C’était un magnifique souvenir. C’était rare évoque ses souvenirs ainsi. Elle avait l’impression que c’était des souvenirs d’une autre vie, d’une autre époque… Une vie de bonheur s’était faite oubliée depuis qu’elle avait involontairement privé un avenir pour sa petite sœur. La vie d’Evelyn s’était également arrêtée là. La Evelyn d’avant n’existait plus.

Heureusement que Tess intervint. Pas qu’Evelyn ne voulait pas discuter plus longuement avec Romy, bien au contraire. L’hôtesse avait plus tendance à écouter les gens que de parler d’elle. Elle ne savait jamais où commencer ou que dire. Les sujets généraux revenaient régulièrement : savoir où elle venait, ce qu’elle faisait dans la vie… c’était un peu des sujets bateau. Evelyn ne disait pas non plus que Romy ne fût pas sympathique. Après tout, même si elles étaient voisines, ce n’était pas comme si elles allaient se revoir, peut-être pas énormément, comme si elles allaient créer une relation fusionnelle et d’ailleurs, dans un futur proche, elles iraient travailler au même endroit (sans pour autant être dans le même secteur) mais rien qu’à l’idée de faire le trajet ensemble lui traversait l’esprit. Le fait était qu’Evelyn avait dû mal à avoir ses attaches depuis la mort de sa sœur, mais surtout depuis le décès de son oncle où il avait été sa bouée de sauvetage. Evelyn ne voulait pas paraître froide ou distante parfois, mais en tout cas, dû à son vécu, c’était involontaire.

Le sujet dériva forcément sur Caleb. Normal que Tess demandait où était son père après tout ce temps, il devait lui manquer.

Aux dernières nouvelles, si tout va bien, il doit bien revenir dans les 18h30… répondit Evelyn à ses deux acolytes avant de se concentrer sur Tess, il te manque déjà, hein ? Tu veux lui faire une surprise ?

Allez savoir, pourquoi dire ça alors que la réponse allait être évidente : les enfants adoraient faire les surprises à leurs parents. Non ?

Genre une pâtisserie.

C’était une idée. Evelyn leva les yeux vers Romy car sûrement, celle-ci connaissait mieux les goûts de Caleb qu’elle.

J’aurais peut-être une merveilleuse conseillère pour choisir le gâteau.

Evidement, Evelyn proposait à Romy une nouvelle étape dans leur aventure jusqu’au retour de l’immeuble, et jusqu’au retour de Caleb en prime.

Oui, elle faisait effectivement partie des chanceux qui pourraient effectuer leur stage au Musée. Quant à l’autre sujet, il lui fallait envoyer sa candidature mais avant elle devait voir un de ses professeurs pour savoir si c’était eux qui se chargeait de donner les candidatures ou non. Et aussi pour savoir s’ils pouvaient également lui faire une lettre de recommandation si ça pouvait faire pencher la balance de son coté, c’était toujours ça de pris. La petite remarque sur la souris donnant un coup de pouce à son dossier lui donna le sourire mais cela dit, elle n’ajouta rien de plus à ce sujet.

Non, les deux jeunes femmes commencèrent à parler de choses plus banales. Romy trouvait amusant que le père d’Evelyn lui ait appris à conduire un bus. Cela dit, l’étudiante ne savait pas s’il s’agissait d’un autocar de ramassage scolaire ou des transports en commun.

- C’était peut-être parce qu’il n’en avait pas l’autorisation, répondit-elle.

Ce qui ne serait pas étonnant. Il était courant dans leur cher pays de voir sur les contrats de travail, qu’on ne pouvait pas emmener leur enfant sur leur lieu de travail. Il s’était peut être fait prendre la main dans le sac, même s’il y avait une bonne raison.

Ensuite, elle devait choisir des sujets plus légers puisque sa filleule était venue gouter. Et évidemment, la fillette demanda quand son père allait arriver. Après la réponse d’Evelyn à Tess, Romy ne put s’empêcher de sourire. Il n’y avait rien de mieux que de lui proposer de faire une surprise à son papa.

- Bien trouvé, reconnut l’étudiante.

Son cousin était gourmand et généralement il faisait des gâteaux à sa fille. Pour une fois, ça ne pourrait pas lui faire du mal, de manger une pâtisserie qui viendrait d’une boutique. D’autant plus qu’il n’aurait pas la vaisselle à faire. C’était tout bénéf pour lui.

- Biensur, mais je ne suis pas certaine d’être la mieux placée, reconnut-elle. Petit il pouvait manger des beignets matin, midi et soir mais je ne sais pas ce qu’il aime à présent.

Les deux femmes attendirent que l’enfant ait fini son gouter avant de rassembler ses affaires et de se rendre au centre-ville.

Evelyn fut ravie que sa proposition soit bien prise. Même si Romy ne saurait pas trop la conseiller pour la pâtisserie, ce n’était pas bien grave. Peut-être qu’une autre gourmande pourrait la conseiller, soit Tess. D’ailleurs, pour cette dernière, l’idée d’aller acheter un gâteau lui paraissait d’être la plus merveilleuse idée du monde. Ne demandez pas à une petite fille de choisir un gâteau, c’était foutu d’avance ! Elle avait sûrement pris ça de son père si apparemment, il était un gourmand. Peut-être plus aujourd’hui. Quoiqu’en tout cas, gourmand ou pas, ça n’avait pas déteint plus que ça puisqu’il était bien foutu … il fallait l’avouer… Rien qu’à cette pensée, Evelyn la chassa rapidement, presque honteuse de penser ça de son voisin, et qui plus était, était le cousin de Romy. Evelyn ne se voyait pas de le lui dire ! Et n’oublions pas Tess, non plus qui était présente avec elle.

Sur ce, ce fut la grande aventure en centre-ville. Evelyn remit ses lunettes de soleil sur son nez. Toutes les trois dévalèrent quelques rues. Tess les amusait et de temps à autre, Evelyn conversait avec Romy avec qui elle apprenait à connaître. D’ailleurs, au passage, Romy l’amusait beaucoup. Même quand elles arrivèrent enfin à la pâtisserie pour choisir un gâteau. L’ambiance allait bon train. Cela dit, à regarder ce qu’il restait à cette heure, il n’y avait pas énormément de choix. Normal. Ce n’était pas comme si elles arrivaient à la première heure de la journée. Au final, elles optèrent pour une tarte avec des fruits divers.

Le temps défilait. Il se faisait déjà tard, et il était de rentrer. Tess pétait encore le feu mais Evy savait que dès qu’elle mettrait un pied dans son lit, la fillette allait ronfler. En rentrant dans l’immeuble, Tess ne put s’empêcher de courir.

Hey Tess, du calme !

Tess était un peu trop excitée qu’elle courut jusqu’au troisième étage, plus vite que l’éclair. Surtout qu’Evelyn devait passer à son appartement récupérer les paquets achetés la journée.

Tiens, Romy, je te confie la tarte. Je vais chercher les achats faites pour Tess et j’arrive.

C’était vite fait pour récupérer les affaires et Evelyn finit par arriver à son tour à l’étage au-dessus. La jeune femme remarqua à la présence de Caleb au seuil de la porte en train de se faire agresser par sa fille. A cette image, Evelyn ne put s’empêcher de sourire. Non pas qu’elle était subjuguée mais … presque. Pourquoi ? Parce qu’elle trouvait Caleb totalement séduisant ? C’était le cas. Il avait tout pour faire craquer. En plus d’être avenant et attentionné, c’était un mec magnifique et bien foutu. Il était carrément à son goût. D’autant plus qu’il avait une fille adorable. Mais cela dit, même s’il s’était fait passer par son fiancé, il devait avoir quelqu’un dans sa vie. Ce n’était pas possible autrement. Bref, il fallait qu’Evelyn revienne un peu sur terre et réagisse.

Salut… Ou resalut en fait. Mission faite ! fit-elle avec le sourire et tout montrant les sacs pour Tess. Bonne journée ?

Après la pâtisserie, les deux jeunes femmes décidèrent de rentrer. D’une part parce qu’il commençait à se faire tard et que Caleb allait rentrer, autant qu’il y trouve sa fille à son arrivée. D’autre part, parce que Tess commençait à montrer des signes de fatigue, elle était excitée comme une puce à courir de partout.

Arrivée à leur immeuble, l’étudiante fit une halte à sa boite aux lettres afin d’y récupérer son courrier. Ensuite, toutes les trois gravir les différents étages. Au second, Evy lui donna la tarte ainsi que la surveillance de la fillette, le temps d’un petit détour chez elle.

- Pas de problème, lui assura-t-elle avant de poursuivre sa route.

A destination, Romy confia la tâche d’ouvrir la porte des Hayes à l’aide du double qu’elle avait en sa possession. La gamine courut directement dans le salon pour allumer la télévision, tandis qu’elle se dirigeait vers la cuisine pour mettre la tarte au frigidaire.

- Tess va chercher ton pyjama et après à la douche !

- Mais je veux Mon Papa ! Répliqua-t-elle parce qu’elle n’avait pas décidé d’y aller.

- Il ne va plus tarder, ma Puce ! Commença-t-elle. Si tu prends ta douche avant son retour, il n’aura pas à le faire et pourra jouer avec toi avant que tu n’ailles au lit !

La gamine considéra quelques secondes les paroles de sa marraine avant de faire ce qu’elle lui avait demandé. Son cousin l’avait peut-être douchée le matin même mais comme elle avait passé la journée à l’extérieur, qu’elle avait couru, ça ne lui ferait que du bien.

Et évidemment, Caleb arriva à ce moment-là.

- Va te poser sur le canapé, j’ai bientôt fini ! lui dit-elle.

Caleb était enfin de retour et allait pouvoir se reposer un peu. Il adorait son boulot mais les fins d’année scolaire étaient très épuisantes, entre les passages à la classe supérieure, voir les dossiers de ceux qu’il aurait à la rentrée, les divers documents à remplir et tout le reste. Mais bon, il fallait bien en passer par là afin d’être tranquille durant les grandes vacances.

Il était content d’être rentré parce qu’il était curieux d’entendre le récit de Tess. Sa fille adorait lui raconter ses aventures, quand il n’était pas avec elle.

Comme il avait entendu des voix dans la salle de bain, il s’était décidé à s’y rendre pour voir si sa fille n’avait pas confondu la baignoire avec la piscine municipale. Il ouvrit grand les yeux quand il découvrit la personne qui lui faisait prendre la douche mais n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit parce qu’il se fit virer de là.

- Ok, ok ! Répondit celui-ci en sortant de la pièce.

En même temps, ça lui laisserait le temps d’aller mettre une tenue un peu plus décontractée. Et pour cela, il fit un crochet dans sa chambre. Il enfila un t-shirt et un de pantacourt. Puis il alla dans la cuisine pour prendre une bière, il n’en proposa pas à Romy parce qu’elle irait se servir si elle en voulait une. Il allait porter le goulot à sa bouche quand il entendit une voix féminine s’adresser à lui.

Salut… Ou resalut en fait. Mission faite ! fit-elle avec le sourire et tout montrant les sacs pour Tess. Bonne journée ?

- Re-salut, répondit-il à la jeune femme. Merci, tu m’enlèves une sacrée épine du pied. Caleb lui en était reconnaissant de l’avoir tiré de ce pétrin. Ereintante à vrai dire mais au moins c’est une bonne chose de faite. Et la tienne ? J’espère que Tess a été sage ?

- Papaaaaaaaaaaaa ! cria Tess, tout en parcourant le chemin en courant avant de lui sauter cou.

La fillette lui fit un câlin et un gros bisou sur la joue. Il en conclut donc qu’elle s’était bien amusée. Il regarda Romy arriver à moitié trempée mais se retint de rire.

- On t’a fait une surprise ! Lâcha la jeune Tess.

Evelyn débarqua au milieu d’un moment familial : des retrouvailles plus qu’heureuse. Cela faisait plutôt plaisir à voir une relation fusionnelle entre un père et sa fille. Normal, se disait Evelyn, dans un sens, puisqu’elle avait su que la mère de Tess était partie, Tess n’avait qu’un repère.

La journée a été super ! répondit Evelyn. Tess a été adorable. En tout cas, elle a des piles increvables.

Oui, il fallait le dire. Tess avait une énergie débordante. Evelyn le disait à sa manière mais c’était loin d’être méchant, car elle avait tout de même passé une agréable journée. Evelyn posa directement les sacs sur la table de la cuisine. Voilà que Tess parlait d’une surprise.

La gourmande ne perd pas le Nord !

Evelyn ne perdait pas une miette pour taquiner la jeune Tess.

Ne dîtes rien ! Je vais la chercher ! fit Tess, déterminée et d’une manière, Romy et Evelyn ne devait absolument rien dire sur la mission.

Evelyn et Romy s’échangèrent un regard plutôt complice sur le sujet. D’ailleurs, au passage, l’hôtesse pouvait remarquer que Romy était trempée. Non, il ne fallait pas se moquer. L’ouragan était juste passé par là, hein. En parlant d’ouragan, voilà qu’elle revenait avec la tarte en main.

On peut la manger ?

Rien de mieux pour faire rire Evelyn.

Tess, et si tu montrais à ton père ce qu’on a acheté aujourd’hui ?

Evelyn prit place sur une chaise de la cuisine. D'ailleurs, elle remarqua qu'elle avait oublié d'enlever ses lunettes de soleil relevés sur sa tête. Elle les enleva, les posant sur la table à côté d'elle, remettant ses cheveux en place.

Voilà, elle avait fini de faire prendre sa douche à Tess. Romy la sécha et l’aide à mettre son pyjama. Autrement dit, la tâche ne fut pas aisée vu que la gamine piétinait sur place tellement elle était pressée d’aller retrouver son père.

Quand ce fut fait, sa filleule détala comme un lapin pour le faire. De son coté, elle prit le temps de nettoyer la pièce, comme ça Caleb n’aurait pas à le faire quand tout le monde aurait quitté son appartement. Quant à elle, elle n’avait plus qu’à rentrer chez elle pour se changer même si elle ne risquait pas de prendre froid vu qu’ils étaient en été.

Elle arriva dans la cuisine au moment même où Tess crachait le morceau à sa façon.

- Promis, s’amusa-t-elle à lui dire.

L’étudiante regarda Evelyn amusée par la situation. Et dire, qu’elles ne lui avaient pas dit que c’était un secret et qu’elle devait tenir sa langue jusqu’au repas du soir. Romy savait que ça serait trop demandée à une enfant de cet âge. Elle se rappelait que petite fille, quand on avait le malheur de lui dire « Chut Romy, il ne faut pas le dire à Papa ! » la première chose qu’elle faisait en le voyant, c’était de cracher le morceau.

Et évidemment petite gourmande qu’elle était, Tess voulait déjà manger de la tarte. La jeune femme chercha son courrier du regard, parce qu’elle avait oublié où est-ce qu’elle l’avait posé. Elle finit par prendre place sur une chaise.

- Très bonne idée, dit-elle au sujet de montrer les achats de la journée. Je suis curieuse de voir si tu vas être plus belle que moi, s’amusa-t-elle à dire.

Autant dire que la fillette le serait vu que sa chère maman avait opté pour des robes de demoiselle d’honneur rose bonbon. Peut-être que cela avait changé depuis parce qu’il y avait une dizaine de jours, elles étaient orange.

- Mon poussin, dit-il en prenant sa fille dans ses bras.

Il lui rendit son câlin et ses bisous. Il espérait que son absence n’avait pas été trop longue pour elle. Même s’il n’y avait aucun doute à avoir sur le sujet. Ce n’était pas comme si Tess n’avait pas l’habitude d’aller chez ses grands-parents durant les weekends ou une journée ici et là.

- Une surprise ? Demanda-t-il intrigué mais n’insista pas sur le sujet, il entrait dans le jeu de son unique enfant et des deux jeunes femmes.

Il observa sa voisine et sa cousine. Soulagé par le simple constat que les deux jeunes femmes avaient l’air de bien s’entendre. Sur le coup, il se dit qu’il aurait bien aimé être une petite souris afin de savoir ce qu’elles s’étaient dites et avaient fait. Ensuite, il surveilla sa fille du coin de l’œil par curiosité mais également pour s’assurer qu’elle ne fasse pas tomber ce qu’elle avait dans les mains. Ce n’était pas qu’il ne lui faisait pas confiance, simplement un geste que tous parents avaient envers leur enfant.

Il souleva le couvercle pour enfin savoir qu’elle était sa surprise. Une tarte aux fruits. Il sourit aux deux complices de la demoiselle mais ne savait pas quoi leur dire. Donc, il préféra garder le silence. Il éclata de rire en entendant la requête de l’enfant.

- Poussin, tu en mangeras après diner ! dit-il en lui ébouriffant les cheveux.

S’il acceptait sa demande, elle ne dinerait pas quand ça serait l’heure. Donc, il lui faudrait patienter un peu. Il avait récupéré la boite et était en train de se diriger vers le frigidaire pour la ranger à nouveau.

- Oui, montrez-moi donc tout ça ! Dit-il en s’adressant à Evelyn et Tess.

Tess attrapa un sac comme pour aller montrer à son père mais elle se ravisa en chemin.

- Evy viens m’aider ? Demanda-t-elle en se saisissant de sa main.

En effet, elle voulait montrer mais en les portant et de leur faire un défilé. Et pas question que ce soit Romy ou son père, il fallait leur faire la surprise jusqu’au bout.

Pour dire, Tess avait bien adopté Evelyn pour l’appeler par son diminutif. Cette enfant était un amour. Enfin à ses yeux. En même temps, ce n’était pas comme si la jeune femme côtoyait des enfants tous les jours. A part quelques fois à son travail mais ce n’était pas comme si elle construisait un lien avec ces petits monstres.

Bon, allez, viens ma puce ! On va leur montrer comment tu vas être resplendissante ce jour-là ! accepta Evelyn.

Sur ce, l’hôtesse suivit Tess dans la salle de bain. D’une part pour qu’elle s’habille de sa jolie robe et ses bijoux. D’autre part, pour la coiffer rapidement d’une tresse et la maquiller légèrement.

Cette séance l'amusait beaucoup. Evelyn adorait "jouer" avec Tess, comme si elle pouvait être sa mère alors que non, elle ne l'était pas. Après tout, l'idée d'être mère un jour ne lui avait pas vraiment traversé l'esprit. Le serait-elle un jour ? Elle ne le savait. Et surtout elle ne le savait si elle le voudrait. Pour l'instant, elle n'en était pas encore là puisque d'une part, elle n'avait personne dans sa vie... Et d'autre part, ce n'était pas comme si elle avait des relations stables... Si ça pouvait arriver un jour... Cela dit, si un jour cela arrivait, elle ne savait si elle arriverait à assumer...

Enfin prête, Evelyn jeta un œil pour savoir où étaient Caleb et Romy et surtout pouvoir ce qu’ils faisaient. Elle finit par taper dans les mains pour attirer l’attention :

Hop là ! La Princesse est prête ! Attention au défilé !

Tess sortit de la salle de bain, fière d’elle. Sacré Tess, va ! Evelyn leva les yeux pour voir la réaction de ces deux voisins.

Alors ? Comment vous la trouvez ? fit-elle amusée.