Première rencontre [Ben]

J'avais commencé mon service assez tôt. Après tout, j'avais l'avantage de ne pas avoir cours ce jour-là, et je pouvais donc me consacrer quasi totalement à mon job. J'avais cru que je ne l'aurais jamais, au début, ce job. Mais Jake avait du voir un je-ne-sais-quoi qui avait fait que malgré tous les gens qu'il avait vu passer pour un entretien, c'était moi qu'il avait retenu. Tant mieux pour moi, j'avais eu une possibilité de vivre et payer mes études dans cette nouvelle ville, ce nouveau pays, et même ce continent que je ne connaissais pas le moins du monde. Enfin, je pouvais dire que j'avais de la chance.
Autant être franc, être serveur, ce n'est pas vraiment le boulot dont tout le monde rêve. En fait, j'en connais assez peu qui rêveraient d'être serveur. Enfin, sauf pour parvenir aux besoin, mais sinon, il y avait mieux comme choix d'orientation à faire, je pense. De toute façon, c'était mieux que rien, et ça me permettait de m'auto-suffire. Même si je n'envisageais pas sérieusement de faire ça pendant toute ma petite vie. Bref, je faisais donc ce que tout serveur faisait pendant son service. Jusqu'au moment de ma pose. J'allais sortir, quand, après avoir ouvert la porte, une caisse failli me tomber dessus. Je ne sais pas trop d'où ce reflexe me venait, peut-être l'instinct de survie de mon pied qui avait réveillé mes bras, mais j'aidais la personne qui avait failli tout lâcher à ne pas laisser tomber la caisse, en la retenant. Je levais les yeux, regardant la personne qui tenait ça. Une jeune femme, qui semblait bien encombrée par cette caisse qui devait faire au moins deux fois sa largeur, si ce n'était pas plus.

- Je vous en prie.
dis-je, en souriant, avant de reprendre.
- oui, Bonjour.

Je secouais ensuite la tête pour lui dire que ce n'était pas grave, après, je pense que c'était un coup plus de malchance que de sa faute si sa caisse avait glissé. Puisque je ne savais pas vraiment ce qu'il s'était passé. Me raclant la gorge, je désignais ce qu'elle portait dans ses bras.

- un coup de main, peut-être ?

Oui, j'étais en pause, mais ce n'était pas d'amener une caisse qui allait me fatiguer...

La pause, c'est tellement surfait ! Comme si on pouvait ne rien faire pendant 5 minutes voire 10 minutes sauf que de... je ne sais pas moi ? Regarder ses chaussures ? C'est genre l'activité la plus débile au monde, et... ah, bah non, en fait, oui, ça fait passer le temps. En fait, il y a toujours quelque chose qui nous fait sortir de notre pause. Quelle qu'elle ne soit, d'ailleurs. Pour le coup, moi, c'était cette demoiselle qui avait failli se prendre les poissons dessus. La pauvre. Déjà que c'est assez visqueux comme texture, ça sent pas particulièrement bon non plus, alors se le prendre dessus.. Brrr, ça donne pas envie. Bah quoi ? Le poisson cru, c'est pas au goût de tout le monde, que voulez vous ? Je lui ai donc proposé de l'aide pour déplacer ses caisses, après tout, ce ne sont que des caisses, je n'avais pas particulièrement à toucher la matière du poisson tout juste pêché. Moi, un tantinet peureux ? Non, plutôt pas trop aventureux de certaines choses.

- Aucun souci demoiselle !

Je lui souris gentiment, et prenais un côté de la caisse pour l'aider à transporter. Pendant ce temps, elle se montra légèrement curieuse. Le petit truc qui me faisait sourire était que lorsqu'on souhaitait savoir qui était l'autre en face de nous, ce qu'il faisait là, on avait assez tendance à faire les questions/réponses seul. Ou proposer la réponse A : oui, à la question, soit la réponse B : autre.

- Non, je suis le nouveau serveur. Jake m'a laissé ma chance.

Et Dieu savait ô combien j'étais reconnaissant envers cet homme que de m'offrir la possibilité d'avoir un travail, une vie décente à New-York, ce sans quoi j'aurais très certainement dû retourner à Paris vivre avec mon père et sa sorcière de femme, qui au passage, était ma mère.. Enfin, à condition qu'il m'accepte, et qu'il fasse table rase du passé. Passé que je n'avais même pas vraiment provoqué. Renoncer à ce qui était sa vie pour essayer de vivre dans le passé, ce n'était pas de mon père. Pourtant, il l'avait fait pour elle. Elle qui avait ruiné nos vie pendant près de 21 ans. Enfin, heureusement, Jake était là et avait empêché ce retour de se produire.

- c'est rien, t'inquiète pas. Au fait, moi, c'est Benjamin !

Dis-je alors qu'on avait finit d'amener la caisse. Elle me répondit s'appeler Caroline.

- Oh, mais c'est Français, ça comme prénom non ?

Ok, je montrais un peu beaucoup trop d'enthousiasme pour ce qui constituait un lien avec mon pays d'origine. Je pense que ça allait être ça pour les prochains mois, de toute façon.. Le temps de m'habituer au climat New-Yorkais, quoi!