Je soupirais. Oh la journée allait être longue. Une collègue étant malade je la remplaçais… à l’accueil. J’avais fait mes visites du matin et l’après-midi j’étais affectée à l’accueil, alors que j’aurais dû avoir congé. Enfin bref. Pour l’instant j’étais encore dans les salles du personnel, finissant de manger. Quelques minutes plus tôt, Viviane une des restauratrices du musé m’avait quitté pour retourner à sa toile – un magnifique Turner qui avait bien besoin de quelques coups de couleur par-ci par-là. Je finis par me relever pour passer par les toilettes avant d’aller affronter mon destin.
Pas que le travail ne me plaisait pas, loin de là ! J’étais sociale et j’adorais aider les gens. Juste que aujourd’hui n’était pas un jour à forte affluence et j’avais un peu peur de me tourner les pouces. Enfin au pire je rangeais le bureau et classait quelques trucs. Je vérifiais ma tenue dans le miroir, une simple jupe noir fluide jusqu’au-dessus du genou et un chemisier cintré rouge par-dessus, je n’avais pas pris la peine de remettre mon blazer le musé étant assez chauffé pour survivre sans. Je filais à ma place, 5 minutes en avances, et papotais un peu avec la collègue qui avait fait son avant midi ici, étant de ce fait aussi mise au courant d’éventuel tâches à faire, et lui souhaita bon appétit avant qu’elle ne parte. Je m’installais du coup et préparais déjà les fiches pour un groupe de cet après-midi. Une école en excursion. Je préparais des fiches de jeux adaptées avec des activées à faire dans chaque salle, des informations à collecter aussi pour au final si on avait juste gagné un petit cadeau. J’adorais voir ses enfants s’extasier en découvrant le musé et venir tout content vers moi une fois la fiche remplie. Enfin certains s’ennuyaient et là c’était à nous de les motiver sans trop les pousser, les accompagnatrices étaient là aussi !
J’étais en train de compter les fiches quand une ombre se jeta sur le bureau. Relevant le regard je vis un homme se tenir devant le comptoir. Lui souriant chaleureusement je me redressais, laissant mon comptage de côté.
« Bonjour, je peux vous aider ? »
Je notais que la couleur de sa barbe contrastait avec ses cheveux châtain. Ce fait me marqua ne me demandez pas pourquoi. L’une rousse, l’autre châtain. C’était un contraste mais un joli contraste ! Ça aurait donné très bien en peinture à l’huile ou à l’acrylique. Enfin j’arrêtais de penser à ça et me focalisais sur sa demande, souriant toujours chaleureusement.
Une clope aux bouts des doigts, Rory observait son ex-femme marcher jusqu’à son travail. Ses cheveux virevoltaient au gré du vent lorsqu’elle balançait gracieusement ses hanches. Le jeune homme se mordit la lèvre, son corps lui manquait. Il avait beau essayer de l’oublier il en était incapable. Voilà une bonne heure qu’il l’a suivait dans la rue en gardant une bonne distance pour ne pas éveiller les soupçons. Elle avait pris son café au Starbucks au coin de la rue de son immeuble, puis avait traversé le boulevard pour reprendre la route vers le travail. Se rapprochant lentement il se décida à lui prendre la main. Ses doigts, doux et fins, Rory adorait la toucher, adorait l’embrasser… Il souffla :
Viviane.
Faisant volte-face elle se tourna et lui décrocha une claque sonore. Il ferma les yeux, tournant la tête sous le coup. Ils s’étaient tous les deux arrêtés sous le regard des passants hébétés.
Arrête de me suivre !!
Le souffle court, le coeur silencieux :
Mais… je…
Tais toi !!! Le coupa-t-elle.
Ses lèvres bougèrent sans qu’aucun son ne sorte, elle tourna les talons et accéléra le pas vers l’entrée du Musée. Il resta là, un peu bête, il lâcha sa cigarette avant de se mettre à courir.
Viviane !!
Rory ouvrit la porte et s’avança vers les lieux. Elle avait disparu. Fronçant les sourcils il s’avança vers l'accueil, le souffle court. Il s’était presque jeté sur le comptoir.
Je cherche Madame…
Il releva les yeux vers l’hôtesse d'accueil et eut un énorme bug. Clignant des yeux il resta complètement étonné face à la jeune femme, blonde. Elle ressemblait tant à son ex-femme, les mêmes traits ou presque, sa douceur et son sourire.
Je… Je…
Il se mit à sourire dans un souffle. Rory se passa une main dans les cheveux, se coiffant légèrement avant de passer ses doigts dans sa barbe. Elle était magnifique, la lumière éclairant son visage comme une déesse. L'Écossais en avait presque oublié la raison de sa présence en ces lieux ne pensant uniquement qu’au corps de la jeune femme qu’il avait en face de lui.
L’homme face à moi paraissait gaité. Je me demandais ce qu’il allait demander. Je repensais à ce père affolé qui avait une fois oublié son fils chez nous… pour aller boire un verre avec une blonde. Non mais si c’était encore de genre de situation j’allais lui proposer une laisse pour plus oublier. Enfin peut-être que le problème était plus sérieux que ça. Il commença sa phrase et semblait chercher quelqu’un. Madame … ? Je lui souris chaleureusement l’invitant à poursuivre. En effet sans le nom de la dame je ne saurais pas le renseigner.
« Oui ? »
J’étais un peu perdue. Il me fixait et bégayais mais ne semblait pas pouvoir parlé. Je répondis à son sourire gêner essayant de comprendre comment je pouvais l’aider. Il passa sa main dans ses cheveux et je me redressais entièrement. Ayant d’abord juste arrêté mon geste là j’abandonnais mes fiches entièrement et me redressais pour lui faire face. Je penchais la tête légèrement sur le côté, haussant un sourcil quand il se présenta. Ma collègue ne m’avait donné aucune consigne d’une visite privée ou d’une personne qui devait passer du coup je me demandais pourquoi il était là.
« Enchanté, moi c’est Serena. Vous sembliez chercher quelqu’un, je peux vous aider ? C’est un membre du personnel ou un autre visiteur ? »
J’avais une voix douce. Je n’étais pas du genre mégère sèche et irritée. J’aimais bien prendre le temps avec les gens. J’aimais bien les aborder calmement, chaleureusement. Ca calmait les plus stressé et leur donnait un moment de répits souvent. Les gens étaient tous tellement pressés aujourd’hui. Enfin je pouvais tout aussi bien recadrer des personnes trop impolies, n’en doutez pas ! Enfin ici il semblait sympa. L’hypothèse qu’il puisse être une personne légèrement handicapée me traversa l’esprit. Ces personnes se perdaient souvent et débarquaient déboussolées à l’accueil Enfin ici il ne semblait pas si déboussolé que ça juste… perdu ? Mais sans être perdu. Enfin je me comprenais.
Du coup j’attendais qu’il m’en dise plus. Si ça se met il venait voir une de mes collègues ou autre. Un rendez-vous chez le conservateur peut-être ? Enfin au moins c’était une personne souriante et ça, ça me mettais de bonne humeur.
Bon dieu qu’elle était belle, aussi attirante et magnifiquement bien courbée que son ex-femme. Ca promettait. Depuis son divorce, Rory enchaînait les conquêtes d’un soir sans jamais cesser de penser à Viviane. De sa douce voix, elle lui confia s’appeler Serena, qu’elle était enchantée et qu’elle voulait aider. Ce petit oiseau allait goûter à l’O’Shea de service, un peu saoul mais pas assez pour lui faire perdre les pédales.
Heu… Oui mais… je crois que j’ai trouvé une perle.
Un peu lourdingue mais ça marchait souvent sur les minettes d’une vingtaine d’années, attiré par les barbu rouquin. Cette sublime créature, voulait l’aider. Il se passa une main sur le front et prit l’air un peu perdu.
Je ne veux vraiment pas vous déranger.
Il se pinça l’arête du nez la regardant du coin de l’oeil, avant de poser sa main sur le comptoir.
Je ne connais pas bien les lieux et… désignant une allée du musée il reprit, et… mon amie a du marcher trop vite, je ne sais pas.
A la guerre comme à la guerre. Il n’y avait pas de place pour les sentiments, la petite Serena serait dans son lit tôt ou tard. Prenant un air gentil et agréable il lui tendit la main.
Pourriez-vous m’aider ? Je crois que je suis perdu sans vous.
Rory pencha la tête sur le côté, arquant légèrement la tête sur le côté. Un air sombre passa dans ses yeux vif comme l’éclair. L’alcool l’aidait pour l’instant et à l’époque il avait déjà dû y renoncer pour des problèmes d’addiction, avec l’aide de Viviane. Elle l’avait toujours soutenu. Certains sujets, au fil de la discussion avec Serena, resteront effleurés voire même avortés mais ne seront jamais approfondis. Et puis d’ici là il l’aura sûrement ramené chez elle et auront fini la soirée au lit… Enfin… Rory faisait des plans sur la comète en ayant à peine commencé à la draguer. Il garda la main en l’air, l'incitant à faire le tour et à venir le rejoindre. Rory ne sentait même plus les effluves de l’alcool, ni même son parfum bon marché qu’on lui avait offert lors de son premier paiement de loyer. Etrange comme pays.
Je le regardais, gardant mon sourire mais haussant un sourcil. Il avait trouvé sa perle ? Si c’est de moi qu’il parlait j’espère que ce n’était pas une technique de drague parce que ça m’aurait plus fait rire qu’autre chose. Enfin c’était flatteur hein mais… Je préférais les approches plus en douceurs. Je secouais la tête négativement qu’il il disait ne pas vouloir me déranger et souris doucement.
« Ne vous ne faites pas, je suis là pour ça ! »
Je l’écoutais alors parler. Mon sourire s’agrandissant un peu. Je rigolais doucement sans me moquer de lui. Cette situation était courante pour ceux ne connaissant pas le musée. Et combien de fois ça ne nous arrivais pas !
« Oh ne vous ne faites pas ! Ça arrive tout le temps ! »
Je souris hochais vite fait la tête en plaçant vite faits les papiers que je tenais, derrière le comptoir et fis le tour alors qu’il me tendait la main. Je ne la prenais pas, ça ne ferait pas très professionnel mais l’invitait d’un geste de la main à me suivre alors que je commençais à faire deux pas dans la direction de la galerie. Je me tournais vers lui, toujours en souriant :
« A quoi ressemble votre ami ? Vous vouliez visiter une partie du musé en particulier ? »
J’attendais ses réponses, essayant déjà de voir dans la foule une personne regardant autour d’elle pour chercher quelqu’un, même sans savoir qui je devais chercher moi-même. Je tentais quand même de faire un peu la conversation :
« C’est la première fois que vous venez ? »
La politesse, les sourire : tout faire pour que le visiteur se sente bien. C’était un peu notre devise. Maintenant j’étais d’assez bonne humeur et d’un tempérament jovial du coup ça ne me dérangeais absolument pas ! Au contraire j’adorais ça ! Parler aux gens les guidés etc. Maintenant j’avoue que quelque chose me perturbait auprès de cet homme et je doutais fort que se soient ses cheveux de couleur différente que sa barbe. Non c’était autre chose. Dans son regard... Mais je n’y fit guère attention, étant trop dans mon rôle et d’assez bonne humeur je devais l’avouer.
Elle possédait, pour lui, un charme particulier. Elle ressemblait tant à Viviane. Son ex-femme. Elle avait été pour elle un modèle, celui d’une femme, une mère, celle qu’il n’avait jamais eu, de l’artiste hanté par ses démons, de l’aventurière qui avait pris la route, de la femme splendide qu’elle avait toujours été. En la regardant il avait l’impression de voir celle des débuts. Tout le monde caressait un projet dont le grandiose se niche dans la difficulté, voire l’impossibilité de le réaliser à court terme mais que Rory avait confié à la promesse de l’avenir, en attendant le bon moment. Cette fille était ce moment. Il lui fit son plus beau sourire. Cette Serena était belle, souriante et affichait une candeur que peu de filles possédaient ou souhaitaient dévoiler. C’était plus qu’une intuition, presque la lecture d’une vérité écrite. Il s’approcha d’elle et marcha à ses côtés.
Elle vous ressemble, étrangement.
Jusqu’alors envisager de reconquérir Viviane le plongeait dans un état d’anxiété. Sans doute parce qu’il se savait en position de faiblesse. Serena émettait comme une lumière orangée qui fermait la parenthèse de sa nuit, de ses ténèbres. Il savait que la peur viendrait mais pas tout de suite. La peur était une vieille compagne, il était normal qu’après avoir piloté sa vie, il veillerait sur sa mort. Elle lui montrerait son dernier visage, le plus terrible et le plus abominable. Il la fixait, un sourire au coin des lèvres.
Je la cherchais juste et je suis tombé sur vous.
Il la regardait faire, sans un mot, un simple sourire témoignant de son envie de la serrer dans ses bras. Rory n’entendit pas sa dernière question. Il haussa les sourcils.
Pardon ? Il ricana. Je n’ai pas bien entendu.
Elle avait l’air heureuse, elle rayonnait tellement que sa beauté en était bouleversante. Elle était très belle mais ne semblait pas en faire cas. Ne cherchant pas à attirer la lumière car la lumière s’accrochait à elle. Son sourire irrésistible plissait ses beaux yeux et rehaussait ses joues gourmandes qui venaient frôler quelques mèches folles. Serena avait un sourire plus franc et attirant que les autres femmes. Il hocha de nouveau la tête. Il avait déjà suivi Viviane jusqu’à l’entrée mais n’avait jamais passé le pas de la porte. Étrangement il n’en avait jamais ressenti le besoin ou alors il savait qu’il aurait été arrêté par des gardes et une orde de type baraqués et musclés pour le stopper dans sa recherche. Un tel accumulation de renoncements avait fini par lui devenir odieux. Il était difficile de vivre avec autant de remords. Tout cela avait eu des conséquences qui étaient devenues de véritable blessures qui ne cessaient de se rouvrir. Les souffrances que Viviane lui causaient étaient de plus en plus cruelles. Là où l’alcool rentrait alors en jeu.
Elle ? Ok, donc je cherchais une femme et pas un mec. C'était déjà un bon début. Du coup je me concentrais sur les femmes présente. Je ne cherchais pas nécessairement une qui me ressemble. La perception du physique d’autrui dépendait de chacun et bon parfois on pensait percevoir une ressemblance alors que non. Ou alors la ressemblance était infime. Mais bon certaines personnes se focalisent sur un détail et si le même détail est présent chez un autre pouf, c'est les même personnes. Enfin du coup je cherchais une femme avec une attitude d'une personne cherchant une autre.
Je lui souriais alors qu'il me disait juste la chercher et puis être tombé sur moi. Il semblait penaud et attendrissant. Ça me faisait plaisir de pouvoir l'aider. En plus il souriait beaucoup du coup c'était agréable. Tellement plus que ces gens qui tirent la tronche tout le temps. Je demandais s'il était venu et me tournais vers lui quand il me demanda de répéter.
"Je demandais si vous étiez déjà venu."
En souriant je penchais un peu la tête, attendant sa réponse mais pas fâchée de devoir me répéter. Je continuais de marcher, reportant mon attention à nouveau sur les dames dans la salle principale, bon si elle n'était pas la j'allais devoir faire un appel par radio. Faire tout le musé avec cet homme ? Ça ne me dérangerait pas mais bon, il fallait un ticket et je devais retourner à mon poste. Je me retournais un moment vers lui quand il posa la question suivante, avant de retourner mon regard cherchant une femme à nouveau :
"Ça ferra bientôt 5 ans. J'adore ce musée !"
Je crus voir une femme chercher quelqu'un et était sur le point de pointer la femme du doigt, quand celle ci pris son fils par l'épaule, le grondant légèrement, certainement pour avoir été vagabonder ailleurs. Je laissais du coup retomber ma main que j'avais légèrement relevée. Je me tournais vers lui, nous étions au centre de la pièce.
"Vous ne voyez pas votre amie ? Si pas nous devrions retourner à l'accueil, je passerait un message dans le micro."
je lui souriais encourageante. Nous la trouverons bien. Et puis si jamais elle ne répondait pas à l'appel, il devra peut)être lui sonner pour savoir ou elle est. Chacun à un téléphone portable de nos jours non ? Enfin si jamais il y avait le téléphone de l'accueil qui pouvait être utilisé pour cet usage là aussi.
Nouveau soupir, venant du fond de son âme. Il la fixa intensément, laissant son regard descendre doucement jusqu’à sa chute de reins. Elle était si belle, si mince, même si pour Rory le poids n’avait aucun importance mais là… Il pourrait la suivre n’importe où. Il en profita pour l’observer et ne surtout pas sentir ses yeux trop gentils et trop intelligents. A nouveau il tenta de détourner la conversation. Petit coup d’oeil en angle. A la seconde où la situation semblait s’inverser c’est elle qui se mit à poser les questions. Quel qu’en soit son passé, Rory n’aimait guère évoquer son histoire. Même les questions générales paraissaient le perturber. Discrètement il la contempla. Une mèche de cheveux dans la figure elle semble très concentrée. Il avala sa salive avec peine, troublé par cette soudaine envie de l’embrasser. Le jeune homme avait l’impression de fondre comme de la cire. Leurs regards se croisèrent, il la fixa droit dans les yeux sans la moindre hésitation.
« Vous avez un petit ami ? »
Sa question était spontanée. Rory abusait un peu mais c’était la première fois qu’il rencontrait un deuxième ange. Il avait peur de se prendre un “oui”, on ne peut plus concis et il en serait navré, le plaisir de partager un verre ensemble retomberait comme un soufflé. Quel intérêt de boire seul si on pouvait être accompagné par une charmante femme qui ressemblait à deux gouttes d’eau à sa femme.
« C’est un monde à part ici. J’ai toujours adoré les musées. »
Il regarda rapidement un tableau, d’assez loin. Une longère bretonne classique, recouverte d’ardoises. D’ici il trouvait ça joli. L’alcoolique n’avait pas envie de partir, pas tout de suite en tout cas. Néanmoins ça ne dépendait pas de lui. Une idée le prit soudain au vol : Était-elle Viviane ? Se cacherait-elle derrière un masque ? Il secoua la tête. Détournant son regard vers elle quand elle lui demanda s’il avait son numéro, il se mit à sourire. C’était presque un ordre. Avec un sourire en coin, Rory se mit en face d’elle, il souffla :
« Je ne connais pas son numéro. Elle m’a b... » Il rectifia : « Elle a changé de numéro, je n’ai pas le nouveau. »
Il aurait voulu être transparent et qu’elle fasse comme si il n’était pas là. Car à défaut de ressentir un bien-être moral, il ressentait le contentement de son corps propre. Il voulait du Whisky mais face à elle… Il ne pouvait pas boire devant elle.
« Je peux vous proposer d’aller boire un verre ? »
Ma voix était hésitante, comme si j’hésitais à avoir mal entendu, alors qu’en fait j’étais étonnée. Je cherchais la femme avec qui il était venu et lui me demandais d’un coup si j’avais un copain. Je ne sais pas comment je devais le prendre. Je me demandais s’il cherchait une arnaque pour entrer dans le musé. La drague ne marchait pas sur moi malheureusement. Et j’espérais aussi que ce ne soit pas la situation inverse : rentrer dans le musé pour me draguer. Pas que j’avais un égo surdimensionné et que je croyais que les hommes étaient à mes pieds mais les goûts et les couleurs ça se discute. Certains aiment d’autres pas, du coup je m’étais faite draguée mais je ne prenais pas la grosse tête. Comparé au nombre d’hommes à New York c’était dérisoire. Oui la comparaison est assez inégalitaire et alors ? Je m’arrêtais alors de marché et sans perdre mon sourire le rembarrait gentiment.
« Désolé, c’est privé. »
Je restais sur place lui demandant s’il voulait appeler son amie. Il me paraissait étrange. Avait-il bu ? Pris de la drogue ? Mon job à l’accueil était définit mais en tant que membre du personnel on avait aussi des tâches plus générales : évacuer les gens indésirables du musée, éviter des scandales, savoir aider ceux qui en avaient besoins. Enfin pas que je le catégorisais comme indésirable mais s’il ne voulait pas acheter un ticket il sera obligé de sortir. Je ne pouvais pas le laisser se balader dans les galeries indéfiniment. Enfin après il ne semblait pas dangereux non plus.
Je fus étonnée de sa demande pour aller boire un verre, me crispait légèrement intérieurement, et rougissais doucement. Je ne laissais rien paraitre et souriais poliment.
« Désolé je travaille toute la semaine. Je vais devoir vous demander de soit quitté le musé soit acheter un ticket d’entrée, je suis désolée… De plus une classe de jeunes gens avides de savoir va bientôt arriver et je vais devoir m’occuper d’eaux. Enfin quand je dis avide de savoir, j’aimerais beaucoup qu’ils le soient ! »
J’avais dit la dernière partie sur un ton amusé, essayant de finir sur une note positive tout en faisant comprendre qu’il ne pouvait rester indéfiniment. Enfin même si c’était flatteur de voir quelqu’un entrer dans le musé pour me draguer je n’étais pas dans cette optique là aujourd’hui. Surtout que ça semblait bizarre qu’il me drague quand même…
Je m’étais retournée en direction de l’accueil et avançais doucement l’invitant à me suivre.
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