Pourquoi tu n'assumes pas ? [Marc]

Musique aux oreilles, bloc de dessin à la main, Cassandre sortait tout droit de l'université. Et qui dit université, qui dit des cours un peu à des horaires aléatoires dans la semaine. Fort heureusement, en ce moment même, elle n'enchaînait pas sur le boulot car comme vous le savez peut-être, Cassandre s'était trouvée un boulot en tant que plongeuse dans un restaurant. Cependant, elle vous passera les détails du comment elle avait pu trouver ce job. Au moins, celui-ci lui permettait de prendre son indépendance en pouvant se payer ses études et surtout payer le loyer. Le fait de cohabiter avec ses deux meilleurs amis Erwan et Lorely l'aidait beaucoup également niveau financier, et puis il fallait dire que c'était génial de vivre avec eux... Il n'y avait réellement de prises de tête et au moins, on pouvait dire que c'était un foyer beaucoup plus chaleureux que celui de ses parents ! Ce qui pouvait être positif aussi, c'était qu'ils ne se marchaient pas forcément dessus. Ayant des cours différents à des moments différents, et comme chacun avait un boulot respectif, chacun pouvait avoir leur petit moment privilégié. C'était sûrement le secret pour que ça marche aussi bien.

Et en cette soirée, Cassandre ne voulut pas rentrer toute suite. D'abord, elle voulut s'arrêter quelque part pour observer, pour se ressourcer et peut-être trouver une source d'inspiration pour dessiner. La musique la transportait dans un autre monde et ses pieds l'emmenaient là où ils voudraient aller... Elle ne faisait pas attention à ce qui l'entourait et même ceux qui pouvaient la dévisager pour n'importe quelle raison. Elle avait l'habitude lorsqu'elle avait eu sa période gothique, bien qu'elle gardait encore des traces avec ses cheveux longs noirs ébène qu'elle gardait précieusement de cette couleur, étant de nature blonde... ou le fait de porter encore du noir vestimentaire. Et en ce jour, elle avait fait particulièrement fait un effort, puisqu'elle portait une jupe bleue en jean... mais accompagné de longues bottes en noir... Enfin, dire gothique était une chose mais selon sa pensée à elle, tout n'était que stéréotypé.

Ses pieds finirent par l'emmener dans un bar... Bar dont elle avait l'habitude d'y aller. En rangeant son lecteur mp3 dans son sac, elle partit s'installer au comptoir où elle posait son bloc à dessin sur ce dernier.

- Joe ! Sers-moi un de tes merveilleux cocktails! fit-elle pour le héler.

- Hey ma belle !!!

- Bonsoir Joe ! lâcha-t-elle plus doucement.

Ah, ce très cher Joe! Il avait bien le don de donner le sourire, tout de même. Comme Cass' avait l'habitude de venir ici, normal qu'à force, il y avait un certain lien privilégié. Et puis il fallait dire que Joe et ses cocktails, c'était tout un art. Oui, Joe était un artiste! Et d'ailleurs, Joe avait un air à la Tom Cruise. S'il savait !!

- Alors quoi de beau, Miss ? demanda Joe tout en préparant le cocktail. Ca fait un moment que je ne t'ai pas vue!

- Ah tu sais ! Boulot, les cours... ça prend du temps! Mais tu sais bien que je trouve toujours cinq minutes pour mon barman préféré !

- Sympa ça!

Oh ben évidement, tout de même, si ce n'était pas l'excuse pour venir... Cass' appréciait d'être ici car il fallait dire que le décor, l'ambiance, cet atmosphère étaient d'une bonne source d'inspiration pour dessiner.

- Tiens, d'ailleurs, tu tombes bien. J'ai effectué un nouveau cocktail et j'aimerais bien que tu me le goûtes pour me dire ce que tu en penses. Par contre, ne comptes pas sur moi pour te dire les ingrédients!

- Ok ! fit Cass' d'un air qui la tentait bien car quand il s'agissait de jouer le jeu, la jeune femme était bien partante.

Cependant, Joe ne put rester bien longtemps puisqu'il était appeler à l'autre bout du bar, donc il s'éloigna. Cass' se concentra alors sur ce cocktail et le goûta... Hum. Franchement, c'était pas mal. Elle était persuadée de sentir du kiwi... et puis... Cass ne chercha pas plus longtemps que ça... Pas qu'elle s'intéressait à ce qu'il se passait réellement au bar et aux différentes discussions mais une table non loin d'elle parlait plutôt.. fort. C'était facile de pouvoir les entendre... et le sujet pouvait fortement la titiller.
A se retourner, autour d'une table, il y avait une belle bande de copains et qui débattait sur le sujet de l'homosexualité... Et rien qu'aux expressions de certain, ils allaient pas de mains mortes. Ils ne se cachaient pas d'être totalement homophobes. Et Cass' devrait en être choquée ? Elle ne sentit pas Joe revenir derrière elle qui l'interpela :

- Alors ce cocktail ?

Cassandre se retourna pour être face à Joe et se mit à lâcher :

- Mais quel bande de con !!!

Joe fut interloqué sur le coup.

- Ils ne savent même pas de quoi ils parlent!

Ce genre de comportement de la part de certains individus pouvait l'agacer au plus au point.

Il y avait bien différents sujets qui pouvaient être très agaçant et l’homophobie faisait partie de ceux-là. Une telle intolérance n’était pas supportable et pour le coup, Cassandre ne pouvait s’empêcher de faire partager sa pensée à voix haute. Joe avait d’abord été perplexe, ne sachant de quoi elle parlait mais avec un peu de jugeote, il voyait où elle voulait en venir, car évidemment, pour lui, c’était un groupe qui venait régulièrement dans son bar donc il avait l’habitude de les voir. Même s’il ne tolérait pas forcément lui non plus leur propos, il ne se permettrait pas de les jeter dehors pour l’unique raison qu’ils étaient des habitués donc, qui dit habitués, dis business. En guise de réponse, il haussa seulement les épaules avec une mine plutôt désolée : il ne pouvait pas faire grand chose.

Cependant, Cassandre ne s’attendait pas à ce qu’on lui parle, du moins, à ce qu’on lui réponde. Elle se tourna donc vers l’auteur de ses dires et scruta le type : c’était bien à elle à qui il s’adressait. Comparé à elle, il était beaucoup plus grand. Largement. Son frère, Chris, faisait au moins un bon mètre quatre-vingt environ, mais elle parie bien que celui-ci soit un chouilla bien plus que lui. Il était bien imposant pour elle ; et de plus est, qu’il était bien mignon.

La jeune femme ne s’attendait certes pas à ça mais encore plus à ces propos. Cela voulait dire que… il faisait partie de la bande et qu’il était gay ? Surprenant !

- Potes ? Ce sont vos potes ?

Ouais, là, la jeune femme se demandait si on se moquait d’elle ou pas.

- Comment on peut appeler ça des potes quand ils ont une tolérance zéro par rapport à ce que nous sommes ?

Sérieusement ! Cassandre avait parfois du mal à comprendre. Elle se souvenait à sa période lycée où elle était la risée d’une partie de ces adolescents ambulants. Evidement, elle n’était pas le genre de celle qui se mêlait aux autres, le fait qu’elle s’était appropriée le style gothique n’aidait pas forcément mais le fait d’avoir un frère gay encore moins. Comme les rumeurs étaient pétillant, il n’y avait rien d’autres pour amuser la galerie. Cassandre avait bien sûr fini par passer au-dessus et s’en faire plutôt une force qu’une faiblesse, elle assumait complétement ce qu’elle était et adorait son frère. Les autres n’étaient qu’éphémères. Fort heureusement, à l’université, ça allait bien mieux. On l’acceptait comme elle était ou rien. De ne pas pouvoir être soi-même était bien l’une des choses les plus tristes. C’était de ne pas pouvoir s’exprimer, s’épanouir … Tout le monde n’avait pas forcément la même force de caractère qu’elle.

Ceci dit, chaque personne ne percevait pas les choses de la manière ou ne savait comment gérer la situation, sur ce, elle avait parler trop franchement. Comme d'habitude.

Désolée… J’ai l’habitude de parler trop franchement. s'excusa-t-elle avec une certaine douceur.

Etonnant! Ou plus ou moins! La jeune femme avait souvent tendance à se faire remarquer et elle en avait largement l'habitude. Elle avait vraiment mais vraiment du mal à la fermer mais elle se soignait, ne vous inquietez pas! Même si c'était largement gravé dans sa nature! En tout cas, elle ne s'attendait pas à une surprise pareille, que ce type puisse lui parler, enfin... ça, c'était normal, ceci dit, mais qu'il se mette totalement à lui raconter sa vie et à se confier à elle, c'était que ça n'allait pas du tout. C'était à se demander s'il n'avait pas d'ailleurs un coup de trop dans le nez pour laisser paraître ce mal-être.

Cela lui rappelait son beau-frère Ryan, membre de la police scientifique. D'ailleurs, peut-être qu'il connaissait cet inspecteur de police s'ils avaient pu travailler sur la même affaire, savait-on jamais, mais ça, ce n'était pas le problème principal. Ryan qui était à la base hétérosexuel, semblait beaucoup mieux assumé son "homosexualité" soudaine. En fait, il ne laissait pas entravé quoique ce soit qui pourrait le rendre heureux, il avait suivi son coeur.

Cassandre fronça les sourcils, se posant une bonne question. Mais avant de la lâcher soudainement au risque de donner l'impression qu'elle allait l'agresser le pauvre gus et remarquant son verre vide,  elle lui proposa alors :

- Je t'offre un verre?

Ce n'était pas comme si elle allait le draguer ou qu'elle risquait de se faire draguer puisqu'il était maqué. Enfin, si ce n'était pas des cracs pour l'aborder mais ça l'étonnerait beaucoup. Et puis Joe, qui lui était du genre protecteur, l'aurait fait savoir, puisqu'il connaissait ses habitués. Alors Cassandre se tourna vers lui, qui était toujours face à eux.

- Joe, offres-lui ton cocktail s'il te plait ! Il est divin ! Je suis sûr qu'il va m'aider à trouver les ingrédients magiques...

Et elle se tourna alors vers son nouveau camarade de boisson.

- Je ne sais pas si t'as l'odorat facile mais ... bref! C'est quoi ton nom ?

Parce qu'elle avait beau lui parler... en fait, il voulait peut-être totalement garder l'anonymat et ça, elle ne lui en voudrait pas. Elle lui fit même un signe comme quoi, il pouvait laisser tomber et qu'il n'était pas obligé. Mais passons, elle regarda Joe s'en aller avant de redonner son attention sur le mec à côté d'elle.

- Dis-moi, en écoutant ton histoire... je peux me permettre une question ?

Maintenant voilà qu'elle demandait la permission alors que la question la démangeait totalement. Pas sûr qu'il puisse véritablement voir où elle voulait en venir mais elle tenta quand même :

- Qu'est-ce qui t'empêche véritablement d'être heureux avec ton copain ?

Qu'il ne lui dise pas que la barrière était ses potes. Ce n'était absolument pas une excuse pour elle pour ne pas vouloir assumer cette relation, ce qu'il pouvait être. Qui était assez fou pour se considérer ami avec quelqu'un si ce quelqu'un ne vous connait absolument pas, qu'avec lui, vous ne pouvez pas absolument pas être vous-même... C'était vraiment une perte de temps. A quoi bon lorsqu'on n'avait qu'une vie?