Sauvons le Père Noël [Terminé]

Les vacances de Noel avaient enfin sonné, et en ce premier jour de congés la jeune métisse avait rendez-vous avec son amoureux. Bien qu’elle n’ait pas réellement l’esprit des fêtes cette année et ce pour plusieurs raisons : sœur absente, parents absents, frère absent… Elle avait également retardé le moment de questionner Connor sur ses projets. Elle avait retrouvé le sourire quand il lui avait dit qu’il serait à New-York et que son père et lui l’invitaient à fêter Noël, en leur compagnie. A cette annonce son moral avait légèrement remonté, elle décida donc, qu’il fallait s’occuper des cadeaux à toutes ses personnes qui comptaient pour elle comme Connor, son père, Chris, et les autres. Généralement, elle adorait y aller toute seule mais pas cette fois, alors elle avait réussi à convaincre son Dieu Anglais de se joindre à elle. D’ailleurs, elle continuait à se demander comme elle s’y était prise. Ca resterait un mystère…

Ils avaient donc convenu de se rejoindre après le déjeuner au centre commercial. C’était de la pure folie, surtout qu’il y aurait du monde pour le cadeau de dernière minute. Connor allait lui rendre la vie infernale, la maudire, tirer la gueule… Il fallait qu’elle se fasse pardonner avant et après la séance : torture spéciale Connor.

Naé se leva de bonne heure mais pas trop tôt non plus. Si elle le sortait du lit à 8h, il ne serait pas du tout conciliant et l’enverrait chier – et pas qu’un peu – jusqu’à ce qu’elle prenne le chemin en sens inverse. Donc, elle enfila sa petite jupe en jean sur des collants bleus pétroles, un pull col V du même coloris, ses bottes noires. Ensuite vint le tour de son écharpe, de son manteau. Après avoir attrapé son sac à main, elle verrouilla la porte de l’appartement, fit un crochet par la boutique pour des viennoiseries. Sur le trajet, elle s’arrêterait pour acheter des boissons.

Après l’arrêt café – et un thé pour elle -, la demoiselle prit la direction de l’immeuble où les deux hommes Montgomery avaient élu domicile. Le voiturier fit la grimace en voyant la Sullivan-Mobile, normal il était habitué au modèle de luxe pas à celui qui menace de rendre son dernier souffle. Heureusement que le portier lui remit les idées en place à l’aide d’une tape à la tête. L’homme sourit à Naé quand elle s’arrêtera pour lui demander s’il voulait une petite douceur. Non, l’autre n’en aurait pas il n’avait pas à se moquer de sa voiture toute cabossée.

Quand il eut fait son choix, il lui ouvrit la porte afin qu’elle aille à l’ascenseur. Elle fit de son mieux pour ne pas courir dans le couloir, quand elle sortit de l’ascenseur. Il ne manquerait plus qu’elle se casse la gueule et ruiner son effet… Enfin, elle avait de quoi se changer dans le placard de son Chéri.

Avec tout ce qu’elle avait dans les mains, il faut dire qu’elle eut un peu de mal à appuyer sur la sonnette. Alors imaginer ce que ça aurait donné si elle avait dû ouvrir la porte elle-même…

Sur le coup, elle regarda le numéro dorée accolé sur la porte. Sachant qu’il n’y avait pas de femme dans cet appartement, il y avait de quoi penser s’être trompée de logement. La voix masculine qui suivit lui fit comprendre que non.

*Je dois nager un plein cauchemar !* fut la seule pensée cohérente qui parvint à son esprit.

De toute façon, elle n’accepterait pas une autre solution. Il n’en pouvait pas être autrement. Elle n’était pas certaine qu’elle aurait le courage de revivre encore et encore, le schéma. C’était déjà douloureux quand ça se déroulait dans ses rêves. Dernièrement, ça arrivait un peu trop souvent, elle avait peur qu’il préfère les bras de femmes plus mûres, plus intelligentes qu’elle. Surtout qu’il devait en côtoyer plus d’unes à Colombia.

Surtout qu’elle avait en face d’elle, une poupée. La femme parfaite. A côté, elle était une grasse vache doublée d’un poisson rouge. Elle avait commencé à s’accepter comme elle était depuis qu’elle avait vu le regard de Connor. Celui qu’il lui faisait comprendre qu’il aimait la femme, même avec ses imperfections. Les petits bobos qu’on se fait enfant et qu’il laisse une trace une fois qu’on est adulte. Autant dire, qu’elle n’était plus du même avis à présent. Comment la choisir elle, alors qu’il avait la beauté et la perfection avec cette blonde ?

Elle n’eut même pas le réflexe de protester quand elle fut congédiée. C’était comme si son cerveau s’était en pause, ou qu’il avait eu une attaque. D’ailleurs, est-ce que c’était possible ? Aucune idée. Son regard s’accrocha à Connor avant de faire la navette entre lui et la poupée barbie.

Non, elle ne s’excitera pas. Elle était très calme. Et oui, elle l’écoutait. Plus il parlait, plus elle remettait les pièces du puzzle en place. Ok, il lui avait parlé de cette fille et elle n’avait rien à craindre d’elle.

*Menteur !*

Oui, elle avait la photo mais celle-ci ne lui rendait pas justice. Naé avait toujours cru qu’elle était banale. Et c’était tout le contraire. Elle était digne de figurer sur les couvertures des magazines de mode.

Elle commença à voir rouge, quand elle se permit de mordre l’épaule de son amoureux. Non, ça elle n’avait pas le droit. Il n’y avait qu’elle et généralement c’était dans leur moment intime. Voyant que son amoureux ne lui demandait pas d’arrêter, elle le fusilla du regard. Il redoubla quand il utilisa « idiote » qu’il lui réservait à elle.

*Idiote ! Idiote ! Idiote !* Fulmina-t-elle, dire qu’elle s’était imaginée que c’était quelque chose à tous les deux. Qu’il s’agissait un mot d’amour venant de lui, tout ça parce qu’il n’était pas du genre à lui en dire d’autres.

- Oui, c’est ça et n’oublie pas de te noyer sous la douche ! tout en ignorant qu’elle l’avait fait à haute voix.

De quel droit elle se permet de la juger comme elle venait de le faire ? De lui faire comprendre qu’elle n’était pas assez bien pour Connor ? Ça lui faisait mal, parce qu’elle le savait déjà. On le lui avait fait comprendre, trop souvent. Tout le monde pensait au lycée qu’elle était avec lui pour son compte. Personne ne savait qu’elle n’avait pas voulu entendre parler de lui, justement parce qu’il était fortuné.

- Mon pauvre Cœur, dit-elle en entrant dans l’appartement. La surprise était tellement grande, qu’il n’a pas eu le courage de mettre une fille hors de son lit sachant qu’il aurait la visite surprise de sa copine, poursuivit-elle en posant ce qu’elle avait apporté pour se faire pardonner d’arriver aussi tôt. Ou de la pauvre conne qui croit l’être, conclua-t-elle.

Il la connaissait comme sa poche, Naé n’arrivait pas à le prendre par surprise à son plus grand désarroi. Il savait donc qu’elle viendrait de bonne heure, afin de profiter de lui parce qu’ils n’en avaient pas vraiment eu l’occasion ces derniers temps.

Elle devait être dans son pire cauchemar. L’autre venait à peine de débarquer à New-York et prenait un malin plaisir à l’insulter. Mais le pire dans tout ça, c’était que Connor prenait la défense de Zoé. Pour lui, il n’y avait que Naëlle qui avait fait une remarque déplacée. C’était normal que l’Anglaise la prenne de haut, la juge, la jauge… Autant dire que ça n’allait pas aider la jeune femme à se sentir à l’aise avec son corps et sa façon d’agir. Quoi qu’elle fasse, celui qu’elle aimait, prendrait le parti d’une autre. Ce qui faisait le plus mal, c’était de voir qu’elle avait du mis temps à gagner son cœur et de ne plus avoir cette place, dés que sa meilleure amie avait pointé le bout de son nez.

Aujourd’hui plus qu’un tout autre jour, elle aimerait avoir une maman. Pour se jeter dans ses bras et lui faire part de son chagrin, de lui demander conseil. Au lieu de quoi, elle avait l’image de la sienne se laissant dépérir parce qu’elle avait perdu l’amour de sa vie.

Connor lui posa un ultimatum. Naé sentit une boule se former dans son ventre. Non, il ne serait pas avec elle pour ce coup. Il n’avait même pas vu que si elle avait réagi de la sorte, c’était pour se protéger. Cette Zoé avait le don de lui retourner la tête, avait réussi à l’embrouiller au point qu’il ne comprenait plus sa façon de faire quand elle se sentait démunie.

- Parce que moi pas, peut être ?

Et elle ne parlait pas de la période de leur séparation ni de la mort de son frère ou encore du départ de sa sœur. Non, elle évoquait des nombreux rendez-vous annulés, et qu’elle avait arrêté de compter au troisième. Qu’il lui manquait parce qu’elle ne le voyait pas à l’interclasse, à la récréation ou au self. Les fois qu’il venait chez elle, il s’endormait à peine la tête sur l’oreiller. Cela dit, elle n’eut pas le temps d’en dire d’avantage qu’une brune à l’air stricte fit son apparition.

*Joyeux Noel, Naëlle ! Ca promettait d’être le pire qu’elle n’est jamais vécue.

La jeune femme se sentait déjà rabaissée par l’amie de son amoureux, prit une nouvelle claque dans la gueule. Le peu de couleur qu’elle avait eu aux joues disparurent instantanément. Elle ferait mieux de partir, de les laisser en famille et ne pas leur imposer sa présence. Elle en serait presque à regretter l’idée de passer les fêtes toute seule, au moins elle aurait pu se morfondre dans son lit avec un film d’amour et une glace au chocolat. Au lieu de se sentir : moche, grosse, gamine, fade, et par-dessus le marché indésirable.

Elle sentit les larmes monter en entendant les rires la blonde dans la chambre de Connor. Zoé prenait plaisir à se foutre ouvertement de sa gueule. Et pourtant, Connor lui en voulait à elle. Honnêtement, Naëlle était contente d’être présentée comme la copine de Connor et également déçu, parce qu’il avait honte d’être son copain autrement il lui aurait montré une photo de sa chérie. Non, sa mère n’avait aucune idée de la tête qu’elle avait jusqu’à présent.

Naëlle allait répondre quand le père de Connor fit son entrée en scène. Elle commença à se détendre, sachant qu’elle aurait au moins un allié de taille dans cette pièce. Hélas, elle avait été trop vite en besogne.

- Bonjour Mr Montgomery, elle pouvait au moins faire ça.

Il ne lui avait jamais proposé de l’appeler par son prénom, et de son côté elle ne le ferait pas de son propre chef. Elle avait du respect pour cet homme qui avait réussi à la sortir d’affaires quand elle en avait eu besoin, lui donner de bon conseil sur les options qui s’offraient à elle. Ayant confiance en lui, elle avait trouvé normal de lui demander de gérer la pâtisserie en duo avec le père de Suzan.

La lycéenne se trouvait de plus en plus ridicule dans ses habits, et mal à l’aise dans sa peau. Si ses cheveux n’étaient pas lâchés, elle aurait défait sa coiffure pour se cacher, disparaitre. Et ça ne fit que s’accroitre quand les rires redoublèrent derrière la porte close de Connor.

*Naé, tu n’as pas ta place parmi ces gens !*

Elle sursauta quand Connor se manifesta. Apparemment plus en colère contre elle que contre les autres. Elle n’avait pas les bonnes manières, ni les bonnes tenues. Elle faisait tache dans son monde à lui. Elle ne serait pas tenir une conversation avec une personne de sa condition, elle avait conscience qu’il se mettait à sa hauteur pour ne pas la dévaloriser.

Le mieux serait qu’elle prenne ses affaires, qu’elle sorte de sa vie comme ça elle ne serait plus un poids. Pourtant, elle n’aimait pas cette solution de facilité. Ca reviendrait à donner raison à toutes personnes qui disaient dans leur dos : qu’il était un couple qui ne tenait pas la route, qu’il y avait trop de différence entre leurs deux milieux.

Elle était totalement perdue. Elle ne savait plus quoi faire, ni comment penser. Après tout, c’était normal vu la situation et ce qu’on lui avait fait comprendre sans la vexer. Elle ne s’était pas rendu compte, qu’elle avait commencé à se mordiller la lèvre inférieure.

- Et le tien ? Répondit-elle à la question.

L’inconvénient avec ces deux champions Olympiques en engueulade, c’était que parfois – plutôt trop souvent – ils ne comprenaient pas les questions. Si elle avait voulu partir, elle l’aurait fait la première fois qui le lui avait dit. Comme ça, elle n’aurait pas eu le plaisir de se faire rabaisser par chacun d’entre eux. Franchement qu’est-ce qu’ils avaient tous avec les Scout ses Anglais ? Tout comme elle ne lui demandait pas de faire un choix entre Zoé et elle. Certes, elle était peste mais elle avait quand même des limites, surtout sachant qu’elle n’aurait pas le dernier mot dans cette manche.

Honnêtement, elle n’aima pas du tout quand il lui fit comprendre qu’elle faisait encore des siennes, que lui faisait des efforts et pas elle. Elle s’était sentie agressée par une inconnue, elle s’était défendue tout simplement. Comment pourrait-elle savoir qu’il ne disait rien parce que c’était dans la nature de l’Anglaise ? Après tout, elle ignorait beaucoup de pages de l’histoire de son amoureux. Apparemment l’autre femme les connaissait vu qu’ils les avaient partagés et elle en savait beaucoup sur elle et ses maladresses. Autrement comment expliquer son comportement ? Elle avait frappé là où ça faisait mal.

Si elle lui avait posé cette question, c’était pour savoir s’il voulait qu’elle soit là. Autrement, elle se serait sacrifiée pour qu’il se consacre pleinement son invitée. Même si cette idée ne l’enchantait pas vraiment. Elle ferma les yeux, soulagée. C’était con comme réaction, surtout qu’elle devrait supporter sa nouvelle meilleure amie.

- Je reste, dit-elle d’une toute petite voix.

Naëlle n’était pas vraiment enchantée de devoir partager Connor, alors qu’il aurait dû s’agir de leur journée. Qu’ils auraient du pouvoir être en tête à tête pour se retrouver. Elle avait conscience que lui se serait effacé si les rôles étaient inversés. Mais il y avait tout de même, une différence : Connor connaissait Suzan et Johanna, il savait quels rôles elles avaient joué dans la vie de sa bien-aimée. Naé, elle savait juste que c’était sa meilleure amie.

Elle passa autour de la taille de son amoureux, en guise de réponse. Elle ferait de son mieux, pour lui, pour qu’il soit fier d’elle. Elle ne lui fit aucune promesse qu’elle savait ne pas pouvoir tenir. Ceci-dit, la jeune femme espérait vraiment qu’elle ne serait pas la seule à devoir faire des efforts. Et bien sûr, elle ne pensait pas à Connor mais à la poupée Barbie. Ce n’était pas parce qu’elle était dans sa vie depuis bien longtemps qu’elle, que tout lui était permis.

Etre dans ses bras l’aida à se calmer. Le baiser qu’ils échangèrent aurait dû la tranquilliser, la rendre plus sereine… Elle ne ressentit que de la frustration… Encore à cause de Zoé qui avait décidé de jouer les bulldozers. Naé se faillit envoyer valser ses bonnes résolutions à la poubelle, par le comportement des deux Anglais. Entre l’une qui prenait plaisirs à la mettre hors d’elle, et le second qui s’amusait du comportement de cette dernière.

Naëlle ne dit rien, prenant sur elle quand elle fut une nouvelle fois sous les feux de la rampe. Autant dire qu’il n’y avait rien d’agréable, surtout quand on se faisait rhabiller pour les deux ou trois hivers à venir. De toute façon, elle avait bien compris que tous les efforts et les sacrifices qu’elle ferait, elle ne trouverait pas grâce à ses yeux. Naé était à deux doigts de préférer le venin de Caroline, parce qu’elle savait pourquoi elle l’attaquait alors que là, elle n’en avait aucune idée.

La métisse avait l’appétit coupé. Rien que de regarder son gobelet de thé et le carton à l’effigie de la pâtisserie, ça lui donnait envie de vomir. C’était peut être le signe qu’il était temps de faire un régime, et ça ne lui ferait pas de mal avec les diners de fêtes à venir.

La jeune femme mêla ses doigts à celui de son amoureux, même si ça ne durait pas longtemps, quand il la conduit à la cuisine. Naëlle profita du fait que la seconde fille soit occupée pour approcher son tabouret de celui de Connor. Il allait râler parce qu’il avait besoin de son espace, mais tant pis…

- J’ai apporté des petites douceurs, annonça-t-elle en ouvrant la boite, Des petites brioches et des sablés de Noel, ils sortaient du four quand je les ai achetés.

Le temps que dura le petit déjeuner, Naé ne toucha donc pas à son thé ni aux petites douceurs. Elle avait déjà l’impression d’être un hippopotame dans un tutu et était prête à parier, qu’elle avait pris 3kg dans les fesses juste en les ayant devant les yeux. Elle se mit à faire la vaisselle quand les deux Anglais s’éclipsèrent pour finir de se préparer.

L’Anglaise fut étonnée d’entendre qu’elle ait acheté les pâtisseries au lieu de les faire. Oui, c’était un don de famille mais les deux vrais pâtissiers avaient été son père et sa frangine, elle s’était plus la cuisine qui l’intéressait. Même si cela ressemblait à une critique, elle décida de le prendre comme un compliment de la part de son chéri. De plus, ce n’était pas parce que la boutique appartenait à sa famille, qu’elle devait se permettre de prendre sans payer. Ça ne se faisait pas, du moins elle avait parfaitement conscience que d’autres n’auraient pas autant de scrupule qu’elle.

Naëlle se sentait de trop dans cette cuisine. Mal à l’aise par la complicité des deux autres protagonistes, et par le fait qu’elle lui donne ceux-ci comme si c’était naturelle pour eux deux. Dérangée par le fait qu’il n’ait pas assez confiance en elle pour se confier : lui dire pourquoi il prenait ses médicaments, lui parler de ce lien qu’il avait avec Zoé. Bien sûr, elle aurait pu le lui demander mais elle avait toujours pensé que ça viendrait de lui-même. Elle commençait sérieusement à se demander que ça n’arriverait jamais.

Naé sentit mal, comme si elle allait faire un malaise face à la petite blague de Zoé. Elle se renvoyait dans sa chambre quand il était revenu après le décès de son frère, après qu’il lui ait son premier « Je t’aime ». Celui qu’elle avait tant attendu, celui qui avait mis à mal leur relation. Johanna l’avait également entendu, mais elle s’était seulement contentée de pousser un cri de joie et n’en avait jamais parlé à qui que ce soit. Et pourtant, c’était la commère notoire du bahut.

- Non merci, j’ai déjeuné à la maison avant de partir ! tenta-t-elle le de rassurer.

Il s’agissait d’un mensonge mais ça, il n’aurait aucun moyen de le découvrir. Il lui faudrait juste faire attention à ce qu’elle dirait pour ne pas se trahir. Connor lui donna un petit baiser avant de filer à la douche, peut être une façon de la remercier de faire des efforts. Mais plus probablement pour lui donner du courage.

Faire la vaisselle l’aida un peu. Elle aimait s’activer quand elle était dans un état de stress pas possible et que rien n’y faisait pour la calmer. Connor en avait eu un aperçu quelques mois auparavant. Et encore là, elle n’avait pas encore commencé à déménager l’appartement des Montgomery. Cela dit, elle pourrait le faire une fois qu’elle serait chez elle, ce soir.

Elle venait de reposer le torchon, quand les deux autres refirent leur apparition.

- J’arrive, annonça Naëlle avant de prendre son temps pour mettre son écharpe et son manteau.

Autant dire que face aux autres, elle avait l’impression de s’habiller au Secours Populaires. Certes, il était rare que ses fringues soient de première main mais ça ne l’avait jamais dérangé. Jusqu’à aujourd’hui. Elle avait l’impression d’être en guenille, ou de porter un sac de patate. Et ne parlons même pas de sa coiffure.

Une fois prête, elle attrapa la main tendue de son amoureux. Elle prendrait ce qu’il lui donnerait parce qu’elle avait compris qu’elle n’en aurait pas plus. A moins, qu’ils ne réussissent à s’isoler cinq minutes mais aucune chance que ça arrive.

- On va toujours au Centre Commercial ? s’enquit-elle.

C’était ce qu’ils avaient convenus quand elle l’avait convaincu à venir avec elle. Même si elle avait bien senti que l’idée ne l’enchantait pas à cause du monde qu’il y aurait à quelques jours de Noël. La jeune femme n’avait pas un compte en banque rempli comme celui de Connor, et le Centre Commercial avait des boutiques pour ses moyens. Le jeune homme l’avait bien compris depuis le temps.

Elle s’aperçut qu’elle avait parlé dans le vent, parce que l’Anglaise accaparait toute l’attention de Connor. D’autant plus, qu’il avait fallu qu’elle s’accroche à son bras pour lui faire comprendre qu’elle pouvait se coller à lui comme bon lui semblait, alors qu’elle n’avait droit qu’à sa main. Une phrase comme « Ce matin j’ai mangé une pomme » aurait eu le même effet, même celle-ci « Ma voisine vient d’appeler, il y a une fuite d’eau chez moi, j’dois rentrer ! » alors que son téléphone n’avait même pas sonné.

Le nez de la jeune femme commença à la piquer, elle leva donc la main qui tenait celle de Connor pour se le frotter. L’autre, elle était bien au chaud dans sa poche. Avant de la redescendre, elle s’amusa à lui mordre une phalange, mais sans lui faire mal juste par jeu.

Une fille ne se jouait que très rarement comme une beauté fatale, elle se trouvait toujours des défauts. Naëlle avait commencé à faire des complexes quand son corps avait commencé à se développer. Pas de chance pour elle, ses amies étaient toutes canons, sa sœur aussi et elle n’hésitait pas à montrer son ventre, ses fesses galber, et ne parlons pas des décolletés. Elle, elle cachait tout ce qu’elle pouvait. Vous voyez la scène ou Bridget Jones se cache avec un drap pour ne pas que Marc Darcy voit ses bourrelets qui bloblotent. Eh bien, elle serait capable d’en autant, sachant qu’elle avait pris ses douches en maillot bien. Habitude qui avait disparu peu… Tout comme le fameux pyjama Bob l’Eponge. Les seuls fois, qu’elle se sentait belle, désirable, s’était dans les bras de Connor et par ses regards.

Naëlle apprécia vraiment la main tendue de son amoureux. C’était venu de lui-même. Dire ce que n’avait pas toujours été comme ça. Surtout qu’elle avait besoin de se sentir proche de lui, ça lui permettrait de tenir le coup. Du moins, elle l’espérait parce qu’elle commençait sérieusement à en avoir assez de l’autre qui voulait Connor que pour elle. Bon, sur ce point elle ne pouvait pas lui jeter la pierre parce qu’elle désirait la même chose. La journée promettait d’être très, très, très longue. Zoé faisait ressortir tous les mauvais côtés de la métisse – surtout sa jalousie -, et ce malgré le fait qu’elle fasse tout pour que ça se déroule sans heurt. Qu’est-ce qu’on était prêt à faire par amour ? Et pour que l’être aimé soit fier d’elle ? Elle devait être un brin kamikaze.

Et évidemment, Zoé répondit à la question à la place de Connor. Madame voulait voir les grands magasins, il fallait s’en douter. L’Anglaise avait décidé de jouer les emmerdeuses jusqu’au bout, juste pour la faire sortir de ses gongs pour que ça parte en dispute avec Connor. Naé ne lui donnerait pas ce plaisir, même si elle finissait avec des ulcères à l’estomac. La lycéenne n’était pas idiote au point de ne pas savoir que l’autre jeune femme avait compris qu’elle n’avait pas les moyens pour se payer quoi que ce soit dans ses grandes enseignes. Connor lui ne désirait qu’une chose : faire plaisir aux deux jeunes femmes.

- Merci, dit-elle tout bas à Connor.

Ce petit mot avait plusieurs significations. Elle le remerciait pour sa présence et les petites marques d’affections qu’il avait envers elle, pour qu’elle se sente aimer. Egalement pour le fait, qu’ils iraient aussi dans un endroit qui était plus dans ses moyens, surtout qu’il s’agissait de faire les cadeaux de Noel. Elle faillit se casser la gueule quand Connor fut tiré dans la direction opposée, se rattrapant de juste à un lampadaire, à moins qu’il ne s’agisse d’un passant. Elle ne saurait le dire.

Honnêtement qu’elle commençait sérieusement à bouillir. Elle faisait des efforts pour Connor mais pas Zoé. En gros, même si elle était avec eux on lui disait clairement qu’elle n’y avait pas sa place, qu’elle ferait mieux de se casser. Qu’elle n’était qu’un boulet finalement qu’ils étaient en train de trainer avec eux.

Mais Naé finit par s’approcher de la vitrine, près de Connor et lui reprit la main. Elle ne pourrait se payer un bijou venant de cet enseigne, mais elle pouvait regarder. Tout était magnifique mais ce qui attira son regard ce fut les bagues mais plus celle qui avait des airs d’alliance. Pourquoi ? De par leur discrétion. Cela dit, elle ne mettait pas de bagues parce que ses doigts ressemblaient à de vrais boudins.

La jeune femme faillit s’étouffer quand elle entendit « tu me les achètes ? ». Et le pire était à venir. Connor fit ce qu’elle avait exigé. Ça aurait pu passer si elle ne l’avait fait qu’une fois mais non, c’était le même cirque dans chaque boutique. En fait, elle ne sut pas qui elle avait envie de taper des deux : Connor ou Zoé.

Et évidement, son amoureux les laissa seule toutes les deux. Il fallait s’y attendre mais elle ne pouvait pas l’en blâmer parce qu’elle avait conscience qu’il n’aimait pas faire les boutiques, hormis les librairies. Là, c’était Naëlle qui avait du mal à l’y déloger. La métisse ne put s’empêcher de regarder Zoé se pâmer sur ses acquisitions. Enfin, si on pouvait dire les choses ainsi.

- T’as conscience que Connor n’est pas ton portemonnaie ? Qu’il n’a pas à faire à toutes tes fantaisies, lâcha-t-elle. On dirait une petite fille qui fait un caprice à son père pour avoir la dernière poupée Barbie de sortie pour compléter sa collection.

Et elle sut à cet instant, qu’elle allait passer un mauvais quart d’heure. Il n’y avait pas besoin d’être devin, médium ou diseuse de bonne aventure pour cela. Elle allait enfin savoir ce que l’Anglaise pensait d’elle, et saurait si elle avait des soucis à se faire quant à la suite des vacances avec son chéri. Autant dire que le regard glacial de l’autre jeune femme lui donna la chair de poule, elle avait eu l’impression qu’elle avait été passée au rayon X.

C’était la première fois qu’on l’accusait d’être une « Madame-je-sais-tout ». C’était vraiment étrange comme sensation, parce qu’elle était loin de l’être. Naëlle blêmit au récit de la demoiselle qui la prenait de haut. Elle était la mieux placée pour comprendre l’histoire de la meilleure amie de Connor, toutes deux n’avaient pas eu la vie rose. Pourtant, Naé ne pouvait pas accepter qu’elle demande à Connor tout ce qui lui passait par la tête. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle ne le faisait pas, et ne l’avait jamais fait. Il ne fallait pas oublier que ses deux meilleures amies étaient nées avec une cuillère en argent dans la bouche et qu’elle ne se comportait pas comme l’Anglaise, leur demandant tout ce qu’elle voyait et qui lui faisait envie.

- Ca n’excuse pas tout, dit-elle en même temps que son chéri demandait si elles étaient prêtes à reprendre le chemin des boutiques.

Non, ça n’excusait pas tout. Naé n’avait pas apprécié l’allusion sur le couple qu’elle formait avec Connor. Ce n’était pas elle qui subissait les remarques désobligeantes de la part des autres lycéens, qui se faisait traiter d’arriviste ou de poule de luxe quand ce n’était pas de croqueuse de diamant. D’autant plus qu’il y avait tout de même une différence entre meilleure amie et copine… Aux yeux du reste du monde.

Voyant le comportement de Zoé avec Connor – sur ce point, elle n’avait plus de doute, elle le faisait exprès pour l’emmerder – Naé fit un pas en arrière. Elle n’était pas certaine de pouvoir se retenir, même si elle le faisait pour Connor. Elle avait l’impression d’être un insecte qu’on pouvait écraser sous son pied ou balayer du revers de la main. Et voilà, que l’autre continua à l’enfoncer plus bas que terre sachant très bien que la fureur de Connor se porterait sur elle, si elle craquait la première… Qu’il la plaquerait même pour s’être emportée contre sa meilleure amie alors qu’il lui avait demandé de faire des efforts et de les faire pour lui.

Parfois, la vie était vraiment injuste…

La lycéenne n’aimait pas savoir qu’elle ne pourrait jamais offrir à Connor, un cadeau qu’on pouvait trouver dans les boutiques qu’il fréquentait avec Zoé. Non, elle était obligée d’aller dans les magasins à bas prix pour pouvoir lui en faire un.

- Non, répondit-elle à son amoureux.

Mais « non » quoi ? Non, elle n’allait pas bien et elle savait que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Non, elle ne voulait pas rentrer parce qu’il y aurait toujours Zoé avec eux et elle ne leur laisserait pas une seule seconde d’intimité. Et non, parce que s’ils rentreraient  maintenant, Naëlle allait se retrouver toute seule à son appart bien trop vite alors que Zoé aurait Connor pour elle et lui demanderait probablement de sortir toute la nuit vu qu’ils s’étaient débarrassés du boulet. La métisse faisait de son mieux pour ne pas se mettre à pleurer, elle avait senti les premiers signes avant-coureurs annonçant que les premières larmes n’étaient pas loin.

- Prends moi dans tes bras, s’il te plait !

Elle en avait besoin, tout comme de l’entendre prononcer trois petits mots qu’elle n’aurait pas. En même temps, elle n’était pas certaine de supporter le regard de l’autre jeune femme si jamais elle venait à les entendre également. Vu qu’elle avait toujours le chic pour débarquer au mauvais moment. La preuve, elle avait déboulé comme un bulldozer dés qu’il avait à peine eu le temps de poser ses lèvres sur les siennes. S’accrochant à son Anglais, la jeune femme leva les yeux vers lui :

- Je suis désolée de ne pas pouvoir t’offrir plus que mon amour et quelques babioles ridicules, lui dit-elle.

Peut-être qu’elle était sotte mais c’était un fait, elle aimerait pouvoir faire une folie en offrant un beau cadeau à Connor. Bien sûr, qu’elle avait compris que ce qu’elle lui apportait, était un beau cadeau pour lui. Peut-être bien plus que tous les cadeaux hors de prix qu’il avait eu depuis son enfance. Même sur ce point, elle en doutait à présent. Naé s’était toujours imaginé que la mère de Connor était froide, incapable de sentiment, mais elle s’était trompée en l’entendant dire « Connor Chéri », un peu plus tôt dans la matinée.

- Je t’aime, réussit-elle à lui dire avant qu’il ne l’embrasse tendrement.

Oui, elle l’aimait et ne pouvait pas s’empêcher de le lui dire. Elle aimait l’homme qui la tenait dans ses bras. Ce qui n’avait pas été le cas de celui dont elle avait fait la connaissance un an auparavant. Enfin, la facette qu’il lui avait montré à ce moment-là.

Ils n’eurent pas vraiment le temps de profiter l’un de l’autre. Zoé réapparut bien trop vite. A croire qu’elle avait un détecteur pour ces choses-là afin de les interrompre. Les trois aventuriers finirent par gagner les boutiques du Centre Commercial. La métisse ne s’était pas trompée, il y en avait du monde. La plupart des badauds entraient et sortaient dans les magasins afin de vaquer à leur achat au plus vite. D’échapper au plus vite à la longue queue aux caisses.

Naé suivit la petite bande formée de Connor et Zoé, n’ayant pas le temps de voir les devantures ou de s’arrêter pour faire ses achats. C’était l’Anglaise qui menait à nouveau la danse. Quand elle s’amusa à l’encontre de Naëlle, proposant un défilé de sous-vêtement. Celle-ci tourna le regard vers son chéri quand la réponse tarda à venir… Quand ce fut le cas, elle ne s’attendait pas à la scène ni à se faire insulter de la sorte. Elle voulait dire qu’elle était là mais en était bien incapable. Zoé la détestait mais elle l’avait compris d’elle-même avec toutes ses piques. Elle reporta son attention vers son Anglais, déconcertée par ce qu’elle venait d’apprendre : qu’elle était responsable de tout ce qui était arrivé à son amoureux.

Après la claque qu’elle reçut, elle s’excusa auprès de Connor et de Naëlle. Elle lui demandait de la pardonner, parce qu’elle avait du mal à partager Connor.

- Non, je ne peux pas ! Elle se tourna vers Connor. Excuse-moi !

Elle finit par lâcher la main de Connor. Naé aurait bien aimé lui dire qu’elle avait fait des efforts mais que là, Zoé avait été trop loin et ce malgré ses excuses. Elle avait prononcé les mêmes mots que les autres. Elle avait même fait pire, elle l’avait accusée de le rendre malheureux. Que tous les maux du jeune homme, elle était l’unique responsable.

- Tu sais pourquoi ? Parce que je suis dans le même cas que toi, je dois partager Connor avec une personne que je ne connais pas. Non, laisse-moi sans rien dire. Contrairement à toi, je ne connais absolument rien sur toi : sauf que tu es la meilleure amie de Connor. Depuis que tu m’as vu, tu prends un malin plaisir à me descendre, à me faire en sorte que je me sente mal dans ma peau, à me faire comprendre que Connor a beaucoup parlé de moi avec toi comme mes réactions, certains de nos moments à deux.

Elle se tut le temps d’avaler sa salive, levant une main pour qu’elle garde le silence.

- J’ai encaissé jusqu’à présent parce que j’ai promis à Connor de faire des efforts, mais là tu es allée beaucoup trop loin. Ça aurait pu passer si tu t’étais contenté de dire que je suis conne, complexé, pas sur de moi parce que c’est un fait, elle-même le savait donc, voilà. Mais je ne supporte pas que tu prétendes que donner de l’amour à Connor, ça lui fait du mal. Tout ça parce qu’une autre femme a réussi à toucher son cœur !

Elle fit quelques pas en arrière avant d’ajouter :

- Connor, si tu veux aller voir le défilé de lingerie ne te gêne pas pour moi ! Essaya-t-elle de dire de façon détachée. Je vais aller faire mes achats de Noel pendant ce temps.

Elle se fraya un chemin dans la foule, direction Sephora pour acheter un bon achat à Chris.

Elle avait besoin de s’éloigner des deux Anglais. Déjà parce qu’elle allait aussi se mettre à pleurer à cause de la situation. On lui demandait d’être compréhensible, d’excuser les mots blessants qu’on lui avait adressés alors qu’elle n’avait rien fait pour les mériter. Hormis, d’être tombée amoureuse de Connor. Egalement parce qu’elle savait qu’à un moment donné son amoureux aurait un choix à faire, entre elle deux et qu’elle avait compris qu’elle en serait la grande perdante. Et deux fois, plutôt qu’une.

Les excuses de Zoé ? Elle n’y croyait pas une seconde. C’était juste pour savoir passer la pommade à Connor. Peut-être qu’elle se trompait. Après tout, elle était humaine mais elle en doutait. Cela dit, elle n’en dirait rien à Connor parce qu’il ne la croirait pas. Pour lui, Zoé était parfaite, même s’il lui avait foutu une baffe.

Une fois qu’elle leur eut tourné le dos, Naëlle fit un gros effort pour ne pas regarder en arrière. Et honnêtement elle eut raison parce qu’elle aurait vraiment pété un plomb en découvrant la réaction de la meilleure amie de son Anglais. Elle jubilait parce qu’elle s’était débarrassée d’elle. De sa rivale, en quelque sorte.

Avant d’aller à Sephora, Naëlle avait eu l’intention de quitter Macy’s pour rentrer chez elle et se noyer dans le pot de glace au chocolat, avec Dunvel pour lui faire des câlins. Ça aurait été ridicule de sa part, surtout que connaissant Connor il aurait remué le Centre Commercial pour la retrouver. Autant faire les magasins pour ses achats, comme ça elle n’aurait pas à revenir plus tard et qui plus est, avec l’autre collée à eux. Après Sephora, elle alla acheter des boucles d’oreille fantaisie pour les filles et elle fit même l’effort de prendre un collier avec un chat pour Zoé afin qu’il aille avec le bijou que Connor lui avait payé un peu plus tôt. Pour la mère de Connor, elle lui prit une étole colorée pour agrémenter ses tenues strictes. Il ne lui manquait que son amoureux et son père. Elle entra dans une petite boutique où elle dénicha deux verres à whisky avec les initiales « AM » gravée dessus, et pour Connor, elle opta pour la réplique de la fleur sous cloche de La Belle et la Bête.

Elle venait de finir par la boutique de décoration de Noël, parce qu’elle avait décidé d’offrir aux deux hommes Montgomery une boule pour accrocher au sapin. Pour Connor, son choix fut facile : un cœur rouge avec des arabesques dorées. Pour Aaron Montgomery, elle prit un ange parce qu’il l’était en quelque sorte pour elle, vu qu’il avait pris à cœur ses intérêts suite au décès de son frère.

La jeune femme n’avait pas vu le couple d’Anglais. Elle avait le nez dans ses achats pour savoir si elle avait oublié quelqu’un à gâter. Enfin, ce n’était pas bien grave parce qu’elle aurait le temps de revenir après coup, si c’était bien le coup. Les commerçants laisseraient encore les offres de Noel afin d’écouler les stocks avant les soldes.

Elle sera les dents quand elle reconnut l’amie de Connor, gesticulé tout en l’appelant. Vraiment, elle n’avait pas froid aux yeux et n’y allait pas de mains mortes pour faire croire qu’elle en avait quelque chose à faire d’elle. Comme si elle s’intéressait vraiment à ce qu’elle avait bien pu faire durant leur absence.

- Je crois, répondit-elle à l’Anglaise.

Elle espérait ne pas avoir été trop sèche, bien qu’elle ait tiré violemment sur ses sacs vers elle pour ne pas qu’elle ouvre tous les paquets en faisant des commentaires sur ce qu’elle avait choisi. Non, elle ne voulait de ses conseils pour faire ses cadeaux à la famille Montgomery parce qu’il y avait fort à parier qu’elle aurait choisi des articles totalement hors de propos. Vous savez comme dans les films pour décrédibiliser l’autre personne.

Elle regarda Connor pour répondre à sa question.

- Honnêtement ? Je ne sais pas du tout, autant lui dire la vérité pour une fois, même si ça n’était pas la réponse qu’il attendait.

Elle n’aurait pas dû faire la maligne, en refusant de se nourrir durant la journée. Elle allait bientôt en subir les conséquences. Elle commençait à avoir très chaud, des petits points noirs et blancs qui dansaient devant ses yeux.

- J’ai besoin de prendre l’air, il fait chaud vous ne trouvez pas ?

Non, elle ne tomberait pas dans les vapes parce qu’elle avait été inconsciente. Prouvant une nouvelle fois, qu’elle était conne de réagir ainsi. Elle n’entendit pas la réponse des deux autres parce qu’elle se dirigeait vers les escalators pour gagner la sortie.

Une fois à l’extérieur, Naé mit plusieurs minutes à se sentir mieux. Elle avait eu peur de faire un malaise, entre le stress de cette journée, sa rencontre avec Zoé et le fait qu’elle n’ait rien avalé depuis la veille, autant dire que ça ne faisait pas vraiment bon ménage. Elle n’aurait pas dû jouer à la plus maligne. Point finale. Elle finit par refermer son blouson et à resserrer son écharpe autour de son cou, parce qu’il ne faisait pas très chaud. Ils étaient sur le chemin du retour.

Vu qu’elle avait plombé l’ambiance, elle n’osa pas demander si elle pouvait passer par sa voiture afin d’y déposer ses achats. Naé tenta de se faire la plus discrète possible. Une fois à l’appartement des Montgomery, Naé se dirigea dans le salon parce qu’elle n’avait pas accès à la chambre de son chéri durant le séjour de Zoé. Elle déposa ses sacs dans un coin, avec son manteau et ses autres affaires.

La jeune femme avait l’intention de parler à Connor, pour s’excuser de son comportement mais il était au téléphone. Quand elle fut sur le point de demander ce qui se passait, Zoé ne lui en laissa pas le temps parce qu’elle prit la parole. Comme si c’était normal que ce soit elle qui demande plutôt que la petite amie du jeune homme.

Quand elle entendit parler du sapin de Noel, un sourire se dessina sur ses lèvres. Pour elle, un Noël sans sapin n’en était pas un véritable. Depuis toute petite, elle aimait sa majesté des forets. Déjà ça sentait bon. C’était un régal pour les yeux de voir les décorations et les lumières multicolores. Il faudrait qu’elle demande à Mr Montgomery s’il avait des compilations de chanson de Noel, elle ferait du chocolat chaud avec des petits marshmallow en décoration.

Elle n’avait pas encore très bien compris qu’elle allait rester seule avec Zoé. Elle en prit réellement conscience quand Connor vint l’embrasser avant de leur demander de ne pas s’entretuer. C’était légitime de sa part, il risquait d’en prendre une sur les deux.

Naé aurait aimé avoir le temps de le demander où se trouvaient les décorations, comme ça, ils auraient ça en moins à sortir à leur retour. Bon, ce n’était pas grave ça serait pour plus tard. Et bien sûr, l’Anglaise passa à l’attaque avant même que les portes de l’ascenseur ne se referment sur Connor.

- Ce n’est pas de l’avis de Connor, répondit-elle à la jeune femme. Tu sais quoi, je me fiche que tu ne m’aimes pas ! Elle s’en ferait une raison, et comme elle retournerait en Angleterre ça n’avait pas d’importance. Ce qui compte réellement pour moi, c’est que Connor soit amoureux de moi !

Il était évident qu’elles ne seraient pas de grandes copines, Zoé le lui avait fait comprendre depuis son arrivée. Pourtant, elle n’allait pas faire ce qu’elle attendait d’elle parce qu’elle était amie avec Connor depuis des lustres. Ou encore, qu’elle savait mieux que quiconque ce qu’il fallait au jeune homme, et en l’occurrence, ce n’était pas le cas de sa personne.

Oui, après tout, elle se moquait que l’Anglaise ne puisse pas la supporter elle allait repartir dans quelques jours. Elle pourrait survivre jusque-là, elle savait que Connor l’épaulerait et qui lui donnerait son amour, même si elle ne le méritait pas. N’oublions pas que Naé pouvait se montrer envahissante, quand il ne s’agissait pas de son mauvais caractère.

Ses yeux s’écarquillèrent quand Zoé lui dit que Connor n’était pas amoureux d’elle, que c’était elle qui le retenait dans ses filets. Qu’elle faisait du mal à cet homme et qu’elle s’en fichait royale. Non, on pouvait se traiter Naëlle de tout mais pas d’être égoïste, du moins elle espérait que ses amies le lui auraient dit si cela avait été le cas. Il était vrai qu’au tout débout elle avait eu tendance à l’appeler parce qu’il ne lui parlait sans prendre de gants, combien de fois il lui avait des choses qu’elle ne voulait pas entendre ? Bien trop souvent. Certes, elle ne savait rien de lui parce qu’il avait toujours réussi à amener un autre sujet de discussion pour lui faire oublier, quand il ne s’amusait pas à l’embrasser pour lui faire perdre l’esprit.

La métisse avait tenté de demander à deux ou trois reprises mais il s’était fermé comme une huitre à chaque fois, quand il ne lui disait pas « laisse tomber ! » ou « c’est pas important ». Alors, elle avait décidé d’attendre qu’il lui en parle de lui-même, quand il serait prêt à se confier. Si elle s’inquiétait de voir les réactions extrêmes qu’il avait par moment. Elle en avait subi les conséquences. Comme dans cette cuisine quand il lui dit qu’il pourrait lui faire du mal. Quand il lui avait saisi le poignet violement à la fête du campus lors du Thanksgiving précédent. Ou encore quand il avait cassé le nez et le bras des jumeaux du bahut parce qu’il l’avait emmerdé, elle.

Plus l’Anglaise parlait plus elle avait envie de fuir. Elle ne pouvait pas en entendre d’avantage. Elle ne supporterait pas être celle qui détruirait Connor. Si cela était bel et bien le cas. Comment savoir avec lui ? Il ne lui disait rien. Les larmes roulaient sur les joues de Naé parce que s’en était trop et qu’elle ne savait plus sur quel pied danser ? Ni qui croire ? Est-ce qu’elle s’était encore faire des films en imaginant les sentiments du jeune homme ? Pourtant, il lui avait le contraire un peu plus tot dans la journée…

Elle ne tenta même pas de se dégager quand elle vit la main de Zoé se levait pour lui coller une claque. Après tout, elle le méritait bien… Au moins, ça lui donnerait une raison de pleurer tout comme ça soulerait l’autre jeune femme.

La métisse sursauta quand elle entendit une voix féminine derrière elle. Certes, elle ne s’adressait pas à elle mais elle avait été surprise de savoir qu’il y avait quelqu’un dans l’appartement. Pour l’instant, elle pouvait encore tenir sur ses jambes mais ça commençait à devenir de plus en plus difficile. Elle aurait été chez elle, elle se serait effondrée ou réfugiée dans un coin.

Une fois la blonde sortie de l’appartement, la brune se retrouva toute seule avec la mère de son chéri.

- Pourquoi ? demanda-t-elle à Mrs Montgomery après lui avoir dit « non » d’un mouvement de tête.

Pourquoi ? Est-ce qu’il ne lui avait rien dit ? Rien confier ? De quoi avait-il eu peur en le faisant, il savait qu’elle écouterait et pouvait comprendre ?

Naé passa une main sur ses joues pour tenter de les sécher mais ce fut peine perdue parce que de nouvelles virent les inonder.

- Vous aussi ? voulut-elle savoir. Vous aussi vous pensez que je suis responsable de ce que Connor traverse ?

Elle ne savait pas comment elle devait se conduire avec cette femme. D’ailleurs, elle n’aurait peut-être pas osé pleurer dans les bras, de son père si c’était lui qui se trouvait à l’appartement. Et puis, pourquoi la consolerait-elle si son unique enfant avait dû être hospitalisé un HP à cause d’elle ? Au contraire, elle avait le droit de la foutre à la porte et exigeait d’elle qu’elle n’y remette plus les pieds.

Naé ne savait pas comment digérer ses informations, surtout qu’elle se sentait responsable. Elle n’avait pas pu répondre parce qu’elle n’avait pas les armes par rapport à l’Anglaise. De toute façon, elle ne l’aurait pas fait parce que certaines paroles de Zoé avait fait échos aux siennes. Comme elle n’aurait pas tenté de se défendre si la blonde avait eu le temps de lui mettre la claque qu’elle s’apprêtait à lui coller.

Elle s’était promis de ne pas pleurer, mais ses larmes l’avaient prise en traitre. Heureusement qu’elle avait investi dans du waterproof parce qu’elle en avait assez d’avoir une gueule de panda quand son mascara se mettait à couler. La métisse ne savait pas comment réagir parce qu’elle n’avait jamais cru que la mère de son chéri, soit comme elle se montrait avec elle. Elle avait toujours cru qu’elle était plus faite de glace, mais non. Cela dit, ce n’était pas la première fois que la jeune femme se faisait des films. C’était même assez courant chez elle.

Elle aurait pu se passer de poser la première question, elle connaissait déjà la réponse. Connor ne parlait pas, même quand on tentait de lui arracher les vers du nez. Mais c’était le premier mot qui avait franchi ses lèvres. Ensuite, elle voulut savoir si elle avait les mêmes pensées que la meilleure amie de son fils. Après tout, elles venaient de se rencontrer donc Margaret n’aurait pas de lui dire ses quatre vérités, et ce, sans prendre de gants.

Au lieu de ça, elle se retrouva dans ses bras. C’était étrange cette sensation, elle avait oublié ce que ça faisait d’avoir une maman la prenant dans ses bras. Autant dire que les pleurs de la jeune femme redoublèrent parce qu’il y avait un trop plein d’émotions. Et ce même, quand la mère de famille fit de son mieux pour l’apaiser, lui disant qu’elle ne la tenait pas pour responsable. Naé essuya à nouveau ses joues quand Mrs Montgomery la conduisit vers l’un des canapés avant de l’inviter à prendre place à ses côtés. La métisse avait bien besoin d’un kleenex mais elle ignorait si elle parviendrait à parler sans craquer à nouveau.

Elle avait été sur le point de dire « j’avais cru comprendre » au sujet de Zoé. Naëlle était effectivement une des personnes les mieux placées pour comprendre l’Anglaise. Elles avaient toutes deux un vécu à près similaire, que ce soit leur milieu de vie que leur vie de famille. Mais, elle ne l’avouerait pas parce qu’elle savait qu’on lui claquerait la porte au nez. Tout ça parce que la blonde avait trouvé la responsable idéale pour ce que son meilleur ami traversait et aussi parce qu’elle se sentait impuissante face à cela. Il était vrai que c’était plus facile de faire du mal à une autre personne. A Naëlle.

Elle posa sa main sur celle de Margaret parce qu’elle avait soif de contacts, de réconforts. Malgré cela, elle n’était pas certaine que les mots apaisants feraient leurs effets. Comme elle l’avait dit un peu plus tôt, elle n’était pas prête à pardonner Zoé parce qu’elle avait été trop loin depuis que Connor avait fait les présentations. Même si elle avait compris qu’elle ne faisait que protéger une personne qu’elle chérissait.

Comment réagit quand une personne reconnaissait que son fils était épris d’elle mais quand même temps, cette histoire le dévastait ? En fait, elle voyait une solution mais elle était loin d’être plaisante. Pour l’un comme pour l’autre. Même s’il s’agissait de la meilleure option, elle ne pouvait pas s’y résoudre. Ça serait trop facile et ils n’avaient pas traversés ses épreuves pour qu’elle jette l’éponge aussi facilement.

- Je vais vous montrer quelque chose, déclara la jeune femme en se levant et en allant cherche le cadeau qu’elle avait choisi pour Connor, même si elle se demandait à présent si elle avait fait le bon choix. Elle sortit donc la réplique de la rose du dessin animé « La Belle et la Bête ». Vous savez quand j’ai connu Connor, il me faisait penser à Gaston. Vous savez celui dont toutes les filles tombent amoureuse, le plus beau et qui ne doute pas une seconde de lui. Et plus je passais du temps avec lui, plus j’ai compris qu’il avait plus de la Bête. Comme lui, il ne parle pas, ne laisse pas entrer n’importe qui dans son cœur. Elle se tut quelques instants pour que la mère puisse enregistrer ce qu’elle venait de lui dire. D’autant plus, qu’à aucun moment, il n’avait été question d’elle, juste du jeune homme.

Elle avait fait en sorte que l’amie de Connor ne tente pas d’ouvrir ses cadeaux en faisant des commentaires désagréables. Pourtant, elle avait dévoilé celui qu’elle réservait au jeune homme, à celle qui l’avait mis au monde. Tout comme, elle avait vraiment la trouille de paraitre ridicule avec ses références avec les dessins animés. Cela dit, elle espérait qu’elle avait réussi à faire passer son message. Que Connor méritait d’être aimé d’un amour véritable…

- Peut être que Zoé à raison, que je devrais m’aller ! Finit-elle par dire tout en rangeant le cadeau dans le sac avec les autres.

Naëlle savait qu’il aurait mieux valu qu’elle lui achète un livre mais lequel ? Il en avait tellement lu et en sa possession qu’elle aurait pris un qu’il avait déjà. Peut-être que le plus simple aurait été de lui demander ce qu’il voulait, au lieu de se retrouver avec des objets dont il allait se moquer. Pourtant, elle n’avait pas pu résister quand elle l’avait vu. La jeune femme avait voulu expliquer la raison de cet achat à la mère de Connor, c’était sa façon à elle de lui comment elle avait perçu son fils lors de leur première rencontre, comment son regard avait évolué et combien elle l’aimait.

Après avoir rangé l’objet, Naé pensa qu’il était temps pour elle de partir. Rien ne se serait passé si elle n’avait pas déboulé aussi tôt, Connor aurait pu préparer la rencontre entre les deux filles afin que ça se passe dans de meilleures conditions. Quoi que non, même ça n’aurait rien arrangé parce que Zoé était beaucoup trop remontée contre elle. Non, elle pensait vraiment qu’il valait mieux qu’elle s’en aille afin que son chéri puisse réellement profiter de ses retrouvailles avec sa mère et la blonde.

En entendant la question, Naëlle observa Margaret. Elle venait exactement de lui dire ce qu’elle avait déclaré à Zoé avant que ça ne dégénère entre elles. Mrs Montgomery avait donc assisté à toute la scène et avait décidé d’intervenir avant que l’amie de son fils n’aille trop loin. La mère de Connor tenta de lui faire voir les choses autrement, de façon à ce qu’elle ne voit pas l’autre jeune femme comme elle s’était dévoilée avant de quitter l’appartement.

- On tient toutes les trois à lui, chacune à notre façon !

Oui, c’était un fait. Toutes trois tenaient au jeune homme. Toutes les trois à leur façon se sentaient responsables des répercussions que certaines choses pourraient avoir sur lui. Elle ne put rien ajouter quand elle lui parla de Zoé ayant du mal à accepter que Connor s’éloigne d’elle. Parce qu’il avait choisi Naé et Columbia, plutôt que l’Angleterre et elle. Tout comme elle avait raison de dire que c’était dérangeant de les voir aussi fusionnels.

De nouvelles larmes roulèrent sur les joues de la métisse. Elle savait que Mrs Montgomery avait raison, qu’elle devrait se réjouir que son chéri ait quelqu’un qui veille sur lui. Qu’une personne tienne à Connor comme Zoé.

- Je n’en doute pas, répondit-elle à cette mère. Je suis heureuse qu’il ait Zoé, qu’il puisse lui parler. Mais pour l’instant, j’en suis incapable. Il lui faudrait du temps. J’ai conscience que je ne vous donne pas une bonne image de moi, à cet instant.

Elle s’excusait d’être comme elle était. Zoé lui avait fait trop de mal, se servant des paroles que lui avaient rapportés Connor à son sujet. Il faudrait laisser passer un peu de temps. Cela dit, elle ferait des efforts pour ça se passe au mieux, d’autant plus qu’elle ne souhaitait pas arriver au stade qu’il doive se retrouver à faire un choix. Entre, elles deux.

De concert, elles tournèrent la tête vers les nouveaux arrivants. Evidemment, Connor était fidèle à lui-même en pestant contre le sapin qui lui donnait coups d’épines pour se venger. Elle porta la main sur ses joues pour ne pas qu’il s’aperçoit qu’elle était en train de pleurer. Totalement ridicule parce qu’il savait toujours quand ça n’allait pas. Bien sûr, la première chose qu’il demanda, fut de savoir où se trouvait Zoé après avoir voulu savoir ce qu’il se passait.

Naé se recroquevilla sur le canapé. Du moins, elle ramena ses jambes à elle pour y passer ses bras. Elle le regarda venir vers elle, hésitant parce qu’il ne savait pas ce qu’il s’était passé. Peut-être effrayé par ce qu’elle allait lui annoncer aussi.

- Connor, qu’est-ce que tu as réellement fait quand tu étais en Angleterre au mois d’Avril ? Finit-elle par demander, autant commencer par là. Et surtout pas de mensonge, je le saurais si tu me mens.

Elle lui disait qu’elle était au courant pour son séjour en Angleterre. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû l’avertir qu’elle détenait la vérité.