Sauvons le Père Noël [Terminé]

Elle se mordit l’intérieure de la joue, sachant pertinemment qu’elle n’aurait pas dû ajouter la dernière couche. Ayant conscience qu’il ne lui répondrait qu’une semi vérité. Elle avait juste voulu qu’il sache qu’elle en savait plus qu’il ne l’aurait souhaité. Beaucoup trop même.

- Pour l’entendre de ta bouche, fut la réplique qui lui vint immédiatement.

Pour le coup, elle s’en fichait royalement que ça parte en live. Après tout, c’était le sport olympique du jeune couple. Il y aurait des questions pour le jour où ils ne se prendraient pas le bec. Même s’il fallait le reconnaitre que c’était chiant de s’engueuler pour un rien et trop souvent. Une trêve ça pourrait être bien de temps en temps.

Quand il dit que « tous » commençaient à le faire chier, elle eut envie de sortir une phrase du genre « C’est parce qu’on t’aime ! » ou encore « Qui aime bien, châtie bien ! » mais elle trouva que le moment était vraiment mal choisie. Donc, elle décida d’écouter ce qu’il avait à lui dire tout en triturant les petites peaux de son pouce.

Et elle se raidit quand elle revit le jeune homme dans leur première rencontre. Celui distant, hautain, sarcastique… Pas étonnant qu’il s’entende si bien avec la blonde. Son cœur se fit lourd. Elle fit de son mieux pour retenir les larmes parce que ça le satisferait de voir qu’il lui avait fait du mal. Ce Connor, elle ne l’appréciait pas du tout.

Et « Paffff ! », sa main était partie et avait atterri sur la joue du jeune homme. Elle resta con parce qu’elle n’était pas du genre à mettre une claque à qui conque. Figée sur place parce que connaissant Connor, il n’en resterait pas. Mais, elle avait assez qu’il se comporte comme ça parce qu’elle voulait entendre la vérité de sa bouche et de personne d’autre.

- Laisse tes parents en dehors de ça, commença-t-elle. Tu veux savoir pourquoi j’étais en train de discuter avec ta mère ? Tout simplement parce qu’elle a arrêté Zoé avant qu’elle ne me foute sa main dans la gueule. Et tu sais quoi ? C’est que je n’ai même pas bougé, et si elle m’avait ruée de coups je l’aurais laissée faire. C’est ta chère Zoé qui m’a dit où tu avais été en Avril. Et le plus drôle, c’est que je suis une salope égoïste qui ne pense qu’à son nombril, parce que son petit ami ne me parle pas et que j’attends qu’il vienne vers moi pour m’expliquer ou me dire quand ça ne va pas. Ah non, excuse-moi, je fais pire selon elle : je te retiens contre ton gré vu que tu n’éprouves aucuns sentiments pour moi. Tout ça parce que je l’ai dit que je ne partirai pas d’ici, pour t’attendre alors qu’elle ne foutait à la porte. Tu en penses quoi de cette petite histoire ? Probablement que j’invente tout parce que je n’aime pas ta meilleure amie.

Elle avisa le sapin dans l'entrée, avec une folle envie d'aller le redresser mais ça ne serait que pour s'éloigner de lui. Même si elle avait toujours eu confiance en lui vis à vis de son emportement envers elle. Non, elle resta assise à sa place, silencieuse le temps qu'il assimile les mots qu'elle venait de lui dire. Certes, elle avait mal choisi son moment mais elle avait souhaité rétablir une vérité. Même si elle avait le mauvais rôle, dans le cas présent.

- Connor tu me connais suffisamment pour savoir que je n’aurais pas pris la fuite, si tu m’avais parlée. Ce n’est pas mon genre, la preuve : je t’aime et je suis là, avec toi, même quand tu fais ta tête de mule.

Certes, les mots qu’elle était en train de lui pouvaient passer à la trappe, balayer d’un revers de la main. Il n’aurait pas à lui courir après, comme c’était le cas après leur dispute. Non, elle restait avec lui, du moins jusqu’à ce qu’il décide de la foutre à la porte.

Il était vrai de dire que de simples mots pouvaient faire encore plus mal qu’une gifle. Sur le coup, Naëlle crut qu’elle allait avoir un malaise. L’homme qui se trouvait en face d’elle n’avait plus rien de celui qu’elle aimait. Par sa faute, il s’était refermé et buté comme il l’était, il n’écouterait pas un seul mot qu’elle prononcerait. Parfois, elle se demandait pourquoi elle s’entêtait à vouloir lui parler afin de lui faire passer un message.

La jeune femme resta muette de stupeur quand il lui dit qu’il s’en foutait d’elle et de l’amour qu’elle lui portait. Que devait-elle comprendre ? Qu’il se foutait de sa gueule depuis le début et qu’il donnait raison à l’autre jeune femme qu’il considérait comme sa meilleure amie. Pourtant, elle lui avait donné une belle preuve : trahir sa confiance en parlant d’une chose qu’elle aurait dû taire, et en se servant des confidences qu’il lui avait faites contre Naé. Et bien sûr, c’était sur la métisse que la faute retombait car elle n’avait pas voulu se taire. Et parce qu’elle n’avait pas accepté qu’il accuse sa mère d’une chose dont elle n’était en rien responsable.

Quand il l’empoigna, elle tenta de se dégager mais sans résultat, juste à se faire mal au poignet. Elle eut tout juste le temps d’attraper son manteau et son sac à main avant qu’il ne lui claque porte au nez, en disant que Zoé avait eu raison sur toute la ligne. Elle était bonne pour retourner faire les magasins, du moins si elle ne parvenait pas à récupérer ses sacs où étaient les cadeaux !Cette blonde était là depuis quoi ? Quelques heures et elle était parvenue à mener Connor par le bout du nez.

- Toutes mes félicitations, Zoé ! marmonna-t-elle dans sa barbe, en entrant dans l’ascenseur.

Une fois certaine d’être seule, Naëlle laisse libre court à son chagrin. Il n’y aurait personne pour rire d’elle et de son idiotie. Une fois à son véhicule, elle attendit un peu afin d’éviter un accident à cause de ses larmes. Et évidemment, sa poubelle ne voulut rien savoir. Impossible de la démarrer. Elle appela le dépanneur pour faire remorquer son véhicule : la jeune femme donna le nom du garage ou envoyer sa voiture et dit à son interlocuteur qu’elle donnerait les clefs au portier de l’immeuble. La jeune femme attendit que le portier ait hélé un taxi et donné son adresse. Une fois chez elle, elle ferma tout à clef et pleura de plus belle… Même les câlins de Dunvel ne l’apaisèrent pas.




Le 23 décembre au soir, Naé alla diner chez les Holden. Elle avait tenté d’annuler mais Tina, la belle-mère de Suzan, avait compris que quelque chose n’allait pas et avait insisté. D’ailleurs ce fut elle qui vint la chercher – oui parce que Naëlle avait dit que sa voiture était au garage – et elle en profita pour lui apporter un carton rempli de vêtement qu’elle ne portait plus et qu’elle avait fait ajuster pour elle. Elle lui avait dit que c’était son cadeau de Noël, pour qu’elle les accepte.

Naé avait du mal à être en fête mais la famille Holden se trompa sur la raison, ils pensaient tous que c’était parce que sa famille lui manquait et non, à sa récente dispute avec Connor. Sauf Rita parce qu’elle était observatrice et qu’elle connaissait Naé. En même temps, ce n’était pas vraiment difficile parce qu’on lisait en elle comme dans un livre ouvert.

Naé était en train de faire la vaisselle quand cette dernière décida de passer à l’attaque :

- Chérie, racontes moi tout ! Lui intima-t-elle.

Naé soupira mais pour une fois n’ouvrit pas la bouche. Elle ressassait cette histoire depuis que ça avait eu lieu. Elle n’arrivait pas à déterminer si elle était responsable ni si c’était fini avec Connor. Si seulement la poupée Barbie était restée en Angleterre, ils n’en seraient pas à ce stade. Elle avait l’impression de faire un bond dans le passé.

- Naëlle, n’oublie pas qu’à chaque problème il y a une solution !

Rita n’en dit pas plus car elle s’éclipsa pour que la jeune femme puisse y méditer. Elle avait discuté avec son époux, ils avaient quelque chose à lui demander mais ça n’était que partie remise.




La jeune femme était parvenue à se faire une raison. Cette année, elle serait seule pour les fêtes de Noël. Elle avait beaucoup perdu quelques jours auparavant, pourtant elle ne s’était pas encore résolue à mettre toutes les affaires de Connor dans un carton afin de les lui rendre.

Bref quand le père de Connor était arrivé à la pâtisserie, la jeune femme tenait la caisse. Elle donnait un coup de main vu le nombre de clients de dernières minutes et les commandes à honorer. Une boule s’était formée dans son ventre. L’homme d’affaire lui demanda s’ils pouvaient discuter chez elle. Une fois à l'appartement, il tenta le tout pour le tout pour qu’elle accepte de venir réveillonner chez lui et sa famille. Il lui dit aussi qu’il n’était pas certains du comportement de son fils et de sa meilleure amie envers elle. De son coté, elle tenta aussi d’argumenter : elle ne pouvait pas venir parce que sa voiture était au garage, qu’elle n’avait pas fait de cadeaux (ce qui était faux vu qu’ils étaient encore chez les Montgomery et probablement ouvert par la blonde puis critiqués par la même occasion), qu’elle n’avait rien à se mettre, etc… Autant dire, que le père et le fils étaient aussi butés l’un que l’autre, pas étonnant qu’ils passaient leur temps à se chicaner.

La métisse finit accepter. Elle fila donc sous la douche après avoir sélectionné une tenue appropriée pour l’occasion dans le carton donné la veille par Rita. Une fois habillée, maquillée et coiffée, la jeune femme retourna dans sa chambre pour finir de s’apprêter. Une touche de parfum, le collier offert par Connor et à son poignet elle portait un gros bracelet de couleur noir afin de masquer la marque qui l'ornait depuis quelques jours. Elle mit des bas parce que ses collants étaient tous filés, des chaussures à talons et une veste noire.

Durant le trajet la lycéenne fut silencieuse. La nervosité la gagnait de plus en plus qu’ils approchaient de l’immeuble où les Montgomery vivaient. Dans l’ascenseur, elle crut qu’elle allait vomir sur les chaussures de l’homme d’affaire, à cause de l’angoisse.

Naé eut l’impression que ses jambes allaient se dérober quand tous les regards se posèrent sur elle. Pas plus qu’elle ne les vit pas que le sien, c’était rivé sur Connor. Un peu comme si les autres n’étaient pas là. Qu’ils étaient rien que tous les deux mais elle revint bien vite à la réalité quand elle entendit un bruit dans la pièce.

La jeune femme salua tout le monde, parce qu’on lui avait appris la politesse. Ensuite, elle se délesta de son manteau et de son écharpe, le déposant sur le canapé le plus proche. Naé alla récupérer les deux boules qu’elle avait achetées pour les deux hommes Montgomery.

- Attend tu en as oublié deux ! Annonça-t-elle. Mr Montgomery celle-ci est pour vous,dit-elle en lui déposant le petit paquet avant de déposer un baiser sur l’une de ses joues. Et celle-là pour toi, elle donna le présent à Connor mais s’abstint de lui donner un baiser, parce qu’elle ne savait pas si elle pouvait se le permettre ou non. Mon père nous en offrait une à chaque Noël, alors j’ai voulu en faire de même avec vous deux !

La jeune femme avait failli dire à Connor « j’espère que tu en prendras soin ! » mais ne sachant pas si elle parlait du sien ou de la boule, elle avait fait marche arrière. Elle avait donc opté pour leur parler d’une tradition chez les Sullivan. Tradition qui s’était perdue l’année de ses neuf ans.

Elle avait bien entendu la répartie de l’Anglaise mais avait décidé de faire comme si de rien n’était. Naé avait compris qu’elle l’avait fait exprès pour lui dire qu’elle n’était pas la bienvenue. Tout comme elle avait conscience aussi qu’elle aurait des pics du même genre durant toute la soirée. Elle espérait juste qu’elle parviendrait à tenir jusqu’à la fin du repas et pour ce que les Montgomery avaient prévu pour l’après-repas. Non, elle préféra offrir les décorations de sapin à la place, expliquant pourquoi elle l’avait fait. Et puis, même si elle ne le disait pas les objets avaient une signification et les deux hommes étaient les mieux placés pour la comprendre.

Naé essayait d’être légère afin de ne pas plomber l’ambiance, même si elle n’était pas très à l’aise. Elle avait l’impression d’être un an en arrière pour le fameux diner avec Mr Montgomery, sauf qu’à l’époque ils faisaient semblant d’être en couple. La jeune femme avait eu peur de faire mauvaise sensation à lors de ce diner. Aujourd’hui, c’était un peu la même chose parce qu’il s’agissait plus ou moins d’un diner de présentation, un diner officiel, surtout après la première rencontre chaotique.

Elle sourit face à la réaction du père de Connor. Cet homme d’affaire ne cessait de l’étonner, parce qu’elle ne connaissait pas cette facette. Celle qu’elle appréhendait, était celle de Connor vu la manière qu’il l’avait expédiée la dernière fois. Elle se détendit légèrement quand il finit par la regarder dans les yeux avant de déposer un baiser sur son front. Si elle n’était pas pétrifiée de tout faire capoter avec un mot ou un geste, elle aurait pu se mettre à faire des claquettes.

La métisse suivit les autres vers la table et attendit qu’ils prennent place autour de la table. Naé se retrouva assise entre les deux hommes Montgomery. Pour le moment, elle ne regarda pas qui était en face d’elle mais elle pourrait presque parier que ça serait la mère de Connor afin d’éviter une catastrophe. La lycéenne faillit se mettre à rire quand elle entendit la question de son Anglais. Elle jeta un coup d’œil vers lui et vu sa tête, il se demandait s’il devait appeler les urgences maintenant ou attendre. Elle aurait aimé dire qu’il lui avait la même chose quand elle lui avait fait à manger pour la première fois, mais il ne l’avait pas fait. Alors autant faire comme Aaron et déguster le met qui se trouvait dans son assiette.

- Je confirme c’est délicieux, confirma-t-elle les dires de Mr Montgomery.

Elle en avait mangé il y a quelques années chez les Holden, parce que chez elle c’était la traditionnelle dinde de Noel.

Quand elle eut terminé son assiette, elle déposa ses couverts dans son assiette. Elle répondait aux questions qu’on lui posait. Du moins, c’était les parents de Connor qui faisaient la discussion afin de ne pas leur laisser le temps de partir en vrille. Naé avait bien vu que le jeune homme gardait le silence, alors elle déposa sa main sur sa cuisse. Aussi discrètement que possible, pensant que la nappe camouflerait son geste, dans l’espoir qu’il se saisisse de sa main. Elle avait conscience qu’il leurs faudrait discuter mais plus tard et surtout en tête à tête.

Elle avait soif mais elle n’osait pas faire remarquer qu’il manquait l’eau et le vin pour les adultes. Enfin, elle ne voulait pas que Zoé le prenne mal si elle faisait une réflexion dans ce sens.

- Quel est le repas traditionnel de Noel en Angleterre ? Je sais qu’il y a le cake qu’on met dans le congélateur mais je n’en sais pas d’avantage, reconnut-elle.

Certes, Zoé risquait de se foutre ouvertement de sa gueule pour son ignorance. Mais elle avait au moins le mérite de poser des questions, même aussi idiotes soient-elles. La jeune femme montrait qu’elle s’intéressait à ce que se faisait ailleurs qu’en Amérique. Elle ne put s’empêcher de se demander comment on le fêtait à Hawaï et en Irlande.

Bien que le repas soit un pur délice, Naëlle eut du mal à finir ses assiettes vers la fin du repas. Il fallait reconnaitre que les deux Anglaises s’étaient du mal et qu’elle-même n’aurait pas pu faire mieux. Du moins, elle espérait être une bonne cuisinière parce que les deux hommes Montgomery ne se plaignaient jamais quand elle le faisait la cuisine. D’ailleurs, elle devait admettre qu’elle adorait leur faire la popote quand elle venait passer quelques jours ici. Pour elle, ça revenait à prendre soin d’eux en leur évitant un énième diner de plat à emporter : Chinois, Russe, Indien, etc…

La jeune femme tentait de faire un pas après l’autre vers Connor. Peut-être que c’était maladroit mais elle avait le mérite d’essayer. Même si elle avait encore du chemin à faire pour l’atteindre. Après, elle ne savait pas à qui elle en voulait réellement entre Zoé, Connor et elle-même. La première avait attisé le feu avec des mots et son comportement, le second parce qu’il lui avait dit des horreurs et la pire de toute avait été de lui dire qu’il se foutait de son amour. Quant à elle, c’était de l’avoir poussé à bout comme elle l’avait pour obtenir des réponses. Pas étonnant qu’il ait fait ce qu’il avait toujours depuis leur rencontre : la faire fuir avec son comportement exécrable. Cependant, il ne lui avait toujours pas saisi la main, même si elle se retrouvait sa cuisse quand elle avait fini de s’en servir pour manger.

Naëlle étant de nature curieuse, elle voulut savoir qu’est-ce qu’on cuisinait pour Noël chez eux, en Angleterre. Et contre tout attente ce fut Zoé qui prit la parole et pour une fois, sans animosité. Heureusement, qu’elle réussit à se retenir de lever les yeux au plafond pour s’assurer que celui-ci n’était pas sur le point de lui tomber dessus. Néanmoins, la jeune femme fut attentive à la réponse qu’on lui donnait.

- Si tu veux quelque chose avec des fruits confits durant ton séjour, demande à Connor ou à Mr Montgomery de te conduire à la pâtisserie, ça me ferait plaisir de t’en offrir quelques-unes, déclara la jeune femme. Il en va de même pour vous, Mrs Montgomery ! Lui fit-elle.

Elle était consciente que les deux femmes pouvaient en profiter maintenant qu’il était aux Etats-Unis. Mais, il était vrai que ça ferait plaisir à Naé de leur faire découvrir les pâtisseries de la boutique durant leur séjour.

- Connor, il faut réduire la quantité de sucre pour que ce soit moins sucré ! Ajouta-t-elle. Mon père faisait comme ça, ma sœur aussi !

D’ailleurs, il en avait fait de même avec elle quand il lui apprenait à faire des gâteaux. Certes, ce n’était que des pâtisseries basiques comme le gâteau au yaourt, par exemple. Comme il utilisait des yaourts au sucre ou aux fruits, il réduisait la dose de sucre. Elle en faisait autant quand elle en faisait à ses moments perdus. Toutefois, les deux jeunes gens avaient en commun le fait d’avoir en horreur les fruits confits. Donc pas de risque qu’elle lui en donne par mégarde vu qu’elle n’en achetait pas, et qu’elle les refilait à Suzan quand ça arrivait. N’oublions pas que les gens ne remettent pas les articles à leur place par flemme et donc ça réservait des surprises, de temps en temps.

La lycéenne fut intriguée par la déclaration de Margaret, au sujet du dessert qui n’était pas dans l’esprit de Noel. Honnêtement chez les Sullivan tous les desserts l’étaient, l’essentiel étant de passer un bon moment. D’autant plus qu’ils avaient tous des gouts différents : Naé s’était les gâteaux au chocolat, son père les babas-au-rhume, sa mère les buches, Noé les fraisiers et Natéo la tarte au citron meringuée. Enfin, à l’évidence les deux femmes avaient préparé une surprise pour Connor. Quant à la réaction du jeune homme fut étonnante, lui qui ne laissait jamais rien transparaitre là il laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres. Elle le trouvait beau quand il souriait de la sorte. Ce sourire n’avait rien de forcé comme il le faisait bien trop souvent. Même distraite, elle réussit à entendre la question de la mère de son Anglais.

- A vrai dire, je l’ignorais ! avoua la jeune femme. Comme je sais qu’il n’aime pas particulièrement les desserts, on fait l’impasse dessus. Il m’arrive d’en prendre de temps en temps et de le lui faire gouter, leur confia-t-elle.

La jeune femme ne reprit pas Margaret quand elle lui dit qu’elle était pâtissière, parce que ce n’était pas le cas. Elle était fille de pâtissier et sœur de pâtissière. Mais elle pouvait comprendre qu’on pense de la sorte parce qu’elle avait gardé la boutique familiale.

- Maintenant que je le sais, je t’en ferai quand tu viendras à la maison ! Lui dit-elle un peu comme une promesse.

Et voilà qu’elle recommençait à la prendre de haut, à lui faire sentir qu’elle n’était pas à sa place ici chez les Montgomery. Les bonnes résolutions de l’Anglaise n’auraient duré que le temps d’un repas. La jeune femme avait beau faire en sorte de s’en moquer, comme si cela ne comptait pas mais la réalité était tout autre. Ça lui apprendrait à vouloir faire preuve de bonne foi en se montrant gentille et agréable avec la jeune femme blonde. La mère de Connor déclina également l’offre mais en y mettant les formes et en lui expliquant qu’elle n’y courait pas après. Enfin, on ne pourrait pas dire qu’elle n’avait pas fait d’effort et preuve de gentillesse envers Zoé.

Connor la questionna sur le sujet des fruits confits. Décidemment. Néanmoins, ils ne s’étaient pas compris, l’un parlait de processus de fabrications des fruits, quant à elle c’était de la pâte.

- Je parlais dans la préparation de la pâte à gâteau, dit-elle et tant pis si elle s’enfonçait davantage. Mais je peux me tromper, après tout je ne suis pas pâtissière.

Au moins, elle admettait qu’elle pouvait commettre une erreur. Et comme « l’erreur est humaine », il n’y avait pas mort d’homme. Juste qu’elle passerait pour une idiote sans cervelle. Naëlle venait de faire une découverte : son chéri aimait les tartes aux pommes avec de la glace à la vanille. Maintenant qu’elle le savait, elle s’arrangerait pour lui en faire. Il n’y avait rien de mal à cela, si ce n’est lui faire plaisir et sans aucune prétention ni dans l’idée de se mettre en avant. Elle trouvait normal de cuisiner les plats ou desserts que l’être aimé adorait quand ils avaient l’occasion de se retrouver en amoureux.

A l’annonce de la blonde, Naé sentit sa nervosité monter un cran au-dessus. Certes, Connor ne l’avait pas repoussé quand elle avait posé sa main sur sa cuisse mais il n’avait rien fait de plus. Donc, elle ne savait pas où elle allait ni ce qui en ressortirait de cette soirée. Et autant dire qu’elle avait franchement la trouille. Peur de se retrouver toute seule. De tout perdre.

La métisse fit un petit détour pour récupérer son paquet avec les cadeaux de Noel et un écrin dans son sac à main. Naé ne sut pas où s’asseoir parce que tous avaient déjà pris place quand elle les eut rejoints. Elle finit par aller prendre place sur l’accoudoir du canapé à côté de Connor. Pensant naïvement qu’il l’attirerait près de lui ou qu’il aurait un geste envers elle malgré le fait que la situation était loin d’être réglée.

A chaque présent déballé, Naé était de plus en plus mal à l’aise. Elle avait l’impression que les siens n’étaient pas à la hauteur de chacune de personne présente. Chose normal vu que Zoé les connaissait depuis des années, alors qu’elle non. Toutefois, elle avait choisi avec son cœur et selon ses moyens. Autant dire que l’étole qu’elle allait offrir à la mère de Connor, était loin d’être aussi jolie que celle qu’elle venait de recevoir.

- Merci, dit-elle en prenant le paquet.

Elle se montra enjouée, fit des sourires à la ronde mais le cœur n’y était pas. C’était un magnifique bracelet, il n’y avait pas à dire sauf que ce n’était pas de Connor. Pour elle, c’était une autre – celle qui faisait tout pour l’évincer – qui l’avait choisi pour lui. Ca donnait presque l’impression que c’était un homme trop occupé qui avait envoyé sa secrétaire choisir les cadeaux à sa place. Ceci dit, elle se pencha malgré tout vers son Anglais pour déposer un baiser sur sa joue. Ensuite, elle le tendit son poignet – celui qui n’avait pas de bracelet – afin qu’il lui accroche son soi-disant cadeau.

Et quand Zoé offrit son cadeau à Connor. Naé fut faire un effort pour ne pas craquer sous l’effet de la nouvelle claque qu’elle se prit en pleine gueule. Cela dit, il ne lui en faudrait pas beaucoup pour fondre en larme. Les clichés qu’elle découvrit quand son amoureux tournait les pages de l’album, la mirent réellement au supplice. Il se comportait avec Zoé comme un homme amoureux. Comme il devrait le faire avec elle.

Elle chasse vite la larme qui s’échappa quand elle remarqua le regard qu’il avait pour Zoé. Si elle s’éclipsait, il ne s’en rendrait même pas compte. Autant dire que la métisse ne savait même plus si elle devait offrir ses cadeaux ou pas. Pourtant, elle finit par se lever et faire la distribution :

- Je suis désolée de ne pas pouvoir faire mieux, avoua-t-elle.

Elle sortit le premier paquet et à se diriger vers Margaret. Elle avait la gorge nouée, il y avait de forte chance pour qu’elle ne puisse pas aller jusqu’au bout.

- Celui-ci est pour vous, dit-elle en lui donnant la boite.

C’était une étole colorée mais elle n’était pas aussi élégante que la précédente. Elle avait conscience qu’elle ne verrait probablement pas souvent la lumière du jour. Ensuite, elle passa au suivant :

- J’espère que ça vous plaira Mr Montgomery, lui dit-elle en lui tendant son paquet cadeau.

Il s’agit de deux verres à whisky gravés aux initiales de l’homme d’affaire. Ensuite, elle se tourna vers l’amie de son chéri :

- Et celui-là est pour toi, annonça-t-elle à Zoé.

Pour le coup elle ne se faisait pas d’idée. Le collier avec le pendentif en forme de chat finirait à la benne quand elle serait de retour en Angleterre et prétendrait l’avoir perdu si Connor lui posait la question.

Ce fut avec le cœur battant qu’elle se dirigea vers son chéri. Elle ne savait pas comment faire ni quoi dire. Elle ne savait plus. Elle avait besoin de l’entendre prononcer certains mots, qu’il l’apaise, qu’il la rassure. Hélas, elle savait aussi que pour l’heure ce n’était pas prêt d’arriver. Elle prit une inspiration et expira lentement. Elle cherchait à gagner du temps.

- Connor… fut tout ce qu’elle parvint à dire avant de lui donner son cadeau.

Elle avait changé d’avis à la dernière minute trouvant que sa première idée était ridicule, cela dit elle le lui donnerait aussi. Connor se retrouva donc avec un écrin à bijou dans les mains avec un nœud rouge sur le dessus. Quand il l’ouvrirait, il y découvrirait des clefs : Naëlle lui avait faire un double pour qu’il puisse venir la rejoindre quand il le voudrait à l’appartement. La seconde correspondait à celle du garage pour qu’il puisse y mettre son véhicule vu qu’il y avait une seconde place.

Elle finit par se décider de sortir le second. Enfin, son premier choix. La fameuse rose sous cloche de la Belle et la Bête.