Découverte de la faune local... [Terminé]

- C’est pas trop tôt ! marmonna-t-elle entre ses dents.

Naé se leva et récupéra ses affaires pour les fourrer dans son sac à dos. Ayant eu du mal à sortir de son lit ce matin, elle était partie sans déjeuner. Autant dire, qu’elle avait l’estomac dans les talons. Et étant mécontent de son sort, il s’était manifesté mais très bruyamment. Malgré tout elle se mit à espérer que ses camarades n’avaient rien entendu.

Une fois sortie de sa salle, elle se laissa porter par le flot des élèves. Directions la cantine. Enfin au lieu d’entrer avec les autres, elle fit un détour par son casier. Oui, autant déposer ses affaires comme ça, elle ne serait pas encombrée. Tout comme elle espérait que la queue allait diminuer. Par chance ou par malheur, elle eut du mal à composer le code de son casier. Elle ne saurait dire si c’était dû à un trou de mémoire, ou à ses mains tremblantes.

Quand elle arriva au self, elle posa son plateau sur les rails et fit son choix parmi les plats proposés. Au hasard, parce qu’elle n’avait pas vraiment d’appétit en ce moment. Quand elle eut terminé, elle chercha une place. Sa table habituelle était occupée, donc à midi elle ne mangerait pas en compagnie de Jo et Suzan. La lycéenne avait l’impression qu’il y avait anguille sous roche, parce qu’elles lui gardaient toujours une place mais bon, il y avait d’autres tables dans le réfectoire. En fait comme elle l’apprendrait plus tard, ses deux meilleures amies agissaient comme ça pensant que ça lui permettrait d’aller voir Connor et de lui parler. Elles n’avaient jamais imaginé que l’un comme l’autre serait aussi buté, préférant s’enfermer dans le silence.

Naé venait de faire quelques pas quand on lui mit une main au cul. Ce qui fit qu’elle se figea sur place, soufflant pour montrer son mécontentement. Elle ne prit même pas la peine de tourner la tête pour savoir de qui il était question. La personne devait faire partie de la bande qui s’amusait à la surnommée « Cendrillon des temps modernes ».

- T’as perdu ton prince charmant, Cendrillon ?

Pas à dire, les crétins étaient vraiment prévisible. Et en plus, ils se trouvaient drôle. Il lui pinça une dernière fois le derrière avant de partir rejoindre ses potes en riant comme un dindon. Tandis que la jeune femme partit de son côté. Sentant les regards sur elle, Naëlle releva la tête parce qu’il n’était pas question de se donner en spectacle. Ils seraient trop contents qu’elle quitte la cantine en pleurant.

Elle déposa son plateau près d’une tête qu’elle voyait pour la première fois.

- Dis, est-ce que ça te dérange si je mange avec toi ? demanda-t-elle timidement. Je ne t’en voudrais pas si tu ne veux pas ! lui affirma la benjamine des Sullivan.

Naé n’aimait pas s’imposer, ce pourquoi elle avait laissé le choix à la jeune femme. C’était une façon de la mettre également à l’aise, d’avoir la possibilité d’accepter ou de refuser. La dernière de la fratrie Sullivan ne lui en voudrait pas en cas de refus. La preuve, elle était toujours avec Jo et Suzan qui oubliaient de lui garder une chaise à leur table habituelle.

- Merci, dit-elle en s’asseyant.

Naé savait que ce n’était pas facile d’évoluer au sein du lycée quand il s’agissait du premier jour. Pour elle, ce ne l’était toujours pas même si c’était la seconde année qu’elle y mettait le pied. On lui menait la vie dure parce qu’elle n’était pas comme les autres. Non, elle étudiait au Lycée St James grâce à une bourse et non à l’argent de papa et maman. Les bouquins dont elle se servait n’étaient pas de première main, tout comme ses uniformes. Elle avait eu sa place ici, car le père de Suzan avait plaidé en sa faveur et avait menacé la direction de supprimer les subventions qu’il versait à l’établissement scolaire si elle était refusée. Tout comme elle n’était pas à sa place, puisqu’elle était la fille d’un pâtissier décédé et d’une mère dans un hôpital psychiatrique.

Avoir une élève comme Naëlle, ça faisait désordre pour l’établissement de prestige. Pour ses camarades, mais également pour certains enseignants vu le peu d’intérêt qu’ils avaient pour elle et ses résultats scolaires. Ils n’avaient pas de mot gentil pour elle, bien qu’elle ait remonté ses notes grâce à l’aide de ses deux copines et Connor. Personne n’avait protesté quand son dernier tuteur avait mystérieusement disparu.

La métisse commença à jouer avec sa nourriture. Franchement, aujourd’hui ça avait vraiment une sale tronche. Elle hésitait entre le pas cuit et le trop cuit pour l’ensemble des aliments qu’elle avait sous les yeux. Mais elle préféra reporter son attention sur la petite nouvelle que sur son assiette. Cela dit, elle ne s’arrêta pas de jouer comme précédemment.

- Moi, c’est Naëlle ! Réussit-elle à dire par-dessus le brouhaha. Une bagarre !Dit-elle en réponse de sa dernière question.

Les cris d’encouragement se firent de plus en plus forts. On avait l’impression d’être dans une salle, lors d’un combat de boxe. Il ne manquait plus que la playmate annonçant le nombre de round, l’arbitre, et la ceinture pour le vainqueur.

Voyant Johanna courir dans sa direction, Naé eut l’identité d’un des boxeurs.

- Bon sens, c’est pas vrai ! Annonça-t-elle à voix haute alors qu’elle avait eu l’intention de le faire en sourdine.

Elle se passa la main sur son visage. Aucun risque qu’elle mette en miette son maquillage, vu qu’elle n’avait pas eu le temps de passer par cette case. Décidément, elle n’était pas pressée de connaitre la fin de la journée.

- Naé, c’est… Commença Johanna.

- Connor ! Termina la métisse.

Même si elle ne savait pas où ils en étaient tous les deux, elle ne pouvait pas le laisser s’emporter. Pas à cause d’elle, en tout cas. Il avait dû assister à la scène comme la plupart des autres lycéens. Elle voulut se lever mais ne le fit pas. Voyant le regard interrogateur de Jordan, elle lui expliqua la situation :

- Je suis vraiment désolée pour la bagarre, pour ton premier jour ! dit-elle avant de poursuivre : Au moins, tu t’en souviendras un moment. Elle se leva et l’invita à la suivre. Viens, je t’explique la situation en chemin.  La fille qui est venue m’avertir c’est l’une de mes amies, tu verras tu vas l’adorer. Elle est venue me dire que c’était Connor qui était en train de se battre.

Elles finirent par arriver sur les lieux. Un désastre. Connor ressemblait bel et bien à un guerrier des Highlands, il ne lui manquait plus que le maquillage sur le visage, les deux tresses de chaque côté de son visage et le kilt de son clan. Naëlle avait cru le voir en colère à plusieurs reprises mais elle s’était trompée. Là, il lui faisait même peur.

- Jo, Suzan ! Je vous confie ma nouvelle copine, Jordan ! C’est son premier jour chez les fous !

Les deux autres jeunes femmes encadrèrent la petite nouvelle : elle allait faire partie de leur petite bande. Pendant ce temps, Naëlle entra dans la mêlée. Même pas peur.

Même pas peur, pourtant elle était en train de trembler. Elle n’avait pas peur pour elle, c’était pour Connor. Il avait eu des accès de colère devant elle mais il ne lui avait pas fait aucun mal. Il s’était toujours contenté de lui faire peur.

Elle arriva vers les deux garçons. Naëlle n’aurait pas hésité à se mettre entre eux si elle avait eu assez d’espace pour le faire.  

- Connor ! fut la première chose qu’elle prononça.

Des gens essayèrent de virer Naëlle pour lui éviter de prendre un coup, ou alors parce qu’elle leur gâcher la vue.

- Derek, je serai toi je me casserai ! Sauf si tu veux que ta jolie petite gueule s’apparente à de la viande hachée ! Informa-t-elle le second boxeur. Enfin, je dis ça mais personnellement je m’en fous de ta tronche !

Même si elle avait l’air d’être sûre d’elle, Naëlle n’en menait pas large. La jeune femme avait peur de se pendre un coup perdu, ou même de se retrouver comme bouclier humain de la part de Derek. Elle savait également qu’elle était en train de s’afficher devant la quasi-totalité des lycéens à l’heure qu’il était. Ceux qui ne savaient pas qu’il y avait – eu – quelque chose entre l’Anglais et la métisse, maintenant ils étaient au courant. Enfin, elle pencherait plus pour le fait qu’elle allait paraître pour plus folle qu’elle ne l’était. C’était ça d’avoir une mère internée.

En agissant de la sorte, elle n’espérait pas que Connor lui tombe dans les bras. Elle n’était pas entièrement idiote non plus. Elle avait juste tenté de lui éviter des ennuis, comme se voir renvoyer de l’établissement scolaire. Voir même pire, loin d’elle. Oui c’était égoïste de sa part mais bon, elle ne faisait pas de mal vu que personne n’avait connaissance de cette pensée.

Ne prêtant aucune attention à ce qui se passait dans la cantine, Naé quitta la salle. Trop de monde. Beaucoup trop à son gout. Pendant que Derek se faisait conduire à l’infirmerie par sa copine et deux copains, d’autres lycéens tentaient de remettre de l’ordre dans le self. Le Proviseur avait dû être averti, tout comme les surveillants. Il n’y avait pas de doute qu’elle serait une nouvelle convoquée dans le bureau de ce dernier afin de donner sa version des faits.

- Tu vois Jordan, commença la pipelette de service : Ces deux idiots sont fous amoureux l’un de l’autre mais ils sont trop butés pour le reconnaitre.

Pendant ce temps-là, Suzan rattrapa Naëlle pour ne pas la laisser seule. Elles se connaissaient depuis leur enfance et elle ne l’avait jamais vu se conduire ainsi.

- Naé, ça commence à bien faire ! Tu vas enfin parler ? Comment on peut t’aider si tu ne nous expliques pas ? L’interrogea la dénommée Suzan. Et je suis désolée si on t’a laissée croire le contraire.

Jo qui était restée avec leur nouvelle amie était toujours en train de faire des commentaires. Elle ne parlait pas très fort pour mettre Jordan dans la confidence afin qu’elle puisse comprendre la situation. Du moins un peu mieux.

- Il faut savoir que le jour de leur rencontre, Naëlle a accusé Connor de viol ce qui lui a valu pas mal de souci, elle se tut quelques instants pour laisser à Jordan le temps de digérer les infos. A cause de ça, ils n’ont pas arrêtés de se faire la guerre. Et puis, je suis arrivée dans l’équation. En gros, je me suis tapée Connor dans le dos de Naëlle. Bah oui, il fallait bien que je teste avant, tu comprends. Elle fit un clin d’œil à Jordan avant de poursuivre. Quoi qu’il en soit, on ne faisait rien de mal vu qu’on était célibataire. Enfin bref, quand j’ai compris que j’étais de trop je me suis effacée. Quoi que depuis, j’essaie de leur comprendre qu’ils sont des idiots, conclua-t-elle.

Naé finit par s’arrêter devant la porte de la cantine. En fait, elle avait tourné en rond dans les couloirs sans vraiment y porter attention. Elle n’avait eu qu’un seul but, marcher pour se vider la tête et autant dire que ce fut un échec total.

- J’aimerai qu’on change de sujet ! Je ne veux pas parler de moi, encore une fois ! C’est mon problème ! Elle lança un regard d’avertissement à ses deux meilleures amies.

Johanna gloussa de rire, ce qui signifiait chez elle qu’elle irait chercher les informations dont elle avait besoin ailleurs.

- Intéressons-nous à notre nouvelle copine, Jordan ! Annonça-t-elle en prenant celle-ci par le bras et en retournant dans le self pour s’asseoir à leur table, avec cette fois Suzan et Johanna. Alors c’est comment Las Vegas ? Comme à la télévision et les bouquins ?

Si elle avait eu vent de la petite histoire de Johanna, Naé aurait de son mieux pour la faire taire. Non seulement elle avait profité que Suzan soit en train de lui parler pour le faire mais en plus, elle avait réellement fait un résumé avec des détails qu’elle aurait mieux fait de taire. C’était à se demander si elle réfléchissait avant d’ouvrir la bouche. Toutefois, la métisse ferait en sorte d’éclaircir la situation quand elle serait seule à seule avec Jordan, de façon à tout lui expliquer dans les détails. Du moins du mieux qu’elle pourrait, même s’il y avait de forte chance pour que la petite nouvelle ait du mal à la croire parce qu’il fallait bien dire qu’on avait un peu de mal à savoir ou s’arrêtait la réalité de la fiction.

Même si elle n’avait aucune idée de ce qu’avait fait Jo, Naëlle ne pouvait pas faire comme s’il ne s’était rien passé à la cantine. Il était clair qu’elle aurait des réponses à donner sur la bagarre, sur Connor et elle ne savait pas trop quoi encore.

Pour elle, le plus important était de détourner l’attention de ses deux copines sur Jordan, afin d’apprendre à la connaitre. Certes, ce n’était pas très discret mais elle s’excuserait plus tard, si sa nouvelle amie venait à lui faire des reproches. Et puis, ça leur permettrait d’en apprendre d’avantage sur la ville des lumières, des jeux d’argent et etc…

- Mais c’est comment de vivre là-bas ? Insista Johanna.

En entendant la question de son amie, Naé se contenta de lever les yeux au ciel pour faire comprendre à Jordan qu’elle n’avait pas à y répondre si elle n’en avait pas envie. Après tout, pourquoi se confierait-elle à trois filles qu’elle venait à peine de rencontrer ? Dont l’une d’entre elle aimait raconter toutes sortes d’histoire. La seconde qui sautait dans la fausse au lion sans réfléchir. Et la dernière, était probablement la plus sage des trois.

- Les filles vous êtes sage avec Jordan, déclara Suzan en se levant. Ce n’est pas que je m’ennuie avec vous mais j’ai mon cours de théâtre, plus tard !

- Je te fais la traduction, enchaina Johanna : Notre amie Suzan est raide dingue du metteur en scène, c’est un étudiant mais je n’en sais pas plus ! Finit-elle par dire en levant les épaules.

Naëlle savait qu’elle avait tenté de jouer les détectives mais qu’elle n’avait rien pu obtenir comme informations. Tout comme elle avait questionné Suzan, mais elle était trop forte pour ne pas laisser échapper une seule donnée potable.

- Ne l’écoute pas ! Dit Naé à la nouvelle. Pourquoi tu as quitté Las Vegas ? Enfin, si ce n’est pas trop indiscret comme question. Et n’hésites pas à nous en poser des questions, si tu en as, hein !

Oui, autant essayé de la mettre à l’aise du mieux qu’elle le pouvait. Naëlle était probablement le mieux placée pour savoir ce qu’on ressentait dans ce genre de situation.

Il était vrai que c’était un peu déroutant de s’entendre dire que la vie à Las Vegas était tout ce qu’il y avait de plus normal. Pour Naëlle, la vie là-bas ressemblait plus aux paillettes, les salles de jeux, la vie la nuit, les mariages express avec Elvis comme marieur.

La jeune métisse faisait de son mieux pour donner le change mais elle jetait des coups d’œil à la porte pensant que ça le ferait revenir. C’était un peu comme si elle croyait encore au Père Noël ou à la Petite Souris. Comme si elle avait un certain magnétisme pour le faire revenir. Heureusement qu’elle pouvait compter sur ses amies pour faire diversion, poser des questions, parce qu’elle avait la tête ailleurs. Néanmoins, elle prenait la parole au bon moment, même si elle répétait les questions déjà posées.

Ceci dit, Jordan finit par expliquer la raison de sa venue à New York. Et dire que les trois copines ignoraient pour l’heure qu’elle avait un lien de parenté avec Caroline Baker.

- Honnêtement je te trouve courageuse d’avoir pris cette décision ! Dit la jeune femme.

Il fallait avouer que ce n’était pas évident, tout quitter du jour au lendemain pour une autre vie, une autre ville et se faire une petite place aussi bien au lycée que dans la vie de son père. Tout comme il était normal qu’elle aille voir ailleurs si l’herbe était fraiche pour ne pas à devoir vivre avec un homme qu’on ne supportait pas. Même si elle ne pouvait pas se mettre à sa place, elle pouvait tenter d’imaginer.

Naé était contente de se faire une nouvelle copine. Une personne qui pourrait voir une autre jeune femme que les autres lycéens. Bien sûr, elle pourrait ne pas l’apprécier au final mais c’était la vie. Puis, elle y était habituée aujourd’hui qu’on la regarde de haut et qu’on l’appelle « Cendrillon des temps modernes ». En revanche, elle avait un peu plus de mal avec la situation quand elle affectait ceux qui lui étaient proche, notamment Connor qui avait du mal à se contenir face à leur comportement.

- N’hésite pas à demander de l’aide si tu as besoin de moi pour la déco de ta chambre ou faire du shopping ! Lança Naé. Et pour voir les cours qu’on a eu jusqu’à présent afin de savoir si tu les as déjà étudiés ou pas.

Naëlle savait que d’un état à l’autre, les chapitres d’histoire et des autres matières n’étaient pas abordés au même moment. Elle trouvait donc normal de lui montrer ses notes pour qu’elle puisse avoir une idée et aussi qu’elle rattrape son retard, si elle en avait.

La lycéenne écouta la question de sa nouvelle amie, et prit le temps de réfléchir à la question. Elle ne voulait pas lui faire peur en lui répondant, ni lui mentir sur le sujet.

- Rassures-toi, je suis l’attraction principale du bahut ! C’était un fait. Disons qu’ils aiment bien me rappeler que je ne fais pas partie de leur milieu et que je suis ici grâce au père de Suzan, que je suis boursière. Certes ce n’était peut-être pas la meilleure solution, d’autant plus qu’elle ignorait la situation de Jordan et de son entrée au bahut. Et bien sûr, ils font des soirées mais je n’ai jamais d’invitation. Enfin, ce qu’ils ignorent c’est que ça ne me fait rien, je préfère rester chez moi que d’être le bouc émissaire de la soirée.

Toutefois, elle n’avait pas d’inquiétude à avoir au sujet des snobinards du lycée. Ils enquiquinaient rarement les autres lycéens dans la situation de Naëlle. Ou alors, ils étaient beaucoup plus discret et qu’ils n’avaient jamais fini dans le bureau du proviseur ni écopés de retenues pour avoir accusé quelqu’un de viol.

- Après c’est comme dans tous les lycées, les populaires d’un côté, les geeks de l’autre, et ainsi de suite !

Même si elle venait à apprendre que l’histoire de Jordan était fausse, Naé ne reviendrait pas sur sa déclaration. Il fallait du courage pour faire ce qu’elle avait fait, tout quitter pour tout reconstruire. Il en fallait du courage pour s’effacer et laisser à sa mère la chance de refaire sa vie. Au moins, elle préservait sa relation avec sa mère en agissant comme elle l’avait fait.

Mais ce n’étaient que des suppositions vu que Naëlle et ses copines, l’histoire officielle était qu’elle était partie parce qu’elle ne supportait pas son beau-père. Néanmoins, ça revenait au même avec la vérité, à un détail prés.

La métisse proposa son aide à la nouvelle, c’était une façon comme une autre de lier une amitié. Comme proposer son aide pour diverses petites choses, même les plus anodines comme les cours déjà traités en classe.

- Le plus serait que tu viennes à la maison pour y jeter un coup d’œil, déclara Naé. Tu me diras quand ça t’arrange de venir, annonça la jeune femme.

Oui, c’était plus facile de laisser le choix du jour et de l’heure à l’autre personne. Mais il fallait admettre qu’une idée était en train de germer dans l’esprit de Naé, ça pourrait être bien pour lier d’avantage connaissance de se faire une soirée pyjama entre fille, un weekend, avec la traditionnelle séance de maquillage, de matage de films à l’eau de rose, à parler garçons et expériences. Sans oublier les bonbons à gogos et toutes les autres sucreries.

De fil en aiguille, Naé vint à parler du lycée et du comportement de certains autres de leurs camarades. Certes, la peinture qu’elle avait dressé n’était pas fleurissante mais bon, ça ne servait à rien à de mentir ou d’édulcorer sur le sujet. Autant prévenir que guérir.

- Rassures toi, il n’y a que les fils à papa qui se le permettent ! Précisa Naëlle. Tu sais ceux qui savent qu’avec un petit chèque l’histoire est entérinée.

Enfin, il y avait peu de chance qu’on s’en prenne à elle. Les emmerdeurs professionnels avaient déjà de quoi s’occuper pour les prochaines. Et encore, elle ignorait à quel point à ce moment-là. Toutefois, elle avait une petite idée de la chose étant qu’elle voyait ce que Naé voulait dire.

- Oui en quelque sorte mais les filles sont invitées à toutes les soirées organisées. Tu auras peut être la chance d’y être conviée, déclara Naé. Je serai toi, si l’occasion se présente j’irai au moins une fois avec elle, mais en tout cas tu es la bienvenue parmi nous.

Ce n’était pas parce qu’on oubliait de poster son carton d’invitation, que ses amies n’avaient pas le droit d’y aller. Suzan y allait de temps en temps parce que le vendredi c’était le soir ou elle s’occupait de son petit frère. Quant à Johanna, elle avait souvent une autre soirée de prévue, sauf quand elles décidaient de se faire une soirée entre filles.

- Dites, ça vous plairait qu’on se fasse une soirée pyjama un week-end ?