La curiosité est un vilain défaut... Ou pas... [Terminé]

Les cours avaient enfin pris fin. Naëlle n’en était pas mécontente, il fallait bien l’avouer. Elle avait énormément de mal à suivre, sans oublier qu’elle avait aussi beaucoup de cours à rattraper. En début d’année scolaire on l’avait menacée de retourner en seconde, aujourd’hui il y avait de forte chance qu’elle ne passe pas en Terminal comme ses amis. Quoi qu’il en soit ce n’était pas le moment d’y songer, elle verrait le moment venu. Elle n’en était plus à un bouleversement de plus pour cette année.

Elle franchit les portes du Starbuck. En y réfléchissant, ça faisait un moment qu’elle n’y avait pas mis les pieds et qu’elle n’avait pas revu Tyler. Mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle avait pris cette direction. En effet, un peu plus tôt dans la journée, elle avait trouvé un mot dans son casier où il y avait écrit de venir ici après les cours. La requête ayant été imprimée, la jeune femme n’avait pas eu la chance de reconnaitre l’écriture de l’expéditeur. Sa décision aussi n’avait pas été facile à prendre : un coup elle avait décidé d’y aller et cinq minutes après, elle n’en avait pas l’intention. Pourquoi ? Certainement parce qu’elle n’avait aucune idée de l’expéditeur. Ça pourrait être n’importe qui : le dealer de Natéo pour réclamer de l’argent, une personne qui voudrait profiter de sa naïveté ou autre. Toutefois, il pouvait aussi s’agir d’une erreur, qu’on se soit trompé de casier et qu’elle n’en soit pas destinataire.

La lycéenne s’inséra dans la file d’attente. Il devait avoir trois ou quatre clients devant elle. Quand ce fut à son tour, Naé commanda un thé et un muffin au chocolat comme à son habitude. Ensuite elle s’installa à une table libre comme demandé dans la missive parce que l’individu la connaissait.

La jeune femme aurait dû en parler à quelqu’un et demander à ce qu’on l’accompagne, même si cette personne prenne place à une table ou deux d’écart. Mais non, Naé ne l’avait pas fait parce qu’elle ne voulait pas que les personnes qui lui étaient chères se retrouvent en danger par sa faute. Du moins, si danger il y avait. Naé finit par s’asseoir puis regarda sa montre, elle donnait une heure au maximum à son interlocuteur pour se manifester avant de rentrer chez elle.

Dans deux heures Virgile allait commencer son service de la soirée. Il avait du coup encore le temps de faire un tour en ville avant de se rendre au bar pour commencer à se préparer et tout ça. Du coup il s'était retrouvé à se promener sans but précis. Juste histoire de marcher un peu, fumer une clope ou deux avant d'entrer dans un Starbuck. Le premier café quelconque aurait tout aussi bien fait l'affaire cela dit. C'était juste histoire de tuer un peu le temps avant d'aller gagner sa croûte. Une fois à l'intérieur, il commanda un café et alla se poser à une table libre. Il retira son manteau qu'il posa sur sa chaise, jugeant qu'il allait mourir de chaud s'il le gardait. Rester en chemise sous un pull fin faisait parfaitement l'affaire ici.

Posé tranquillement, Virgile ne fit rien d'autre que de boire une gorgée de son café tout en lisant ses messages ou ses mails. Rien de très intéressant en fait. Si ce n'est une petite fête chez un ami vendredi prochain qui promettait d'être sympa. A part cela, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Des conneries d'un autre pote, un autre qui disait qu'il s'était encore fait larguer, bref, la routine malgré tout. Il releva enfin la tête pour regarder un peu ce qui se passait autour de lui. Rien d'extraordinaire non plus. Des gens normaux buvant leur boisson ou mangeant leur encas, seuls ou accompagnés.

Puis, son regard se posa sur la brune, à la table à coté de la sienne. Elle semblait agitée, c'est sûrement pour ça qu'il la remarqua. Une jeune femme brune. Peut être encore étudiante. Vaguement il pensa à un premier rencard amoureux. Mais il y avait un truc dans sa façon de s'agiter qui n'avait rien à voir avec l'excitation d'un rendez-vous de ce genre la. C'est en la voyant regarder sa montre une énième fois qu'il se décida à lui adresser la parole.

Vous avez l'air bien agitée.

Constata t-il. Peut être ne lui apprenait-il rien en disant ça. Et puis qu'est ce qu'un inconnu avait à lui dire de tout de façon. Enfin, il ajouta aussi :

Votre rencard n'est pas du genre ponctuel ?

Bien qu'il pensait que ce n'était pas la nature du rendez-vous que devait avoir la jeune femme. Oui, ça ne le regardait pas vraiment.

Naëlle n’était absolument pas nerveuse. Même pas un tout petit peu. A dire vrai, elle aurait eu l’air de Pinocchio mais au féminin grâce à ce mensonge, même s’il n’avait pas été énoncé à haute voix. La jolie métisse était vraiment stressée parce qu’elle ignorait dans quoi elle s’était embarquée, ni pour le fait de n’avoir avertie personne pour qu’on vienne à sa rescousse si c’était un piège qu’on lui avait tendu.

Cependant, elle était rassurée sur le fait qu’elle se trouvait à l’intérieur d’un café. Un endroit où ils y avaient du monde et qu’il faudrait être vraiment cinglé pour s’en prendre à elle. Même si elle avait conscience que souvent il se passait des tragédies dans des lieux aussi bondés.

Mais qu’est-ce qui lui avait pris de venir ? La curiosité. Elle voulait savoir qui était l’auteur de la missive. Comme savoir si elle lui avait été adressée ou non. Autant dire, qu’elle avait son cœur qui se mettait à battre plus vite dès qu’une personne franchissait les portes, et un peu plus vite quand on s’approchait de sa table. Qu’il s’agisse de personnes de sa connaissance, lycéens en majorités, et d’inconnus.

Elle sursauta quand le blond assis à la table voisine lui adressa la parole. Elle ne saurait dire comment elle avait réussi à entendre ce qu’il lui disait parce qu’elle entendait son cœur battre dans sa tête et ses oreilles. Naé réussit tant bien que mal à ne pas regarder autour d’elle, juste pour s’assurer qu’il lui parlait bien à elle. Elle aurait eu l’impression d’être encore plus agitée en faisant cela.

Honnêtement, elle n’était pas rassurée par la situation. Un inconnu qui lui parlait, qui lui posait des questions. Petite on lui avait bassinée les oreilles « On ne parle pas aux inconnus ! », et dans un autre registre « Naëlle, si un monsieur veut te donner des bonbons, tu refuses et tu pars dans la direction opposée ! ». Aujourd’hui, elle n’avait plus 4 ou 5 ans et pourtant elle avait presque envie de suivre ses conseils mais étant Naé, elle ne put s’empêcher de répondre à la question posée :

- En même temps, je ne suis pas certaine que ce soit moi la destinataire du message.

Elle finit par sortir la lettre – froissée – de sa poche et la tendit à son voisin de table. Pour se justifier même si elle n’avait pas à le faire.

- Je l’ai trouvée dans mon casier ce matin et comme il n’y avait pas le nom du l’expéditeur, je voulais savoir si elle m’était adressée ou non, elle ignorait si elle était claire dans son explication vu qu’elle avait l’impression de s’embrouiller toute seule. Maintenant que je suis ici, je regrette de n’avoir mis mes amis dans la confidence, ça pourrait être n’importe qui !

Finalement, la jeune femme lui répondit. Elle lui parla alors de ses doutes quand à être la destinataire d'un message. Un message ? Oh bah, voilà qu'elle lui montrait même ce mot. Il le prit alors pour le lire. Une invitation à se rendre ici. Un message anonyme bien entendu. Il lui rendit en écoutant la suite de l'histoire. Ah c'était bien une étudiante si elle avait trouvé le mot dans son casier. Etudiante ou bien lycéenne, l'un ou l'autre, il voyait mal ou on laissait des mots dans des casiers. La jeune femme avait des doutes quand à être la réelle destinataire de ce message. Du coup elle était la pour en avoir le coeur net. Et visiblement, elle n'était pas tout à fait rassurée.

Effectivement, ça pourrait être n'importe qui. Mais si ça peut vous rassurer, vous êtes dans un lieu public, il y a moins de risque qu'il vous arrive quoi que ce soit.

Si le rendez-vous avait été donné dans un parc par exemple, surtout en hiver, il y a moins de gens. Alors qu'un café, c'était moins risqué. Donc les intentions de l'expéditeur ne pouvaient pas être totalement mauvaises pas vrai ? Et comme dit, il y avait plein de gens autour. Généralement ça suffisait à dissuader. Parce qu'après ça ne veut pas dire que les gens autour lèveraient le petit doigt pour vous aider. Bref, il ne pensait pas qu'une telle chose allait se produire ici.

Et puis qui sait si ça se trouve vous êtes vraiment la destinataire du message ?

Proposa Virgile. Hé qui sait ? C'est mignon ça, les petits mots envoyés en cours ce genre de choses. Et les petits mots dans les casiers. Ne vous méprenez pas, il y avait le droit aussi. Généralement des mots de filles transies pour son coté bad boy. Si ça pouvait les faire craquer, ce n'était pas qu'un coté chez lui.

Peut être un admirateur secret qui s'est décidé de vous déclarer sa flamme ?

Lui dit-il avec un sourire. Ah ce serait mignon non ? Il allait bien suggérer le fait qu'elle aurait pu causer du tord à quelqu'un, mais dans ce cas la, on ne donne pas vraiment de rendez-vous dans un café. Enfin, logiquement non. Après sa logique à lui n'est pas celle des autres de tout de façon.

Autant dire, qu’elle était complétement frappée. Déjà, elle était venue ici pour rencontrer la personne qui avait glissé ce mot dans ce casier. En plus, elle n’avait aucune pudeur à balancer sa vie à un inconnu. A croire que les leçons de morales de ses parents, de Noé et Nat quand ils avaient joué le rôle de ses parents par la suite, elle ne les avait jamais écouté. Un jour, ça lui attirerait des ennuis, et pas qu’un peu. Elle risquait de finir entre les mains d’un violeur doublé d’un tueur en série, et il y aurait des enquêteurs comme ceux d’Esprits Criminels pour élucider son meurtre.

Elle était vraiment cinglée d’avoir de telles pensées alors qu’elle avait plus ou moins la trouille. Pour ne pas dire, qu’elle était complétement flippée.

Heureusement pour elle, que son voisin – le blondinet de la table voisine - ne l’envoya pas bouler comme si elle était une emmerdeuse de première. Il fallait bien l’avouer, Naé l’était et pas qu’un peu. Tout le monde vous le confirmera. Tout ça, parce qu’elle était la petite dernière de la tribu Sullivan, qu’elle avait presque dix ans d’écart avec l’ainée. En gros, elle avait été élevée comme une enfant unique. Enfin bref, là n’était pas la question.

Le beau blond – appelons, un chat un chat – tenta de la rassurer. Les mots qu’il prononça firent échos aux siens, avant qu’ils ne prennent une autre tournure dans son esprit.

- De nos jours, ça ne veut rien dire ! Dit-elle. Peut être qu’on a mis une drogue dans mon thé et qu’on attende qu’il fasse effet pour me violer dans les toilettes !

Elle savait qu’il n’en était rien vu que c’était Tad qui l’avait servi et que Tyler lui ferait la peau s’il tentait quoi que ce soit. C’était bien de savoir que Ty n’était pas très loin, il pourrait : la sortir de ce mauvais pas et lui passer un savon. Tout comme, elle n’aurait qu’à appuyer sur la touche « 2 » sur son portable, c’était le raccourci pour joindre Chris.

Pour le coup, elle n’avait qu’une envie : partir pour rentrer mais elle ignorait si elle irait chez elle ou rejoindre Connor. Il y avait fort à parier qu’elle n’arriverait pas à dormir sans les bras de son amoureux autour d’elle. Surtout qu’elle avait la certitude que le mot n’était pas de son Anglais, dire qu’elle avait gardé espoir jusqu’à présent.

Bref, elle fut attentive à ce qu’il lui dit ensuite. Comme quoi le mot était bel et bien pour elle, qu’il s’agissait d’un admirateur secret qui osait enfin se dévoiler.

- C’est pas faux ! Articula-t-elle. D’autant plus que mon copain est à l’université, donc ne sera plus tenté de cogner l’opportun.

Mais honnêtement, elle en doutait. Disons qu’elle n’était pas la plus populaire auprès des autres lycéens. Ils l’avaient surnommée « Cendrillon », parce qu’elle n’était pas née avec une cuillère en argent dans la bouche.

A la suggestion de la jeune femme quand au fait que quelqu'un aurait pu mettre de la drogue dans son thé pour la violer dans les toilettes, Virgile ne pu s'empêcher d'afficher un sourire fortement amusé.

Même si c'est un bon réflexe de se méfier, les rues ne pullulent pas de violeurs ou de gens mal intentionnés mademoiselle.

Oui c'était lui qui disait ça ! Et quoi ? Il n'avait jamais fait de mal à personne et n'avait jamais entraîné qui que ce soit dans ses travers. C'est pas parce qu'il avait certains vices qu'il était forcément un type à abattre non ? Enfin, pas de son point de vu. Quoi qu'il en soit, il doutait fortement que quelqu'un ait pu faire ça à la demoiselle.

Si quelqu'un avait voulu vous faire du mal, il aurait surement choisi un autre endroit. Je ne dis pas que, si c'est à vous que c'est adressé ses intentions sont complètement pures, mais pas non plus toutes noires.

Un truc comme ça. Non pas qu'il soit le pro dans ce genre de plan foireux, mais avec les gens avec lesquels il traînait, il en avait entendu des vertes et des pas mûres. Franchement, ce genre de trucs n'était pas pour lui. Peut être parce qu'il n'avait pas besoin d'avoir recours à des trucs aussi pitoyables pour s'envoyer en l'air. Enfin bref, il ne s'imaginait pas un seul instant un scénario aussi lugubre. Et pourtant, comme dit, il en avait vu des trucs … Mais n'y pensons pas. Elle parla ensuite du fait que si c'était bien un admirateur secret, dans ce cas son copain n'étant pas la, ne pourrait cogner la personne. Bah ça, c'était bien vu !

En effet, ça fait un soucis en moins, surtout si votre copain est du genre armoire à glace.

Ça a comme effet immédiat de faire renoncer beaucoup ! Ou même s'il se montre un tantinet brusque avec qui s'approche de trop près de sa douce, ça calme aussi. D'ailleurs, si elle était la, c'était peut être dans son dos ? Ouh la vilaine !

Je suppose qu'il n'est pas au courant de tout ça ? Votre copain.

Sûrement que non, sinon, il serait venu avec. Enfin, c'est ce qu'il pensait après ce que font les gens hein …

Autant dire, qu’elle était ridicule. Oui, c’était bien le mot : RIDICULE. Elle discutait avec un inconnu, ne connaissait nullement ses intentions envers sa personne et en même temps, elle disait qu’on lui avait mis de la drogue du violeur dans sa boisson. Un jour prochain, son tempérament lui jouerait des tours et tomberait sur des gens malintentionnés. Elle n’aurait que ses yeux pour pleurer, et encore si elle était optimiste, autrement ça serait les autres qui pleureraient sur sa dépouille.

La métisse sourit quand il lui parla de l’endroit choisi. Oui, ici il ne lui arriverait pas grand-chose. Elle avait un ange gardien qui veillait sur elle, du moins quand il était de service. Cet ange gardien l’avait toujours considérée comme une petite sœur, même quand elle s’était montée la tête et avait pris ses désirs pour la réalité. Autant dire que la chute avait été rude mais un Anglais avait été là pour la secourir. Plus exactement pour lui montrer le chemin menant à ses bras. Enfin bref, revenons à nos moutons.

Ceci dit, elle ne confirma pas les paroles du jeune homme. Non, elle chercha du regard Ty quand il passa à proximité. Le serveur lui fit la grimace, apparemment il avait dû voir son air anxieux et avait dû jeter un coup d’œil à celui qui lui parlait. En tout cas, elle savait qu’il n’irait pas cafter à Connor, parce que les deux hommes ne pouvaient se voir. Et à qui la faute ? Naëlle, il va s’en dire.

- Non, il n’a pas l’allure d’un quater back mais ses poings font des ravages. Genre un nez et un bras cassés, énuméra-t-elle au blond. C’était véridique, ça s’était réellement produit quand on s’était un peu trop approchée d’aller à son gout.

Elle aurait pu dire qu’il ressemblait à une grande saucisse mais ça n’aurait pas relaté la réalité. Connor était parfait à ses yeux, grand, costaud, des tablettes à se damner, un fessier qu’elle avait envie de croquer. Cela dit, sa beauté ne faisait pas tout. Elle aimait aussi son tempérament, il était doux, attentif, aimant, avec une forte personnalité, pédagogue, diplomate mais cela dépendait des situations.

Elle se sentit rougir quand il posa la question suivante. Oui, elle avait honte d’elle et de son imagination. Cela dit, elle lui répondit tout de même :

- Naïvement, je pensais que ça venait de lui ! Elle haussa les épaules avant de le mettre à jouer avec la touillette de son thé. Je m’étais imaginé qu’il avait remis ce mot à l’une de nos communes pour qu’elle le glisse dans mon casier.

*Et me faire la surprise de passer la soirée en amoureux !* ajouta-t-elle pour elle-même.

- Je dois vous ennuyer avec mes histoires d’ado, finit-elle par dire. Et encore elle s’était retenue d’ajouter « attardé ».

Bon, si le copain de la donzelle était du genre bagarreur, ça suffisait à calmer ! Il hocha la tête aux mots de la jeune femme :

Je vois, le genre de type à ne pas trop chercher c'est ça ?

Bon au moins, ceux qui voulaient s'en prendre à elle étaient prévenus ! Généralement ce genre d'histoire sur quelqu'un dissuade pas mal les gens. Enfin il y aura toujours des maso ou des suicidaires pour tenter le coup. Mais comme dit, il n'avait pas le sentiment que ce soit le cas aujourd'hui. Après il pouvait se trompait, mais sincèrement, il en doutait fort. Ah ouais, pas bête ! Virgile n'avait pas pensé que, peut être ça aurait pu provenir de son copain.

Ça semble romantique comme idée ...

Dit-il pensif. C'est vrai, faire la surprise à sa copine, ça peut être sympa. Enfin lui était célibataire et n'avait jamais eu de réelle relation sérieuse, donc, ne lui demandez pas de faire preuve de romantisme. Mais c'était rafraîchissant ces histoires d'adolescentes amoureuses. Il y avait un truc sympa, très candide la dedans. Ça changeait de son quotidien c'est clair ! C'est pas lui qui allait se demander si quelqu'un avait pu lui filer un rencard... Virgile secoua la tête négativement lorsque la jeune femme dit qu'elle devait l'ennuyer avec ses histoires.

Oh non, croyez-moi, si ça m'ennuyais je ne vous aurais pas adressé la parole.

Elle pouvait le croire, c'était pas le genre à faire semblant à s'intéresser aux gens quand ça n'était pas intéressant.

Et puis, c'est marrant votre petite histoire, même si je pense que je saurais jamais le mot de la fin, c'est le genre de petites choses qui égayent une journée. Vous ne croyez pas ?

Oui sauf si on s'imagine que c'est un potentiel psychopathe qui vous a donné rendez-vous ! Il est vrai que pour égayer sa journée, Virgile préférait tirer sur un joint que de se faire beau pour un éventuel rencard. A chacun son délire de tout de façon. Et puis ça changeait de ses histoires à lui, ou de celles qu'il entendait des fois ...

La demoiselle sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres. Il n’y avait pas dire, celui qui cherchait son chéri le trouvait, elle y comprit. Même s’il fallait l’avouer que bien souvent elle ne le faisait pas exprès de s’attirer ses foudres. Dire que dans quelques semaines, ça ferait un an qu’avait eu lieu leur toute première rencontre. Et pas des moindre, elle l’avait accusé de viol tout ça parce qu’il était suffisant, arrogant… Mais ils avaient l’un et l’autre récolté ce qu’ils avaient semé : retenu et travaux d’intérêts généraux pour le lycée ; privée de téléphone portable, d’ordinateur, de sortie, dès qu’elle avait franchi les portes de l’appartement familial.

- On peut dire ça, affirma la jeune brune.

Mais elle devait reconnaitre que c’était rassurant de savoir que quelqu’un veillait sur elle, même si elle détestait qu’il en vienne aux mains. A cause d’elle et de sa naïveté. Et elle n’ajouta rien à ce sujet parce qu’il n’y avait rien à dire de plus. Naé n’allait pas passer son temps à parler de son chéri, elle le faisait assez comme ça avec Chris ou Jake, ses deux grands frères de cœur.

Même avec cette bonne résolution, elle ne put s’empêcher de dire qu’elle avait espéré jusqu’à présent que le mot venait de son amoureux. Là, elle n’avait plus de doute ça n’était pas lui l’expéditeur. Connor était ponctuel.

- C’est tout moi ça, avoua-t-elle.

Naé était plus que romantique. Elle était comme ça, la faute aux Disney qu’elle affectionnait tant depuis qu’elle était enfant. L’inconvénient c’était que ça finissait toujours bien avec le « Ils eurent pleins d’enfants et vécurent heureux », alors qu’il n’en était rien dans les textes originaux. La Petite Sirène finit en écume, Esméralda meurt, tout comme Pocahontas. Elle rêvait qu’un jour son Anglais vienne la chercher au lycée avec un bouquet de fleur, sachant que ça ne se réaliserait pas. Néanmoins, elle n’était pas encore passée au stade de créer un book pour le mariage de ses rêves, avec la robe de mariée, celles des demoiselles d’honneur et tout le tralala. Non, la jeune femme ne savait pas si elle voulait passer par cette case « le mariage ».

Elle fut rassurée de l’entendre dire que ça ne le dérangeait pas de lui faire la conversation. Il avait eu le mérite qu’elle pense à autre chose et qu’elle cesse de gesticuler. En même temps, il aurait pu s’en aller ou lui envoyer sa boisson à la figure si elle était aussi casse-pied. Elle rit avant de pouvoir lui répondre :

- Je l’avoue mais je reconnais que je préférerais être spectatrice, lui dit-elle. Je comprends mieux le « on pense toujours que ça n’arrive qu’aux autres », et en même temps c’est idiot d’angoisser comme une malade pour rien au final.

Et ce n’était que la vérité. C’était débile de sa part, parce que rien ne disait que le mot lui était destiné.

- Je vous raconterai la fin de l’histoire si nous nous recroisons un jour, lui promit-elle alors qu’il y avait peu de chance que leur chemin se croise à nouveau.

Ah bon, elle était de ceux qui préféraient voir ? Bon faut de tout pour faire un monde non ? Bien que pour lui, il est clair qu'il préférait toujours être au coeur de l'action, au coeur de sa vie, à en être l'acteur principal. Certes sa vie pouvait être plutôt discutable, mais personne ne pourra lui reprocher de n'avoir rien fichu. Mais c'est sûr que c'était moins méchant cette histoire de petit mot déposé dans le casier. D'un coté, tant mieux.

Bah, ça vous fera une petite aventure à raconter à vos amis !

Amis ou autres. Ça faisait la petite aventure de la journée, ça faisait un peu de changement dans un quotidien souvent trop ennuyeux. Personne ou presque n'échappe à la routine. Lui non plus n'y échappait pas. Hélas … Il eu un petit sourire amusé aux paroles de la jeune fille. Ce serait amusant en effet qu'à leur prochaine entrevue, elle lui raconte la fin de l'histoire.

Pourquoi pas, ça pourrait être marrant.

De savoir la suite des aventures de la jeune femme, si suite il y a.

Même si, ce serait un sacré hasard que nous nous croisions une deuxième fois.

Avoua t-il. C'est vrai, ils ne devaient pas traîner dans les mêmes coins... Lui avait l'habitude des coins craignos en tout genre, la ou il pouvait se procurer sa dose... Et elle, devait jongler entre ses cours, son copain, ses copines, ce genre de choses quoi ! Ils ne risquaient pas de se croiser au salon de manucure du coin. Seulement dans un lieu totalement neutre, comme ce café.

Sauf si votre mystérieux rencard se pointe dans la demi heure, je doute avoir un jour le fin mot de l'histoire.

C'est qu'il devait aller bosser aussi après !

Oui, ça lui donnerait une histoire à raconter. Elle commencerait par la plus insouciante du lot : Johanna. Elle était bon public, toujours prête à rire et cette dernière aurait tenté de jouer les détectives pour connaitre le fin mot de cette histoire. Tout comme elle serait une bonne alliée pour prendre sa défense quand elle viendrait à la conter aux autres : Jordan, Suzan, Connor, etc… Les uns la traiteraient de folle, les autres lui feraient promettre de ne plus recommencer. Après l’avoir réprimander, ils lui demanderaient qui la personne qui avait glissé cette note dans son casier.

Elle n’ajouta rien parce qu’il n’y avait rien à dire de plus. La jeune femme lui promit de lui raconter la fin de l’histoire, si le hasard fait que leur chemin se croisait à nouveau. Après tout, elle le lui devait vu qu’il avait eu la gentillesse de lui tenir compagnie.

- La vie est pleine de surprise, fut ce qu’elle répondit.

Que les surprises soient bonnes ou mauvaises, elle en réservait à tout à chacun tout au long de leur vie. Ou alors, c’était ce qu’elle se disait pour traverser les moments pénibles. Elle croyait aussi qu’il y avait une raison qui faisait que les choses se produisaient. Pour rééquilibrer la balance. Je vous ai déjà dit que Naé regardait un peu trop la télévision, que ce soit des films ou des séries. Vous en avez à nouveau la preuve…

- Les embouteillages, les embouteillages, s’amusa-t-elle à dire.

Il suffisait de regarder par la vitre du café pour voir que les gens quittaient leur lieu de travail, créant des bouchons en ville. Au lycée, il en était de même vu que tout le monde ne terminait pas à la même heure, ce qui voulait dire : qu’il y avait la queue pour pouvoir quitter l’établissement scolaire.

Les deux jeunes gens échangèrent encore quelques banalités, comme le temps, les derniers résultats sportifs, à savoir s’il aurait un Noël blanc cette année, etc… Quand un garçon s’approcha de la table de la jeune femme. Il avait dû courir depuis le bahut parce qu’il était tout rouge et essoufflé.

- Salut Naé, Monsieur, dit-il à l’adresse de Virgile. Je suis en retard, j’avais rendez-vous avec Suzan. Il se mit à rougir, comme si c’était possible vu qu’il était déjà rouge pivoine. J’ai glissé un message anonyme dans son casier ce matin.

La jeune femme ressortit le mot de sa poche, pour le montrer au nouveau venu.

- David, c’est dans le mien que tu l’as glissé ! lui dit-elle. Celui de Suzan, c’est celui en dessous du mien.

Le dénommé s’excusa encore cinq bonnes minutes avant de prendre congés d’eux. La jeune femme se tourna vers le beau blond.

- Je ne pensais pas qu’il avait le béguin pour Suzan, j’ai toujours cru qu’il en pensait pour Johanna, mit-elle Virgile dans la confidence.

Finalement, l’un et l’autre auraient eu le fin mot de cette histoire.

Finalement, un homme entra dans le café. Enfin un homme, disons plutôt un jeune homme. Genre un lycéen. Mais pour ce dernier point Virgile n'en fut que sûr une fois qu'il se dirigea vers eux, ou plutôt vers la jeune femme. Oh et bien finalement il allait avoir le fin mot de l'histoire de cette petite aventure. C'était cool. Mais il devait dire qu'il était un peu déçu. Le type s'était visiblement trompé de casier, ce n'était pas celui de la jeune femme, Naé apparemment, mais d'une autre fille qu'il visait. Naturellement Virgile ne dit rien durant le petit entretient entre le type et la jeune femme. Lorsqu'il s'en alla, la Naé lui dit qu'elle était étonnée de savoir qu'il en pinçait pour une fille.

Au moins vous aurez appris quelque chose ! Et qui sait, peut être pourriez-vous jouer les entremetteuses. Enfin si vous en avez l'envie bien sûr.

Parce que ça, c'était pas quelque chose que lui même allait un jour faire. Ou du moins pas si ça concerne son meilleur ami ou quelque chose comme ça. Peut être était ce le genre de la jeune femme que d'arranger les histoires entre les gens, ou bien se contentera t-elle d'observer cette histoire de loin.

Et finalement, ce n'était rien de méchant, juste un type qui voulait déclarer sa flamme !

Fit Virgile en soupirant. Pas un soupir déçu. Une petite histoire d'amourette comme on fait plus ces derniers temps. Du moins il n'en voyait pas à tous les 4 coins de rue. Bon ce fut marrant en tout cas de suivre cette petite affaire il ne pouvait dire le contraire. Quoiqu'il y avait un dernier truc qui le turlupinait :

Naé ?

C'était chelou comme prénom non ?

C'est votre prénom ou un diminutif ?

Après ça avait le mérite d'être original.

Il aurait pu être marrant que Virgile prenne la parole durant l’entretien qu’elle eut avec David. Mais il était resté sans rien dire, à l’écoute de ce que les deux lycéens étaient en train de se dire. En même temps ce n’était pas vraiment un secret. Un garçon qui a le béguin pour une fille et qui lui donne un rendez-vous anonyme. C’était comme les fameux petits mots qu’on se donnait à l’école primaire avec les cases à cocher, on écrivait dessus un papier « Est-ce que tu veux être mon amoureux ? » et un dessous il y avait une première case avec oui juste en face, idem pour le non juste en dessous.

Naé ne put s’empêcher de dire qu’elle était étonnée de voir que son camarade de classe avait le béguin pour Suzan. Elle l’avait toujours vu faire les yeux doux à Johanna, probablement pour tenter une approche.

- Effectivement, je me coucherai moins bête ce soir ! Reconnut-elle. Ça pourrait être marrant mais généralement quand on se mêle d’histoire de cœur, ça finit par nous retomber dessus. Même si l’idée était tentante, elle s’abstiendrait de faire quelque chose. Enfin, il n’a vraiment pas de chance parce que Suzan s’est trouvée un copain durant l’été !

L’amie de Naé avait trouvé un amoureux et elle le cachait jalousement. Du moins, pour le moment parce qu’elle avait promis à ses deux amies de leur présenter son chéri, quand elle serait prête. Cependant, elle ne put s’empêcher de se dire qu’elle ne pourrait pas faire autrement que de suivre les aventures de David. S’il arriverait à donner à nouveau rendez-vous à sa copine d’enfance, si cette derrière irait sans leur en parler. Et comment le jeune homme réagirait quand il apprendrait que la belle Suzan n’était plus un cœur à prendre.

Elle se mit à rire quand elle entendit la phrase qui suivit :

- Oui, et je crois que le plus choqué deux, c’est David ! Le pauvre, il s’attendait à voir la fille qui le fait craquer et c’est moi qu’il trouve à la place !

Elle espérait juste qu’il n’en ferait pas des cauchemars, ni qu’il se mette en tête qu’elle en parlerait à qui conque. Non, elle ne se moquerait pas de lui parce que ça risquerait de lui porter un coup dans sa confiance en lui.

Le jeune homme lui posa une question pour savoir si Naé était son prénom ou non.

- C’est le diminutif pour Naëlle, lui répondit la jeune femme. Bien que je m’appelle en réalité : Naëlle Iris.

C'est avec cette petite histoire que Virgile tilta que pour sa part, il n'avait jamais véritablement vécu ces histoires de lycéens, pas du moins celles ci. Pas celles simples et toutes mignonnes, qui font un peu battre le cœur. C'est pas pour se la péter, mais il n'avait pas souvenir d'avoir véritablement cravaché pour draguer une fille et la conquérir. Certes elles ne lui mangeait pas dans la main, mais pour lui ce n'était pas une aventure périlleuse. Et puis, à l'époque du lycée, c'est la aussi qu'il avait commencé à mal tourner. C'est la qu'il avait commencé à fumer et à boire, à fréquenter des mauvaises personnes … tout ça tout ça quoi ! Alors, il écouta avec amusement la petite histoire.

Et bien ce pauvre mec n'a pas eu de chance alors ! Ou bien était ce un signe, comme quoi cette fille n'était pas pour lui.

A voir ! Si déjà l'élue de son cœur avait un copain entre temps, et qu'il s'était trompé de casier, peut être que tout cela voulait dire : mec cette fille n'est pas pour toi ! Virgile un un léger rire quand la jeune femme dit que ce pauvre David devait être le plus choqué des deux pour la trouver elle et non pas la fille dont il rêvait.

C'est clair et y'a fort à parier qu'il a dû stresser durant tout le trajet ! Pour finalement repartir bredouille, c'est un peu con.

Mais bon, c'est la vie. Et puis au moins, il n'y avait plus d'histoire de type louche qui en aurait voulu à la jeune femme. Une petite anecdote sympa à raconter. Ah, alors c'était Naëlle. Naëlle Iris. Oh c'était chouette en fait.

C'est plutôt original comme prénoms. Naëlle... Original et joli.

Oui précision importante. Parce que des fois on dit que c'est original pour dire que c'est moche. Pas dans ce cas la. Et puis ça lui allait bien. Un joli brin de fille, un joli prénom.

Moi c'est Virgile. Personnellement, j'ai des doutes quand au fait que ce soit très joli.

Dit-il sur le ton de la plaisanterie. Enfin, il n'avait jamais aimé ou détesté son prénom, c'est juste qu'il le trouvait un peu … bizarre ?

David n’avait pas de chance, il osait enfin faire le premier pas envers Suzan et il se retrouvait nez à nez avec Naëlle. Et il n’avait pas plus de chance parce que la jeune femme avait trouvé un copain durant les vacances d’été. A croire que beaucoup de mecs se mettaient des coups de pieds au derrière quand il n’avait plus aucune chance avec l’élue de leur cœur. Cela dit, il fallait reconnaitre qu’il tentait le tout pour le tout, même si ce n’était pas le bon moment.

Elle sourit quand elle entendit son interlocuteur lui dire comme quoi sa copine n’était pas faite pour David. Honnêtement, elle n’en savait rien et ne serait pas objective sur la question car elle la connaissait depuis des années. Naé pensait que Suzan était la belle-fille idéale : gentille, travailleuse, toujours prête à rendre service, organisée, etc… Une vraie perle. Mais là, n’était pas la question. David arrivait trop tard, et elle, Naé, se demandait si elle devait en toucher deux mots à son amie ou se taire et laisser une chance à leur camarade de se manifester une nouvelle fois. Même si elle avait décidé de ne rien dire de cette histoire, pour ne vexer personne. D’autant plus, qu’elle ne voulait pas que ça lui retombe dessus pour diverses raisons. Si elle avait su, elle ne serait pas venue…

- Oui, en effet ! Reconnut-elle, il n’y avait pas de raison qu’il n’y ait qu’elle qui ait stressé, même si la présence de Virgile et de lui avoir parlé, lui avaient changés les idées. J’espère qu’il retentera sa chance, après tout, je crois qu’il est en droit de savoir pour Suzan. Et surtout que ce soit elle qui le lui dise, avoua-t-elle.

Il était vrai que ça pouvait mettre à mal la confiance en soi, de découvrir qu’on s’était planté de casier et que c’était l’une des meilleures amies qui venait au rendez-vous. Même si elle savait que s’il réitérait l’expérience, il en prendrait un coup mais il s’en remettrait beaucoup plus facilement.

Elle le remercia d’un sourire quand il lui dit que son prénom était original et joli. Naé, elle aimait le sien parce qu’elle ne connaissait pas une autre personne se prénommant comme elle. Elle écouta celui du jeune homme. C’était la première fois qu’elle l’entendait également.

- Ça sonne très français même si c’est la première fois que je l’entends, déclara-t-elle avant d’ajouter : On a du souvent vous appeler « Virgule ».

C'était avec un intérêt non feint qu'il suivit encore les dernières paroles de Naelle quand à tout ce petit manège amoureux. C'était frais tout ça. Cela le changeait de ses soirées arrosées ou on se réveille dans le lit d'une personne dont on ignore tout... Ouaip, quelle différence de monde tout de même, c'est fou non ? Et voilà qu'ils se rencontraient au hasard d'un café, deux mondes totalement opposés qui se rencontraient. C'était pas tous les quatre matins que cela arrivait non plus.

Au moins, vous rencontrer m'a permis de me souvenir que ce genre de choses existe.

Soupira t-il, presque pour lui même. Si ça faisait français ? Ouais il n'en savait pas grand chose. Il ignorait pourquoi il s'appellait Virgile de tout de façon, il n'avait pas ses géniteurs pour le leur demander. Et, dans un sens, il s'en fichait. Il hocha la tête à la plaisanterie de Naelle :

Oh que oui, plus souvent que vous ne l'imaginez !

Pour l'embêter plus que par incompréhension en fait. Ça, et Vivi. Ça faisait pas spécialement virile, mais bon qu'importe. Il jetta un coup d'oeil à sa montre. Bon, c'est pas tout ça mais le temps tournait.

Sur ces belles paroles, je vais devoir y aller, j'ai ma croûte à gagner !

Il allait prendre son service dans peu de temps. De la ou il était, il n'avait pas beaucoup à marcher. Il sera bien à l'heure. Il avait eu le temps de papoter un peu, de boire un café, bref, il était opé ! D'ailleurs, il vida ledit café, et se releva en enfilant son manteau. Virgile regarda une dernière fois Naelle et lui dit :

Sur ce, à une prochaine fois peut être !

Avec un bref sourire. Qui sait, le monde peut être parfois très petit ! Sur ces belles paroles, il sortit de café pour aller travailler.

La jeune femme se sentit flattée mais également confuse. Pour le coup, toute cette histoire était digne d’un film d’adolescente mais qui ne finirait pas forcément bien. En même temps, il fallait dire qu’elle était une ado donc ça pouvait se comprendre. Et c’était aussi la première fois qu’une chose pareille lui arrivait et ne savait pas trop quoi en penser en fin de compte. Un des points positifs était que David s’était simplement trompé de casier, qu’il ne l’avait pas fait pour se foutre de sa gueule afin de faire les autres crétins du bahut.

La métisse lut entre les lignes comme quoi ils n’étaient du même univers. Qu’elle avait la chance de ne pas vivre dans les bas quartiers et en gros d’aller encore en cour au lieu de faire le trottoir pour un maquereau véreux pour rembourser les dettes de son frère ou son père. Puis, elle se dit que le blondinet avait beaucoup de point commun avec son ami Tyler, même si les deux hommes n’avaient pas le même vécu. Enfin, elle ne pouvait que l’imaginer sans avoir confirmation et elle ne demanderait pas pour avoir confirmation ne serait-ce que par respect et surtout parce que ça ne la regardait pas.

- Qu’est-ce qu’on peut être cruel les uns envers les autres quand on est gosse ! Lâcha-t-elle.

Sincèrement, Naé n’avait jamais été du genre à se moquer d’autrui et ce depuis son plus jeune âge. Non, elle faisait partie de ceux qui allaient faire un câlin à l’autre quand il pleurait, à partager son gouter quand un de ses camarades n’en avait pas. En gros de tendre la main à celui ou celle qui en avait besoin. Mais elle comprenait qu’on puisse être cruel envers les autres, après tout depuis son entrée au lycée elle en subissait des vertes et des pas mures. Enfin, il paraitrait que ça fasse partie de la vie et que ça nous permettait d’affronter les aléas de la vie, une fois dans la vie active.

- Je vous souhaite bon courage pour le travail ! Lui dit-elle, ignorant le domaine dans lequel il bossait. Bonne soirée et peut être à un de ces jours, renchérit-elle.

La jeune femme le regarda quitter les lieux avant de terminer son thé qui avait eu le temps de refroidir. Après elle décida qu’il était temps de partir également. Elle avait encore des devoirs à faire pour le lendemain et ils ne se feraient pas tout seul. Une fois couverte pour affronter le froid, elle fit un détour pour saluer Tyler et échanger quelques mots avec lui. Puis, elle prit la direction de la pâtisserie familiale.