Débriefing d’après match… [Terminé]

Naëlle n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Elle ne comprenait absolument plus rien à la situation. Elle n’avait pas arrêté de ressasser les paroles de Monsieur Montgomery, comment pouvait-elle être amoureuse de Connor alors qu’elle l’était de Tyler ? Il était vrai que dernièrement, elle n’avait pas mis les pieds au Starbuck parce qu’elle était punie, mais elle devait aussi reconnaitre qu’elle avait dû penser à lui deux ou trois fois seulement.

Mais ça ne voulait rien dire pour autant. Elle avait seulement enfui cela en elle pour éviter les questions de sa sœur. Bref vers 6h de matin, Naé avait fini par se lever et à se trouver une occasion : elle avait fini de taper l’exposé sur la guerre de Sécession. Les deux amies avaient bien avancé la veille et Naëlle avait demandé à Suzan de ne rien faire durant la soirée pour profiter de son jeune frère. Et au bout d’un moment, son esprit la ramena au baiser du restaurant. Il n’avait rien eu des autres auparavant. Celui-ci avait été plus spontané, plus fougueux, plus surprenant aussi. Non, ce n’était pas possible, elle se faisait des films. Il s’agissait de Connor, il n’avait rien d’un agneau. Lui, c’était plutôt un chat qui guette sa proie pour jouer avec elle.

Naëlle s’était également occupée de Gordon, quand il fut levé pour laisser Suzan faire une grasse matinée. Elle s’en était occupée durant toute la soirée, la métisse pouvait le faire à présent. D’autant plus qu’il n’y avait rien de sorcier : faire un chocolat au lait, tartiner une tartine de Nutella et lui verser un verre de jus d’orange. Puis de lui mettre la chaine des dessins animés. Elle en profita également pour déjeuner.

Elle fila sous la douche quand Suzan émergea vers 10h. Naëlle lui montra ce qu’elle avait fait lorsqu’elle avait joué à la Belle au bois dormant. Puis elle quitta enfin les lieux. Une fois dans la rue, elle héla un taxi, parce qu’elle n’avait pas envie de prendre les transports en commun pour retourner chez elle. Mais elle donna l’adresse de Connor à la place.

Du moins, elle s’en aperçut quand elle se retrouva devant l’immeuble de ce dernier. De toute façon, elle devait lui rendre la robe, les chaussures et le collier. Elle ne pouvait pas les ramener chez elle, trop de questions s’ensuivraient. Puis, elle ne serait pas obligée de ressortir dans la journée. Elle salua l’homme qui s’occupait d’ouvrir les portes de l’immeuble.

- Je suis attendue chez les Montgomery ! Déclara-t-elle pour qu’il lui ouvre.

Apparemment elle dut être convaincante parce qu’il le fit sans poser plus de question. Elle appuya sur le bouton de l’ascenseur pour l’appeler. Une fois à l’intérieur, elle eut un trou de mémoire. Donc elle choisit un étage au hasard et déambula dans les couloirs à la recherche du nom de Connor. Naëlle réussit son coup au bout de la troisième fois. Ce n’était pas sa faute, elle n’était venue qu’une seule fois.

Elle frappa à la porte et attendit qu’on vienne lui ouvrir. Ignorant qui du père ou du fils allait le faire. Il y avait plus de chance pour qu’il s’agisse du premier, le second devait encore être dans les bras de Morphée.

Autant dire qu’elle fut étonnée que ce soit Connor qu’il vienne lui ouvrir. Elle ne s’attendait pas à le voir si peu vêtu aussi. Elle s’était attendue à voir son père mais elle fut soulagée que ce ne soit pas le cas. Qu’est-ce qu’elle aurait pu lui dire ? « Salut, c’est la folle d’hier qui vient voir votre fils ! ». Cependant, elle ne sut pas quoi dire à Connor non plus. La soirée de la veille était beaucoup trop perturbante pour elle. Et toutes ses questions n’avaient faits que la déstabiliser davantage.

Elle referma la porte quand elle fut entrée dans l’appartement. Naëlle se dirigea vers le bar de la cuisine. Elle voyait bien les diverses marques sur la peau de Connor. Elle savait ce que ça voulait dire et commençait à se dire qu’elle aurait mieux fait de passer son chemin. C’était finalement une très mauvaise idée d’être venue.

- Euh… J’étais venue te rendre… Dit-elle en ouvrant son sac à dos mais elle fut interrompue par Johanna.

*Mais quelle conne, mais quelle conne !* s’insulta-t-elle intérieurement.

Dire qu’elle avait eu tout sous les yeux et qu’elle n’avait rien pigé. Connor qui s’inquiétait de ne pas la voir. Connor qui lui avait dit qu’elle comprendrait toute l’histoire. Johanna qui débarquait comme une fleur, sourire aux lèvres.

- Salut Johanna ! Répondit-elle à son tour.

La métisse se détourna quand Jo alla mordiller l’oreille de Connor. Elle ne voulait pas voir, parce qu’elle n’aurait pas dû être témoin de ce geste. Elle se retourna vers le couple quand son amie annonça qu’elle devait partir.

- A demain !

Du coup, Naëlle ne savait plus quoi penser de la situation. Les baisers de la veille commençaient à lui paraitre irréels. Non, elle avait dû les rêver et encore fois, prendre ses rêves pour la réalité.

Elle n’entendit pas le mot « café » mais elle eut l’impression de recevoir un saut d’eau glacée quand il lui demanda de mentir.

- Non, je ne dirai pas ça à ton père ! dit-elle en reprenant le cour de ses pensées et donc à sortir de son sac à dos la tenue et le bijou. Et le pire dans cette histoire, c’est que c’est moi la pauvre idiote. Tu sais quoi ? Offre tout ça à Johanna et dans quinze jours elle annoncera vos fiançailles.

Et dire que pauvre andouille qu’elle était, elle commençait à croire que le père de Connor avait peut-être raison. En ce qui concernait ses sentiments, même si elle doutait que la véracité de ceux-ci, parce que c’était beaucoup trop et qu’on ne tombait pas amoureux de quelqu’un d’un claquement de doigts.

- Tu fais comme tout le monde pour ton café, tu bouges ton cul pour le faire !

C’était vrai ça, en plus de la faire passer pour sa fausse petite copine maintenant il la prenait pour sa boniche.

Il est coutume de dire que le ridicule ne tuait pas. Pour le coup, elle serait tombée raide morte vu le comportement qu’elle avait actuellement. Il n’y avait pas à dire, Naëlle piquait une crise parce qu’elle avait été dupée. Comment prendre les choses autrement ? Les deux autres lui faisaient croire qu’ils étaient juste amis et ils passaient leur temps à baiser dès qu’ils se retrouvaient seuls. Mais en fait, c’était à elle qu’elle se reprochait de ne pas avoir compris la situation alors qu’elle avait tous sous les yeux.

Elle se maudissait pour avoir cru les paroles d’Aaron Montgomery. D’avoir cru possible que cette histoire pourrait au final prendre une toute autre tournure. Tout ça, à cause d’un baiser qui lui avait retourné le cerveau.

- Mais j’ai rien, j’ai rien ! Répondit-elle à la question du jeune homme.

Non, elle n’allait pas lui dire. Elle ne souhaitait pas se rendre plus ridicule qu’elle ne l’était déjà. Oui, elle avait probablement l’air d’une cinglée en plein pétage de plomb à balancer les fringues offertes la veille ainsi que le collier.

- A la bonne heure, mais ne compte toujours pas sur moi pour continuer cette comédie, persista-t-elle.

Ca ne changerait pas les choses. Elle avait crié la veille qu’elle ne sauterait pas le pas, sans être amoureuse. Comme elle voulait un diner, du romantisme mais avant tout de la complicité. Elle n’en dirait pas plus, s’il n’était pas capable de comprendre par lui-même et bien, tant pis pour elle. Après tout, il y avait d’autres poissons dans l’océan.

Naëlle prit la place du jeune homme quand il fut debout pour faire le café. Il lui demanda si elle en désirait un également. Il avait encore le chic de la surprendre même quand elle était en rogne contre lui.

- Euh… Oui, j’en veux bien un !

Autant accepter, parce qu’elle risquait de ne plus voir cette occasion de se produire avant un moment. Sans vraiment comprendre ce qu’il lui arrivait, elle l’observa faire dans la cuisine. Elle fronça les sourcils en le voyant prendre une boite de médicament. Elle n’alla pas chercher plus loin que le bout de son nez, pour elle, il s’agissait d’aspirine. Il avait du retrouver Johanna à une soirée et vous connaissez la suite aussi bien que Naëlle.

- Merci, dit-elle quand il déposa une tasse devant elle.

Par réflexe mais avant tout pour ne pas se ronger les ongles, Naé se saisit de sa tasse et se mit à souffler pour faire refroidir le café. Elle était en train de porter celle-ci à ses lèvres quand le jeune homme lui annonça qu’il allait s’habiller. Elle l’observa se diriger jusqu’à sa chambre et refermer la porte derrière lui.

Elle laissa passer près de cinq minutes avant de se décider à aller voir s’il allait bien. Elle prit la robe de cocktail, comme ça elle aurait une excuse pour venir. Elle toqua à la porte pour annoncer sa présence. Autant éviter de le surprendre à poils. Elle compta jusqu’à 30 pour lui laisser le temps de passer quelque chose, si tel était le cas.

- Connor, tu vas bien ? Demanda-t-elle en pénétrant dans la chambre.

Naé se dirigea naturellement vers la penderie du jeune homme. Elle l’ouvrit et attrapa un cintre pour y pendre la robe. Quand ce fut fait, elle déposa dans l’armoire à côté d’un costume de pingouin de Connor.

- Tu as trop bu après m'avoir déposée chez Suzan ?

La jeune femme faisait comme si elle était chez elle. Elle entrait dans les pièces sans attendre de réponse. Elle ouvrait les penderies comme si cela était habituel. En fait, elle avait besoin de faire quelque chose pour ne pas tourner en rond ou se conduire comme précédemment. Une folle cinglée qui hurle pour elle ne savait pas trop quoi.

En fait, elle savait pourquoi. C’était Mrs Jalousie qui avait fait son apparition, quand elle avait vu Johanna sortir de la chambre de Connor.

Comme il n’avait pas répondu à sa première question, Naé posa la question différemment. Non, il n’avait pas bu. Alors pourquoi, il venait de prendre ses comprimés ? Elle ne lui demanda pas, pensant qu’elle n’obtiendrait pas de réponses à ce sujet. Enfin, en même temps, il fit bien de ne pas lui dire autre chose que ça. Elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas poser les questions qui lui brulaient le bout de la langue.

La métisse attrapa la main qu’il lui tendait. Il avait besoin d’elle, donc elle ne pouvait pas le laisser ainsi. C’était toute de même étrange comme situation. La minute d’avant ils s’envoyaient balader mutuellement, et la minute suivante ils cherchaient un quelque conque réconfort l’un envers l’autre. Néanmoins, elle ne pourrait pas lui donner le même réconfort que Johanna.

La lycéenne se retrouva assise sur le lit, avant que le jeune homme vienne mettre sa tête sur ses genoux. La jeune femme se contenta de passer une main dans ses cheveux, tout en gardant le silence. Elle n’était pas habituée à faire face à ses circonstances mais elle savait qu’elle devait garder le silence.

- Oui, moi aussi je n’aurais pas dû te crier après comme je l’ai fait !

Ce qui était vrai après tout. Elle n’aurait pas dû lui crier après comme elle l’avait fait après le départ de sa copine Johanna. Ceci dit, ils n’auraient pas bien loin à s’excuser ainsi. Ils allaient devoir apprendre à communiquer s’ils voulaient se comprendre.

- Connor, tu veux bien m’expliquer ce qu’il se passe ? Je ne comprends plus rien.

Et là encore, la question pouvait avoir plusieurs sens. Soit Naé demandait à ce qu’il lui explique la situation entre eux, parce que le baiser de la veille ne les avait pas laissés indifférent. Soit elle lui demandait ce qu’il avait réellement, ce qui pourrait lui permettre de mieux gérer ses coups d’éclats. Soit, la demoiselle voulait comprendre si ce n’était pas la question que le fait de savoir si l’Angleterre lui manquait ou pas.

- Dis-moi quelque chose sur toi, que personne ne sait encore et qui soit vrai !

Question ridicule selon elle, mais elle voulait savoir s’il lui faisait assez confiance pour s’ouvrir à elle.

Elle avait conscience que ça pouvait être déconcertant, toutes les questions qu’elle posait. D’ailleurs lui-même, lui avait dit qu’elle se prenait trop la tête avec cela et qu’elle devait apprendre à lâcher du lest. Même si elle travaillait dessus, il y avait des situations qui faisaient qu’elle avait besoin de savoir le pourquoi du comment.

A présent, elle pouvait le regarder dans les yeux. Naé ne le pousserait pas parler parce qu’il y avait certaine chose qui demandait du temps. D’autant plus, que pour le coup il y avait plusieurs réponses à cette question. Même elle aurait bien du mal à y répondre, surtout avec les paroles qui tournaient en boucle depuis la veille « Mais je pense que vous avez tord… Pour moi vous avez tout d’une fille amoureuse… », il y avait quoi déstabiliser un chef d’état. Même Clinton avait dû l’être à propos de Monica, enfin s’il y avait quelque chose de véridique dans toute cette histoire.

La jeune femme observa Connor jouer avec leur main. Toujours aussi silencieux. Elle eut beaucoup de mal à ne pas réitérer sa question, mais elle parvint au dernier moment à lui en poser une toute autre. Elle en apprendrait davantage sur lui qu’en interrogeant son père. Même s’il avait fait de son mieux, il était clair qu’il n’en savait pas aussi long sur Connor – à moins qu’il fasse celui qui en sait pas autant qu’il l’aurait dû sur son fils – qu’il le laissait entendre.

Etrangement, Naëlle sourit en l’imaginant jouer au sorcier. Il avait un petit quelque chose de Sirius Black, sa famille et ses cheveux longs. Elle n’avait aucun mal à le voir agiter un bout de bout devant les domestiques en hurlant des « Accio » ou encore des « Rictusempra », voir à lancer des « Avada Kedavra » à toutes les personnes qui le punissaient.

Elle l’observa changer de position. Bizarrement, elle commença à s’affoler mais elle ignorait pourquoi. Pas dans le sens qu’il allait lui faire du mal ou qu’il allait l’effrayer. Connor avait beau être rustre mais il savait aussi être tendre. Elle repensait au moment passé à la plage, il l’avait porté en faisant en sorte qu’il ne lui arrive rien, quand il avait soufflé sur ses mains pour les réchauffer dans la voiture.

- Moi, j’étais la princesse qui tombait amoureuse de son kidnappeur ! dit-elle tout en changeant de position. Naëlle avait réussi à passer une jambe de chaque côté de Connor et à se rapprocher de lui. Je crois que mon frère a dû être marié à moi une bonne vingtaine de fois. Sans oublier que toutes mes peluches s’étaient nos enfants.

Oui, Natéo avait toujours été le méchant qui enlevait la jolie princesse. Enfin, il y jouait avec elle plus pour lui faire plaisir qu’autre chose. Quoi que parfois, elle s’amusait à la coiffeuse avec sa sœur.

- A ton tour, dit-elle.

La jeune femme approcha son visage de celui du jeune homme mais frôla ses lèvres avant de reculer légèrement son visage. Elle riva son regard au sien.

Ils étaient actuellement en train de jouer avec le feu. Même si pour le moment c’était Connor qui était en train de l’attiser. C’était la première fois qu’on se comportait ainsi avec elle, et il le savait vu qu’il était celui qui l’avait initié aux baiser. Pour l’instant même si elle avait son cerveau qui avait du mal à suivre un raisonnement cohérent, son cœur qui dansait le sirtaki mais la partie rapide, pas la lente, elle pensait qu’il n’irait pas plus loin.

Oui c’était naïf comme pensée.

Pour une fois, elle ne répliqua rien au jeune homme. Elle savait qu’il n’y avait rien de méchant dans ses paroles. Leur jeu commençait sérieusement à devenir un peu plus sérieux. Et il n’y avait personne pour les freiner dans leur lancée. Un saut d’eau glacée. Naëlle se retrouva sur les genoux de Connor, une fois qu’il l’eut attirée contre lui. Ils étaient à deux doigts de s’embrasser quand le jeune homme alla déposer des baisers dans son cou. Peut-être que c’était un vampire et que c’était ça son secret.

Quant à Naëlle, elle passa ses deux bras autour de celui du terminal. Un sourire naquit sur ses lèvres quand elle eut vent de sa dernière confidence. Il lui avait donc dit la vérité pour Johanna. Enfin ça ne voulait rien dire non plus mais elle préféra ne plus penser à ce détail. Ce n’était surtout pas la moment.

- Moi, je l’ai été pleins de fois ! Déclara la demoiselle. De Terence au jardin d’enfant, de Peter au primaire, de Justin au collège. Eut-elle le temps de dire avant qu’il ne trouve ses lèvres.

Ceci dit, il était impossible de savoir si elle était sérieuse ou pas. Comme toutes les petites filles Naé avait eu sa période « Quand je serai grande j’épouserai mon papa ! ». Et encore comme toutes les gamines de son âge, elle avait eu plusieurs amoureux quand elle fréquentait les petites classes. Il avait été beaucoup plus difficile pour elle d’avoir un amoureux à partir du décès de son père, et ce fut encore pire quand les bruits sur sa mère commencèrent à circuler.

Et chose étonnante – et pas plus mal pour le coup – Naé avait tu les sentiments qu’elle avait eus jusqu’à présent pour Tyler. Tout ça parce qu’elle ignorait aujourd’hui ce qu’il en était pour l’heure. Comme elle ne dirait rien pour ce qu’elle avait l’impression de ressentir pour lui.

Naé se trouva allonger sur le lit, Connor au-dessus d’elle. Toujours aussi naïvement, elle pensait qu’il ne risquait rien de se passer puisqu’ils avaient encore tous leurs vêtements. Enfin, elle avait beaucoup plus que lui sur le dos en tout cas. Tout comme elle pensait qu’il était impossible qu’il se passe quoi que ce soit entre eux, vu la nuit de débauche qu’il venait de passer.

- Connor, je sais plus où j’en suis et c’est encore pire quand tu m’embrasses ! Avoua-t-elle en deux baisers.

Elle était tellement perdue parmi toutes ses découvertes, elle n’arrivait plus à savoir si elle avait froid ou chaud, faim ou soif. Alors qu’il était en train de faire glisser sa main sur sa cuisse, Naé fit glisser ses doigts dans la chevelure du jeune homme. Comme si elle avait l’intention de garder sa bouche sur la sienne et s’enivrer de ses baisers.

La métisse fut parcourue d’un frisson quand la main de Connor se glissa sous son haut et que ses doigts effleurèrent sa peau.

Naëlle parlait sans vraiment se rendre compte de la portée de ses paroles. Pourtant, elle n’avait pas besoin de lui dire qu’il était en train de la conduire sur un terrain inconnu. C’était à la fois grisant et effrayant. Elle avait surtout peur de faire quelque chose de maladroit, exploit qu’elle réalisait chaque fois qu’elle était en présence de Connor. Il avait le chic pour faire en sorte qu’elle se comporte idiotement ou qu’elle fasse quelque chose de stupide qui la conduirait à nouveau dans le bureau du proviseur, se donner en spectacle dans un restaurant.

La situation n’était pas vraiment critique pour l’instant, même si elle avait remarqué – enfin, plutôt senti – un changement au niveau du pantalon de Connor. Elle avait une vague idée de la chose, mais n’était pas vraiment pressée de la découvrir. Naé avait la trouille de se mettre à rire de façon incontrôlable.

Les deux jeunes gens étaient pour ainsi dire raisonnables. D’autres personnes seraient depuis longtemps passées à la seconde voir troisième étape. Quoi que la température monta d’un cran. Naëlle ne sachant pas quoi faire ni comment se conduire, laissa encore le jeune homme prendre les initiatives. Elle se mordit la lèvre inférieure quand il s’amusa à titiller le lobe de son oreille. Son cœur s’affola quand Connor commença à ouvrir son gilet avant de déboutonner son haut.

A croire que le destin était vache avec elle. Naëlle portait les mêmes dessous que le jour de son kidnapping improvisé. L’ensemble qu’elle avait porté pour aller faire trempette une l’eau glacée avec Connor. Quoi qu’au niveau de son entrejambe, les deux situations n’avaient pas ressenti le même effet.

- Hmmm… Lâcha-t-elle quand la bouche du jeune homme se referma sur son sein, même si celui-ci était protégé par son soutien-gorge.

Puis elle se retrouva au-dessus de lui, mais ne sachant pas comment faire. Elle se contenta de lui embrasser délicatement le visage, quand il ne prenait pas possession de ses lèvres. Ses doigts avaient trouvés refuge sur dans sa chevelure. La jeune femme se redressa pour retirer son gilet et sa chemise, abandonnant quelques instants les lèvres de Connor.

Ce dernier l’avait attirée à nouveau à lui en tirant sur ses cheveux. Occupés comme ils l’étaient à se comporter en adolescent, ni l’un ni l’autre n’avait entendu la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer.

Naé frôla la crise cardiaque quand elle entendit la voix d’Aaron Montgomery dans la même pièce qu’eux. Et dire qu’elle avait eu l’affront de crier haut et fort, qu’elle ne céderait pas à son fils sans être amoureuse de lui. Si elle en était là c’était de sa faute à lui. Même si ce n’était pas vrai.

Naëlle s’était retirée de dessus le jeune homme. De la sorte le père de ce dernier pouvait remarquer que leur honneur était encore sauf. La jeune femme eut un pincement au cœur quand il évoqua la nuit mouvementée qui avait eu ici-même. Pour le coup, c’était beaucoup moins attrayant. Dire qu’elle avait failli coucher avec lui, dans les mêmes draps qui avaient accueilli Johanna. C’était franchement dégueulasse.

Connor était parvenu à la camoufler à l’aide d’un oreiller, avant d’en balancer un à son père pour lui demander de quitter les lieux. Naëlle n’osait plus trop bouger sauf pour se cacher un peu plus contre le jeune homme.

- Ce n'est pas grave Connor, annonça-t-elle, tout en s’allongeant contre lui et en posant sa tête sur son épaule. Ce n’est pas ainsi que je veux vivre ma première fois, je veux des bougies pour nous éclairer.

Elle ne lui avait pas dit, qu’elle ne voulait pas que ça se passe dans des draps souillés par la même activité, mais par une autre. Non, elle ne souhaitait pas que ça se déroule ainsi.

- C’est que ça devait pas se produise ainsi, déclara-t-elle avant de lui déposer un baiser sur ses lèvres une fois qu’elle eut tourné sa tête vers elle. Ni même aujourd’hui.

*Sans compter que je ne sais toujours pas quoi penser de cette histoire ? De notre histoire ?* pensa-t-elle mentalement.

Même s’ils avaient été interrompus, les deux lycéens profitèrent un peu du moment pour être dans les bras l’un de l’autre. Juste un peu de douceur dans les bras l’un de l’autre. Aussi bizarrement que cela puisse paraitre, Naé trouvait délassant le fait que le jeune homme joue avec ses cheveux. Enfin, elle ressentait également ce même bien être quand elle allait au salon de coiffure. Si elle restait ainsi, il y avait de forte chance pour qu’elle s’endorme.

Non, elle ne regrettait pas la situation. Elle n’était pas prête et le fouillis qui régnait actuellement sous son crâne, ce n’était pas le bon moment. Et bien entendu, elle cafouilla en disant comme elle imaginait sa première fois. Certes, il y avait peu de chance que ça se déroule selon ses souhaits mais ça ne faisait pas de mal de rêver.

Pour minimiser les choses, Naé annonça tout simplement que ce n’était ni le lieu ni le moment pour eux. Si vraiment cela devait se produire, ça se ferait tout seul entre eux. Probablement après une de leur dispute. Peut-être même que ça serait aussi magique que leur baiser de la veille. Néanmoins, elle fut sceptique quand elle l’embrassa puisqu’il n’y répondit pas. Elle fronça les sourcils quand il s’assit sur le bord du lit.

- Pardon ?

Elle ne comprenait plus rien à nouveau. Tout comme elle commençait à un avoir plus qu’assez de son comportement. Naëlle était complétement perdue et quand il agissait de la sorte c’était encore pire. Elle n’arrivait pas à savoir quand il était sérieux ou non. Pas avec lui ? Il se foutait d’elle, non ? Si elle était à moitié nue dans son lit, ce n’était pas par hasard ni pour poser pour une publicité d’un magazine.

Naëlle se rhabilla tout en sentant ses yeux bruler. Brûler dans le sens, sur le point d’ouvrir les vannes. Et elle ne voulait pas lui donner satisfaction. Quand elle eut fermé la fermeture de son gilet, elle se dirigea vers la porte. Elle voulait quitter l’appartement aussi dignement que possible, sans pleurs pour ne pas attirer une nouvelle fois l’attention du père sur elle. La métisse avait trop peur de ce qu’il pourrait bien lui fourrer en tête.

- Connor préviens moi juste quand tu auras décidé de ne plus jouer avec moi et mes sentiments, déclara-t-elle avant de quitter la pièce.

Elle alla récupérer son manteau et la jeune femme était en train de vérifier si elle avait bien la clef de chez elle dans ses poches, quand le père de Connor refit son apparition.

- Je m’en vais Mr Montgomery, dit-elle à ce dernier. Bonne soirée ! fut la dernière chose qu’elle prononça avant de quitter les lieux, et le tout en oubliant son sac à dos.