Welcome To My World [Ryan - Terminé]

Ca y était, la nouvelle année s’entamait. Et de ce fait, de nouvelles portes s’ouvraient et d’autres se fermaient !

Pour ce réveillon de l’année, il fallait dire que Chris s’était bien amusé puisque son compagnon et lui, ainsi que le petit Fred et sa sœur Cassandre s’étaient retrouvés chez Alex et il fallait avouer que ce dernier les avait bien régalés. En tout cas, fort heureusement, que tout ceci soit terminé pour retrouver un peu le calme de la maison.

Son voyage à Miami et toutes ces fêtes lui avaient un bien fou tout de même, avoir toute cette famille autour de lui, c’était magnifique. Certes, c’était la famille de son compagnon mais c’était tout à fait une famille qu’il considérait comme la sienne. Il était intégré, il se sentait aimé et de ce fait, pour ce qu’il était : la famille rêvée. Et tout ceci, ça lui avait bien permis de faire une trêve avec Ryan pour essayer d’établir une certaine harmonie au sein de leur couple parce que ces deux-là n’étaient pas décidés à rompre. Loin était cette idée ! Et en couple, ils n’allaient pas filer à la dernière difficulté, comme si c’était vraiment l’une des premières fois qu’ils étaient confrontés à cela ?

Au moment de vouloir être tranquille pour un temps, voilà que le lendemain du jour de l’an, le temps de se remettre un peu de tout ça, le ménage, ben il fallait bien que Cassandre passe les voir – comme si Chris ne l’avait pas déjà assez vu hein – ainsi qu’Erwan et Lorely ! Comme s’ils ne s’incrustaient pas du tout surtout pour manger un bout ! Et ce, c’était également pour le plaisir de Fred qui adorait sa tante Cass’ mais aussi, il aimait beaucoup Erwan qui lui aussi était un grand pote. C’était à se demander s’il ne regrettait pas du tout le fait qu’il ne soit plus l’amoureux de Tatie Lorely. En fait, de cette visite, c’était comme la visite du père Noël quand Chris découvrit un paquet intriguant lorsqu’il passa dans la chambre : un cadeau était mis à l’évidence sur le lit avec un mot dessus. Un cadeau de Ryan ? Non, l’écriture était de Cassandre. Allez savoir pourquoi elle ne voulait pas le lui donner directement : pour ne pas faire rater la surprise ? Il s’assit au bord du lit et par curiosité, enleva le papier cadeau et découvrit alors un album photos entre ses mains…

C’était drôle. Quelle idée de faire un cadeau pareil… Surtout, la surprise ne s’arrêtait pas là : à ouvrir la première page, il pouvait alors découvrir des photos de lui à sa naissance, dans les bras de ses parents… à détourner quelques pages, il y avait une photo de lui jouant à la voiture ou encore un peu plus loin, lui âgé de 7 ans, il tenait dans ses bras sa petite sœur, Cassandre, à sa naissance : le jour où il avait été fier d’être grand frère. N’imaginez pas les sentiments que pouvaient ressentir à ce moment-là Chris qui se voyaient confronter à ce passé qui n’était autre que le sien. C’était à se demander comment Cassandre avait pu récupéré ces photos pour confectionner cet album parce que c’était tout de même un cadeau magnifique. Elle avait dû passer du temps familiale à ranger les affaires pour tomber dessus… Cependant, il ne s’attendait pas à trouver une lettre au milieu de tout ça… Il l’ouvrit et découvrit alors la belle écriture de Cass : « Frangin, quand tu liras ses lignes, je suis sûre que tu as déjà commencé à feuilleter ces souvenirs ! Je suis sûre que tu t’imagines déjà que c’est un cadeau de ma part … Mais il n’y avait pas d’autres moyens pour que te pousser à ouvrir ! C’est un cadeau des … parents. Oui, comme tu peux commencer à le deviner. Je te connais Chris… Je sais comment tu réagis mais saches qu’ils t’aiment malgré tout…Toi même tu m’as dit un jour que de vivre avec la colère… c’était une chose qui pourrissait la vie ! Réfléchis-y… Je t’aime Chris, Cassandre. »
La discussion qu’ils avaient pu avoir quand sa sœur lui avait appris la chose. C’était un choc. Après dix années de silence radio, pourquoi réagissaient-ils maintenant ? N’était-il pas trop tard pour recoller les morceaux ? En tout cas, rien que cette idée lui mettait mal-à-l’aise parce que c’était des parents qu’il ne connaissait plus. Et rien que de voir cet album, ses propres souvenirs et cette lettre de Cassandre le touchaient énormément. C’était sa vie qui était sous ses yeux… Ses yeux s’humectaient.

Il aurait bien aimé commencer la nouvelle année avec autre chose et non avec ce problème-là. Mais ce problème-là, il l’avait repoussé, refoulé… Il avait tourné la page et laissé cette histoire derrière lui et cette histoire ne pouvait pas revenir comme un boomerang. Il était trop tard pour changer d’avis, il avait fait sa vie sans eux. Il avait appris à vivre sans eux, ce n’était pas maintenant qu’il allait renouer contact avec des « inconnus » ?

Chris posa alors cet album dans un coin, espérant pouvoir enterré ceci. Mais il avait sûrement tort puisque quand Fred passa dans la chambre tout en courant avec son nouveau jouet de Noël dans les mains qu’il fit tomber par terre cet album. Tout curieux, il avait demandé à son père ce que c’était. Et il fallait comme par hasard que Chris passe dans le coin pour s’apercevoir que ces deux compères étaient tombés sur ce qu’il avait négligé et oublié de ranger. Et si ce n’était pas pour qu’ils se retrouvent finalement tous les trois à regarder attentivement cet album. Fred était bien le premier curieux à connaître un peu plus sur la vie de Chris, surtout pour le voir comment il avait été plus jeune. Lui aussi il avait été un petit garçon, puis un adolescent… Tout comme Tatie Cass’. Il y avait d’ailleurs plusieurs photos où il avait été avec elle, lorsqu’elle avait 4 ans par exemple alors que lui, il en avait 11 ans, et puis une autre photo où ils avaient 5 ans de plus. Chris réalisa que sa sœur avait sacrément changé, qu’il ne la reconnaissait pratiquement plus. Cependant, on la reconnaissait bien de visage mais elle était sacrément blonde ! Et peut-être dernière surprise de la soirée, il y avait une photo de lui avec sa petite amie de l’époque : Maureen. A ça, Chris ne put s’empêcher d’en rire, il l’avait presque oublié. Il put alors raconter que c’était sa copine d’adolescence. Il était resté un moment avec elle pour se rendre compte qu’il ne l’aimait pas vraiment. Il l’aimait beaucoup mais pas comme elle, elle avait espéré à l’époque. Chris en avait brisé des cœurs ce jour-là !

Après ce petit moment agréable en famille, voilà qu’un peu plus tard dans la soirée, au moment de préparer le repas, le téléphone sonna et ce fut bien sûr Chris qui y répondit, même s’il avait la main aux fourneaux dans la cuisine. Et là, ce fut le blanc ! Certes, il s’était attendu à cet appel mais pas si précipitamment. Il ne s’attendait pas à ce que ça arrive si vite… Après un silence au bout du fil, c’était sa mère qui était au bout. Une voix qu’il n’avait pas entendue depuis… des années. Le choc. Et si ce n’était pas un choc réciproque. C’était difficile de ne pas pouvoir raccrocher mais il fallait dire que le choc le paralysait. Il semblerait que c’était tout aussi difficile à sa mère de pouvoir s’exprimer. En tout cas, elle réussit à lui demander entre deux trois sanglots de venir manger à la maison. Restant assez froid, allez savoir comment Chris réussit à accepter. Il aurait pu dire « non », raccrocher… mais des choses lui venaient en mémoire comme Cassandre, par exemple… ou même pire, le souvenir de ce jour où il avait pris la porte. Mais il n’y avait quelque chose qui lui avait appris qu’il fallait affronter ses propres démons ? Surtout qu’il voulait affronter ça pour que tout soit derrière lui. Peut-être qu’il arrivera à leur dire tout ce qu’il pouvait l’étouffer. Surtout que sa mère semblait déjà en quelque mot la nouvelle vie qu’entretenait Chris. Du moins, le résumé super court, qu’il y avait un homme dans sa vie en plus d’un gamin.

Voilà que trois jours après, samedi soir, Chris ainsi que son compagnon et Fred étaient alors partis pour ce diner qui n’enchantait point du tout le grand blondinet. Même s’il pouvait paraître assez calme, à l’intérieur, c’était la tempête qui ne lui ferait pas dénouer le nœud qu’il avait à l’estomac. Tout en se préparant dans la salle de bain, portant un pantalon et une chemise, il hésitait même à foutre une cravate… UNE CRAVATE ? il allait voir ses parents, pas le Président ! Et allez savoir pourquoi il s’enquiquinait à en mettre une qu’il finit par la jeter à l’autre bout de la salle de bain et tout en passant ses mains sur son visage, il finit par s’asseoir au bord de la baignoire : il se sentait vraiment très con ! Ryan passa d’ailleurs dans le coin sur le bas de la porte, Chris leva la tête et lui donna son attention :

Le petit est déjà prêt ?

Aujourd'hui allait se passer quelque chose que Ryan n'aurait jamais cru possible. Un truc auquel il ne se serait jamais attendu, enfin, pas tout de suite en tout cas. Aujourd'hui, Chris allait retrouver ses parents après des années de silence. Vous parlez d'un choc ! Lorsqu'il lui avait annoncé qu'il avait accepté une invitation, Ryan n'en n'a pas cru ses oreilles. Et pourtant, les faits étaient la. Aujourd'hui, son compagnon allait revoir ses parents qui l'avaient rejeté à cause de son homosexualité.

Bon, il devait l'avouer, Ryan s'était des fois demandé comment ils étaient. Surtout ce paternel si terrible qui a donné son prénom à Chris. Christian quoi. Il ne savait pas pourquoi il s'imaginait que cette journée allait être un peu spéciale. Dans la foulée, ils emmèneront également Fred, puisqu'il fait partie de la famille lui aussi. Le petit avait bien tenté de tirer les vers du nez à Chris pour savoir comment étaient ses parents, mais n'en n'avait rien su. Alors lorsqu'il avait appris qu'ils allaient les rencontrer, on aurait cru pour lui que c'était Noël après l'heure ! Rien que ça. Si au moins il pouvait donner un peu de sa joie et de sa motivation à Chris, ce serait parfait. Parce que Ryan ne savait pas vraiment pourquoi il avait accepté. Et il soupçonnait son compagnon de ne pas en savoir plus que lui. C'était cette histoire d'album photo qui avait aidé à le décider ? Genre : oh tu te rappelles des bons moments ? Le flic pensait bien que dans cette histoire, Chris gardait en travers de la gorge malgré tout leur rejet de sa personne. Enfin, paraît qu'il faut pardonner pour avancer dans la vie. Quelque chose comme ça …

Alors, aujourd'hui regnait une drôle d'ambiance dans la maison. Chris semblait ailleurs, et Fred faisait de son mieux pour contenir sa joie. Le gamin avait déjà décidé en se levant à peine de quels vêtements il allait mettre. C'est dans ces cas la qu'il se disait que son surfeur devait un peu trop déteindre sur lui. Enfin si ce n'était que ça … Les préparatifs de chacun se passèrent dans le calme et dans un un peu trop grand silence. Du moins du coté de son compagnon. En passant devant la salle de bains, il trouva Chris assis sur le rebord de la baignoire, en proie à un stress énorme. Qu'il ne lui dise surtout pas le contraire ! Il le connaissait à force. Même s'il ne voulait pas l'avouer, cette rencontre le troublait plus qu'il ne le laissait paraître. Si le petit était prêt ? Oh et bien en fait si ils avaient écouté Fred ils seraient tous prêt depuis trois heures. Ryan le soupçonnait de penser rencontrer ses grands parents adoptifs. Quelque chose comme ça.

Il est prêt. On attends plus que toi.

Puis il se rapprocha de Chris et se mit accroupi devant lui.

Tu va tenir le choc ?

Puisqu'il s'agissait d'un choc pour le blond et rien d'autre. Revoir ses parents après tout ce temps quelle histoire ! Oh Ryan ne savait pas trop quoi penser de cette histoire. D'un coté il se disait que c'était bien qu'ils aient fait le premier pas, mais jusqu'ici il avait entendu que tout venait de la mère, le père, silence radio. Ils verront. Si ça se trouve il n'était pas au courant de leur venue ? Non, quand même pas. Apres toutes ces années Mme Ramsey avait eu sûrement le temps de prévenir son mari de leur venue, enfin celle de leur fils.

Dans sa tête, c’était la tempête. C’était à se demander comment Chris avait pu accepter une telle invitation. Si ce n’était pas son inconscience qui avait espéré un tel miracle car c’était un miracle malgré tout car après toutes ces années, c’était bien une chose impensable et inespérée. Mais en tant que parents, on ne pouvait pas oublier leurs enfants. Impossible !
Sans réfléchir, Chris aurait tenté de dire « non » spontanément. Mais il fallait dire que pas mal de choses pouvait lui faire totalement réfléchir et cet album photo était peut-être un déclic pour faire pencher la balance. Cassandre avait été maligne sur le coup car c’était certain que si elle avait présenté le cadeau comme ça et lui avait dit directement d’où ça venait, ça n’aurait absolument pas marché : il l’aurait envoyé bouler, refusant tout ça alors que ce cadeau retraçait sa vie : ce qu’il avait été et tout ce qu’il était désormais aujourd’hui. Il fallait bien croire que Cassandre était bien plus mature que lui sur ce coup. Les avait-elle vraiment pardonné ? Au moins, elle semblait bien avoir réussi à tourner la page ! Parce que cette histoire, bien que ça lui avait affreusement mal, ça avait fait souffrir tout le monde dans l’histoire ! En tout cas, sa soeur était tout simplement fortiche ! Pour qu'elle finisse par déteindre sur lui, sûrement !
De voir Ryan auprès de lui pour traverser ce dur moment, non, Chris était loin d’être seul. Il avait un amour. C’était le cas de le dire ! Le blondinet en avait sacrément de la veine ! Si ce n’était pas commun de faire tomber un hétéro de base de soi ! Certes, certaines personnes réalisaient après un divorce qu’elles étaient mieux avec un mec mais bref, là n’en était pas la question. Ryan allait maintenant pouvoir faire connaissance avec ces fameux parents qui laissaient tout un mystère derrière eux. Ca allait être une redécouverte pour Chris mais pour Ryan, ça allait être une surprise.

Il faut bien que j’affronte mes propres démons un jour…

S’il tiendrait le choc, Chris n’en savait rien mais pour une fois, il prenait sur lui, comme s’il prenait pour une fois une décision complétement raisonnée pour ne pas dire que c’était une décision complétement folle. Peut-être était-ce le dernier cap avant de passer ses trente ans hein ? Il allait les avoir le mois suivant.

En même temps que je voudrais vous épargner ça mais j’ai vraiment besoin de vous !

Allez savoir comment ça allait se passer, le nombre de fois que son compagnon ou Fred voulaient savoir ou les rencontrer, et chose tout à fait légitime, Chris voulait également les protéger mais ils avaient besoin d’eux. Et les protéger de quoi, allez savoir alors que ce n’était que de ses souffrances dont on parlait.

T’imagines que je voulais porter une cravate ?

Chris se sentait complétement con. Lui ? Porter une cravate ? N'en faisait-il pas un peu... trop ? Il n’en portait jamais. Etant mécanicien, ce n’était pas comme s’il était un homme d’affaires ou quoi ! Et il n’aimait pas spécialement ça, ça serrait le col et non, il n’aimait pas ça, argumentant que c’était loin d’être esthétique. Enfin cependant, ce genre de détail allait bien à son compagnon.

Bon, tout le monde était prêt et il fallait peut-être bouger afin d’être à l’heure au moins. Dans la voiture, c’était Chris qui prit le volant, si ce n’était pas lui qui connaissait le chemin. Les parents n’avaient toujours pas déménagé, c’était toujours la même maison, la même de son enfance, là où il avait grandi. C’était son quartier, ses rues… Les gens, les voisins avaient sûrement changé depuis lors. Peut-être. Mais étant né ici, tout lui était familier. C’était certain qu’en dix ans, niveau nature, ça avait bien changé…  

Enfin arrivé, il y avait une place dans la rue, opposé à la demeure. Chris coupa le moteur et ça devenait très calme. Très très calme. Et ce n’était pas maintenant que la tension allait baisser. Le mécano qu’il était intériorisait tout mais il n’était plus que nerveux, les mains crispées sur le volant. Surtout que cette voiture, c’était loin d’être la sienne, puisqu’il avait emprunté également le 4X4 de Ryan et non son Pick up. Parce que cette fois-ci, ce n’était pas le 4x4 de son compagnon qui avait une faiblesse, cette fois-ci, c’était la sienne qui lui fit des misères depuis la veille en fait, lorsqu’il rentrait du boulot. Heureusement qu’ils étaient le weekend pour pouvoir régler ça. Même le weekend, Chris allait être encore sur la mécanique.

Pauvre Chris, il semblait bien perturbé par toute cette affaire ! Ryan ne pouvait que le comprendre, du moins, il essayait d'imaginer tout ce qu'il pouvait ressentir en ce moment. Cela devait être compliqué à gérer. Revoir une famille qui nous a renié il y a un moment maintenant, quelle affaire ! Il se redressa tout en embrassant le front de son surfeur en lui disant :

Ne t'en fais pas Chris, tu sais qu'on est avec toi.

Même Fred était la pour lui, à sa façon. Comme il l'avait dit un jour à Cassandre, pour cette épreuve il était prêt à en prendre plein la tronche pour épauler Chris. Si ça pouvait l'aider … Il eu un sourire lorsqu'il lui avoua qu'il avait faillit mettre une cravate. Une cravate sérieux ? Hé ils n'allaient pas à la Maison Blanche, juste ses parents. Qu'il soit habillé correctement il pouvait comprendre, mais c'était pas la peine d'en faire trop non plus.

Puis il fut l'heure de se mettre en route. C'était parti. Le trajet se fit dans le silence complet. Ryan se doutait que Chris n'avait peut être pas envie d'avoir de grande discussion alors il le laissa tranquille. Le petit jouait derrière avec ses petites voitures. Une grande histoire à ce qu'il avait pu entendre, la voiture rouge qui a un accident et la verte qui l'aide et tout … Les dessins animés ont des fois de drôles de répercussions sur l'imaginaire des enfants.
Enfin, ils arrivèrent à destination, dans un quartier calme au premier abord. Ça semblait tranquille en effet. C'était donc la ou avait grandi Chris ? D'un coté c'était agréable de pouvoir en savoir un peu plus sur celui qui partageait sa vie. Tout de même, c'était important. C'est Fred qui parla le premier.

On est arrivés ?

Oui on y est. Tu te rappelles de ce qu'on a dit Fred ?

Que je dois rester sage.

Ryan hocha la tête. Au moins, et ça c'était sûr, Fred n'ira pas embêter son monde. Comme s'il le faisait de tout de façon. Bon, ils n'allaient pas rester la éternellement à contempler les lieux non ? Pour faire ça ils n'avaient pas besoin d'attendre autant de temps. Puis il tourna le regard vers le blond.

Il est temps d'y aller.

Dit-il en posant sa main sur la sienne, restée crispée sur le volant de sa voiture. Puis, comme pour le décider à sortir, il se détacha et sortit de la voiture pour aller détacher Fred, installé sur le réhausseur à l'arrière, plutot content d'être arrivé.

Devant cette demeure de son enfance, des flashs venaient le gifler en pleine poire. Ces moments où étant gosse, il avait pu jouer à l’extérieur ou même typique adolescent, il avait le mur… Ou tout simplement ce souvenir où il était venu avec Matt afin de faire les présentations et surtout faire son coming-out. Aujourd’hui, c’était tout simplement différent. Il venait pour les retrouvailles, la réconciliation et tout ça avec sa nouvelle famille. SA famille. Ils étaient plus sa famille que les personnes qu’étaient à l’intérieur de cette demeure, ces personnes dont il ne connaissait plus. Comment étaient-ils ? Avaient-ils véritablement changé que ça ? Sans aucun doute !

Fort heureusement, le fait que Ryan sorte de cette voiture le motivait à sortir, du moins, ça le faisait sortir de cet… état dont il se mettait. Il défit la ceinture, récupéra la bouteille de vin – ne voulant venir les mains vides – et sortit de la voiture également. Ils étaient enfin prêt tous les trois à pénétrer sur ce terrain-là. Traversant le jardin, gravant les marches du perron, les souvenirs étaient en là, rien n’avait véritablement changé en dix ans, excepté le fait qu’il n’y avait plus de jouets d’enfants : pas de vélo qui trainait, de trucs pour les mini-voitures et tout ça. Il restait cependant la balançoire qui avait seulement un coup de rouilles… Et quant à la façade de la maison, elle avait été sûrement repeinte depuis le temps pour donner l’impression qu’elle avait la peau neuve.

Maintenant qu’il était devant cette porte qui n’était autre que le dernier obstacle à franchir pour affronter ce passé. Il prit son courage à deux mains mais appuyer sur ce bouton qui servait de sonnette était lui demander un effort surhumain. Et maintenant, le souffle court pour ne pas dire avoir le souffle coupé, les secondes paraissaient véritablement longues avant que cette porte finisse par s’ouvrir et ce, sur une Miss Ramsey : sa mère. Cette ancienne esthéticienne qui depuis ce temps avait bien changé. Elle aussi. Comme pour tout le monde. Ce bout de femme qu’il n’avait pas vu depuis dix ans, Chris avait l’impression qu’elle avait porté tout le poids du monde après son départ. Enfin, ce n’était qu’une impression, puisqu’aujourd’hui, sa mère atteignait l’âge de 67 ans, seulement. Oui, pour dire, ses parents avaient eu Chris et Cassandre assez tard.

Christian !

Un sourire se dessinait sur les lèvres de cette femme qui lui était devenue inconnue jusqu’alors. Des étoiles brillaient dans ses yeux. Ca se voyait qu’elle était émue : heureuse de revoir son très cher fils. Les larmes voulaient monter mais elle les retenait. Elle tendit ses bras pour le toucher et surtout pour le prendre dans ses bras comme pour voir si elle ne rêvait pas.

Mon fils !

Chris, quant à lui, ne savait vraiment comment réagir, ni que ressentir face à ça. Dire que les mots tels que « Maman » ou « Papa » lui étaient devenus inconnus.

Maman…

Voilà c’était dit même si ce mot lui était difficile à faire sortir, et surtout quand il réussit à se détacher des bras de sa mère.

Je te présente, Ryan… Mon compagnon… et... Frédérik.

Oh enchantée ! Je suis bien ravie de vous rencontrer.. Appelez-moi Margaret, voulez-vous ! Entrez entrez !

Au moins, les retrouvailles étaient beaucoup plus chaleureuses… Mais cependant, ce n’était pas forcément ce que Chris craignait le plus et en parlant de cela, son daron, il était là, sur le pas de l’entrée du salon, appuyé sur sa canne. Ses cheveux étaient grisants, pour le peu qu’il en avait, quant à ses yeux, ils étaient d’un bleu… Oui, Chris et Cassandre avaient hérités de son regard bien que celui de ce père paraissait bien froid, tel un glaçon, inexpressif. C’était rien à voir du regard noisette de la daronne, qui elle, avait cédé la blondeur de ses cheveux bien qu’aujourd’hui, à son âge, elle n’avait plus cette couleur-ci.

Bonsoir… fit Chris.

Et dire, que ces paroles-là, pour ne pas dire UNE parole, c’était sacrément difficile de sa part surtout quand on pouvait se retrouver face à un mur.

Enfin il découvrit la mère de Chris. Une petite dame âgée, mais qui semblait fort sympathique. Ça le toucha tout de même de voir à quel point elle semblait heureuse. Bon, son compagnon semblait un peu coincé, mais ça, personne ne pouvait lui en vouloir après tout. Qui s'attendait à ce qu'il saute de joie en courant partout dans la maison ? Ryan hocha la tête pour saluer la mère de Chris :

Heureux de vous rencontrer également.

... Euh … Minute ! En fait il n'avait pas vu les choses sous cet angle mais en fait la, il rencontrait ses beaux parents ! Oh punaise ! Il faisait bien de débarquer lui tiens ! Fred le sortit de ses pensées en allant dire bonjour à Margaret, un grand sourire ( avec une dent de lait en moins sur le coté ) :

Bonjour madame !

Lui, ça se voyait il était content d'être la. Puis ils entrèrent dans la maison ou avait grandi Chris. Ça l'intimidait un peu d'entrer ici. Il découvrait une nouvelle facette de son compagnon, dans des circonstances un peu difficiles.
Enfin il vit qui était le paternel Ramsey. Et bien très sincèrement, il s'était imaginé un type genre père fouettard, le vieux con du quartier pour tout dire. Mais pas à rencontrer un petit papi quoi. Bon il tenait encore debout grâce à sa canne, mais ses yeux, aujourd'hui Ryan avait la confirmation que Chris et Cassandre avaient bien hérité de ses yeux. Finalement, ce fut Chris qui rompit le silence, d'un simple bonsoir. Le flic se doutait d'à quel point ça avait dû lui coûter de dire ça. Aujourd'hui, c'est le jour des miracles. Bon, il mettait du temps à se décider d'agir le daron. Peut être qu'il n'avait toujours pas digéré le fait que son fils était gay en fait. Et de le voir débouler avec un compagnon et un gamin, peut être que ça lui faisait un choc. Se décidant qu'il n'allait pas rester la dans le coin à faire la plante verte, il s'avança vers l'homme de la manière la plus aimable possible et lui tendit la main :

C'est un plaisir de faire votre connaissance.

Oui bon il éxagérait un peu les choses mais il n'allait pas lui sortir un truc genre : et bah après tout ce que Chris m'a raconté je m'attendais à pire, ça va papy ? Bonjour la première impression. Fred lui, regardait l'homme et souriait. En fait il se disait que ce serait sûrement à ça que Chris ressemblera quand il sera un grand-père, et intérieurement ça le faisait bien rigoler, parce qu'il imaginait ce monsieur sur une planche de surf.

Mère Ramsey était complétement ravie, et aussi ravie de rencontrer le petit Fred, surtout un gosse pareil qui respirait la joie de vivre. En tout cas, c’était certain que la jeune mère n’allait pas laisser ses invités à l’extérieur qu’elle les ordonnait de rentrer. Le daron quant à lui, ne pipait mot. Il se contentait tout de même de serrer la main à Ryan, ne se voulant pas montrer impoli.

Bonsoir.

Cela dit, la façon dont Christian Senior tremblait légèrement, on pourrait soupçonner qu’il souffrait de la maladie de Parkinson. Allez savoir ! Cela dit, il tourna le dos afin de pénétrer dans le salon afin de s’asseoir dans le fauteuil. Il se pourrait que la soirée allait commencer ainsi : avec une histoire d’apéro, ramenant un peu les nouvelles. C’était vite dit puisque dix ans à mettre sur le tapis, ce n’était pas une mainte à faire.

Chris se tourna donc vers sa mère qui semblait amplement beaucoup plus réceptive que le daron. Il lui tendit alors la bouteille qu’il détenait : encore une chance qu’il ne l’avait pas échappé.

Merci, il ne fallait pas !

Si ce n’était pas une réponse qu’il ne fallait pas entendre. Enfin, si, signe de politesse en tout cas.

Allez-y, installez-vous !

Pendant que la daronne alla dans la cuisine pour mettre la bouteille de côté et surtout sortir de quoi grignoter avant de passer au repas, Chris commença à enlever sa veste afin de mettre sur le porte-manteau. Rentrer dans ce salon lui semblait bien trop grand : de se retrouver seule avec son père, c’était le Titanic. Avec un plateau dans les mains, la miss Margaret ressortit de la cuisine et insista :

Entrez donc, entrez donc !

Dans le salon, la miss Ramsey déposa le plateau sur la petite table basse. Plateau où il y avait tout, petit gateau et tout ça. Sur la table basse étaient déjà établis des verres et des bouteilles comme si c’était prévu qu’ils attendaient du monde. Chris suivit alors le mouvement et prit place sur le grand canapé. Le Senior lui avait toujours son fauteuil approprié, ce qui n’avait absolument pas changé et il ne semblait pas spécialement bavard non plus. Quant au salon, ça n’avait pas spécialement changé non plus, toujours avec un décor qui était carrément démodé aujourd’hui avec tous ces meubles anciens. La Miss Margaret s’assit sur le deuxieme fauteuil solo et prit le temps tout de même pour se poser ,afin de prendre un peu le temps de les observer. Après tout, dix ans venaient tout juste de s’écouler.

Ah ! Que vous êtes tout simplement beaux ! De beaux jeunes hommes !

Et oui tout de même, Chris n’avait plus vingt ans, loin de là.

Cassandre avait raison. Elle m'en a parlé vaguement !

Railleries...

Bon, rien de mieux pour ce très cher daron foute un blanc direct !

Christian ! fit Margaret, roulant des yeux, faisant dire "fais un effort" mais ce Christian fit genre la sourde oreille quand il fit :

Où est ce cher... ?

Il fit une pause tout en cherchant le prénom dans sa mémoire.

.. Andrew ?

Toute suite ... il fallait dire qu'il ménageait absolument pas. A l'intérieur, Chris était une boule de nerf et se retenait de ne pas exploser pour ne pas repartir d'ici en claquant la porte. Il fit, assez fermement :

Matthew. Il s'appelait Matthew... Il est mort...

En tout cas, la mère de Chris lui fit une bonne première impression. Elle semblait vouloir aller de l'avant et réussir à faire la paix avec son fils. C'était le genre de comportements qui faisait chaud au coeur. Ça se voyait qu'elle était contente de revoir son aîné à la maison. Une mère reste une mère quoi qu'il arrive. Ryan préféra ne pas dire grand chose, jugeant que ce n'était pas à lui de parler de tout de façon. C'était avec Chris qu'ils devaient régler des choses pas lui. Bon après il n'allait pas rester muet toute la journée, juste qu'il allait se mettre un peu en retrait pour l'instant voilà tout.

Puis le brun fut le malheureux témoin d'une scène qu'il aurait préféré qu'elle n'existe jamais. Ryan trouva alors en ce vieil homme une monstruosité immense. Comment pouvait-il écorcher le prénom du premier amour de son fils ? C'était immonde. Certes il se doutait qu'ils ne pouvaient pas forcément savoir qu'il était mort, mais tout de même un peu de respect. En tout cas, c'était dit, cet homme lui foutait une sale impression ! Il fit attention cependant à ne pas mettre sa mère dans le même sac, elle au moins essayait de faire les choses bien.

Fred, au milieu de tout ça ne comprenait pas trop, mais il essayait quand même. La tâche était ardue cependant, n'ayant pas souvent entendu ce prénom. Qui était ce Matthew ? Il ne savait pas, mais il était sûr que c'était pas le moment de la rammener. Alors il se contenta de regarder les gens autour de lui. La mère de Chris qui semblait gentille, mais le père était un peu bizarre. Il voyait son père tenter de réconforter Chris d'après ce qu'il voyait, parce qu'il n'avait pas suivit leurs paroles. Et enfin Chris qui tirait une drôle de tête. Il lui fera un câlin après, promis. Puis Ryan releva les yeux vers Christian senior et lui dit, sur son ton de flic :

Monsieur, avec tout le respect que je vous doit vous faites un bien piètre comédien.

Certes il avait dit qu'il se ferait discret, mais y'a un moment ou faut pas abuser hein !

Vu la façon dont le coming out de votre fils s'est déroulé, j'ai du mal à croire que vous ayez oublié la première personne qu'il vous ait présenté.

Il était même prêt à parier qu'il avait maudit Matthew, limite le rendant coupable du changement de son fils. Ça arrivait des fois. Certes il lui devait du respect, c'est pour ça qu'il voulait rester un minimum correct envers lui. Et c'était dur …C'est bien parce qu'il ne voulait pas envenimer les choses qu'il restait poli, tout en lui disant les choses clairement. Peut être est ce ça dont ce vieil homme manquait. Avec ça Ryan ne pouvait que remercier ses parents pour avoir si bien prit son changement d'orientation tardive !

La chose tant redoutée était là. Et c’était loin d’être étonnant. Ce daron ne semblait pas avoir tourné la page, soit il était resté bloqué dans ce passé, à ce jour alors qu’aujourd’hui, dix ans après, son fils était là, de nouveau devant lui, et c’était un peu tout ce qu’il trouve à dire ? Surtout que Chris était tout un autre homme, avait un compagnon, un beau-fils… deux êtes chers, une famille ! Et en ce jour, ce père ne s’intéressait guère à ces deux êtres ici présent.

Heureusement que Ryan était avec lui car c’était certain qu’il ne serait pas venu tout seul. Ou il aurait trois fois le tour de la maison avant de rentrer et s’il n’était pas non plus le plus fou pour accepter tout ça. Etait-ce Cass qui l’influençait ou si ce n’était pas cet album qui l’avait influencé ? Il s’était bien douté que c’était plus sa mère qui était plus ouverte aux retrouvailles. Et son subconscient avait peut-être souhaité ces retrouvailles justement.

Et encore heureux une fois de plus que Ryan sut intervenir. Oui, son compagnon était génial sur ce coup pour remettre un peu les choses à leur place. Le cinéma de ce daron avait un peu assez duré et dans cette pièce, ils étaient un peu tous d’accord. En tout cas, tout cela avait engendré sur un blanc. Christian Senior scruta son « beau-fils ». Oui celui-ci s’était tu. Valait-il mieux un blanc pareil ou que Chris finit par ne plus se contenir et péter sa pile ? Là, c’était certain qu’il n’y aurait plus d’alternative : plus aucun chance qu’il puisse revenir ! Cela dit, cependant, Chris culpabiliserait sûrement pour le cas de sa mère.

Pour briser ce silence si gênant, Margaret, la mère, reprit alors la parole pour dévier la conversation, du moins s’intéresser à son fils et son beau-fils qui étaient présent. Et pour commencer cela, elle finit par s’intéresser à leur boulot respectif. Elle demanda d’abord si ça allait pour le boulot. Chris se contenta de répondre qu’il était toujours dans la même boite et que la mécanique lui plaisait toujours autant. Il fallait dire que c’était aussi l’un des détails qu’il tenait bien de son père, dans le genre de détail autre que le physique. Puis la Ramsey mère se tourna vers Ryan.

J’ai su.. vous êtes policier, c’est ça ? lâcha-t-elle dans un sourire.

Elle semblait plutôt charmé à ça. Peut-être parce que c’était un métier correct ou si ce n’était pas un métier qui faisait bien fantasmer les nanas. Cela dit, on ne pouvait qu’espérer mieux qu’il ne se prenne jamais une balle car quand cela arrivait, cela faisait beaucoup moins fantasmer et Chris pouvait le confirmer.

Si c’est aussi un beau métier. Il en faut. Rajouta-t-elle.

Et de ce fait, le petit Fred semblait plutôt fier lui aussi. D’ailleurs, si un petit gâteau n’attirait pas son attention sur la table. Cela la fit plutôt sourire.

Il me rappelle Christian à son âge.

Sacré maman ! Cela devait être bien la derniere personne au monde à l'appeler encore par son véritable prénom et non par son diminutif.

Semblait-il que Ryan eu bien fait de dire deux mots histoire de calmer le jeu, au moins avait-il la sensation d'avoir arrêté la 3eme guerre mondiale avant qu'elle n'ait lieu. Non mais c'est qu'à force il connaissait aussi Chris et ses réactions. Bien qu'il aurait été justifié qu'il s'emporte après ça, ce n'est pas de cette manière que les choses allaient s'arranger avec ses parents. Au moins la mère mettait du coeur à faire en sorte que les choses se passent bien. Peut être auraient-ils dû d'abord rencontrer cette dame avant de retrouver le père. Peut être. Puis la mère de Chris s'intéressa alors à lui. Apparement elle savait déjà qu'il était flic. Il soupçonnait Cassandre d'avoir fait sa pipelette tiens.

C'est exact, je suis dans la police scientifique.

Fit-il en souriant. Et il était bien d'accord, c'était un beau métier ! C'est bien pour ça qu'il l'avait choisi aussi. Même si des fois il rentrait un peu tard chez lui ça en valait la peine. Après c'était pas tous les jours qu'il courait des risques, lorsqu'il était blessé, c'était quand même rarement. Enfin, si on fait la liste de ses blessures y'a de quoi en faire un roman en fait. D'ailleurs il lui restait une très fine cicatrice, petit souvenir de la dernière fois ou il fut blessé, s'étant pris une balle en pleine poitrine, forçant Chris à écourter ses vacances et … bref ne nous rappelons pas des mauvais souvenirs. Il souria lorsqu'elle dit que son fils lui rappelait Chris. Oh c'était un joli compliment, puisque son compagnon était un bel homme. A croire qu'ils avaient fait cet enfant tout seuls. Oui bon il le sait bien c'est pas possible.

Est-ce utile de vous dire qu'ils se sont adoptés l'un l'autre ?

Dit Ryan en regardant alternativement Fred et Chris. Enfin, Frederik et Christian. Combien de fois Ryan avait surpris Fred à vouloir aussi se coiffer comme Chris ? Il ne pouvait trouver ça qu'adorable. Et même si au début Chris avait du mal avec lui ( enfin avec tous les enfants en général ) maintenant ça allait beaucoup mieux. Son fils, lui, releva tranquillement la tête vers le père de son beau père, et lui dit :

Dites monsieur, pourquoi Chris et vous avez le même prénom ?

Bah ouais quoi. Lui il ne s'appelait pas Ryan junior, alors pourquoi est ce que Chris c'était Christian aussi ? Oui c'était la grande question existentielle du jour. Comme dit, Fred aimait tout le monde, alors pourquoi pas ce vieux monsieur aussi ?

Cela faisait vraiment plaisir qu’au moins, un sur les deux, s’intéressait à ce qu’il se passait réellement, pour ainsi renouer contact et que tout aille bien. Personne n’avait une famille parfaite mais au moins de vivre avec et de faire en sorte que oui, tout aille bien, et c’était un peu moins étonnant de la part de sa mère. Allez savoir ce qui avait bien pu lui donner ce courage aujourd’hui parce que pour le jeune homme, il avait toujours eu l’impression qu’elle vivait dans l’ombre de son père. Mais valait-il mieux tard que jamais pour changer ?

Chris ne put s’empêcher de sourire à la remarque de sa mère en ce qui concernait Fred. Ca grandissait vite ces petites bêtes. Et si c’était utile de dire que Chris et Fred s’étaient adoptés tous les deux ? Margaret ne connaissait pas forcément la phobie des gosses de son fils. Le mot « phobie » était peut-être un peu fort mais en tout cas, l’apprivoisement était un léger miracle. Et peut-être que Fred passait trop de temps avec Chris mais celui-ci ne se rendait pas forcément compte qu’il influençait beaucoup son beau-fils. En fait, si, ça se voyait bien quand Fred essayait de se coiffer comme lui ou même qu’un jour, il voudrait surfer dans les airs comme le faisait Chris sur sa planche. Au moins, si ça pouvait se voir radicalement qu’ils s’aimaient, c’était bien le principal ! Car c’était certain qu’il avait eu sacrément du mal au début mais aujourd’hui, Chris ne voyait pas sa vie sans ce gosse !

Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, Ryan !

Nan du tout, il ne niait absolument pas en bloc. Et voilà que tout prenait une autre tournure. Fred qui osa poser une question qui lui passait par la tete et c’était dans son droit. Pourquoi les deux gus – le père et le fils – portaient le même prénom ? Oui dans tout ça, seule la mère de Chris l’appelait pas son véritable prénom et non pas ce « surnom » que Chris faisait adopter à tout le monde parce que ça sonnait un peu mieux bien qu’il appréciait son véritable prénom. Si ce n’était pas l’effet de devenir un ours comme son père qui pouvait bien l’effrayer. Bien assis dans le fauteuil d’un air silencieux, sa main toujours posée sur la canne comme si ça pouvait l’aider à ne pas trop avoir la tremblote. Et en plus, de ne pas le voir grignoter quelque peu les biscuits d’apéro n’était pas étonnant n’étant pas bien gourmand… ou si ce n’était pas l’âge qui jouait. En tout cas, Chris ne l’avait jamais vu se piffrer de quoique ce soit.

C’est une chose que j’ai décidé de lui transmettre, mon enfant !

C’était à se demander si ce n’était pas un effort surhumain de sa part mais de toute manière, il n’y avait pas de raison qu’il s’en prenne au gosse. En tout cas, le daron qui était plutôt du genre avare au niveau des compliments, Chris le prit alors comme tel. Du moins, s’il pouvait récolter quelque chose de positif là-dedans.

Ca n’a pas vraiment changé… commenta Chris par rapport à la décoration.

Oh non, rien a pas vraiment changé… Exceptées la cuisine et la salle de bain qu’on a dû refaire. Mais on n’a pas touché aux chambres…Celle de Cassandre, toujours un vrai foutoir et la tienne… rien à changer.

Ah ouais ? Tant que ça ? La chambre de Cassandre qui était un foutoir, sa mère entendait par là avec toutes ces bricoles : dessins, tableaux … bref, digne d’une artiste ! Allez savoir où la jeune femme avait pu véritablement tiré ces traits là parce que personne ne semblait avoir ce côté artistique. Au niveau oncle, tante, ou grand-parents, Chris ne les connaît pas et allez savoir s’il savait s’il en avait alors savoir s’il y avait déjà eu un artiste dans la famille. Cependant, en parlant de sa chambre à lui, elle aurait dû resté tel quel, typique adolescent comme il l’avait sûrement laissé.

Il y a sûrement des bricoles que tu souhaiterais récupérer.

Ola, il y aura sûrement des trucs dont je ne me souviendrais plus avoir eu.

Oui bien Ryan voyait de quoi il voulait parler – encore heureux. Il avait comme souvenir d'une rencontre entre deux blonds à la piscine. Un petit qui fait peur au plus grand... Non, ça ne lui disait vraiment rien ? Oh voyons … Ryan se demanda cependant quelle réponse Christian allait pouvoir donner à Fred, quand à la question de l'héritage du prénom. Vu comme il n'avait pas été sympa avec Chris … Mais en fait ça allait. Fred avait hoché la tête à la réponse que lui avait donné le papi, puis lui souria. Le gamin n'avait pas la moindre idée de ce qui avait pu se passer chez les Ramsey. Il était à mille lieux d'imaginer qu'un papa puisse renier ainsi son enfant. Alors il ne voyait pas pourquoi, même si il ressemblait un peu à un papy ronchon, pourquoi il ne serait pas sympa avec.

Ryan eu un sourire lorsque Margaret raconta qu'ils n'avaient pas touché aux chambres de leurs enfants. Pour Cassandre c'était peut être parce qu'elle était partie il y a moins longtemps, et Chris, peut être parce qu'ils regrettaient la façon dont il était parti de la maison. A cela, Ryan se souvint que ses parents n'avaient pas mis très longtemps à changer son ancienne chambre en un bureau ! La donne était différente la encore. Mais en tout cas, Ryan dû refreiner sa curiosité, quand à demander à aller voir à quoi ressemblait la chambre de Chris ado. Parce que quand la mère de ce dernier disait que la chambre de Cassandre devait être un foutoir, connaissant le coté bordélique de son blond, il n'osait pas imaginer à quoi ça pouvait ressembler. Sûr qu'il aurait une attaque. A voir si c'était vraiment une bonne idée … Ou peut être que depuis le temps ça s'était arrangé ? Ou que Margaret avait finit par faire un peu de rangement … Qui sait.

Frederik lui, bien loin de se poser trente six mille questions existentielle, fit plus simplement. Il tira légèrement sur la manche de Chris. Une fois son attention obtenue, il lui demanda :

Est ce qu'après tu pourrais me montrer à quoi ressemblait ta chambre ?

A ces mots, Ryan se dit alors que, définitivement, les chats ne font pas des chiens. Il aurait dû se douter qu'en mettant les mots Chris et Chambre, Fred allait devenir un curieux pet de première ! Surtout qu'il voulait toujours savoir le pourquoi du comment, de savoir comment était la chambre de Chris quand il était petit quelle aventure !

Evidement, quand la mère parla des chambres, cela attira bien sûr la curiosité de Fred. Etait-ce étonnant de la part d’un enfant ou plutôt d’un enfant qui ne cherchait que tous les secrets de son beau-père adoré.

Bien sûr !

Oh, Chris n’avait rien à cacher et aller savoir comment la soirée allait se dérouler ! Si ça allait bien tchatcher ou non ou si Fred ne s’endormait pas en cours de route… Ou même si ce n’était pas les darons qui iraient se coucher les premiers vu leur âge. Mais il fallait avouer que l’idée d’y aller maintenant lui plaisait mais il n’allait pas abandonner ses parents comme ça, enfin du moins encore moins son compagnon seul avec eux, et le temps qu’il pensait ceci, sa propre mère lui prit les devants :

Allez-y maintenant !

Et remarquant la surprise de son fils :

Faites-y vite un tour ! C’est un ordre ! Pendant que je prenne le temps de mettre la table avec un peu d’aide… dit-elle en se tournant vers Ryan : je pourrais faire un peu plus connaissance avec mon beau-fils.

Sur ces mots, Chris jeta un coup d’œil vers Ryan pour une question silencieuse : si ça allait pour lui ? Bon, ils avaient survécu jusque là, ça ne devait pas être aussi terrible ! Et quant à Fred, ce genre de choses, on ne devait pas le lui dire deux fois : Il tira la main de son beau-père pour qu’il découvre son antre du passé.

Cela lui fit tout de même bizarre de pouvoir se promener dans ses couloirs qu’il n’avait plus jamais mis les pieds et c’était difficile pour lui de se sentir comme chez lui, et de ne pas agir comme un invité. Il prit la direction des escaliers qu’il gravit suivi d’un Fred enjoué. A l’étage, ils arrivaient au milieu d’un couloir, laissant diverses pièces à droite et à gauche, et sa chambre n’était que la deuxième portes sur leur gauche.

Prêt, bonhomme ?

Si ce n’était pas une question pour lui-meme. Arrivés à la hauteur de la chambre, Chris ouvrit la porte après avoir pris son courage à deux mains, ne sachant comment il allait retrouver sa pièce à lui : propre. Certes un peu de poussière mais plutôt rangé. Un lit au milieu, des commodes sur les côtés : les seuls trucs qui n’avaient pas forcément changés, c’était ses vieux posters de surfeurs connus à l’époque comme Jay Moriarity. Chris bloqua et ne se rendit même pas compte qu’à côté de lui, Fred semblait émerveiller et se sentirait presque comme chez lui. D’ailleurs, il eu la curiosité d’ouvrir un placard où la daronne avait sans doute enfermé de vieux jouets… Fred devrait sans doute trouver sa propre caverne d’Ali Baba. Le coquin !

Voilà les deux blondinets à l’étage, Chris avait laissé Ryan seul derrière lui avec les deux darons. Le Christian Senior restait toujours aussi calme, quant à la mère, elle portait toute son attention vers son beau-fils. Ayant travaillée dans le commerce, du moins en tant qu’esthéticienne, devait énormément jouer.

Vous êtes aussi végétarien ? demanda-t-elle.

Au cas où, s’il se trouvait que son beau-fils avait lui aussi un gros souci avec la nourriture, elle aimerait sans doute bien le savoir pour la prochaine fois. Toutefois, Cassandre lui avait sans doute dit mais la mémoire jouait bien parfois des tours.

J'ai préparé du poisson, et des patates sautées... Vous m'en direz des nouvelles !

Ryan fit un léger signe de tête à Chris, manière de lui dire que tout ira bien. Il pouvait bien rester en tête à tête avec ses beaux parents pendant que ses deux hommes allaient visiter, même si lui aussi aimerait bien voir à quoi ça ressemblait. Ils n'avaient pas l'air si méchants que ça les beaux parents après tout ! Enfin, sauf le beau père avec qui il avait du mal. Mais belle maman mettait tout son coeur pour que ces retrouvailles avec son fils se passent bien, et cela le touchait. Alors il resta avec ses beaux parents pendant que les deux blonds allèrent en vadrouille. Comme la belle mère l'avait dit elle même, c'était une occasion de faire connaissance, lui qui s'était souvent demandé à quoi ils pouvaient ressembler.

Ainsi Fred suivit Chris dans cette maison ou l'aîné avait passé sa jeunesse. Il hocha la tête lorsque Chris avait demandé s'il était prêt. Bien sûr qu'il l'était, pourquoi ne le serait-il pas ? Il avait très envie de découvrir cette partie de son beau père qu'il ne connaissait pas. Déjà qu'il avait été super curieux de voir des photos de l'enfance de Chris, c'était Noël ! Ainsi, ce dernier ouvrit la porte. Inconscient que pour Chris cela devait faire quelque chose de revenir ici, Fred lui fut plutôt émerveillé. Oui il en faut peu. Puis Chris avait ouvert le coffre au trésor, renfermant des jouets de son enfance. Sûr que pour les gamins de la génération de Fred ou tout était électronique, quel changement. Pourtant il y avait un objet qui retint son attention :

Oh la classe !

Ouais, un sous-marin en plastique ça en jette un max !

Du coté de Ryan, ce dernier aidait la mère de Chris à mettre la table, pendant que cette dernière lui demanda s'il était végétarien. Ah ouais ce détail !

Oh non je mange de tout !

A bien y réfléchir, il n'y avait rien que Ryan n'aimait pas. Du coup manger végétarien avec Chris de temps en temps ne lui posait pas de problèmes, même si Fred avait du mal avec le poisson par exemple. Mais c'est bon pour la santé et trop de viande rouge était déconseillé. Cela dit il avait des fois envie d'un bon steak, il ne fallait pas lui en vouloir. Lorsque Margaret annonça le menu, il hocha la tête :

Sûr que ce sera bon ! Faut bien que Chris tienne ses talents de cuisinier de quelqu'un.

Ou non, mais Ryan aimait à penser cela. Allez savoir pourquoi. C'est la que belle maman ne sait pas cuisiner … Bref. Il avait rarement vu des femmes âgées ne pas savoir cuisiner. Oui ça fait cliché c'est clair, mais peut importe.

Chris m'a dit que vous étiez esthéticienne, c'est ça ?

A voir Fred s’émerveiller devant ses propres jouets, Chris ne put s’empêcher de sourire. C’était … magique ! A vrai dire, même si tout ça lui foutait un sacré coup de cœur tout de même, tout en sachant qu’il ne s’était imaginé remettre les pieds ici, ça lui faisait tout de même bizarre ! Il y avait cette impression que le sable du temps s’était écoulé entre ses doigts et en ce moment même, c’était plus que flagrant. Tout ça, ça avait été à lui. Tout ça, ça avait été lui et c’était toujours lui même s’il en était tout un autre homme. Et là, c’était Fred qui s’émerveillait vers ces vieux jouets… Là, tout laissait à une autre génération. Ce fils qui pouvait être le sien, de sa chair et de son sang… Même si ce n’était pas le cas, c’était presque tout comme, comme s’il transmettait ses souvenirs, quelque chose de lui à ce petit bonhomme. Oh, ce n’était pas comme si Chris comptait mourir aujourd’hui mais c’était ces pensées-là qui se jetaient en pleine figure. Le temps passait si vite qu’on ne prenait pas forcément le temps de s’arrêter un instant pour regarder l’évolution : de là où on était parti et de ce qu’il en était devenu aujourd’hui. Et dans cette chambre, il pouvait bien dire qu’il avait fait un pas gigantesque : un pas qu’il n’aurait jamais cru possible un jour.

Hey, dis-moi, tu as fait une chouette trouvaille ! fit Chris tout en regardant le sous-marin.

Punaise, il l’avait bien oublié qu’il avait eu ce jouet dis donc ! Et en remarquant les étoiles qui brillaient dans les yeux de son beau-fils, Chris continua :

Il te plait ?

Pas besoin de demander puisque la réponse était évidente. Fred hocha la tête en guise de réponse.

Tu peux le garder ! Je te le donne.

C’est vrai ?

Bien sûr ! Chris était vraiment sérieux. Ce n’était qu’un simple jouet. C’était d’ailleurs drôle que sa mère n’ait rien jeté ou encore tout vendu ou quoique ce soit et qu’elle ait tout gardés… Mais quoiqu’il en soit, Chris préférait largement que ce jouet aille dans les mains de son beau-fils qu’au fond d’un placard, inutilement.

Sur ce, à l’étage dans dessous, la Mère Ramsey semblait plutôt ravie que son beau-fils ne soit pas si compliqué. Oh pas que le fait que Chris soit végétarien puisse la déranger, bien au contraire. Et elle ne put qu’être plus ravie d’apprendre que son propre fils soit un bon cuisinier. Bien alors ! Au moins sur ses deux enfants, elle avait accompli une bonne mission. Pas que Cassandre ne savait pas se débrouiller bien au contraire mais au final, elle savait pertinemment faire le minimum pour sa survie mais elle avait bien d’autres talents sous la main.

Vous êtes bien adorable, très cher...

Cela dit, si ça pouvait changer de sujet, en tout cas, que Chris ait pu parler un peu d’elle, ou du moins de savoir que ça avait été dans une conversation, dans un sens, ça pouvait faire chaud au cœur de savoir que son propre enfant n’oublie pas d’où il pouvait venir.

Oui, c’est ça. Prendre soin de soi, on n’en fait pas que son métier. C’est plutôt agréable d’être au contact des gens. Mais maintenant, je suis retraitée… Je crois que c'est ce qui me manque aujourd'hui... les gens...

Elle lâcha un soupir. Oh, pas qu’elle devait regretter également sa jeunesse mais presque… Juste à côté, le daron restait bien silencieux. D’un coup, il toussota. Pas que c’était volontaire … Oh non !

Excusez-moi ! J’ai mes médicaments à prendre.

Sur ce, il se leva pour prendre congé vers la salle de bain où là, tous les médicaments étaient rassemblés et où là, il pouvait être tranquille pour prendre sa dose… Sur ce, Margaret le regarda se lever mais ne dit rien, parce qu’elle seule ainsi que Cassandre, connaissaient les problèmes de son mari. Avec un petit sourire, Margaret se tourna vers Ryan.

Vous voulez bien m’aider à mettre la table ?

Elle se leva pour se diriger vers un buffet, le temps que son mari aille dans la salle de bain et tout en sachant qu’il allait prendre un peu son temps…

Vous inquiétez pas, commença-t-elle à confier. Il n’est pas bien méchant.

Elle disait cela mais elle avait bien vécu des années dans son ombre. L'amour devait rendre aveugle mais plus que l'amour qu'on devait porter à son enfant? ou n'était-ce que de la peur dans le fond? Le comportement humain... Allez vraiment savoir! Sur ce, en ouvrant le buffet, elle pouvait commencer à sortir des assiettes.

Lorsque Chris autorisa Fred a garder le jouet, ce fut la fête. Pour lui déjà ce jouet était cool, et en plus, il avait appartenu a son beau père !

Si un jour je deviens papa, je donnerais ce jouet a mes enfants.

Dit-il fièrement, comme si il s'agissait d'un héritage précieux. Les choses de valeur pour les adultes ne sont peut être pas les mêmes pour les enfants...

Et elle est cool ta chambre.

Ajouta t-il, comme si c'était important de le préciser oui. Pour lui, sa chambre était cool. Un peu dépassée, mais elle était chouette.

De son coté Ryan continuait de faire un peu connaissance avec sa belle mère. D'autant plus que c'était vraiment sur le palier de la porte qu'il avait réalisé qu'il rencontrait sa belle famille. C'est bien il avait l'esprit vif ce garçon ! C'est surtout qu'il était omnubilé par le fait que c'était surtout Chris qui retrouvait ses parents après un long temps d'absence. Ainsi, Margaret lui raconta un peu sa vie, le fait que ce qui lui manquait était le contact avec les gens.

Rien ne vous empêche de sortir trouver des amies.

Fit Ryan en souriant. Bon ses propres parents travaillaient toujours donc il ne savait pas comment ils vivront leur retraite. Peut être vendront-ils leur maison pour voyager autour du monde … Puis Christian senior prit la parole, s'excusant car il devait aller prendre ses médicaments. Ah, ses médocs ? Bon, Ryan ne posa pas plus de question la dessus. En tout cas les parents de Chris lui parurent bien âgés comparés aux siens. Les Wolfe l'avait eu assez tôt, donc ça jouait pas mal.
Ryan hocha la tête pour aller donner un coup de main pour mettre la table. Il avait des jambes jeunes il pouvait bien les utiliser pour aider un peu non ?

Bien volontiers.

Dit-il en se levant. Ryan eu un sourire lorsqu'elle lui dit que son mari n'était pas un type méchant. Manquerait plus qu'il morde quoi. Bien qu'il ne lui ait pas fait une bien bonne impression, malgré le fait qu'il eut tenté de mettre de coté tous ses préjugés sur cet homme dans le but de cette rencontre précise.

J'en doute bien madame, des méchants j'ai hélas l'occasion d'en voir.

Et ce monsieur n'entrait pas dans la catégorie de ces gens la. Certes il avait son caractère, il était comme il était, mais jusqu'ici, Ryan ne pensait pas qu'il n'y avait plus rien à sauver.

A chacun son caractère et sa vision des choses, c'est tout …

Fit-il en se disant qu'il était tout de même dommage qu'en étant tellement borné on puisse abandonner son fils. Bon sang, en tout cas, quoi qu'il arrive, jamais il ne pourrait abandonner Fred. Jamais.

La jeune mère ne put s’empêcher de sourire face à son beau-fils. Oh elle avait quelques amies encore mais c’était surtout le contact de voir des clients, etc. C’était certain que de se retrouver désormais sans emploi, ça vous coupait un peu du monde. Bien que tout le monde pouvait rêver d’une belle retraite afin de profiter un peu de la vie ou à faire des voyages mais ça, pour la vieille femme, elle était un peu coincée mais elle n’allait pas faire savoir ses soucis. En installant la table, elle pouvait parler un peu plus tranquillement avec son beau-fils pendant que son mari faisait ses quelques petites choses habituelles.

Hélas !

Oh Margaret ne doutait pas qu’il devait sûrement en voir des « méchants ».

Je suis bien ravie de vous rencontrer ! J’ai toujours voulu rencontrer la personne qui pouvait partager la vie de mon fils et je suis persuadée que vous êtes quelqu’un de bien !

De chouettes paroles d’une vieille dame et surtout d’une mère !

A l’étage du dessus, Chris ne put s’empêcher de penser : « quel enfant ! » Qu’il garde sa douce innocence ! Dire qu’en étant qu’un simple enfant, on s’émerveillait devant tout et n’importe quoi ! Si ce n’était pas un enfant heureux, ça, les poules auront des dents. En tout cas, à regarder ce sous-marin, Chris ne se souvenait même plus qui avait pu le lui offrir. Sur ce, Fred ne put s’empêcher de dire comment il trouvait la chambre.

Merci, bonhomme !

Ce commentaire lui faisait bien plaisir même s’il trouvait sa chambre basique mais elle n’était sûrement pas assez cool que celle de Fred, hein ? Qui avait été refaite récemment ! Quel chanceux ce gosse !

Elle n’est pas aussi cool que la tienne ! lui fit-il tout en souriant avant d’ajouter : allez, on redescend ? On ne va pas laisser ton pauvre père tout seul !

Oh, ce n’était pas comme si Ryan allait se faire bouffer par les parents. Et Fred avait vu à quoi pouvait ressembler sa chambre et Chris en avait déjà assez vu, bien qu’il était persuadé de trouver des souvenirs mais ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait prendre le temps de bien fouiner. Prenant alors le chemin inverse, les deux blondinets descendirent jusqu’à l’endroit où les principales choses se passaient. Chris put alors apercevoir sa mère et son compagnon en train d’installer la table. Comme ces deux-là peuvent s’en apercevoir, Fred avait fait une grande trouvaille !

Regardez ! J’ai un sous-marin !

Il en fallait peu pour être heureux, n’est-ce pas !

On va bientôt passer à table ! lâcha la mère.

Quant à Chris, il regardait un peu autour de lui, et ne voyait pas son père !

Où est… ?

Et en parlant du loup, le père Ramsey arrivait tout simplement derrière lui. Bien, il n’y avait rien de mieux pour jeter un froid sur Chris qui était plutôt tenté à la fermer plutôt que de l’ouvrir, démontrant qu’il y avait une sacrée communication.

Installez-vous ! enchaîna Margaret. Pendant que le diner arrive…

Evidement, sur le bout de la table, c’était la place spéciale pour le daron. Ca, ça ne semblait pas avoir du tout changer. Chris commença à prendre place sur un côté de la table. Là, silencieux comme était le père… non, le blondinet qu’était Chris ne savait véritablement quoi lui dire… et têtu comme une mule, au fond de lui, il estimait qu’il en avait suffisamment fait et tout était entre les mains de ce cher patriarche.

Les paroles de sa belle maman le touchèrent alors. Il ne savait pas en détail ce qui s'était passé quand Chris avait quitté le domicile familiale, si sa mère avait été elle aussi à le renier. Si c'était le cas alors elle avait fait du chemin dans sa tête et c'était appréciable. Si ce n'était pas le cas, ça ne changeait rien au fait que ses paroles lui firent plaisir. De voir surtout qu'elle s'intéressait à la vie de son fils, de connaître aussi la personne qu'il aimait et avec laquelle il partageait sa vie. Raison pour laquelle il lui avoua qu'il était lui aussi ravi de la rencontrer enfin. Bon pour le paternel son avis n'était pas encore fait alors …

Puis les deux hommes de sa vie refirent surface de leur petit pèlerinage. D'ailleurs le plus petit deux tenait quelque chose à la main, qu'il exhiba fièrement comme s'il s'agissait d'un trophée. Bien que Ryan fut un peu sceptique quand à sa valeur, mais bon, qui était il pour juger ? Un sous marin hein ? Bien a chacun son trésor on va dire.

Tu as trouvé un de ces trésor dis donc !

Lui fit-il admiratif. C'est que le petit semblait tellement fier de sa trouvaille alors bon. Fred lui répondit par un grand sourire. Vraiment à ce gosse il lui en fallait peu. Ryan gardait en tête ce moment quand il viendra à leur demander un téléphone, puis un jour un ordi, puis un jour le permis …. Bénis soient ces moments ! Ça va pas durer. Au moment ou Chris demandait ou était passé son père le voilà qu'il déboulait, comme un fantôme. Sans un mot juste comme ça. Pas commode le paternel. Margaret les invita à prendre place en attendant le repas. Bien bien bien … Les trois hommes et demi prirent alors place, dans un grand silence. Pesant. Ryan savait pertinnement que ce n'était pas Chris qui allait lancer la conversation, et il ne pouvait pas lui en vouloir. Il ignorait si Christian allait le faire. Il ne savait pas pourquoi, pour ce, il allait devoir recevoir un coup de pied aux fesses pour avancer. Façon de parler. Bon et bien, même si d'un coté Ryan se doutait un peu que Christian senior ne le portait pas vraiment dans son coeur ou bien pouvait même avoir des préjugés sur sa personne, il décida de se lancer tout de même :

Et donc, vous avez été ingénieur ?

Lui demanda t-il, afin d'une part, lui montrer qu'on s'intéresse un peu à lui, et de deux qu'il parle avec un pourcentage de chance faible quand à une éventuelle prise de bec. Parler de ça, pas de risque normalement. Pas comme si Ryan allait lui sortir : alors pourquoi ça vous dérange que votre fils soit gay ? Belle boulette bonjour! De son coté, Margaret revenait avec le repas. Quelque chose lui disait que ça sera bon.

Un sous-marin, ça valait de l’Or et ça, Fred, un jour, le démontrera par X + Z que ça valait une fortune et du moins, autant le préciser : une fortune sentimentale. D’ici, ça laissa le suspense qui sortira de cette maison heureux : c’était digne d’une télé-réalité. Redevenant un peu sérieux, voilà désormais à table où là, le silence de mort. C’était sûr que sans la mère pour enchaîner, mettre dix ans sur table, ce n’était pas entre les deux Christian que ça allait se faire. Le fait qu’ils soient tous les deux dans la même pièce était déjà sûrement trop demandé… Il fallait avouer aussi que lors de son enfance et adolescence, ils n’avaient véritablement communiqué ou n’était-ce que tactile pour démontrer une quelconque affection. Nada. Cela venait plus de la mère Ramsey.

Si dans tout ça, si ce n’était pas Ryan le plus courageux pour se jeter à l’eau ? D’une certaine manière, étant une personne d’extérieure et sûrement la personne la plus objective dans tout cela, c’était bien lui. Ce fut alors le premier à faire l’effort parce que ce n’était pas le daron qui allait s’intéresser à son beau-fils.

Ingénieur effectivement, en mécanique, répondit-il seulement sans ajouter à quoique ce soit d’autre.

Sur ce, Chris en observant son père, il ne s’étonnait meme pas de sa courte réponse. Il n’avait pas vraiment beaucoup changé… excepté qu’il était un peu plus âgé dans ses souvenirs. Quand il avait franchi le seuil de la porte pour ne plus jamais revenir, il avait laissé un daron en pleine forme en haut de ses 59 ans, sans la véritable tremblote. Oui, son père avait véritablement pris un sacré coup de vieux et s’il y avait problèmes de santé, il n’en serait pas véritablement étonné.

Heureusement que sa mère revenait avec les plats dans les mains parce que sinon, vive la conversation à sens unique, ça serait à s’emmerder.

Oh, il était dans la conception de nouvelles machines, expliqua Margaret, qui elle, ça se voyait depuis le début qu’elle était plus ouverte à la conversation, heureuse d’accueillir ces garçons à la maison, pas comme le Monsieur Boudeur jamais content qui dix ans après, ça ne lui faisait toujours ni chaud, ni froid.

Pourtant en tant qu’ingénieur, il connaissait des choses, ça pouvait être un personnage très intéressant culturellement mais humainement, ça en était tout autre. C’était l’ambiance de fou ! Margaret continua à expliquer rapidement en deux trois mots que son mari avait même pu confectionner une machine particulière il y avait de cela au moins trente ans.

Servez-vous ! Ca va être froid !

Bon, cela dit, il ne fallait pas dire ça deux fois. D’ailleurs, à voir ce que sa mère avait pu faire : poisson avec des pommes de terre, Chris ne put s’empêcher d’en sourire. Il se souvenait comment sa mère pouvait les cuisiner et appréciait plutôt bien cela dit…

Tu t’en souviens encore ?

Comment puis-je oublier, pardi ?

En tout cas, une chose presque sûre, avec sa mère, tout semblait n’avoir rien changé. Elle voulait retrouver une complicité : rattraper le temps perdu. Et ça faisait plutôt chaud au cœur. Sur ce, tout le monde servi, ils pouvaient tous déguster. Et la conversation – du moins conversation où le daron n’y participait pas vraiment – continuait. La mère Ramsey s’intéressait d’abord à la scolarité de Fred, qui lui fut content de pouvoir déclarer qu’il apprenait à lire et à écrire. Et la discussion s’enchaîna sur une autre curiosité :

Comment vous vous êtes rencontrez ?

Oula. A s’en souvenir, Chris ne put s’empêcher de sourire et de lâcher un léger rire en fait parce que rien d’imaginer leur première rencontre : c’était un peu quelque chose quand même. Et tout ça, si ce n’était pas grâce à leurs meilleurs amis respectifs qui ne pouvaient pas s’empêcher d’effectuer n’importe quels crimes tordus lorsqu’ils étaient ensemble : pire que deux gonzesses… ou deux gamins, plutôt ! Trois ans après, ils restaient les mêmes même si l'un des deux gugus allait devenir Papa. En tout cas, cela dit, la question de la mère Ramsey piqua la curiosité du daron.

Oui, comment ?

Au moins, il disait quelque chose même si ce n'était que deux simples mots. Il ne fallait pas trop en demander même si tout cela, on pouvait l'interpréter : « Où tu l’as trouvé ce gus ? ».

Christian répondit alors à la question de Ryan, par une simple phrase. Rien de plus. Et bien …

*O.K. nigga !*

Et bien ça lui apprendra à vouloir aller vers les gens. Pourtant il devait avoir des trucs à raconter la dessus non ? Toutes ces années de métier, quand même, il devait lui rester quelque chose non ? Bah visiblement, non. Heureusement belle maman était la pour rattraper un peu le tout. Elle arriva et les invita à manger. Et en tout cas c'était bien bon ! Malgré que Christian senior ne parlait pas du tout, la conversation allait normalement, chacun faisait ou refaisait connaissance les uns avec les autres.

Puis, la conversation vint à dériver sur eux deux. Sur la façon dont ils se sont rencontrés. Punaise, ça, Ryan s'en souvenait encore comme si c'était hier ! Avec ces deux cons de Tex et Alex, le duo infernal, qui les avaient fait danser tous les deux alors qu'ils venaient de se rencontrer. Bizarrement, Ryan se souvenait davantage de leur deuxième rencontre qui avait finit dans une bataille dans un bain de boue … Peut être qu'un jour il racontera ça à Fred, sûr qu'il ferait des yeux bien ronds. Oh bon sang le paternel qui parlait ! Dans un coin de sa tête, Ryan nota le nombre de fois ou il prit la parole. Jusqu'ici, trois fois. Il le félicita mentalement pour avoir enfin parlé de lui même, et sans moquerie apparente. Enfin il disait ça … Qui sait ce qui pouvait bien se passer dans sa tête ? Bref, ils avaient posé une question. Comment se sont-ils rencontrés ? Sans parler du slow forcé, il répondit :

C'est grâce à des amis communs que nous nous sommes rencontrés.

Enfin à cette époque il aurait dit : a cause. Comme quoi les temps changent. Lui, avec un mec ? Ha la blague quoi ! Et pourtant... D'ailleurs, il était temps de parler clairement de ces choses-la. Une bonne fois pour toutes. Il regarda Chris et dit :

Dire que sans Chris, jamais il n'aurait pensé se retrouver avec un homme un jour …

Ouaip. Après tout, comment aurait-il eu un fils ? Par l'intervention divine des lutins du lapin de pâques ? Mais bon ça, les parents n'en savaient sûrement rien. Comme quoi leur fils avait un pouvoir de séduction immense pour convaincre un hétéro qu'avec un mec, c'est pas si mal. En parlant de fils, Fred lui savait déjà comment les deux s'étaient rencontrés. Et il savait aussi qu'ils avaient dansé à leur première rencontre. Ce qui expliquait son petit sourire disant : moi je sais des choses ... Enfin, il ne sait pas tout, heureusement.

En général, selon la mère Ramsey, c’était bien souvent dans ce genre de situation qu’on faisait ce genre de rencontres. C’était à la fois surprenant et imprévisible ! Bien qu’on pouvait faire également des rencontres via le boulot ou … la vie faisait bien ce qu’elle voulait. Chris s’était même déjà demandé comment eux, ses propres parents, s’étaient mis ensemble ? Etait-ce comme ça aussi ? Par le biais des amis ? Et allez savoir si son père avait toujours été comme ça ou si ça avait été venu au fil du temps… C’était sans aucun doute la seconde option mais cette chose restera sans doute un mystère de la famille.

Se souvenir du jour de sa rencontre avec Ryan, oui, c’était en tout quelque chose. C’était la surprise et ce, pour tout le monde. On ne savait jamais de quoi la vie était ainsi faite et ce jour-là, c’était sur du zouk qu’ils avaient dansé sur la piste de danse. Cette boîte de nuit où ils avaient pris l’habitude d’aller renfermait tellement de souvenirs entre ses quatre murs qu’il n’était pas forcément utile de les ressortir.

La vie réserve bien des surprises ! répondit Chris tout sourire à Ryan.

Lui-même ne s’attendait pas forcément à ça, que cette chance-ci puisse lui ouvrir les bras. Il y avait bien eu un moment où il avait perdu « espoir » : d’être affreusement attiré par un hétéro tout en sachant que ça ne puisse être jamais réciproque et que finalement, le destin en avait voulu tout autrement. Et en cet instant, autour de cette table, on pouvait bien sentir l’amour que pouvait se porter ces deux hommes, rien qu’à ces paroles. Margaret semblait plutôt attendrie. Quant au père, il ne lâchait qu’un « ah » ! Le genre de « Ah » qui signifiait plutôt « Ok ». La seule chose que pouvait penser Chris en ce moment même pour le coup, c’était « Ben, gardes ta joie ! ». C’était à se demander comment il pouvait rester si impassible et si froid. En tout cas, il n’y avait rien de mieux pour que Chris soit blasé. Il essayait de mettre du sien, d’être « heureux » de cette réconciliation mais ce daron ne l’aidait absolument pas. Parce que, allez savoir ce qu’il pouvait vraiment penser dans sa tête : est-ce que Ryan aurait dû rester hétéro ou quoi ? Dans ce cas-là, Chris serait complétement tenté de capter ça de travers…

Quelle surprise, en effet ! s’enjouait Margaret.

Ca signifie quoi ce « Ah » ?

Ca y était ! Chris commençait à craquer, il ne put s’empêcher de l’ouvrir ! Il avait essayé de le dire le plus calmement possible même si dans tout ça, c’était du spontané. Le regard glacé du père se positionna sur Chris. Il fallait croire que la vieillesse le rendait absolument… muet ? Pour l’instant, le blondinet ignorait la disparition soudaine du père un peu plus tôt dans la soirée pour aller prendre ses médicaments. De le savoir le permettrait peut-être d’être un peu plus indulgent, ou pas du tout. Etait-ce utile de le savoir ou cela pouvait expliquer le comportement de ce patriarche ?

S’il vous plait… intervint la mère Ramsey très rapidement.

Pour son diner, elle ne voulait absolument pas que ça se termine en catastrophe... et c’était une chose tout à fait compréhensible de la part d’une mère qui en serait fortement chagrinée.

Ca me fait vraiment plaisir de vous avoir à la maison alors je ne veux pas de ça ici.

Chris n’en rajouta rien mais cela dit, il l’avait ça sous la gorge. Rancune ? Sans aucun doute !

Excuses-moi … Je…

Non, lui non plus, ne voulait pas de cela.

Je suis épuisé… lâcha naturellement le daron.

Sur ce, qu’il ne s’excuse pas ou quoi, il ajouta un léger « Bonne soirée », avant de s’aider pitoyablement de sa canne et de se diriger vers sa chambre à coucher qui était au rez-de-chaussée. Le regardant s’en aller, Chris ne put que penser : « Moi aussi j’ai été vraiment ravi de te voir ! » Quand le daron quitta la pièce, le blondinet passa une main sur son visage tout en soupirant, essayant de ne pas trop montrer son exaspération.

Excusez-moi, je vais me rafraichir un peu !

Juste le temps d’aller dans la salle de bain pour qu’il se calme un peu là. Déjà que c’était assez éprouvant jusque là, il ne fallait pas trop lui en demander, ni lui en vouloir. Et cela dit, tout en sachant où était la salle de bain, il s’y dirigea sans demander son chemin. Pendant ce temps-là, la mère Ramsey proposait le dessert qui n’était autre qu’une tarte aux pommes.

Le « ah » que sorti le paternel énerva légèrement Ryan. Il ne savait pas vraiment comment interpréter cela, et d'un coté, ça le gonflait. Bon sang, tous les efforts que faisait Chris pour que tout aille au mieux, et lui qui venait tout piétiner ! L'âge n'était pas une excuse, on ne la lui fera pas à lui. S'il s'écoutait, Ryan arrêterait d'être le copain gentil pour être le copain tout court, qui dit les choses en face et remet les choses à leur place. Enfin, il se répétait, mais qu'il était ravi que ses parents furent plus conciliants … Enfin. D'abord, Ryan cru au début d'une nouvelle querelle. Et pourtant non. Ramsey senior décida qu'il était temps pour lui de prendre congé d'eux. Il semblait que soit le paternel soit fatigué de tout ça, soit ne portait plus le moindre intérêt à son propre fils. Ah choix. Peut importe la raison, cela rendit le flic extrêmement triste. Il jeta un coup d'oeil à Fred. Le petit ne semblait pas vraiment comprendre. Effectivement, pour lui, le papy était fatigué donc il allait se coucher. Son innocence d'enfant n'alla pas chercher plus loin, même s'il n'était pas dupe. Il était peut être jeune, mais pas totalement débile non plus, il voyait bien que Chris et son père ne se parlaient pas. Et pourtant il savait qu'ils ne s'étaient pas vu depuis longtemps. On ne la lui fait pas. Ensuite Chris prit congé d'eux. Il ne pouvait pas lui en vouloir, vraiment. Il préférait ça à ce qu'il se casse complètement. D'un coté, qu'est ce que Ryan imaginait ? Que tout soit rose et plein de joie, que Chris serait accueilli comme n'importe quel parent accueille son enfant de retour à la maison ? Oui, quelle drôle d'idée il a eu, connaissant les antécédents familiaux …

Mais il ne voulait pas laisser son compagnon seul trop longtemps. Non pas qu'il se disait que son blond avait besoin de lui plus que de raison, mais si tel était le cas, il était la pour lui. Et puis, s'il se focalise sur son père, n'oublions pas la mère qui se démenait pour que tout se passe au mieux, malgré son ronchon de mari. Ryan se tourna alors vers son fils, et lui demanda :

Fred, tu veux bien donner un coup de main ?

D'acc !

Fred alla donc proposer son aide à la mère de Chris, tandis que Ryan lui demanda ou était allé Chris. Celle-ci lui indiqua la direction, et il s'y rendit en la remerciant, laissant son fils l'aider à amener le dessert à table. Le brun trouva ainsi la pièce ou était son compagnon. Il toqua d'abord, puis entra ensuite, pour y trouver Chris. Il avait quand même de la peine pour lui. Il s'était donné tant de mal pour arriver à ça … ça le désolait. Il se rapprocha de lui et posa sa main sur son épaule, et embrassa sa tempe tendrement.

Tu as été super.

Il devait bien le lui dire après tout. Il se doutait de tous les efforts qu'il avait dû fournir aujourd'hui pour ne pas claquer la porte une nouvelle fois. Preuve qu'il avait grandi malgré tout. Qu'il avait mûri. Et qu'il valait bien mieux que ce paternel complètement fermé à la discussion. Ryan était fier de lui. Oh et puis si le Christian n'était pas correct …

On peut dire que ta mère se donne du mal ce soir.

Tant pis si il ne peut pas se réentendre avec ses deux parents. Au moins l'un des deux, ne serait-ce pas super ? Ce serait un très bon début.

Effectivement, la salle de bain avait été refaite mais ce n’était pas la préoccupation principale du blondinet en ce moment même. Positionné devant ce miroir, appuyé contre ce lavabo, il aurait presque envie de vomir. Il craquait définitivement. Faisant couler l’eau, il se rinça le visage un instant, puis récupéra une serviette pour s’essuyer. Il leva son regard par la suite face au miroir. Oui, c’était lui Christian Ramsey. Il n’arrivait pas à piger comme on pouvait être si… inhumain ? Comment après dix années d’absence, il ne montrait pas un seul signe de bonheur ? Il n’y avait pas une once de sensibilité ou de compassion là-dedans ? Reposant la serviette à sa place, il reprit appui sur ce lavabo. En ce moment même, Chris vouait une haine contre lui. Il le détestait. Il avait fait un effort surhumain pour se contrôler et qu’est-ce qu’il avait tout simplement récolter ? Un mur ? Aucun intérêt ? Ni vis-à-vis de lui ou même pire, de Ryan… Ce daron s’en fichait royalement. Et c’était peut-être la chose la plus insultante. Chris aurait dû exploser et lui dire ses quatre vérités en face mais cela aiderait grandement ? Cela aurait-il arrangé ou amélioré quoique ce soit ?

Chris ne fut pas seul pour très longtemps puisque Ryan l’eut rejoint. Après un toquement à la porte, Chris avait fermé les yeux, et ne répondit rien. De toute manière, il n’avait pas complétement fermé la porte alors… Il sentit la présence de son compagnon et surtout de son soutien. Cela faisait énormément de bien. Vraiment. Il avait été super ? Vraiment ?

Je le déteste… Je le déteste, Ryan.

Pour dire, oui, Chris avait les boules mais à quoi il s’était attendu, sérieusement ? Quand Chris ne voulait piper mot sur ses propres parents, il y avait bien une raison. Et en plus, s’il pouvait raconter comment était son père, on pourrait croire qu’il pouvait exagérer mais il fallait voir le personnage ! La preuve en image ! Une chose était certaine, il n’aimerait aucunement lui ressembler un jour. Jamais.

Si un jour, je suis comme ça avec Fred… Tues-moi !

Chris ne comprenait pas vraiment ce comportement venant de ce daron. Mais il ne fallait peut-être pas comprendre et c’était à un homme de bientôt 70 ans qu’on allait demander de changer ? Mais déjà, une chose que Ryan lui rappelait : sa mère. Evidement, heureusement qu’il y avait du changement de ce côté-là pour que ça se passe un minimum bien.

C’est sûr ! Elle a été géniale sur ce coup !

Chris s’était tourné l’embrassa sur le coin des lèvres avant de l’enlacer.

Sérieusement, gardes ton flingue dans un coin !

Humour noir quand tu nous tenais mais surtout quand Chris était d’une nervosité totale ou d’une toute autre pression. Il revenait au galop : il tenait vraiment à ce que Ryan le tue s’il devenait ainsi. Pourtant, le blondinet était bien le genre de type à être pour la non-violence et les armes. S’il y en avait un, il serait incapable de le prendre surtout qu’il serait bien capable de se mettre une balle dans le pied. Sur ce, tout en serrant Ryan contre lui, Chris se ressaisit alors.

Je t'aime.

Cela voulait tout dire. Oui, Chris l'aimait, et ce plus que tout.Et cela valait beaucoup mieux qu'un simple "merci".

Cela n'étonnait pas Ryan d'entendre son compagnon dire qu'il détestait son père. Dans un sens, il aurait aimé lui dire quelque chose, comme quoi il ne fallait pas non plus être trop dur … Mais merde, c'est au vieux qu'on devrait dire ça, pas à Chris. Le surfeur avait fait tous les efforts possibles aujourd'hui, et Christian senior, que dalle. C'est lui qui avait assuré, pas lui.

Je suis vraiment désolé que ça se soit passé ainsi.

Il était sincère quand il disait ça. Il aurait préféré que les choses soient plus calmes. Après tout ça faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient plus eu de nouvelles de leur fils. Le flic craignait que Christian senior n'ait tiré un trait sur son propre enfant. Ryan eu un léger rire lorsque Chris lui fit promettre de le tuer si jamais il devenait comme ça avec Fred. D'un coté, Ryan lui aussi ne voulait pas ressembler à ça avec son fils, il ne le pourrait pas. Il voyait à quel point ça faisait souffrir son blond que de ne pas être accepté par ses parents. Bien que dans un sens, Ryan était quand même pas mal ouvert d'esprit, ayant été élevé ainsi, il y avait peu de chance pour qu'il change. Donc, normalement, Fred n'avait rien à craindre. Mais pour ce que Chris venait de dire, pas de soucis, il voulait bien s'occuper de le flinguer.

Comptes sur moi. Si un jour t'es comme ça avec quiconque, je te tue et t'enterre dans le jardin.

Lui dit-il sur un ton léger. Et sinon oui, sa mère en revanche, elle avait vraiment fait de son mieux. Il fallait croire qu'elle était ravie de retrouver son fils. Peut être qu'avec le temps elle avait compris que l'homosexualité n'était pas une tare. Ou bien elle le savait dès le début et c'était que le père qui avait foutu Chris dehors, il ne savait pas trop. Le brun eut un sourire en coin lorsque son compagnon lui dit de garder son flingue dans un coin.

Il y en a un dans la voiture si ça t'intéresse.

C'était sa voiture après tout. Le flingue n'était pas chargé, mais le chargeur était pas loin non plus. Voilà la raison pour laquelle il ne laissera jamais Fred tout seul dans la voiture, ne serait ce que pour prendre de l'essence. Et il se doutait cependant que Chris n'utilisera pas ce flingue de tout de façon. Pour Ryan, ce n'était la que pour protéger sa famille et lui. Sait on jamais, les rues ne sont pas sûres. Puis Chris le prit dans ses bras et le serra très fort. A son tour Ryan releva les bras autour de lui, sa main droite lui frottant le dos pour le réconforter.

Je t'aime aussi.

Lui dit-il en l'embrassant.

Chris détestait son père et encore le mot n’était pas assez fort : il le haïssait ! Il n’avait point le souvenir où il avait fait preuve d’amour envers lui mais c’était son père. SON PERE. Parle d’un père qui nie son propre enfant, coupe les ponts et se fiche complétement encore dix ans après… Dur d’encaisser le choc ! Chris pouvait être à six pieds sous terre, le père Ramsey en serait-il encore indifférent ? Ne pourrait-il pas montrer une once d’humanité ? C’était bien la chose qui lui faisait le plus mal ! Dix années sans son père, il avait su faire avec même si le sujet l’avait toujours piqué à vif mais là, ça tenait du miracle de rester super calme face à un tel iceberg.

Pas plus désolé que moi pour que tu voies ça … Bienvenue dans mon monde !

Mais s’il fallait passer par là … soit ! La, le Padre était soi-disant parti se coucher donc, là, ça allait être un peu plus tranquille et supportable et l’idée de quitter cette maison sans véritablement de remords, et surtout avec l’impression d’avoir fait un bond de géant en avant…

Et en plus Ryan qui le rassurait d’un côté : super, il aurait le droit à une tombe spéciale dans le jardin ! Soit, mais ce qui était le moins rassurant était de savoir qu’il y avait un flingue dans la voiture.

Ouais mais non, je ne préfère même pas le savoir !

Non, l’idée d’avoir un flingue pas loin… Enfin, ce n’était pas comme s’il le portait sur lui ou l’avait dans les mains. Il savait ce que ce genre de chose qu’il n’appréciait pas pouvait faire comme dégâts ayant déjà assisté un hold-up quelques années plus tôt : c’était assez … effrayant ! En tout cas, son compagnon le connaissait assez suffisamment pour savoir ce qu’il en était par rapport aux armes. Cela dit, que ça faisait du bien de sentir son compagnon tout près de lui et son soutien. Il ferma un instant les yeux, profitant de ce moment de tendresse.

On devrait voir comment Fred s’en sort.

Sûrement comme un chef ! Ca, il n’y aura pas de doute. Cependant, quand Chris leva les yeux sur la sortie de la salle de bain, son regard se posa sur ce daron. Là, d’un coup, d’être aussi froid était contagieux.

Besoin de la salle de bain ? demanda Chris. On allait tout juste la libérer…

Au moins, il essaya de rester correct. Allez savoir depuis quand il était là à assister la scène mais à quoi bon s’en soucier.

Bien…

Silencieusement, Chris s’apprêta alors à sortir et ne douta pas que Ryan allait le suivre. A la sortie de la salle de bain, Fred courut vers eux :

Il y a une tarte aux pommes, il y a une tarte aux pommes !

On voyait bien les gourmands ! Chris le savait plus que bien avec tout ce qu’il pouvait cuisiner, ou même la dernière fois, le mois dernier, avant son séjour à Miami, quand il s’était ramené à la maison avec plusieurs pâtisseries venant des Sullivan. Il se tourna vers son nouveau « papy ».

Vous ne restez pas pour une p’tite part ?

S’il y avait bien quelqu’un qui voulait mettre du cœur à une quelconque réconciliation, c’était bien l’âme d’un enfant…

Non.

Oh …

Fred semblait déçu. Même face à un môme, il restait de glace. Là, c’était bon, Chris allait craquer.

C’est tout ?

Son père le regarda, levant un sourcil.

Après dix ans d’absence… Même pas une part de tarte ? Même à la demande d’un enfant ?